Présentation du poitevin-saintongeais
Présentation du poitevin-saintongeais

Par Eric NOWAK.

«Poitevin-saintongeais» étant pris ici sans référence à une quelconque tentative de normalisation orthographique ou linguistique, ne doit pas être assimilé avec la «graphie normalisée du poitevin-saintongeais» mais compris dans son sens premier d'«ensemble linguistique réunissant le poitevin et le saintongeais».

L'ensemble linguistique poitevin et saintongeais

Au sein de l’ensemble des parlers d’oïl, le saintongeais comme le poitevin font partie d’un ensemble linguistique d’entre Loire et Gironde, associant saintongeais et poitevin dont l’unité a été mise en évidence par Coquebert de Monbret dès 1831, puis confirmée par les saintongeais Jônain (en 1850), Boucherie (en 1873), l’angoumoisin Terracher (en 1926) et les poitevins Favre (en 1867), Poirier (en 1941), Pignon (thèse en 1960) et Jagueneau (thèse en 1987).

Dès 1831 Coquebert de Monbret dans "Essai d’un travail sur la Géographie de la langue française" écrivait : « à quelques distance au-delà de la Loire commence le patois poitevin usité dans les départemens de la Vendée, des Deux-Sèvres, et de la Vienne, et auquel succède, comme simple variété, le patois saintongeois en usage dans la partie orientale [sic : il voulait évidemment écrire : occidentale] des deux départements de la Charente […]. » voir : ici.

1850 Pierre Jônain (natif de Gémozac en Charente-Maritime) notait dans l’Union Républicaine de Saintes l’observation suivante qu’il reprit ensuite en 1869 dans l’introduction de son Dictionnaire saintongeais : « Le dialecte saintongeais offre un intérêt tout particulier, à cause de sa position intermédiaire entre les idiomes du midi et ceux du nord, entre la langue d’Oc et la langue d’Oil, entre le Roman et le Français. En effet, passez la Gironde ou la Dordogne, entrez en Périgord ou en Limousin, vous êtes, au moins pour le langage, en pays étranger [...] vous entendez les chants du midi : au contraire, traversez le Poitou [...] l’idiome est à peu près le même que celui de la Saintonge. » voir : ici.

1895, Jérôme Bujeaud (né à Angoulême), célèbre folkloriste : « dans ce vaste et plantureux pays qui se nommait jadis l’Angoumois, l’Aunis, la Saintonge et le Bas-Poitou, vous signalerez peu de différences génériques de langage, mais seulement des diversités de prononciation qui ne seront jamais assez tranchées pour empêcher un paysan de l’une de ces provinces de comprendre les paysans des autres provinces, ses voisines".

1941, A.-D. Poirier (vendéen), professeur de philologie romane à l’université catholique d’Angers : « Dans le Haut Poitou, comme dans la Vendée, comme dans l’Aunis, la Saintonge et l’Angoumois, les mêmes termes, issus du dialecte, se retrouvent [...], avec la même physionomie, je pourrais dire, le même costume, en tout cas avec un air de proche parenté qu’un oeil exercé saisit au passage. »

1960, Jacques Pignon, (natif de Latillé dans la Vienne), professeur à l'université de Poitiers, dans sa thèse sur l’évolution phonétique des parlers du Poitou, où il évoque « la zone poitevino-saintongeaise » : « Il est évident que l’évolution phonétique des parlers poitevins et celle des parlers saintongeais est à peu près parallèle. Ils constituent, à l’ouest du domaine gallo-roman, une aire originale où se rencontrent, d’une part, traits d’oc et traits d’oïl, de l’autre quelques développements particuliers, inconnus dans les provinces limitrophes situées au Nord et au Sud. »

1971, Raymond Doussinet (natif de Torsac près d’Angoulême en Charente), célèbre par ses travaux sur le saintongeais : « La plupart des conclusions de Pignon sont valables pour la Saintonge. »

1994, Liliane Jagueneau, linguiste poitevine (née à Ulcot près de Thouars en Deux-Sèvres) professeur de poitevin-saintongeais et d’occitan à l’université de Poitiers « les points du domaine poitevin-saintongeais sont suffisamment proches dans l’analyse (distance linguistique faible) pour être considérés comme formant un ensemble cohérent. »

L'appellation "poitevin"

Au XIXe siècle on rencontre souvent l'appellation "poitevin" pour l'ensemble des parlers poitevins et saintongeais.

Ainsi le linguiste charentais Boucherie (natif de Challignac près de Barbezieux en Charente saintongeaise) disait en 1873  : « Je comprends donc sous le nom de dialecte poitevin la langue écrite de l’ancien Poitou, de l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois.  » voir : ici.

