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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 02 Feb 06, 15:21 |
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CE FIL EST LE RÉSULTAT DE LA SOUDURE DE TROIS FILS OÙ IL Y AVAIT DES REDITES. IL PERMET UNE VISION D'ENSEMBLE DES DIVERS PROBLÈMES POSÉS PAR LES MOTS RENCONTRÉS. IL POURRA ÊTRE ULTÉRIEUREMENT REDISTRIBUÉ EN DEUX OU TROIS FILS PLUS COHÉRENTS OU AU CONTRAIRE CONSERVÉ TEL QUEL.
dauber : 1220, ce verbe d'ancien français vient du latin dealbare (cf. albus, blanc), il signifie crépir, blanchir, garnir, frapper (Larousse Etym.)
En français gastronomique contemporain, il signifie "couvrir un plat d'une daube". |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2522 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Thursday 02 Feb 06, 15:45 |
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Et en argot ce verbe signifie "sentir mauvais". Signe que certaines daubes furent ratées... |
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Psychedelik Barakî
Inscrit le: 06 Dec 2005 Messages: 458 Lieu: Djiblou, Wallifornie
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écrit le Thursday 02 Feb 06, 17:45 |
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On parle aussi de daube pour désigner quelque chose de "pourri" (Cette musique, c'est de la daube, etc...)
Maintenant que j'y pense, on dit aussi Cette musique pue la ... |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 02 Feb 06, 17:57 |
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Le mot d'ancien français, dans le sens de crépir, couvrir un mur, a laissé de bonnes traces en anglais contemporain.
angl. daub : n. torchis , mélange de terre glaise et d’éléments végétaux pour crépir les murs.
angl. to daub : v. couvrir un mur de plâtre ou de crépis
angl. dauber : n. guêpe maçonne (Sceliphron caementarium) . Cet insecte construit des nids sur les murs, avec de la terre glaise (littéralement, caementarium signifie cimentière).
Dernière édition par Jacques le Saturday 04 Feb 06, 14:47; édité 1 fois |
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Victor-Emmanuel
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 234 Lieu: Saint-Genest de Contest, Midi-Pyrénées
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écrit le Saturday 04 Feb 06, 14:39 |
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Encore un mot culinaire -daube- qui divise les chercheurs entre :
- tenants de l'origine francique dubban frapper, qui a donné adouber comme Dauzat
- et tenants du latin dealbare blanchir, crépir comme Grandsaignes d'Hauterive.
Léo Moulin, lui, préfère se tourner vers l'espagnol dobar cuire à l'étoufffée que l'on retrouve dans le mot actuel de adobo.
Pour ma part, l'énorme écart de sens existant en daube et dauber, m'incite à pencher vers l'origine espagnole, même s'il ne faut pas oublier que nous utilisons toujours, en cuisine, le terme blanchir et que la daube, anciennement et donc avant de prendre le sens restrictif de longue cuisson au vin rouge, signifiait cuire des viandes dans un fond quelconque, voire seulement la sauce recouvrant des viandes froides.
Si l'on rapproche couverture par une sauce claire et réduite de crépir, couvrir... alors... |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 15 Jan 14, 11:21 |
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radoub : opération qui consiste à entretenir ou à réparer la coque d'un navire dans un bassin affecté à cet usage.
Port de radoub ; travaux de radoub ; mettre un navire au radoub.
Chaque année, au moment du concours, mon bateau a besoin de passer au radoub, pour rafraîchir la peinture sous-marine. Et ça dure quatre jours
Marcel Pagnol, Fanny
Du verbe radouber : réparer, raccommoder.
On radoube des vêtements, un fournil, une calèche (Chateaubriand)...
s'emploie dans le domaine maritime : faire des travaux d'entretien ou des réparations sur la coque d'un navire.
L'opération porte le nom de radoubage, réalisé par un radoubeur.
Ce verbe est dériver de adouber dans le sens de : préparer, arranger, raccommoder
on disait aussi adouber un navire (réparer) cf. Jal.
adouber : armer chevalier ; équiper, armer (un homme de guerre), préparer (des armes)
de l'ancien bas francique *dubban, déduit de l'ancien frison dubba (frapper) : on frappait le futur chevalier du plat de l'épée. (TLF)
Cette action porte le nom d'adoubement.
Pour revenir à radoub : le nom parait bien étrange avec une consonne finale en -b. On aurait imaginé plus volontiers une origine arabe.
Selon Littré, "'Académie dit que le b se prononce, mais les marins ne le prononcent pas, même devant une voyelle".
Devrait-on dire un radoub ou un radou ?
J'aurais plutôt écrit "radoube" (comme le caroube) plutôt que radoub, ou bien "radoubage" : un "bassin de radoubage", par exemple comme on dit : bassin de carénage, et même, le carénage, du verbe caréner : nettoyer la carène (d'un navire) du latin carina (coquille de noix)
En italien :
radoub : raddobbo
radouber : raddobbare (una nave...)
aussi du verbe addobbare, mais le sens italien est différent : décorer, orner, parer (par exemple une salle)
addobbare l'albero di Natale : décorer le sapin de Noël.
addobbi natalizi : décorations de Noël
addobbi scenici : décors de théâtre
adouber un chevalier : investire un cavaliere
En anglais, adouber se dit to dub : ce terme est considéré comme un emprunt au français
adoubement : dubbing
to dub a knight : adouber un chevalier
to dub, c'est investir une personne d'un nouveau titre, une nouvelle dignité, d'où le sens de donner un surnom, un sobriquet
He dubs him "Ginger" : il l'a surnommé "Poil de carotte"
Ce verbe n'a pas de rapport avec to dub, dérivé du verbe to double : doubler (dans un film)
(doublage : dubbing) |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 16 Mar 17, 22:57 |
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Espagnol : adobo
adobo, n. m.
