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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 12:16 |
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Comment font les linguistes pour authentifier les étymologies ? Comment sont faits les dictionnaires d'étymologie ? Il faut lire les textes anciens, ou bien y a-t-il d'autres méthodes ?
Dernière édition par Le garde-mots le Thursday 09 Feb 06, 17:35; édité 1 fois |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 12:44 |
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j'ai déplacé le sujet depuis le mot du jour : barbecue
quand on étudie l'étymologie des mots, on s'aperçoit qu'il y a certaines règles... après on peut être amené à trouver une étymologie suspecte...
comment déceler ces règles ? je dirais que c'est l'habitude !
à force de s'intéresser à l'étymologie, on arrive à comprendre certains mécanismes...
il en est de même pour les mécanismes concernant les "étymologies populaires" qui sont "par définition fausses mais qui sont reprises ici ou là dans des livres...
c'est flagrant dans les noms de lieux. Au XIXe beaucoup d'érudits locaux présentaient l'étymologie d'un mot en regardant dans un dictionnaire de latin et en jouant sur les similitudes
cela étant dit, certains mots demeurent inexpliqués |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6527 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 17:43 |
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Je ne serais pas etonné de voir des cas où la fausse étymologie a favorisé la survie d'un mot ou a fait glisser son sens. Cette fausse étymologie serait alors alors une de ses origines sémantiques, elle devient une partie importante de son histoire, mais pas de son étymologie. |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 10 Feb 06, 1:04 |
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C'est ce qu'on trouve dans le Gradus de Bernard Dupriez sous le nom d' "attraction paronymique". Il en donne un contre-exemple humoristique qui fait bien comprendre le glissement : "Le pays appelé Germanie, ainsi nommé parce que les habitants de ce pays sont tous cousins germains" (Jarry, Ubu roi). |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Friday 10 Feb 06, 2:10 |
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Les étymologies fantaisistes sont d'ailleurs la spécialité des dicodeurs, dans une émission matinale de la Radio Romande. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6527 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 10 Feb 06, 2:59 |
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Noms de lieux dénaturés par attraction paronymique (Source : Wikipedia)
Exemple :
l'Araignée : déformation de l'Arénier, de arena "sable", ou de *ar "pierre"
Autres exemples: |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 26 Mar 07, 10:11 |
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Je ne peux que replacer ici une partie de la discussion à propos de « baragouin ». Je rappelle le problème :
Breizhadig a écrit: | Il y a deux étymologies données, tout d'abord, comme tu l'as dis, la Bretonne avec "bara ha gwin" (du pain et du vin), l'autre, Latine qui viendrait de "barbaracuinus"... |
ego a écrit: | Le regretté linguiste Pierre Guiraud, que j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois à Nice quand il y enseignait, avait sur les étymologies populaires un point de vue que je trouve très sain, c'est qu'elles sont indissociables des étymologies savantes, toutes concourant à faire le « succès » d'un mot, à faciliter son entrée dans la langue et à y assurer sa pérennité.
Il suffit qu'un jour on ait fait un à-peu-près entre le latin et le breton, dans un sens ou dans l'autre, pour que la formule plaise et que, ainsi soutenu, « baragouiner » devienne courant.
L'allemand sauer ne saurait phonétiquement être importé sous la forme /chou/ mais, la Sauerkraut étant à base de chou, on arrive à « choucroute », mot qu'il est alors légitime d'accepter comme de la famille de « chou » … |
Jacques fait là-dessus une distinction entre « histoire du mot » et « étymologie » et j'imagine qu'il entend par là réserver le dernier terme à ce qui relève, soit — pour les mots hérités — de l'évolution phonétique régulière (femina > femme), soit — pour les mots empruntés — de la simple transcription phonétique (xocoatl > chocolat). Mais je ferai deux remarques.
La première est que les choses ne sont pas toujours claires et nettes (clarinette ?). La métathèse « -atl > -lat » du second mot est, il est vrai, régulière, mais, faisant entrer le mot dans la famille des dérivés en -at (reliquat, avocat, etc.), elle conduit à ce que Guiraud appelle une pseudo-suffixation, qui fortifie son appartenance au lexique. Quand au premier, est-on sûr que l'ancien français fame ne doit rien à son homonyme fame (lat. fama « renom ») ? il y a au moins un texte ("Histoire de Caradoc" dans la Première continuation de Perceval) où la chose est ambiguë.
La seconde est qu'on peut se demander si réserver le mot « étymologie » à la régularité phonétique n'est pas faire bon marché de son étymologie par le grec ἔτυμος « vrai, réel » qui devrait légitimement inclure tout ce qui relève de la sémantique, et donc, aussi bien les connotations que les dénotations.
Je m'explique. Passer de barbacoa à « barbe-cul » n'est pas seulement plaisant, cela évoque aussi les boucaniers, toute la mythologie des pirates, barbus et vulgaires.
Les mots sont quelquefois surdéterminés et, pour cette raison, j'aimerais mieux dire « étymologies » que « étymologie » afin de ne pas privilégier une origine par rapport à l'autre, d'autant que, à y regarder de près, l'histoire des mots, si elle est savante dans son étude, est de toute façon populaire dans son déroulement … |
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