De Tourtoulon et Bringuier, en 1876, étudiant les parlers saintongeais du Verdon à la pointe nord du Médoc en Gironde (Pays Gabatche), déclarent « le véritable idiome local est du saintongeois », et "le langage [...] appartient [...] à la langue d’oil, dialecte poitevin, sous-dialecte saintongeois. » voir : ici.

L'appellation "poitevin-saintongeais"

C’est au milieu de la seconde moitié du XXe siècle que l’appellation "poitevin-saintongeais" a été vulgarisée pour recouvrir l’ensemble de ces parlers, tout en identifiant ses deux principaux constituants.

Mais on rencontre "poitevin-saintongeais" depuis plus d'un siècle :

1963 : Les noms de lieux en France, Ernest Nègre : « à l’Est, le Champenois, le lorrain, le bourguignon ; au Sud-Ouest le groupe poitevin-saintongeais »,

1962 : Grand Larousse encyclopédique en dix volumes : « Parmi ces parlers, le berrichon et le poitevin-saintongeais représentent des conquêtes très anciennes des parlers d’oïl sur les parlers d’oc »,

1955, Mémoires et documents de la Société de l’Ecole des chartres : « comme en Poitevin-Saintongeais », voir : ici.

1952, Phonétique historique du Français, volume 3, Pierre Fouché : « chai en poitevin-saintongeais »,voir : ici.

1944, La langue de Rabelais : les influences du Bas-Poitou, Adolphe D. Poirier : « ce vocable bas-poitevin-saintongeais », voir : ici.

1940, Le Français moderne, volumes 8-9, 1940 : « […] notre collaborateur J. Pignon, qui fera l’Atlas linguistique poitevin-saintongeais pour le futur ALFR […] »,

1905, La Revue du Bas Poitou et des provinces de l’Ouest : « notre parler poitevin-saintongeais », voir : ici.


Pour plus d'informations :
> Gasconha : historique de la notion d'ensemble linguistique poitevin-saintongeais
> Troospeanet : historique de la notion d'ensemble linguistique poitevin-saintongeais.
> Troospeanet : Conscience linguistique populaire et unité linguistique régionale.

Le domaine linguistique et ses deux ensemble de variantes

En effet on distingue au sein de cette langue poitevine-saintongeaise deux principaux grands ensembles de variantes. Celui des variantes poitevines, et celui des variantes saintongeaises.

Le saintongeais est parlé dans le centre et le sud des deux Charentes (voir ici , ici , et ici ), ainsi que dans les quelques communes de Dordogne saintongeaise aux alentours de La Roche-Chalais, de même qu’en Gironde saintongeaise ou pays Gabaye (Blayais et nord du Libournais : voir ici , ici , ici , et ici ), ainsi que dans une enclave centrée sur Monségur, à cheval sur la Gironde et le Lot-et-Garonne. On retrouve (ou retrouvait) également une présence du saintongeais à la pointe du Médoc (au Verdon).





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Carte du « patois saintongeais » de Raymond Doussinet parue dans "Le Paysan saintongeais dans ses bots" (1963). On y remarque la mention « zone de transition » entre d’une part les localités de Tonnay-Boutonne et de Saint-Jean-d’Angély (à tendance saintongeaise) et d’autre part les localités de Loulay et d’Aulnay (à tendance poitevine).Notons toutefois que la limite oc/oïl mentionnée sur cette carte est erronée : elle passe trop près de La Rochefoucaud et de Villebois-Lavalette, la région d’Aubeterre est classée par erreur en oïl , enfin à contrario la région de La-Roche-Chalais (Dordogne saintongeaise) et le nord-est du Libournais (est du canton de Coutras et nord du canton de Lussac) ont par erreur été retranchées du domaine saintongeais. Notons en outre que la ligne que Raymond Doussinet signale comme étant la limite nord des toponymes en –ac traversant les Charentes d’Ouest en Est...est fausse... les toponymres en -ac remontant jusqu'en Poitou comme nous le verrons plus loin.


Dans le nord des Charentes, après une courte zone de transition, se retrouvent les proches parentes variantes poitevines, parlées approximativement en Vendée (voir ici , ici , et ici ), Deux-Sèvres (voir ici ), Vienne (voir ici , et ici ), Sud Loire-Atlantique (Pays de Retz), Sud-ouest du Maine-et-Loire (Choletais), Nord de la Charente-Maritime (Aunis, régions de Loulay et d’Aulnay), Nord-ouest Charente (Charente poitevine du Ruffécois : voir ici ), Sud de la région de Richelieu, et Sud-ouest de l’Indre (région de Bélâbre du sud du Blanc et d’Argenton-sur-Creuse : voir ici ).





