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Chusé Antón
Inscrit le: 25 Feb 2005 Messages: 740
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 11:44 |
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Janvier qui vient du latin Janus, le dieu romain qui avait deux visages, qui regardait à gauche et à droite, à l´Est et à l´Ouest, au commencemnet et au final, l´An passé et le Nouvel An.
C´était aussi le dieu des portes parce qu´elles aussi ont deux visages.
On l´invoquait pendant les guerres et dans tout ce temps les portes de son temple étaient ouvertes. Dans la paix se refermaient.
En anglais, january; en portugais, janeiro; en catalan, gener; en aragonais, chenero; en castillan, enero. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 14:03 |
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La tradition n'est pas d'une grande clarté sur cette histoire de portes du temple de Iānus et, s'il est attesté qu'elles sont ouvertes en temps de guerre (Auguste les ferme après sa victoire de 29 sur Antoine et Cléopâtre) on ne sait pas trop bien interpréter cette correspondance entre guerre/paix et ouvert/fermé car Ovide lui-même, bon connaisseur des choses de la religion et fin analyste d'icelles, se contredit dans les Fastes (I, 121-124, c'est le dieu qui parle) :
Ovide a écrit: | Cum libuit Pacem placidis emittere tectis,
Libera perpetuas ambulat illa uias ;
Sanguine letifero totus miscebitur orbis,
Ni teneant rigidae condita bella serae. |
H. Le Bonniec, traduisant, a écrit: | Quand j'ai décidé de laisser sortir la Paix de sa paisible demeure, elle marche librement sur des routes sans obstacles ;
le monde entier sombrerait dans un carnage sanglant, si de solides verrous ne tenaient les guerres emprisonnées. |
Autrement dit, en temps de paix, elles sont à la fois ouvertes pour la paix et fermées pour la guerre ! Et cette prison pour les guerres devient plus loin dans le même livre (I, 277-282, Ovide interroge et le dieu répond) une prison pour la paix !
Ovide a écrit: | « At cur pace lates motisque recluderis armis ? »
Nec mora, quaesiti reddita causa mihi est :
« Vt populo reditus pateant ad bella profecto,
Tota patet dempta ianua nostra sera.
Pace fores obdo, ne qua discedere possit. » |
H. Le Bonniec, traduisant, a écrit: | « Mais pourquoi restes-tu caché en temps de paix et ouvres-tu tes portes quand les guerriers ont pris les armes ? »
Sans tarder il répondit à ma question :
« Pour que le peuple, parti en guerre, trouve ouverte la voie du retour, ma porte, verrou tiré, reste grande ouverte.
En temps de paix, je verrouille la porte pour que la Paix ne puisse s'échapper. » |
Et on notera que, pour Virgile (Énéide, I, 293 et suiv.; VII, 607), c'est la Guerre qui était retenue prisonnière.
Quant à Giraudoux, si, en 1935, nouvelle Cassandre, il fait s'ouvrir les Portes de la Guerre dans la dernière didascalie de La Guerre de Troie n'aura pas lieu :
Citation: | Hector
Elle aura lieu.
(les portes de la guerre s'ouvrent lentement) |
ce normalien se garde bien de préciser plus avant, sachant fort bien que ces portes n'ont jamais été grecques … |
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Poyon
Inscrit le: 24 Jul 2005 Messages: 765 Lieu: Liège (Waremme)
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 14:23 |
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Wallon : Djinvî |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 15:05 |
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Italien: gennaio
piémontais de Turin: djéné
haut-piémontais : djënée |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 15:18 |
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Outis a écrit: | La tradition n'est pas d'une grande clarté sur cette histoire de portes du temple de Iānus |
Ce qui n'est pas forcément clair, c'est la raison précise de ce rituel, car bien sûr son origine "se perd dans la nuit des temps", si j'ose dire !
Ovide est un poète précieux qui joue sur les paradoxes et les ambiguïtés propres à"Ianus Bifrons". Les jeux d'opposition guerre / paix", "ouvert / fermé" ne sont pas des contradictions du poète, ils montrent plutôt comment Ovide s'amuse avec sa matière.
Il est clair que cette pratique religieuse est naturellement ambiguë, mais c'est Janus lui-même qui l'est !
Macrobe (I, IX), bien après Ovide, propose une origine de cette pratique :
Huius autem rei haec causa narratur. Cum bello Sabino quod uirginum raptarum gratia commissum est Romani portam quae sub radicibus collis Viminalis erat, quae postea ex euentu Ianualis uocata est, claudere festinarent, quia in ipsam hostes ruebant: postquam est clausa, mox sponte patefacta est: cumque iterum ac tertio idem contigisset, armati plurimi pro limine, quia claudere nequibant, custodes steterunt: cumque ex alia parte accerimo praelio certaretur, subito fama pertulit fusos a Tatio nostros. Quam ob causam Romani qui aditum tuebantur territi profugerunt: cumque Sabini per portam patentem irrupturi essent, fertur ex aede Iani per hanc portam magnam uim torrentium undis scatentibus erupisse, multasque perduellium cateruas aut exustas feruenti aqua aut deuoratas rapida uoragine deperisse. Ea re placitum, ut belli tempore, uelut ad urbis auxilium profecto deo, fores reserarentur. Haec de Iano.
