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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 24 Dec 12, 13:37 |
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Les verbes onomatopéiques sont nombreux en wallon et seraient donc un signe d'une créolisation du latin, cette langue étant incompréhensible pour les esclaves et autres valets de ferme importés de je-ne-sais-où.
w. zûner, bourdonner (les mouches, les oreilles), siffler. Au sens figuré, faire bisquer quelqu'un: fé zûner.
w. zoûler, siffler sourdement.
w. hoûler, hurler, crier en parlant de la hulotte, siffler en parlant du vent dans la cheminée.
w. groûler, gronder (un chien, le ventre, ...), grommeler, roucouler (pigeon). |
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Psychedelik Barakî
Inscrit le: 06 Dec 2005 Messages: 458 Lieu: Djiblou, Wallifornie
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écrit le Thursday 27 Dec 12, 21:12 |
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Hoûler et groûler sont-ils vraiment onomatopéiques ?
Hoûler me semble avoir la même étymologie que hurler, tout simplement :
Le Wiktionnaire a écrit: | Du bas latin ūrulare, dissimilation du latin classique ŭlŭlare , avec h initial aspiré expressif. |
NB : "ŭlŭlare" est peut-être onomatopéique, lui, mais alors ce n'est plus une particularité wallone...
Idem pour groûler :
Le Wiktionnaire a écrit: | Du latin grundire, variante de grunnire (« grogner »). |
P.S. : Bondjoû mes djins, el Barakî est di rtoûr, bon Noyé et boune anêye a tertos ! |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 28 Dec 12, 12:11 |
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Oui, c'est mieux de comparer au français et quand on aura répertorié un bon nombre de cas d'en tirer des conclusions.
Le w. hoûler vient directement de Citation: | latin classique ŭlŭlare | comme tu dis, de ŭlŭla, le chat-huant (chouette hulotte). C'est sans conteste une onomatopée. Le wallon allonge le u latin et rajoute un h aspiré.
Pour hurler, le français fait quand même une petite transition: Citation: | Du b. lat. ūrulare (dissimilation du class. « hurler [chiens, loups; personnes], vociférer; appeler par des hurlements ») avec changement de tonique en peut-être pour maintenir le caractère onomat. du mot, v. MEYER-LÜBKE ds Z. rom. Philol. t. 22, p. 6; le h- expiratoire est également d'orig. expressive.
De ŭlŭlare, l'a. fr. (h)ul(l)er (1178 [ms. de Cangé, fin XIIIe s.] Renart, éd. M. Roques, 3487, 3696); étant donné qu'une dissimilation l - l > s - l serait inhabituelle, la forme a.fr. usler (ca 1175 B. DE STE-MAURE, Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 18342) se rattache prob. à uller, s étant purement graphique. |
Au mot grouiller, le TLF donne dans le sens I et II: Citation: | 1456-67 « gronder » (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, 31, 142); 1718 « produire un bruit confus (des intestins) » (Ac.).
I altération de l'a. fr. grouler « s'agiter, s'ébranler » (ca 1280, G. DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 249, crouler, ibid., 250) forme secondaire de crouler, v. crouler2, sous l'infl. de verbes en -ouiller du type fouiller*, cf. BL.-W.5.
II altération du m. fr. grouller « grogner » (XIVe s. ds T.-L.) lui-même empr. au m. néerl. grollen « gronder » |
Il est vrai que le TLF donne au mot grogner: Citation: | Altération d'apr. groin* de l'a. fr. gronir, lat. grunnire « grogner (en parlant du cochon) », var. de grundire | Je ne peux pas me prononcer.
Haust donne aussi w. tchoûler, pleurer, comme onomatopée (tchoû- + -ler), avec assimilation de groûler. |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Friday 28 Dec 12, 16:44 |
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dawance a écrit: | Oui, c'est mieux de comparer au français […] |
Ou d'autres langues…
Citation: |
Haust donne aussi w. tchoûler, pleurer, comme onomatopée (tchoû- + -ler), avec assimilation de groûler. |
Personnellement, j'ai toujours pensé que ça correspondait au flamand huilen (= pleurer)…?