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Pour en savoir plus sur ce domaine, en particulier sa limite en Gironde,
> Le gabaye : où le parle t-on ?
et sur sa limite en Charente :
> L'occitanie en Poitou-Charentes.

Le mot "parlange"

En Poitou (Pays de Retz inclu) comme en Saintonge (Pays Gabaye inclu), on use du mot parlange ou parlanghe (parlanjhe), pour dire "langue".

Deux-Sèvres, 1861 : « Noutre parlange est bea, Coume l’ève le coule. » Cité par Beauchet-Filleau comme paru dans le journal le Mellois .

Charente-Maritime, 1897 : « Ine feuye convenab’ye ne det pas non pû chanfrouêzé, coume thiellée drolesse d’aneut qu’avant jhonte de noute parlanjhe ». E. Peneau, alias Evarisse des Pibias, Carthejhime de la jhénesse thi veut se marié.

Vendée, 1898 : « Netre feïll’ qui sait la mu de coudre, Qu’nu baicop mu l’parlange que tchu. » Constant Thomas, In voyage à Moïl’rin.

Gironde saintongeaise (pays gabaye), 1899 : « Les Gabayes de Monségur ont donc bien mérité de la Saintonge. Certes leur patois n’est pas le vrai parlanghe saintonjhoué ; il a subi l’empreinte indélébile et le baiser caressant du gascon ; cependant il est infiniment savoureux. » François (dit Émile) Bodin, alias Meîte Grandgorjhe, dans : Le Ventre Rouge.

Ce mot s'est en outre récemment spécalisé pour désigner la langue régionale poitevine et saintongeaise. Il ne semble pas attesté dans d'autres régions, à part la variante "parliange" attestée en Bourbonnais d'oc.


Pour en savoir plus :
> PARLANGE... mot saintongeais et poitevin
Ou alors voir mon livre :
> Le "Parlange" attestations, usage, origine & ancienneté du mot





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Les raisons de l'unité poitevine-saintongeaise

Une raison principale, la désoccitanisation de l'entre Loire et Gironde :

En 1973, Jacques Duguet, dialectologue poitevin (natif de Chauvigny dans la Vienne) et aunisien d’adoption, bien connu pour ses travaux sur les parlers des Charentes et du Poitou, déclarait: « aujourd’hui la limite entre français et occitan est reportée au sud de la Saintonge. Ce recul des éléments occitans a eu pour conséquence la création, en Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois, d’une entité linguistique qui, au premier examen, paraît appartenir au domaine français, mais qui s’en distingue si nettement qu’on pourrait la définir comme un franco-occitan . »

En 1978 Jacques Duguet réaffirmait : « Le résultat le plus inattendu peut-être du recul de l’occitan a été une unification des parlers populaires. Cette unité est toute relative, certes, mais elle est sensible à l’usager éclairé. La raison en est que la Saintonge et l’Angoumois ont reçu la langue française par l’intermédiaire du poitevin. D’autre part, saintongeais et poitevin ont connu simultanément, depuis le XVIIème siècle, des évolutions phonétiques analogues, en particulier des palatalisations, qui les ont nettement séparés des parlers occitans voisins .»

En 1940, Henri Mallet, dans "Les noms de lieux en Charente et les anciennes limites de la langue d’oc" remarque que la limite nord des toponymes en –ac (Jonzac, Jarnac, Cognac…) passe par une ligne La Tremblade-Matha. Il en tire les conclusions suivantes : « Ainsi donc, dans une bande de territoire de 70 km environ de hauteur et de 100 km environ d’ouest en est, entre les deux frontières que nous venons de définir [limite nord des toponymes en –ac au nord, limite nord des parlers occitans au sud], se trouve cette anomalie que les habitants ont pour langage un français très pur ou un patois qui se rattache à la langue d’oïl. Leurs caractères ethniques les apparentent de très près aux populations du Poitou, tandis que les bourgs et les principaux villages de la contrée où ils résident ont reçu et continuent à porter des noms qui relèvent sans conteste de la langue d’oc. Il faut conclure assurément que les habitants de la région charentaise, à l’époque lointaine où les noms de lieux se sont fixés par l’écriture, n’avaient pas même langage (ni sans doute même caractères ethniques) que leurs successeurs d’aujourd’hui, qu’ils étaient à ce moment de langue d’oc. »

Mais l’affirmation d’Henri Mallet selon laquelle la zone des toponymes en -ac concerne uniquement le sud et le centre des Charentes jusqu’à une ligne passant par La Tremblade-Matha puis se confondant «  avec la ligne qui séparait l’ancien diocèse de Poitiers de ceux d’Angoulême et de Limoges » est erronée...