Traduction de Nisard :
Voici comment on raconte l'origine de cette coutume. Pendant la guerre contre les Sabins, à l'occasion de l'enlèvement de leurs filles, les Romains s'étaient hâtés de fermer la porte qui était au pied de la colline Viminale (à laquelle l'événement qui suivit fit donner le nom de Janicule), parce que les ennemis s'y précipitaient: mais à peine fut-elle fermée, qu'elle s'ouvrit bientôt d'elle-même; ce qui survint une seconde et une troisième fois. Les Romains, voyant qu'ils ne pouvaient la fermer, restèrent en armes et en grand nombre sur le seuil de la porte pour la garder, tandis qu'un combat très vif avait lieu d'un autre côté. Tout à coup, le bruit se répand que Tatius a mis nos armées en fuite. Les Romains qui gardaient la porte s'enfuient épouvantés; mais lorsque les Sabins étaient prêts à faire irruption par la porte ouverte, on raconte que, par cette porte, il sortit du temple de Janus des torrents d'eau jaillissant avec une grande force, et que plusieurs groupes ennemis périrent ou brûlés par l'eau, qui était bouillante, ou engloutis par eon impétuosité. En raison de cet événement, il fut établi qu'en temps de guerre les portes du temple de Janus seraient ouvertes, comme pour attendre ce dieu secourable à Rome. Voilà tout sur Janus.
C'est une origine parmi d'autres, bien sûr...
Dernière édition par Horatius le Thursday 31 Mar 11, 21:49; édité 1 fois |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 17:29 |
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Janvier est aussi un saint napolitain dont le sang se liquéfie à dates fixes. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 01 Jan 09, 19:33 |
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Horatius a écrit: | Ovide est un poète précieux qui joue sur les paradoxes et les ambiguïtés … |
Je ne partage pas cette vision d'Ovide quand il s'agit des Fastes (je ne lis pas le reste, en tant que littérature je n'ai aucun goût pour la latine). Mais merci pour ce passage de Macrobe que j'ignorais.
grec ancien et moderne épuré : Ἰανουάριος [ianouários]
grec moderne démotique : Γενάρης [ienáris] |
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rabanmaur
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 25 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 07 Jan 09, 16:23 |
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Selon Ovide (Les Fastes, VI-101,248) Janus avait pour compagne la déesse Carna ou Craniè, qu'il avait préposée à la surveillance des gonds de la porte. Elle avait pour attribut une branche d'aubépine.
Selon Saint Augustin (De la Cité de Dieu, 4, 8), une déesse Cardéa ou Carda, , présidait aux portes).
Source : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fastam/F6-101-248.html |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Tuesday 20 Jan 09, 23:06 |
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A-t-on une étymologie pour le nom du dieu Iānus ? |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Wednesday 21 Jan 09, 17:49 |
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Que ceux qui ont Ernout-Meillet sous la main répondent plus précisément !
Cicéron (De Natura deorum 2.67. 8 ) rattache le nom de Janus au verbe "ire", aller: "ab eundo nomen est ductum"
Il existerait un sanskrit "yāna" qui signifierait le chemin.
Il y a donc, dans tout cela, l'idée d'entrée.
Mais je laisse de meilleurs spécialistes d'étymologie indo-européenne préciser ou corriger mes propos ! |
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rabanmaur
Inscrit le: 27 Mar 2008 Messages: 25 Lieu: Paris
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écrit le Monday 26 Jan 09, 13:19 |
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Selon Macrobe (Saturn, I,9,6), qui cite Nigidius Figulus (Chef de file des néopythagorciens et ami de Cicéron) :
Pronuntiavit Nigidius Figulus Apollinem Ianum esse Dianamque Ianam, adposita "D" littera, quae saepe "I" littera causa decoris adponitur
Citation tirée du livre de Léon Nadjo "L'argent et les affaires à Rome, des origines au IIè siècla av. JC", publié chez Peeters 1989. (téléchargeable sur Google books).
Janus et Jana seraient donc les jumeaux Diane Apollon, et les portes seraient l'image sur terre de ce qui se passe dans le ciel : les solstices. |
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Cora
Inscrit le: 18 Oct 2007 Messages: 77 Lieu: Belgique
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écrit le Monday 26 Jan 09, 13:25 |
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En roumain: Ianuarie. |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Monday 26 Jan 09, 18:05 |
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Romanche: Schner ou Schaner - le sch se prononce comme le j- français. |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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Mercurius
Inscrit le: 02 Dec 2008 Messages: 100
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écrit le Monday 26 Jan 09, 19:07 |
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rabanmaur a écrit: | Janus et Jana seraient donc les jumeaux Diane Apollon, et les portes seraient l'image sur terre de ce qui se passe dans le ciel : les solstices. |
"Par le Janus bicéphale, nous comprenons une matière, ou une chose une, appelée REBIS et contenant deux choses, ou si vous préférez, c'est la SUBSTANCE DOUBLE MERCURIELLE. Que Saturne lui soit adjoint et partage le règne avec lui, cela a une raison tout autre que pourra deviner quiconque n'ignore pas le motif pour lequel dans la Rome antique on voyait Triton au dessus du temple de Saturne. En effet, ces choses sont énigmatiques et quelque peu obscures."
( Michael MAIER, Arcana Arcanissima 1614 p. 86. Trad. fr. éd. BEYA 2005 p. 127 )
"À Saturne on a attribué la clé et la verge, probablement parce qu'il avait quelque chose en commun avec le Janus à deux faces (qui est la "porte" ianua de l'année) avec lequel il aurait vécu."
( ibid. p. 104 - 150 )
"Telle est donc cette double connexion de serpents représentés l'un ailé et l'autre sans ailes. Telle est la double face de Janus, qui regarde vers le passé et prospecte l'avenir, ou plutôt dont la nature non fixe pénètre dans la fixe comme par une porte ouverte."
( ibid. p. 137 - 197 )
Dernière édition par Mercurius le Monday 26 Jan 09, 20:05; édité 1 fois |
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