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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6531 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 18:27 |
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Voir aussi le Fil Saint Valentin .
angl. valentine : amour, personne à qui l'on souhaite la Saint Valentin
angl. valentine : carte offerte pour souhaiter la Saint Valentin, souvent en forme de coeur ou de napperon en découpage.
(prononciation : l'angl. valentine rime avec l'angl. mine ou l'all. Stein)
La Saint Valentin est une fête assez importante aux Etats-Unis. Dans les écoles les enfants font des cartes ou des "doilies" (petits napperons, singulier doily) en forme de coeur qu'ils donnent à la personne de leur choix en disant " Be my valentine !" (litt. "Sois ma valentine" ou "sois mon valentin"!).
Un mari se doit d'offrir une carte ou des chocolats à cette occasion. Tous les magasins sont décorés de rose ou de rouge. Il n'y aucun doute pour moi que la "tradition commerciale" de cette ampleur va aussi s'établir dans les pays européens (restaurants, marchands de cartes, de chocolats).
Voir aussi le Fil Je t'aime (Dictionnaire Babel).
Dernière édition par Jacques le Sunday 12 Feb 06, 17:42; édité 6 fois |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 18:55 |
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Il me semble qu'on dit pareil en français, pour les personnes:
Un valentin ou une valentine, un peu comme on dit une rosière. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6531 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 09 Feb 06, 20:01 |
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Angl. "valentines" : à gauche, cartes faites par des écoliers (1926), à droite "doily" (napperon), de papier en forme de coeur.
La technique de découpage de papier s'appelle en anglais scherenschnitte (litt. "découpage aux ciseaux", en allemand). Ce mot, introduit par les immigrants allemands aux Etats-Unis, est bien connu en Pennsylvanie. Sa lettre initiale ("s") devenue minuscule et son "e" final généralement muet sont des marques d'américanisation. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 10 Feb 06, 1:10 |
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Valentine : encore une tradition bien française qui s'est exilée chez les Anglo-saxons !
C'est une coutume médiévale : le 14 février, un tirage au sort assignait à chaque jeune homme, ou valentin, une valentine qu'il devait courtiser tout au long de l'année. C'était dépourvu de tout sentiment vrai, mais cela servait d'entrainement pour le jour où...
Il ne nous en est rien resté, sauf le terme valentins, qui désigne des madrigaux épigrammatiques, genre lui aussi tombé dans l'oubli...
Sic transit et toutes ces choses...
Quant à la dentelle de papier, elle se nommait canivet au XVIe siècle. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 13 Feb 08, 19:49 |
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Au XVIIe siècle, un valentin est un madrigal épigrammatique, c'est-à-dire un poème bref terminé par une pointe (épigramme) à visée galante (madrigal).
Selon toute probabilité, ils s'échangeaient à la Saint-Valentin. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 13 Feb 08, 21:11 |
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Des exemples ? |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 1:12 |
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Hélas, je n'ai qu'un titre à me mettre sous la dent : les Valentins du sieur de Guilleragues (celui à qui on attribue les Lettres portugaises...)
Y a qu'à interroger le gogolito : ces textes sont dans le domaine public depuis longtemps. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 8:45 |
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Dans le domaine public sûrement, mais pas aisés à trouver. Tout ce que j'ai pu obtenir avant lassitude et abandon, c'est une note dans une étude incluant L'Astrée d'Honoré d'Urfé, précisant les circonstances d'écriture de ces valentins :
Citation: | Le premier épisode consiste en un tirage au sort imaginé par le fils d’Amasis, Clidaman, selon toute probabilité inspiré d’une pratique sociale réelle, le jeu des valentins³². Il consiste à apparier tous les chevaliers et toutes les nymphes présents à la cour d’Amasis.
³² On trouve la première mention du jeu des valentins chez Chaucer (1381). Le 14 février, les jeunes gens choisissaient une « valentine » dont ils avaient à défendre les couleurs pendant un an. Charles d’Orléans aurait introduit la coutume en France. Au libre choix se substitue alors un tirage au sort des noms des jeunes gens et des jeunes filles. L’usage se répand dans toutes les classes de la société au xviᵉ siècle ; dans les milieux populaires, il se combine avec la tradition du « dônage » (la jeunesse du village appariait les couples, à la criée). En 1603, François de Sales s’insurge contre cette pratique, et de nombreuses interdictions sont promulguées. Des jeux galants consistant par exemple à faire tirer au sort, par une compagnie mixte, des noms correspondant à divers sentiments amoureux, sont attestés. Guilleragues publie de ces billets en 1668 (Chansons et bons mots, Valentins, Lettres portugaises, Genève, Droz, 1972). Le journal de Samuel Pepys, en 1676, fait allusion à une pratique comparable dans la bourgeoisie anglaise. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 19:52 |
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Mais oui, mais non : tous mes efforts visent à établir que cette coutume d'origine anglaise était solidement implantée en France !
Ma propre recherche m'a offert un article d'une revue de 1842, article qui faisait l'historique de la coutume des valentins, et signalait que le duc de Lorraine et sa femme Elisabeth d'Orléans n'avait pas dédaigné de sacrifier au rite. (Il s'agit là des grands-parents de Marie-Antoinette.) |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 19:58 |
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Mon souvenir littéraire le plus ancien de la coutume se trouve chez Shakespeare.
