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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Friday 29 Mar 19, 19:38 |
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Pascal Tréguer pourra sûrement nous dater l'intensificateur "pants off s.o." qui est utilisé pour divers verbes comme to scare, to beat, to bore, to kid, mais aussi to charm. L'idée de colique dans ce dernier cas n'est pas appropriée, mais il est possible que ce ne soit qu'une ultime extension d'usage de l'intensificateur qui a probablement commencé avec des verbes où cette association peut se concevoir. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 27 Oct 21, 18:41 |
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J'ai appris cette année une expression espagnole qui semble à la mode : dar yuyu "foutre la trouille".
Je ne suis pas sûr que le mot ait quelque chose à voir avec le yuyu qui désigne les pratiques superstitieuses de l'Afrique de l'Ouest. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 06 Nov 21, 16:25 |
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José a écrit: | D'accord mais sogne vient d'où ? Et bang ?
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Le Bang zijn néerlandais, cité plus haut , est formé du verbe " être " (zijn) et de l'adjectif " angoissé , saisi de peur" ( bang )
Tournure qu'on retrouve en allemand : mir ist bange, mir wird bange "
Signalons qu'en yiddish, ce terme " bang " a un autre sens : celui d'avoir le coeur serré par un regret, ou un sentiment de pitié. Le sens premier en moyen haut allemand dépassait le strict domaine de la peur.
עס טוט מיר באַנג = es tut mir bang = je regrette , je suis chagriné... |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Saturday 06 Nov 21, 22:00 |
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José a écrit: | D'accord mais sogne vient d'où ? |
sogne : soin, attention mais aussi peur. Prinde sogne : prendre soin ou prendre garde.
Selon Haust, vient du francique sunnea, justification. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 06 Nov 21, 23:14 |
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TLF :
D'apr. U. Joppich-Hagemann (Rom. Forsch. t. 90 1978, pp. 35-47) songer et soigner remonteraient au même étymon lat. somniare « rêver, avoir un songe, voir en rêve, rêver que » (v. songer),qui a pu donner aussi bien songier (v. songer) que songnier (écrit tantôt -gn-, -ign-, -ng-, -ingn-) et soin, à côté de songe*, s'expliquerait comme étant directement issu du lat. so(m)nium « songe, rêve ». L'examen du passage sém. de « rêver » à « penser » du verbe songer, est à l'orig. de cette étymol. et du postulat selon lequel penser/soigner/songer s'inscrivent dans une relation ternaire où soigner joue le rôle d'intermédiaire entre penser, dont il est le quasi-synon. et songer dont il est l'équivalent phonét. Une ét. approfondie du sémantisme de songer/soigner, songe/soin et de leurs dér. et comp. a ensuite amené U. Joppich-Hagemann à énoncer l'hyp. que le sens de « penser » peut être à l'orig. des concepts de « souci » d'une part et de « tristesse », « crainte » d'autre part; hyp. qui semble renforcée par le parallélisme sém. des mots de la famille de cogitare et pensare qui ont pour sens de base celui de « penser » et dont les sens second., représentant les notions de « souci », « chagrin, tristesse », « crainte », sont ceux de la famille de songer/soigner.
Je vote pour cette hypothèse.
On a un parallélisme sémantique avec le couple penser // panser.
penser, panser et peser sont tous trois issus du latin pensare, fréquentatif de pendere, signifiant aussi « peser », d’où, par deux développements différents, « contre-balancer, payer » et dans le domaine intellectuel, « évaluer, apprécier », d’où « réfléchir, méditer ». L’évolution phonétique régulière entraînant la chute du n devant s, pensare a donné peser. La forme penser vient de la langue écrite, tout comme panser qui s’écrivait autrefois penser et a d’abord signifié « penser à son cheval, s’en occuper, le soigner, le nourrir ». L’orthographe panser est due à l’influence d’un autre verbe panser qui signifiait « remplir la panse ». (la grande famille PENDRE)
Restent à éclaircir les origines de besoin et besogne...
N'oublions pas l'homonymie... Deux étymons, un germanique et un latin, phonétiquement rapprochés dans leur évolution, c'est toujours possible.
Un MDJ soin ne serait pas du luxe... |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 897 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 07 Nov 21, 13:48 |
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Malgré la différence d'aperture du o, on peut accepter la filiation somnium > *sonnium (niveau latin, cf. Väänänen) > sonium > soin ; somniare > *sonniare > soingnier > soigner (évidemment, je passe des étapes parce que c'est complexe, mais sans importance ici) ; on peut même ajouter AF essoigne, "excuse", puis "difficulté", plus tard essoine (chez Villon) par réfection sur soin...
