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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Tuesday 28 Nov 06, 16:23 |
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Sido a écrit: | Même pas besoin de traduire "Carpe diem" |
je pense qu'il est intéressant de replacer cette locution dans son contexte.
la fin de la phrase est intéressante :
carpe diem, quam minimum credula postero
c'est un vers d'Horace
ne te tourmente pas par ton salut, sur ce que Dieu (Jupiter) a décidé pour toi...
occupe-toi plutôt à faire ton vin (Sapias, vina liques)
le temps fuit...
profite du moment présent : Cueille le jour, sans trop compter sur demain...
en comptant au minimum sur les jours suivants (postérieurs)
qui propose une meilleure traduction ? |
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Aegidius
Inscrit le: 28 Nov 2006 Messages: 8 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 28 Nov 06, 19:40 |
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La vôtre est déjà très bonne.
Credula est au féminin car Horace parle à une femme, sis est sous entendu (quam minimum credula <sis>, littéralement, sois le moins crédule) ainsi que diei (postero <diei>).
Cueille le jour et crois le moins possible au lendemain.
Sinon j’aime bien : ignosco semper alteri, nunquam mihi (je pardonne toujours à autrui, jamais à moi-même) |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 28 Nov 06, 22:10 |
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Non pas cueille, comme on cueillerait une fleur, mais arrache.
Saisis, cramponne-toi, tu ne sais pas si tu en auras d'autres !
Le verbe carpere signifie aussi déchirer, lacérer. |
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Aegidius
Inscrit le: 28 Nov 2006 Messages: 8 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 29 Nov 06, 0:07 |
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Arrache le jour ? C'est plus violent comme interprétation, je ne le ressens pas ainsi dans ce contexte. Cueillir me paraît acceptable au sens poétique de profiter du jour présent, c'est d'ailleurs une idée épicurienne. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 29 Nov 06, 2:47 |
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Certes, c'est ainsi que la plupart des latinistes (et des autres) le comprennent.
Mais cette interprétation est celle d'un de mes professeurs en Sorbonne, le grand Jacques Perret, s'il m'en souvient bien. Elle s'est gravée dans mon esprit, car elle fait d'Horace, non un jouisseur, mais un anxieux, anxieux du temps qui passe (tempus irreparabile fugit), et qui ne veut pas laisser perdre une miette de vie.
Le texte en prend une dimension tragique, ce n'est plus de la tisane, mais du vitriol. |
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Aegidius
Inscrit le: 28 Nov 2006 Messages: 8 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 29 Nov 06, 4:52 |
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Merci, j’en prends bonne note sans en être tout à fait convaincu mais peu importe. Cette image est belle exprimée ainsi, elle reste possible au sens où Horace a fini par être plus stoïcien qu’épicurien, si je me souviens bien.
Sans vous offenser, je me suis demandé pourquoi vous citiez un vers de Virgile (Sed fugit interea, fugit inreparabile tempus, Georgicon III/284) parlant d’Horace même si ce n’était pas hors sujet. C’est sans importance, c’est surtout pour que les lecteurs ne fassent pas de confusion. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 09 Nov 16, 20:16 |
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Il faut lire le vers dans son contexte : le poète dissuade son amie de recourir aux devins et autres diseurs de bonne aventure. Ne te soucie pas de l'avenir, à chaque jour suffit sa peine, vis dans l'instant.
Voici le texte :
Citation: | Tu ne quaesieris (scire nefas) quem mihi, quem tibi
finem di dederint, Leuconoe, nec Babylonios
temptaris numeros. Vt melius quicquid erit pati!
Seu pluris hiemes seu tribuit Iuppiter ultimam,
quae nunc oppositis debilitat pumicibus mare
Tyrrhenum, sapias, uina liques et spatio breui
spem longam reseces. Dum loquimur, fugerit inuida
aetas: carpe diem, quam minimum credula postero. |
et sa traduction, prise au site Itinera electronica :
Citation: |
Ne cherche pas à connaître, il est défendu de le savoir, quelle destinée nous ont faite les Dieux, à toi et à moi, ô Leuconoé; et n'interroge pas les Nombres Babyloniens. Combien le mieux est de se résigner, quoi qu'il arrive! Que Jupiter t'accorde plusieurs hivers, ou que celui-ci soit le dernier qui heurte maintenant la mer Tyrrhénienne contre les rochers immuables, sois sage, filtre tes vins et mesure tes longues espérances à la brièveté de la vie. Pendant que nous parlons, le temps jaloux s'enfuit. Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain. |
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