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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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écrit le Wednesday 25 Oct 06, 9:50 |
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CE POST DE MAX AZERTY, COMME SOUVENT, N'EST PAS À PRENDRE COMME VÉRITÉ PREMIÈRE. VOIR PLUS BAS.
le mot bitture, argotique, se rapporte à l'état d'alcoolémie avancée.
ce mot provient du vieux scandinave biti, la poutre, le billot de bois, qui a donné la bitte d'amarrage.
débiter, dans son sens moderne, signifie couper en morceaux, vendre au détail, ce qui renvoie à la coupe du bois.
cf anglais bit, de même origine, le bout, le morceau.
mais débiter signifiait jadis littéralement: s'éloigner de la bitte d'amarrage, prendre une longueur de câble suffisant pour manoeuvrer un bateau, d'où, par extension et au sens figuré, s'en donner tout son saoul dans le jargon des marins.
à toute bitture, synonyme dans la langue populaire de à toute bringue et à toute berzingue(deux mots de même sens) signifie aller à toute vitesse. |
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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Friday 27 Oct 06, 0:16 |
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On rencontre aussi biture avec un seul T.
Les deux versions sont reconnues dans le Larousse.
Je ne sais pas quelle forme orthographique domine ? |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 11 Aug 07, 1:57 |
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On a aussi les formes verbales suivantes.
se biturer : se saoûler
être bituré : être saoûl
Cela n' à rien voir avec (l'acide byturique) ( < beurre), mais ce qui est bizarre est que l'on dit :
se beurrer : se saoûler
être beurré : être saoûl
Dernière édition par Jacques le Sunday 24 Apr 11, 1:25; édité 1 fois |
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Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
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écrit le Saturday 17 May 08, 19:31 |
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Pour être sûr de prendre une bonne biture, il convient d'étaler la chaine de mouillage en zig zag sur le pont du bateau.
Le passage du terme marin à la soulographie vient peut être de là. (Il marche en zig zag: il prend une biture)
L'autre passage possible est que lorsque les marins prenait la biture, ils étaient sur le point de mouiller l'ancre et donc bientôt descendre à terre pour y boire. |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 18 May 08, 11:44 |
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Et d'où vient le suffixe -ure, si biture vient en effet de bíti ? |
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acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
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écrit le Monday 19 May 08, 9:15 |
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Lorsque j'étais étudiant en Belgique, on m'a fourni dès mon arrivée un petit fascicule plein de chants grivois et de chansons à boire traditionnelles à apprendre en vue du baptême (nom du bizutage en Belgique), qui s'appelait "Le Petit Bitu" |
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jacklouis
Inscrit le: 26 Dec 2006 Messages: 259 Lieu: Québec (canada)
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écrit le Monday 19 May 08, 17:01 |
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Effectivement les deux formes orthographiques existent dans nos dictionnaires.
En français, nous avons la "bitte", pour désigner cette pièce d'ancrage sur les quais, pour les bateaux ; d'où cette écriture plus commune avec deux "t"; mais i on se rapporte à sa lointaine origine "biti", on pourra l'écrire avec un seul "t". Personnellement, j'écris "bitture".
Pour ce qui est de ce mot "bitture", il est attesté depuis 1515 pour désigner la partie du câble qui se déroule au moment de l'amarrage d'un bateau. Une "bonne bitture" désignait donc une bonne longueur de câble pour effectuer cette manoeuvre.
Théoriquement, et métaphoriquement, "se donner ou "prendre une bonne (belle) bitture", c'est tirer sur le câble , pour en prendre tout ce que l'on peut.
Notons en passant que la chronologie établie par Wartburg montre que ce mot de "biture" a d'abord signifié "un copieux repas" (1825), arrosé bien sûr d'aussi copieuses libations.
C'est ainsi, que les marins à bord, prenaient déjà une "bonne biture" pour amarrer solidement leur embarcation, mais avaient aussi hâte de descendre à terre pour en prendre une autre, non moins bonne, de "bitture". |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Monday 19 May 08, 23:32 |
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Pour poursuivre sur le message de Tjeri, Bonefoux et Pâris (Dictionnaire de la Marine à voile, [1857]) donnent :
BITTURE, s. f. Range of cable. Portion déterminée d’un câble qui doit se filer, librement, d’elle-même, après qu’on a laissé tomber l’ancre sur laquelle il est étalingué. Cette bitture est allongée sur le pont, et le tour de bitte est pris de manière que le bâtiment s’arrête sur la longueur de la Bitture après qu’elle a été filée…
… La Bitture est proportionnée à la hauteur présumée du fond où l’on mouille ; et, si l’on prend la précaution d’une Bitture, c’est pour que la chute de l’ancre que l’on mouille, ne puisse être entravée ni retardée par aucun obstacle ; on doit veiller, avec attention, qu’aucun individu ne s’approche de la Bitture d’une ancre que l’on va laisser tomber, surtout que personne ne passe dans les plis ou les tours qu’elle forme sur le pont ou n’y engage ses jambes. Étendre, préparer, ainsi un câble, s’appelle prendre une Bitture (To make a range of a cable).
