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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Tuesday 07 Jun 11, 23:01 |
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Il va sans dire qu'un tel représentant de la gent masculine ne saurait entrevoir ce que signifie le mot dulcinée, il y faudrait de l'esprit, du romanesque. Plus terre à terre il préferera se livrer corps et âme à une quelconque rossinante poussive. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 07 Jun 11, 23:57 |
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Il vous faudra lire Don Quichotte, Madame, pour parler de ses personnages en connaissance de cause : Rossinante est la jument de l'hidalgo, et tout malitorne qu'on soit on n'est pas forcément zoophile. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 08 Jun 11, 7:46 |
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Alors c'est encore pire ! |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Wednesday 08 Jun 11, 12:57 |
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Ah?
Sur ce fil dédié aux termes issus de la littérature, j'en ai dernièrement choisi deux ou trois que l'on classe dans le registre péjoratif ,à savoir escobarder, malitorne , rossinante. Illustrer leur sens en contexte me plaît mieux qu'une liste sans rien ou la seule définition du dictionnaire.
Toujours est-il que ces termes, parce que tirés de la littérature, n'appartiennent pas exactement à la langue familière, leur connotation dépréciative se mariait donc tout à fait avec ce ton ironique, léger et persifleur de l'esprit de salon, un humour que les gens d'esprit savent reconnaître ici.
Dans la citation du dictionnaire, Blaise Cendrars ironise sur certaines faiblesses humaines.
Citation: |
Le père François vint me trouver, sa rossinante trépidante [l'auto] à la porte (Cendrars) |
Les rapports fusionnels entretenus parfois entre l'homme et la voiture en ont inspiré plus d'un, jusqu'à Roland Barthes qui décrit si bien le culte que certains ont pu vouer à cette déesse des temps modernes , déesse à laquelle certains se vouent corps et âme. Une jolie locution qui signifie selon les dictionnaires entièrement
Citation: | Tlfi : Corps et âme. Tout entier, totalement. | Point de connotation sexuelle directe, Monsieur.
Parfois d'ailleurs, l'auteur réussit néanmoins à nous faire aimer l'antihéros qu'il s'est choisi, comme... Don Quichotte, que vous aviez lu tant mieux que moi.
Pourtant, puisque nous sommes sur un forum à vocation encyclopédique et raisonnée, à l'instar de Diderot je veux bien être pantophile comme disait Voltaire, prête à aimer tout et tous. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 08 Jun 11, 13:30 |
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rejsl a écrit: | Illustrer leur sens en contexte me plaît mieux qu'une liste sans rien ou la seule définition du dictionnaire. |
Je ne peux qu'agréer. Ce choix est rare.
En revanche, je ne qualifierais nullement d'anti-héros le Chevalier à la Triste Figure. Même, je le prendrais presque pour paradigme du héros, tant, dans son idéalisme naïf, il en révèle l'obsessionnel et l'illusoire. Mais c'est une autre lecture … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 08 Jun 11, 15:14 |
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Ma petite liste n'avait d'autre ambition que de faire le point et de permettre des renvois. L'intérêt d'un forum comme celui-ci est d'y unir nos goûts et compétences pour qu'un fil finisse par constituer un ensemble instructif et intéressant et où l'humour garde toute sa place.
Mais si ma manière ne plaît pas, ça tombe bien car je cesserai très bientôt - et pour plusieurs semaines - d'intervenir sur Babel.
Bon été à tous. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 09 Jun 11, 12:54 |
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Tout dépend de quel type de liste on parle, Papou : moi non plus je n'aime pas les listes "sèches", simples copiés-collés de Wikipedia ou autre site. Ta liste est détaillée, elle apporte donc des infos intéressantes, notamment un certain nombre d'entrées inconnues de pas mal d'entre nous, j'en suis sûr.
Et comme elle est loin d'être exhaustive, notamment pour ce qui est des entrées en langues étrangères, elle ne fout pas le fil par terre.
Etant le modeste parrain de ce Fil, je valide ta liste .
Bon été à toi et n'hésite pas à faire un saut sur Babel ! |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Thursday 09 Jun 11, 14:38 |
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Connu de la Grèce Antique :
marguitês, héros éponyme d'un poème aujourd'hui perdu.
Passé dans la langue au sens de personnage sot et infatué de lui-même (Anatole dixit).
Épithète dont Démosthène qualifie Alexandre de Macédoine. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 09 Jun 11, 17:16 |
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Terrible époque que ce IVème siècle d'avant notre ère ! Ces Grecs n'étaient pas des tendres . Qu'en pensent les spécialistes? Démosthène avait-il raison ou n'était-il qu'un zoïle, un détracteur, à l'instar du grammairien éponyme? |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 11 Jun 11, 1:01 |
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Quitte à évoquer Alexandre le Grand, sautons sur l'occasion pour associer son prestigieux cheval, ô surprise, à cette rossinante poussive, bien chevaline cette fois. Car ce fringant coursier a lui aussi donné naissance à un emploi ironique, une sorte d'antiphrase où le bucéphale, de cheval de parade devient une haridelle, l'équivalent masculin de la rossinante, un vieux et mauvais cheval.