En 1960, Jacques Pignon, dans sa thèse "L’évolution phonétique des parlers du Poitou", montre que ces toponymes en -ac se retrouvent également dans le sud-est du Poitou, jusqu’en Mellois, Civraisien, Montmorillonnais, régions de Poitiers et de Chauvigny; et dans la portion poitevine de la Charente-Maritime (région d’Aulnay). On les retrouve également en Charente poitevine (Ruffecois : comme Henri Mallet l’avait signalé croyant voir là une exception), comme dans l’est du Niortais. Cette aire poitevine est en continuité avec l’aire saintongeaise qu’elle prolonge au nord-est. On peut donc penser que l’ancienne zone occitane couvrait non seulement le sud et le centre des deux Charentes, mais également le sud-est du Poitou. Jacques Pignon, suppose, avec arguments à l’appui (maintien de traits occitans archaïques dans les parlers du sud-est poitevin et de la majeure partie des Charente), que cette zone occitane ancienne, dépassant d’ailleurs légèrement la zone en -ac, devait en gros concerner tout le territoire au sud d’une ligne passant par Rochefort, est de Niort, Poitiers, et nord de Chauvigny. Son recul aurait selon lui commencé au XIIème siècle pour se poursuivre au cours des siècles suivants et même jusqu’au XIXème-débutXXème comme on a pu le constater de visu (sud Montmorillonnais, enclave de Saint-Eutrope, protubérance de Saint-Amant-de-Boixe), et encore jusqu'en plein XXème siècle dans certains petits secteurs périphériques (Pleuville en nord Charente, Coulonges en sud Vienne...).





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Carte de Pierre Bonnaud, dans son article "A propos d’une thèse de dialectologie : Les problèmes de peuplement du centre de la France" (paru dans la revue Norois, n°61, Janvier Février 1969). Elle schématise la zone de recul de l’occitan entre Loire et Gironde, en la replaçant dans le cadre général du recul de l’occitan dans la Fance médiane. Si cette carte montre la présence d'une ancienne zone occitane en Saintonge et sud-est Poitou uniquement (zone hachurée), l’on voit tout de même, comme l'explique Pierre Bonnaud, que c’est le Poitou tout entier, et non simplement sa partie sud orientale, qui est situé au dessous de la « ligne Von Wartburg » (Von Wartburg : Les origines des peuples romans, 1941) censée représenter la limite ancienne de la zone d’oc.


D'autres on mis en évidence l’existence d'autres toponymes en -ac jusque dans le sud du département de la Vendée (bas Poitou), où on en retrouve jusque dans les cantons de Fontenay-le-Comte, l'Hermenault, Moutiers-les-Mauxfaits, Talmont et Sainte-Hermine, ce qui permet de supposer que l’extension de l’ancienne zone occitane ne se limite pas uniquement au sud-est du Poitou, mais concerne aussi sa partie sud-ouest (sud Vendée).

En 2002, Pierre Gauthier (professeur honoraire de l’Université de Nantes), dans l’étude qu’il signe en 2002 en introduction à son édition du "Rolea" (recueil de textes anonymes en poitevin du XVIIème siècle), dit à propos de l’occitan qu’il « occupait à l’origine des positions beaucoup plus septentrionales en Poitou, sur une ligne Poitiers, Niort, Fontenay-le-Comte. »





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Carte montrant la désoccitanisation (le recul occitan) entre Loire et Gironde. La zone des toponymes en "ac" remonte bien jusqu'à une ligne Talmont, Fontenay-le-Comte, Niort, Poitiers, et nord de Chauvigny..."



Pour d'autres informations sur cette désoccitanisation :
> Le gabaye et le recul occitan
Pour des infos sur des liens actuels avec l'oc :
> Tropisme aquitain ou plus généralement d'oc de la littérature d'expression poitevine.





Pour en savoir plus

Autres sujets relatifs au poitevin-saintongeais sur ce site :
> Synergies poitevines et saintongeaises
> Prénoms poitevins-saintongeais


Autres sites présentant le poitevin-saintongeais :
> Arantéle : une association vendéenne.
> Pivetea : le site d'un passionné.


Editeurs publiant beaucoup en poitevin-saintongeais :
> Collection "Parlange d'entre Loire et Gironde" de Pyrémonde.
> Collection "Parlanjhe" de Geste Editions.


Pour apprendre le poitevin-saintongeais :
> Diplôme universitaire de langues régionales : poitevin-saintongeais et occitan.


Présentation d'actions relatives au poitevin-saintongeais :
> Association Métive et Maison des Cultures Populaires de Parthenay.
> Association SEFCO (Maison de Jeannette à Saint-Jean-d'Angély).
> Les actions du Groupe de travail "langues régionales : poitevin-saintongeais et occitan" auprès du conseil régional Poitou-Charentes.




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