1 – marinade,
2 – marinage.
adobar, v. tr.,
1 – disposer, préparer, arranger, assaisonner,
2 – cuire, cuisiner,
3 – faire mariner, pour assaisonner ou pour conserver,
4 – tanner (les peaux).
Del fr. ant. adober 'armar caballero', y este del franco *dubban 'empujar', 'golpear' (DRAE).
De l’ancien français adober « armer chevalier », celui-ci du francique *dubban « pousser, frapper ».
El bienmesabe, cazón en adobo, o tal como se dice en Cádiz, el adobo, (sin necesidad de especificar más,) es una de las tapas más agradables que puede uno tomar como aperitivo.
Le bienmesabe, ou hâ en adobo, ou comme l’on dit à Cadix, adobo, sans rien spécifier de plus, est l’une des tapas les plus savoureuses que l’on puisse prendre comme amuse-gueule.
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Portugais : adubo
adubo, n. m.
1 – marinade,
2 – engrais,
3 – fig. ornement.
adubar, v. tr.,
1 – assaisonner,
2 – amender (une terre),
3 – tanner.
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Galicien :
adubo ou adobo, n. m.
adubar ou adobar, v. tr.
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Sans rapport avec adobe « brique de terre crue, appareil fait de ces briques ».
Voir adobe (anglais) (orig. arabe et copte)
Dernière édition par Moutik le Friday 17 Mar 17, 15:05; édité 3 fois |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 16 Mar 17, 23:03 |
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Français :
daube, n. f.
Sorte d'assaisonnement qu'on fait à de certaines viandes. Poulet d'Inde à la daube. gigot à la daube. faire une daube. servir une daube. (Académie, 1694)
Italien dobba « marinade », 1549,
adobbo (jusqu’au XVIIIe),
catalan adob,
déverbal d'adobar « mariner » (1494),
proprement « apprêter un aliment » (XIIIe),
d'abord « armer chevalier »,
emprunté au français adouber,
de l’ancien francique *dubban « frapper ».
1571, gigotz à la dobe,
1598, adobbe « marinade »,
Ces deux attestations du XVIe seraient des emprunts éphémères à l’espagnol adobo.
(D’après le TLFi)
Selon le Dictionnaire historique de la langue française, le cheminement du mot serait :
Allemagne > France > Lombardie > Italie > Catalogne > France méridionale > Paris.
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Sur l’expression c’est de la daube :
Les étymologistes font état d’un adjectif daube « gâté », dans la région lyonnaise. De fait le docteur Lacassagne signale dans les prisons de Lyon l’emploi dauber pour « transmettre une maladie vénérienne à », chez les prostituées.
Le rapport avec 1.dauber [« sentir mauvais »] n’est pas attesté.
(Dictionnaire historique de la langue française) |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 16 Mar 17, 23:24 |
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Dans le FEW :
Radouber la lanterne, « bavarder ». |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11175 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 17 Mar 17, 0:26 |
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Personnellement je crois que le mot hispanique adobar au sens culinaire est d'origine arabe. Il faut quand même savoir qu'il existe en arabe un verbe adaba qui signifie dresser un repas, un festin, et un verbe adama qui signifie assaisonner, condimenter, ce dernier prenant la voyelle u à l'impératif : adum. De adum à adob-... D'ailleurs je note que le portugais et le galicien disent adubo.
Ce qui ne remet pas en question l'origine francique du terme de chevalerie.
Bref, je suis presque sûr qu'il y a eu à l'origine deux verbes adobar homonymes, qui ont fini par fusionner. Sinon, le saut sémantique entre les deux ne s'explique pas. Mais le terme de chevalerie a dû contribuer à acclimater l'emprunt à l'arabe. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Friday 17 Mar 17, 21:38 |
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Et l’on ne peut envisager le passage de l’espagnol à l’arabe ?
Adobar, au sens d’apprêter un aliment, aurait été présent dans la péninsule dès le XIIIe. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11175 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 17 Mar 17, 21:44 |
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Si c'est bien un emprunt à l'arabe, il devait être là bien avant, dès le VIIIe.
Et aucune chance pour que l'emprunt se soit fait en sens inverse. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Friday 17 Mar 17, 22:00 |
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Citation: | Et aucune chance pour que l'emprunt se soit fait en sens inverse. |
Pourquoi ?
(C'est pas pour te contredire, c'est pour apprendre... ) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11175 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 17 Mar 17, 22:30 |
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Je comprends bien. Arguments :
1. Les deux racines arabes que j'ai données sont de très vieilles racines sémitiques.
1. Je ne vois pas quel mot latin ou germanique aurait pu aboutir à adobar / adubar "assaisonner un plat". Par la forme, à la rigueur le verbe français adouber mais adouber un jeune chevalier et adobar un trozo de carne, franchement, le fossé sémantique entre les deux me paraît difficilement franchissable.
2. En revanche j'imagine très bien le passage aduma > *adumba > *aduba > adubo / adobo, avec une conservation presque parfaite du sens.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Dernière édition par Papou JC le Friday 17 Mar 17, 22:33; édité 1 fois |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Friday 17 Mar 17, 22:31 |
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Encore un hasard !
Hier je postai ce Mot du jour sur adobo.
Aujourd’hui le site culinaire d’El País publie un article sur les tapas sévillanes, où il est question de l’adobo.
Esto es una cosa que quita er sentío.
C’est une chose qui fait perdre les sens.
C’est un truc à tomber par terre !
Les italiques sont du journaliste.
Er sentío est une forme andalouse.
En castillan standard, el sentido. |
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