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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 07 Jun 06, 10:12 |
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Hégémonie du grec ηγεμονία (Êgémonïa) Dans l’antiquité c’était la suprématie d’une cité grecque sur le reste du pays dérivé de ηγεμών (êgémôn) guide. Aujourd’hui hégémonie est synonyme de domination, prépondérance, supériorité politique et militaire d’un état sur un autre.
Dernière édition par Helene le Wednesday 07 Jun 06, 18:24; édité 1 fois |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Wednesday 07 Jun 06, 10:34 |
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Le leadership, tel que vu par certains, peut sans peine se traduire par hégémonie.
La langue française gagnerait sans doute à introduire le mot hégémone, pour désigner la personne ou l'État hégémonique. On en profiterait pour introduire le néologisme hégémonisme, pour décrire le système de pensée y afférent. |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 07 Jun 06, 11:37 |
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Je suis d’accord avec toi, d’ailleurs ηγεμών hégémone se dit toujours en grec malgré qu’il s’agisse d’un terme ancien, donc pourquoi pas hégémone en francais. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 07 Jun 06, 18:20 |
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On dit déjà hégémon (sans e), dans les manuels d'Histoire, pour « traduire » le titre grec. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 13 Mar 11, 9:00 |
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Ce mot est d'autant plus intéressant qu'il n'est pas isolé au sein de notre lexique. Il a des parents proches, dérivés eux aussi du grec ἡγέομαι [hêgeomai], "marcher devant, aller en tête, guider, être le chef" : higoumène (supérieur d'un couvent orthodoxe), musagète (le conducteur des Muses, surnom d'Apollon), exégète (le guide de la pensée, celui qui explique), cynégétique (la conduite des chiens, la chasse).
Il a aussi des parents d'origine latine, dérivés du verbe sagīre, "quêter (en parlant d'un chien), flairer, renifler, avoir du nez" : sagace et présage.
Il a enfin - au moins d'après moi - un parent d'origine germanique avec le mot sac dans son sens de "pillage d'une ville", du vieux norois *saka, "chercher", du germanique *sakan, "chercher" et aussi "chercher querelle à qqn" (cf. fr. "Tu me cherches ?"). Mon sentiment est conforté par celui de Calvert Watkins qui - à la suite de Pokorny - place le verbe to ransack (piller une ville, en faire le sac) sous la même racine que les équivalents anglais des mots que nous venons de voir. Ce sac-là n'a donc rien à voir avec l'autre, même s'il est bon d'avoir avec soi des sacs (du grec sakkos) quand on pille une ville...
Cette racine, c'est *sāg-, "quêter, flairer, avoir du flair".
Cognats anglais : to seek, sake, to forsake, to ransack, to ramshackle. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 14 Mar 11, 13:07 |
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Papou JC a écrit: | — au moins d'après moi — |
Pas que, Papou, le rapport est aussi fait
— par Chantraine, avec le gotique sokjan « chercher, attaquer », le vieil-irlandais saigim « quêter, chercher », éventuellement avec les hittites šak-ḫi « savoir » et šakija « montrer des signes, présager » ;
— par Ernout et Meillet (s.u. sāgus) qui citent à peu près les mêmes cognats et précisent pour la racine *sāg- (probablement plutôt un thème *seh₂-g-) un sens premier de « quêter » qui, terme de chasse appliqué au chien, aurait glissé vers « avoir du nez ».
Pour ce qui est du grec, on notera dans cette famille deux mots sociétaux importants, que Chantraine nous donne chez Pindare, et donc en béotien (famille de l'éolien) :
— ἀρχᾱγέτᾱς le fondateur d'une ville, le héros éponyme (de ἀρχή « commencement »)
— λᾱγέτᾱς le chef d'armée (de λαός, dorien λαϝός, « peuple en armes »)
Ce dernier mot nous est aussi connu par le mycénien ra-wa-ke-ta (PY An 724, etc.) qui désignait un personnage important, précédant même dans la hiérarchie le pa-si-re-u qui, lui, montera en grade en devenant le βασιλεύς « roi ».
En mycénien, on a aussi un datif pluriel ku-na-ke-ta-i « aux chasseurs » (huntsmen pour Palmer, mais ce pourraient aussi être des responsables de meute) dans une tablette (PY Na 248) où on leur attribue « librement » (e-re-u-te-ro = ἐλευθέρως) 30 doses d'un SA de nature inconnue. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 17 Mar 11, 17:36 |
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N'y aurait-il pas plus qu'une simple paronymie entre les deux verbes ἡγέομαι [hêgeomai] et άγω [agô] ? Leur parasynonymie est troublante ...
(Et je vois que la question est posée par Chantraine lui-même dans l'article άγω, ce qui me rassure !)
Pour revenir au sac d'une ville, je propose ICI une autre hypothèse. |
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