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rabelais
Inscrit le: 08 Sep 2008 Messages: 12 Lieu: tunis
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écrit le Tuesday 23 Sep 08, 9:32 |
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en escrime, le mot botte désigne un coup droit ou estocade par le bout du fleuret
de plus, le mot botte (ang bottle) , désigne entre autre une chaussure dont la tige enferme le pied et la jambe
un pied bot (varus équin) comparé au sabot d'un cheval est inepte de porter une botte. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2525 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Tuesday 23 Sep 08, 9:46 |
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rabelais a écrit: | en escrime, le mot botte désigne un coup droit ou estocade par le bout du fleuret |
D'après le TLFi : Botte (sens de chaussure) étymologie : Fin XIIe s. bote « chaussure montante souvent grossière » (Aiol, éd. J. Normand et G. Raynaud, 1430)
Botte (terme d'escrime)
Empr. à l'ital. botta « coup », attesté dep. la fin du XVe s. (S. degli Arienti dans Batt.) qui peut être considéré comme anc. déverbal de l'a. ital. bottare (DEI; Devoto) « bouter, frapper, secouer, battre » attesté dep. la 1re moitié du XIIIe-début XIVe s. (Giostra delle virtù e dei vizi) peu attesté toutefois dans les textes littér. L'ital. bottare est empr. au fr. boter, bouter* (DEI; FEW t. 15, 1, p. 228a).
Pas de rapport direct avec le bout du fleuret.
rabelais a écrit: | de plus, le mot botte (ang bottle) , désigne entre autre une chaussure dont la tige enferme le pied et la jambe |
Je ne vois pas en quoi l'anglais bottle désignerait autre chose qu'une bouteille.
rabelais a écrit: | un pied bot (varus équin) comparé au sabot d'un cheval est inepte de porter une botte |
Pour bot voyez ici.
Pour un mot du jour intéressant il faudrait faire un peu plus de recherche ou avancer des sources pour justifier des thèses non conformistes.
Dernière édition par Charles le Tuesday 23 Sep 08, 9:54; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 26 Feb 11, 21:45 |
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Il y a en français quatre homonymes botte. (Ne nous plaignons pas : l'espagnol a six bote !) Les voici dans l'ordre où les donne le TLF, source de ce qui suit :
botte 1 (de paille, par exemple)
Emprunt au moyen néerlandais bote « touffe, botte de lin » ; bote se rattache au verbe néerlandais boten « battre, frapper ».
botte 2 (chaussure)
Peut-être à rattacher à bot 1 (pied bot), la botte désignant surtout au Moyen Âge une chaussure épaisse et grossière ; à rapprocher du poitevin bot « sabot ».
botte 3 (escrime)
(Je répète ici ce qu'a déjà dit Charles plus haut, pour que ce soit plus clair.)
Emprunt à l'italien botta « coup », attesté depuis la fin du XVe s., qui peut être considéré comme ancien déverbal de l'ancien italien bottare « bouter, frapper, secouer, battre » attesté depuis la 1re moitié du XIIIe-début XIVe s. Peu attesté toutefois dans les textes littéraires. L'italien bottare est emprunté au français boter, bouter. C'est donc un retour à l'envoyeur.
botte 4 (vieux terme de métrologie)
Il est difficile de dire si le mot a été emprunté à l'ancien provençal ou à l'italien. Au XVe s. il a probablement été emprunté à l'ancien provençal bota, mais son emploi fréquent par des écrivains italianisants au XVIe s. révèle une influence de l'italien botte (botta) « id. » attesté depuis le XIIIe s. L'italien et le provençal sont issus du latin tardif buttis, d'où est issu bouteille.
On voit que
- 1 et 3 relèvent probablement de la même racine indo-européenne *bhau-, "battre, frapper"
- 4 est apparenté à bouteille (et à un des sens de l'espagnol bote, sans doute le plus courant). On ne sait pas d'où vient ce latin tardif buttis...
- 2 pourrait bien être issu de la forme poitevine bot signifiant "sabot".
Dernière édition par Papou JC le Sunday 27 Feb 11, 1:05; édité 2 fois |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Saturday 26 Feb 11, 22:56 |
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Tu t'oublies de l'italien
- botto:
1) coup
2) feu d'artifice (à Naples)
Aussi le verbe italien boctare = bouter , est attesté bien avant le siècle XIV.