Citation: | Vous avez raison, mes amis; ce bucéphale était le vrai pendant du fameux coursier du héros de la Manche. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Saturday 11 Jun 11, 5:55 |
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Rossinante, quoique qu’en laisse penser (panser) la consonance de son nom en français, est un cheval, un cheval mâle.
“Cuatro días se le pasaron en imaginar qué nombre le pondría; porque, según se decía él a sí mesmo, no era razón que caballo de caballero tan famoso, y tan bueno él por sí, estuviese sin nombre conocido; y ansí, procuraba acomodársele de manera que declarase quién había sido, antes que fuese de caballero andante, y lo que era entonces; pues estaba muy puesto en razón que, mudando su señor estado, mudase él también el nombre, y le cobrase famoso y de estruendo, como convenía a la nueva orden y al nuevo ejercicio que ya profesaba. Y así, después de muchos nombres que formó, borró y quitó, añadió, deshizo y tornó a hacer en su memoria e imaginación, al fin le vino a llamar Rocinante: nombre, a su parecer, alto, sonoro y significativo de lo que había sido cuando fue rocín, antes de lo que ahora era, que era antes y primero de todos los rocines del mundo. ”
Miguel de Cervantes Saavedra
El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, I, 1
Madrid, 1605
« Il passa quatre jours à chercher quel nom il lui donnerait, car, se disait-il, il n’était pas juste qu’un si bon cheval d’un chevalier si renommé n’eût pas un nom connu. Aussi, essayait-il de lui en composer un qui pût faire connaître ce qu’il avait été avant d’appartenir à un chevalier errant, et ce qu’il était alors. Il convenait, en effet, que le maître ayant changé d’état, le cheval changeât aussi de nom, et qu’il en prit un pompeux et retentissant, ainsi qu’il convenait à sa nouvelle profession. Aussi, après avoir formé une quantité de noms, tour à tour effacés, rognés, allongés, défaits et refaits dans sa mémoire et son imagination, il en vint à la fin à l’appeler Rossinante, nom qui lui sembla distingué, sonore, exprimant parfaitement ce que ce cheval avait été et ce qu’il serait toujours à l’avenir, la première de toutes les rosses du monde. »
Traduction de Delaunay
rossinante […] Cervantes a formé ce mot de rocin, rosse, haridelle, qui est le même que roncin, roussin (voy. ces mots). (Littré)
rocín ante = « rosse avant »
rocín. (De or. inc.). 1. m. Caballo de mala traza, basto y de poca alzada […] (Real Academia)
(D’origine incertaine) Cheval de mauvaise conformation, disgracieux et de petite taille. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Saturday 11 Jun 11, 5:58 |
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Louis Viardot lui-même, traducteur bien connu du Quijote, utilise le masculin tout au long de sa traduction, mais écrit :
« “ Maintenant tu vas voir si ça sert à quelque chose”, s’écria don Quichotte ; et, disant cela, il se leva brusquement, appela Sancho, et lui commanda de seller Rossinante, qui s’était mise à paître pendant que les autres mangeaient. »
Cervantès, Don Quichotte, I, XXXI |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Saturday 11 Jun 11, 6:01 |
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Rosse […] Provenç. et catal. rossa ; ital. rozza. Il semble naturel de tirer ce mot de l'allemand Ross, cheval ; mais les zz de l'italien ne peuvent représenter les ss de l'allemand, selon Diez ; cela fait une difficulté qui jusqu'à présent n'est pas levée. Le provençal rossa fait remonter haut la présence de ce mot dans les langues romanes. (Littré)
Roussin, Vx ou plais. Policier. « Faut connaître les roussins anglais, ils aiment pas la force ni le scandale » (Céline). (Le Robert)
rosse et roussin mériteraient donc un Mot du jour à part… Mais il est un peu tard pour aujourd’hui…
Voir aussi :
cheval
Boer
Vocabulaire du cheval |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Sunday 12 Jun 11, 18:07 |
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¨Pour en revenir aux rosses et rossinantes, on lit cette bien jolie chose sous la plume du sire de Joinville (ou plutôt, la plume de son secrétaire, car il dictait, manières de grand seigneur...) :
Je situe le passage : le corps expéditionnaire franc, qui a pris une sévère déculottée en Égypte, discute du point de continuer ou de rembarquer. Joinville est partisan de continuer la lutte.
Citation: | En appelle les païsans du païs poulains, deont messire Pierre d'Avallon, qui demourait a Sur, oÿt dire que on m'appeloit poullain pour ce que j'avoye conseillé au roy sa demeuree avecques les poullains. Si me manda mon seigneur Pierre d'Avallon que je me deffendisse vers ceulz qui m'apeloient « poulain » et leur deisse que j'amoie miex estre poulain que roncin recreu, aussi come ils etoient. |
(Un poulain, c'est un franc né en Orient, un pied-noir, comme nous disions récemment.)
Le passage ne donne pas de lumière sur l'origine du mot, mais montre qu'il était employé au XIIIe siècle, dans le sens cheval de charge, donc moins noble que le cheval de guerre.
La pointe, bien évidemment, ce n'est pas tant de traiter de roncin les conseillers du roi, ce qui est déjà dévalorisant, mais de roncin... recreu.
Dernière édition par Glossophile le Thursday 16 Jun 11, 0:48; édité 1 fois |
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