Le célèbre Cours de navigation des Glénans (Édition de 1982) explique :
Il est préférable alors d’utiliser une autre méthode et de préparer la chaîne un peu plus tôt en la rangeant en zigzag sur le pont. C’est ce qu’on appelle prendre la bitture. Au besoin on peut amarrer cette bitture par deux rabans.
Quant à la boisson, Bonefoux et Pâris ajoutent :
Bitture est, encore, un terme d’argot maritime, par lequel on entend une dose de liqueur ou de boisson spiritueuse prise avec abondance. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Tuesday 20 May 08, 0:07 |
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Deux clodos, trébuchant sur mes panards, me tirèrent du cirage.
– Merde, je l’avais pas vu ce gazier… Qu’est ce qu’il tient comme biture !
– Tu l’as dit, bouffi. Je suis prêt à parier ma quéquette contre un couteau que c’est pas à la Contrex qu’il s’est arrangé commac.
André Vers, Gentil n’a qu’un œil, Plasma, 1979
in Jean-Marc Richard, L’argot des francs-buveurs, Les Éditions de Paris, 2007
Jean-Marc Richard donne d’autres citations avec :
(Se) flanquer la biture
(Se) prendre une biture
Se ramasser une biture
Se taper une biture
Tenir une biture
Trimbaler une biture
Dernière édition par Moutik le Friday 13 Nov 09, 12:57; édité 3 fois |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Thursday 12 Nov 09, 23:22 |
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En 1865 le mot "biture" fait déjà partie du dictionnaire de L. Larchey. (source). Avec deux t il ne figure dans aucun dico d'argot du XIXe / début XXe. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3876 Lieu: Paris
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écrit le Monday 10 Dec 12, 11:22 |
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Charles a écrit: | En 1865 le mot "biture" fait déjà partie du dictionnaire de L. Larchey. (source). Avec deux t il ne figure dans aucun dico d'argot du XIXe / début XXe. |
"Bitture" est pourtant donné ainsi en 1856 dans le Langage des Marins et Larchey en 1862 connaît bien les deux orthographes. Mais ce sont probablement les derniers feux du "double t", la graphie avec un seul "t" semblant effectivement avoir ensuite un quasi-monopole. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11204 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 21 Apr 13, 6:38 |
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Charles a écrit: | En 1865 le mot "biture" fait déjà partie du dictionnaire de L. Larchey. (source). Avec deux t il ne figure dans aucun dico d'argot du XIXe / début XXe. |
Mon sentiment est qu'il y a effectivement bitture et biture, et qu'on confond les deux - ici et dans les dictionnaires - et qu'on s'efforce comme on peut de faire dériver le deuxième du premier.
1. Je crois que le terme de marine s'écrit bitture et ne veut rien dire d'autre que ce qu'il dit. J'ai donc modifié le titre du sujet en supprimant "argot".
2. Quant à l'argot biture, compte tenu de l'existence, comme signalé plus haut par Jacques, d'expressions du genre "être beurré", je ne serais pas étonné qu'il ait été inventé à partir de bite (argot : membre viril) par quelque étudiant amateur de mots-valises et frotté de latin, le beurre se disant butyrum dans cette langue.
J'ajoute que beurré est probablement une variante euphémique de bourré, beaucoup plus vulgaire étant donné ses connotations sexuelles.
Mais bon, je peux me tromper. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 17 Aug 19, 22:36 |
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J'ai rencontré un Berruyer (un Berrichon de Bourges) cet été dans les Pyrénées qui me racontait que biture venait des Bituriges, peuple gaulois qui habitait la région et qui a donné son nom à Bourges et au Berry.
Ces Bituriges étaient réputés pour leur penchant sur la boisson.
Je lui ai répondu qu'il s'agissait très certainement d'une étymologie populaire.
En faisant une recherche sur ce mot biture, j'ai découvert cet article :
Voyages des mots et histoire, par Henri Henne (Revue du Nord, 1954) qui évoque l'hypothèse (qu'il ne partage pas) d'une origine liée au terme biturica qui désigne chez Pline un cépage. Dans ce cas, il s'agirait d'un cépage du Bordelais, région où se sont installés aussi des Bituriges.
En ce qui concerne les Bituriges, on le fait dériver de Bitu-rix : roi du monde |
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