Citation: | Giostra virtù e vizi, XIII ex. (testo marchigiano), .597, pag. 347:
Fra questo audì boctare / lu scuderu a la porta, / ke sempre vay ad costa / de Caritate adtentu. |
voir: http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/
Botta sf est attesté au XIII siècle
Citation: | Guittone, Rime (ed. Egidi), a. 1294 (tosc.): 1.2. |
Que soit un emprunt du français il faut le démontrer, parce que plusieures dialectes de l'Italie du Nord appartiennent au domaine du gallo-italique.
Mais en vieux italien il y avait aussi bocta/botta = stivale = botte (siècle XIV)
voir :http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/ (botta 3)
En piémontais, nous avons bòt (pr. bott)
1) coup
2) coup (référé à la cloche, marquant l'heure 13 et 14 - au maximum 15, mais non partout - du jour).
ex. mi ven-o a 'n bòt dòp mésdì = je viens à une heure après midi
Dernière édition par giòrss le Sunday 27 Feb 11, 17:42; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 26 Feb 11, 23:38 |
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Tu pourrais nous en dire plus sur ce boctare ? Ce "c" pourrait nous ouvrir une piste intéressante et nouvelle.
Je rappelle ce que j'ai dit ailleurs de la savate et du sabot : savate vient de l’italien ciabatta ou du castillan zapato, eux-mêmes issus du turc çabata passé à l’arabe sous la forme سباط [sabbāṭ]. Il est tentant d'y voir aussi l'étymon de sabot ... lequel, par aphérèse, aurait abouti à la forme poitevine bot, cette dernière nous menant à son tour à la forme française botte (2). Pure et simple hypothèse personnelle.
Dernière édition par Papou JC le Tuesday 10 Sep 19, 8:51; édité 1 fois |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Sunday 27 Feb 11, 2:50 |
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Dans le sens de « coup d’épée », au figuré :
― Ne m’avez-vous pas fait l’honneur de me dire à Paris, demanda le Breton à Canalis, que vous n’éprouviez aucun des sentiments que vous exprimez ?
― La botte est droite, mon brave soldat, répondit le poète en souriant, mais apprenez qu’il est permis d’avoir à la fois beaucoup de cœur et dans la vie intellectuelle et dans la vie réelle. On peut exprimer de beaux sentiments sans les éprouver, et les éprouver sans pouvoir les exprimer.
Honoré de Balzac, Modeste Mignon, Folio classique N° 1360, Gallimard, Paris, 1982
Cet emploi figuré est déjà signalé par la première édition du dictionnaire de l’Académie en 1694 :
On dit aussi fig. Il luy a porté une terrible botte, une vilaine botte, pour dire, Il luy a rendu un mauvais office, il luy a fait une objection, une repartie fort pressante. Il luy a porté une botte franche, pour dire, Un coup qu'on ne peut parer.
L’on pourrait rapprocher cet emploi figuré de l’emploi figuré de bretteur.
Et si tu ne viens à Lagardère… |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Sunday 27 Feb 11, 17:48 |
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Pour boctare le TLIO semble l'indiquer comme forme cultivée (prèsque rélatinisée) de bottare.
Le LEI (Lessico Etimologico Italiano de l'Akademie der Wissenschaften und der Literatur de Mayence/Mainz) donne cette origine:
Citation: | s.v. *bott/*butt- 'colpo' (6, 1314.41). |
Toujours le LEI semble faire la distinction entre deux types de botto:
1) botto = coup
3) botto = crapaud = dans le sens de gonflement (LEI s.v. *bott‑; *bond‑/*bold‑; but(t)‑; *pott‑ 'gonfiore; cavità' (6, 1466.40)).
Moi j'expliquerais le mot "bottone/bouton" et "botta" = stivale (fr. botte) par ce "gonflement".
Idem pour l'italien "botte" /fr. baril) e "bottiglia" (fr. bouteille).
Dernière édition par giòrss le Tuesday 01 Mar 11, 19:06; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 27 Feb 11, 18:35 |
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giòrss a écrit: | Pour boctare le TLIO semble l'indiquer comme forme cultivée (presque relatinisée) de bottare. |
Merci ! C'était donc une fausse piste. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 6:50 |
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1. Pour le sens de chaussure, Pierre Gastal (dans Nos racines celtiques) postule un gaulois *botu, mais il ne renvoie qu'à quelques mots bretons dont il resterait à démontrer l'origine celtique ou préceltique : botez / botoù (chaussure), botaouin (chausser), botaouier (sabotier), botez-koad (sabot, litt. chaussure-bois). Cela dit, l'hypothèse semble plausible au vu de l'aire d'extension du mot (provençal, espagnol, latin médiéval) et de l'absence - sauf erreur - d'une racine indo-européenne à laquelle le rattacher.