Mais tous les ouvrages que je peux consulter établissent des étymons germaniques latinisés.
La question que je me pose est donc toujours la même : comment se fait-il qu'on n'y ait pas pensé avant ??? Et là, la méconnaissance des langues sémitiques n'y est pour rien !
Et je le devine : si, comme je le dis, rien ne s'oppose à ce que **sonium donne "soin" comme somnium a donné songe (cf. calumnia > chalonge (chalenge en FM), etc... , la présence de ce doublet dérivationnel paraît difficile à admettre.
Les explications sémantiques sont évidemment plausibles, mais je peux aussi bien dire, par exemple, que essoigne, qui signifiait "difficulté", "embarras" tire son sens de ex-somniare parce que les difficultés ôtent souvent le sommeil ! |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 07 Nov 21, 15:29 |
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Il convient que je donne la totalité de la longue notice du TLF. Désolé de la donner à l'envers... En voici donc la première partie :
Étymol. incertaine. On note à côté du subst. masc. soing, bien qu'à une époque un peu plus récente, le subst. fém. soigne « souci, peine » (ca 1180, Proverbe au vilain, 100a ds T.-L.) et le verbe soigner* que l'on rapproche respectivement du lat. médiév. sunnis, fém. « excuse légitime ou empêchement de comparaître » (vies., Lex Sal., tit. 1, § 2 ds Nierm.; ailleurs sunnia, sonia, somnis, etc.) et du lat. médiév. soniare « procurer le nécessaire, donner ou recevoir l'hospitalité » (fin viies., Formulae Andecavenses, n o58, Form., p. 25, ibid., s.v. sonniare) dans lesquels on a voulu voir un empr au frq.: d'une part au subst. fém. *sunnia « souci », d'autre part au verbe *sun(n)jôn « s'occuper de, se soucier de ». Diez 1853 (s.v. sogna) rattache le subst. frq. à l'a. nord. syn, fém. « démenti », corresp. au got. sunja « vérité », a. sax. sunnea « excuse », a. h. all. sunne « cas de force majeure » et le verbe frq. à l'a. nord. synja « dénier, refuser, acquitter », got. sunjôn « excuser, justifier ». Wartburg écarte, en raison de la différence de genre, la possibilité d'un empr. dir. du fr. soin, masc. à l'a. b. frq. *sunnia, fém. et souligne que la chronol. s'oppose à faire de soin un déverbal de soigner; il se rallie à l'hyp. de V. Günther selon laquelle le b. lat. sonium, neutre « souci » (ves., FEW t. 17, p. 279b), auquel il convient de rattacher soin, ne peut s'expliquer, de même que le lat. soniari « se faire du souci » (vies., FEW t. 17, p. 280a), que comme un empr. à un mot germ. neutre et plus précisément au subst. neutre a. b. frq. *sun(n)i « souci, peine », d'un adj. a. b. frq. *sun(n)i « soucieux » (forme non fléchie de *sunnia), d'apr. l'adj. got. sunjis « véritable, véridique »; v. FEW t. 17, pp. 279b-280b. Cette hyp. d'un empr. au germ. que la complexité phonét. et morphol. rend difficile à admettre, se heurte essentiellement à des difficultés d'ordre sém.: on ne voit pas très bien quel est le lien qui unit le fr. soin, soigner à des mots germ. tels que le got. sunja « vérité », sunjôn « excuser, justifier » ou l'a. nord. syn « démenti », synja « dénier, refuser » et l'affirmation de Wartburg (FEW t. 17, p. 279b) selon laquelle soigner serait la survivance, en tant qu'expression du souci quotidien, du frq. *sun(n)jôn (corresp. à l'a. nord. synja, got. sunjôn) paraît peu sûre. D'apr. U. Joppich-Hagemann... (la suite plus haut)
Le préfixe germanique be- de besoin, besogne fait évidemment pencher fortement la balance en faveur d'une origine germanique de cette petite famille...
Petite remarque en passant : l'essoine d'Abélard, chez Villon, "être châtré et fait moine". me semble être plus un "châtiment", une "lourde peine", qu'une banale "difficulté". À moins que cet emploi ne relève là de la litote, de l'euphémisme... |
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