C'est Ophélie, devenue folle, qui chante dans "Hamlet" (excusez-moi, je ne peux pas résister au plaisir de le citer d'abord en hongrois) :
Holnap Szent Bálint napja lesz,
Mindjárt reggel korán;
És ablakodnál, párodul,
Ott leszek, én leány.
Kelt a legény, felöltözött,
Ajtót nyitott neki.
Bement a lány, de mint leány
Többé nem jöve ki.
En anglais :
To-morrow is Saint Valentine's day,
All in the morning betime,
And I a maid at your window,
To be your Valentine.
Then up he rose, and donn'd his clothes,
And dupp'd the chamber-door;
Let in the maid, that out a maid
Never departed more.
Puis en français :
« Demain, c’est la Saint-Valentin,
Debout dès les premières heures du matin.
Et me voici vierge à ta fenêtre,
Pour être ta Valentine.
Lors il se leva, puis mit ses habits,
Et ouvrit la porte de la chambre,
Fit entrer la vierge,
Qui vierge plus jamais n’en sortit.
(La traduction hongroise est moins littérale que la française, mais combien plus belle !) |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 21:41 |
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Excellente référence. Je n'ai pas les moyens d'apprécier la version hongroise mais, des deux autres, c'est bien sûr l'originale qui est à la fois la plus tendre et la plus puissante.
Il faut reconnaître que Shakespeare est de loin un trop grand auteur (mon trio de tête avec Sophocle et Molière) pour être traduit à la fois près du texte et du sens. Aussi, à défaut de la version anglaise, plutôt que celle que j'imagine être de François-Victor Hugo, j'aime bien mieux celle d'Yves Bonnefoy, un excellent poète :
C'était la Saint-Valentin
Et j'étais sa Valentine
— Pour être sa Valentine
Tu l'éveillas tôt le matin.
Il se leva, s'habilla,
Pucelle je suis entrée
— Pucelle tu es entrée
Qui jamais n'en reviendras.
Bonnefoy précise dans une note : Le jour de la Saint-Valentin (14 février), la coutume voulait que la première jeune fille aperçue le matin par un garçon soit sa Valentine, son amoureuse. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Thursday 14 Feb 08, 22:27 |
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En fait, la version hongroise est très près, sauf qu'elle élimine le mot "valentine" qui ne dirait absolument rien au public hongrois. La coutume n'existait pas en Hongrie.
Maintenant que nous sommes dans l'Europe "commerciale", cela existe aussi comme Halloween et le père Noël — dont personne n'y avait la moindre idée avant.
Mais notre János Arany, un des plus grands poètes hongrois du XIXe s. traducteur de ballades anglaises et écossaises, rend le style et le rythme de la chanson anglaise à la perfection, et cela me semble impossible en français.
Let in the maid, that out a maid
Bement a lány, de mint leány
‿ _ ‿ _ ‿ _ ‿ _
Arany a traduit plusieurs pièces de Shakespeare (pour moi aussi Sh. est un des plus grands !), et, bien qu'il y ait eu depuis plein d'autres traductions de "Hamlet" par exemple, sa traduction reste la plus belle, et c'est toujours dans sa version que l'on joue "Hamlet" en Hongrie.
En Hongrie, on dit que c'est plus shakespearien que Shakespeare. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 14 Feb 13, 11:10 |
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Fusion des 2 MDJs qui traitaient du même mot (français et anglais). |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6531 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Friday 14 Feb 14, 15:58 |
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Aujoud'hui, c'est la Saint Valentin.
Glossophile a écrit: | C'est une coutume médiévale : le 14 février, un tirage au sort assignait à chaque jeune homme, ou valentin, une valentine qu'il devait courtiser tout au long de l'année. C'était dépourvu de tout sentiment vrai, mais cela servait d'entrainement pour le jour où... |
valentin, valentine : jeune homme, jeune fille des couple formés pour la fête des brandons, fête où l'on faisait des feux de joie et promenait des torches.
Extrait du Littré : Citation: | valentin, ine
(va-lan-tin, ti-n') s. m.
Valentin, soupirant que chaque jeune fille choisissait, dans plusieurs villes de province, le dimanche des brandons, et valentine, la jeune fille à l'égard du soupirant.
La veille du 14 février, jour de saint Valentin... de cette manière chacun a double valentin et double valentine... on tient encore pour autre sorte de valentin ou de valentine le premier garçon ou la première fille que le hasard fait rencontrer.... ces lettres dites valentines, dont le nombre s'élève chaque année à plusieurs millions en Allemagne... [Journ. offic. 14 février 1869, p. 193, 4e, 5e et 6e col.] |
EXtrait du CNRTL : Citation: | Spéc., vx. Le dimanche des brandons, la fête des brandons ou p. ell. les brandons. Le premier dimanche de Carême au cours duquel ,,le peuple allumait des feux, dansait à l'entour, et parcourait les rues et les campagnes en portant des brandons ou des tisons allumés`` (Bouillet 1859) :
3. Il [Grange] comptait passer en ville avec sa femme et Pauline le dimanche des brandons, où l'on mange les soupes dorées et où l'on saute les fougats, qui sont de beaux grands feux de joie, faits de fagots et de monceaux d'épines. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 21.
Rem. La docum. donne un ex. où la fête des brandons a lieu le soir du dimanche des Rameaux (cf. Genevoix, Raboliot, 1925, p. 132).
♦ La danse des brandons. Danse exécutée autrefois dans les campagnes le dimanche des brandons. |
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