2. Pour le sens de bouteille, le mot a probablement été emprunté à l'ancien provençal bota, comme dit plus haut, mais ce dernier vient plus tout aussi probablement, via l'espagnol bota "gourde en cuir", de l'arabe بطّة baṭṭa "bouteille en cuir" (classique et toujours usuel, d'une racine sémitique attestée en akkadien), la voyelle a tendant à être prononcée o devant une consonne emphatique. Le non moins célèbre botijo, botija, qui a donné notre bouteille, est vraisemblablement un dérivé de bota.
Il n'est pas exclu que, parallèlement, l'italien botte ou botta, de même sens, soit issu du latin tardif buttis, lui-même probablement du grec βοῦτις [boûtis] ou βοῦττις [boûttis] ou βούτη [boútê] "récipient en forme de cône tronqué". Quant à l'origine de ce dernier, inconnue, je me permettrai seulement et prudemment d'avancer, au vu de ce qui précède, qu'il pourrait bien s'agir d'un emprunt à une langue sémitique.
NB : J'avais déjà dit tout ça en page 2 du fil bouter... |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 11:18 |
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Papou JC a écrit: | 1. Pour le sens de chaussure, Pierre Gastal (dans Nos racines celtiques) postule un gaulois *botu, mais il ne renvoie qu'à quelques mots bretons dont il resterait à démontrer l'origine celtique ou préceltique : botez / botoù (chaussure), botaouin (chausser), botaouier (sabotier), botez-koad (sabot, litt. chaussure-bois). |
Une nouvelle légèreté de Gastal, il est impossible qu'un *t proto-celtique à l'intervocalique donne un -t- en breton. Sinon, "chausser" s'écrit botaouiñ, le tilde indique que le <ñ> ne se prononce pas, mais qu'il nasalise le /i/ (du moins en Trégor et Vannetais). Je suppose que la coquille vient de Gastal. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11195 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 12:06 |
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Tu supposes bien. À mon avis, ce n'est pas une coquille, c'est plutôt le refus ou la flemme d'utiliser les caractères spéciaux.
D'après toi, d'où viennent ces mots bretons ? |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 12:31 |
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Ce sont des romanismes, leur morphologie en conserve la marque. Le suffixe -es de botes n'est autre que le bien français -s des pluriels du cas régime, étrangement accolé au singulier. Au-delà, je n'ai pas de lumière nouvelle à apporter sur l'étymologie du mot français dont sont issus ces mots bretons.
Pour me faire pardonner, une expression amusante :
Hezh so berr i voutou
C'est un jaloux, litt. il a des chaussures courtes
J'écrit botes car j'utilise une orthographe qui réserve le <z> aux anciens d lénifiés et écrit <s> les anciens s simples lénifiés en /z/. Mais l'orthographe botez est beaucoup plus largement reçue. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 13:36 |
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Le -s marque le singulier du cas sujet, et le pluriel du cas régime. La langue s'est figée au cas régime, Jacques, Georges et Tours en soient témoins! |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Tuesday 10 Sep 19, 13:48 |
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Parfaitement exact, même si ce n'est pas le cas du féminin botte qui nous occupe ici. En breton, le suffixe -es se retrouve surtout dans des collectifs fourchetes "des fourchettes" et il est très fréquent dans les noms de légumes : pitrabes "des betteraves", karotes "des carottes", patates "des patates", tomates "des tomates"...
Edit : à la réflexion, le -es de botes doit tout simplement être le suffixe féminin du breton. Il n'en reste pas moins que botes est assurément un romanisme. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Thursday 12 Sep 19, 21:54 |
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Tiré du site "catachrèse": Jacques a écrit: | Apparemment, botte (de foin) ne viendrait pas de botte (chaussure).
Nous avons 3 homonymes:
botte chaussure (prob < lat. récent bota)
botte < it. bota coup d'epée (cf. bouter) (*)
botte < neer.l bote= (/i][i]touffe de lin , choses identiques liées ensemble ex. botte de foin)
(*) cf. la fameuse botte de Nevers de Lagardère.
Bouter (pousser) n'aurait rien a voir avec botter (avec la chaussure). |
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