++++++++
Autre mot bien connu : sprôtchî (ou s(i)pråtchî), écraser.
« C'èst todi les p'tits qu'on sprôtche », ce sont toujours les petits qui trinquent. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 28 Dec 12, 19:01 |
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Citation: | Hoûler et groûler sont-ils vraiment onomatopéiques ?
Hoûler me semble avoir la même étymologie que hurler |
N'existe-t-il pas un dictionnaire étymologique du wallon ? Une sorte de TLFi wallon, qui donnerait au moins des pistes de l'étymologie wallonne ? |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Friday 28 Dec 12, 19:15 |
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Si fait. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 28 Dec 12, 19:29 |
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Wallon = merci, merci bråmint des cops, gråces ! |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Saturday 29 Dec 12, 16:52 |
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AdM a écrit: |
Haust donne aussi w. tchoûler, pleurer, comme onomatopée (tchoû- + -ler), avec assimilation de groûler. |
Personnellement, j'ai toujours pensé que ça correspondait au flamand huilen (= pleurer)…?[/quote]
Moi j'ai fait le rapprochement avec le portugais/galicien "chorar".
Mais apparemment on a "tchoûler", mais aussi "choûler" et "hoûler" (donc "xhoûler" en rifondou ?), donc peut-être effectivement une influence d'un mot germanique *hūwil- (de sens similaire à "ululer" et qui donne "owl" en anglais) qui aurait donné "huilen" en néerlandais. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 30 Dec 12, 13:16 |
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Oui en effet.
Mais d'abord, j'ai écrit tchoûler assimilé à groûler, au lieu de hoûler. Mille excuses.
Grandgagnage écrit d'ailleurs que hoûler ayant aussi l'acception de pleurer, pleurnicher, choûler, tchoûler doivent être considérés comme formes chuintantes de ce mot.
Donc, à côté du vieux haut allemand (avant 1100) hūwilōn existe hūlōn. Ainsi que le moy NL ulen, le moy angl houlen, le bas saxon hulen. (source Philippa, étymologie de NL huilen)
Il n'en reste pas moins que l'étymon, le vrai, est le cri de la chouette hulotte, dite houlote en wallon, qu'on assimile souvent au cri du loup.
Je regarde plus tard le wallon houpeler (et le latin ŭpŭpa, la huppe fasciée). |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 05 Jan 13, 15:09 |
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AdM Citation: | sprôtchî (ou s(i)pråtchî, écraser. | C'est un mot emblématique du wallon.
Il signifie: écrabouiller, en parlant d'un limaçon, d'un insecte, d'une pomme pourrie, de quelqu'un renversé par une voiture,...
L'onomatopée est bien sensible et sans pudeur aucune.
On peut (et on doit) lui associer brotchî:
jaillir, plus précisément faire éruption vivement (exploser), en parlant d'un liquide épais (ou similaire) qui, étant sous pression violente, jaillit soudainement à travers un "défaut" de l'enveloppe. L'onomatopée ne peut échapper à personne.
(Accessoirement, sens de faire saillie: ses ohès brotchè foû, ses os font saillie).
Haust le donne comme une forme variée de brokî, s'élancer impétueusement, en piquant des éperons (brokes).
Pour spater , écraser en battant, en élargissant (un nez, de l'acier), laminer: voir le MDJ spataré
Dernière édition par dawance le Tuesday 08 Jan 13, 10:30; édité 1 fois |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 08 Jan 13, 10:21 |
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spritchî: jaillir, arroser, plus précisément, seringuer (arroser en pluie fine).
Parent de l'allemand spritzen.
Un synonyme, ou presque: spiter
1- éclabousser (d'eau, de boue), jaillir, asperger
2- fig. bourgeonner (éruption cutanée)
3- fig. spiter èvôye: s'en aller précipitamment.
C'est un cousin de l'anglais to spit, cracher, crépiter, grésiller, sinon que cracher se dit w. rètchî, mais crépiter et grésiller sont tout à fait le sens de wallon spiter.
anglo-sax. spytten, vx NL spytta, NL spatten, éclabousser, cracher et spuiten, jaillir, gicler.
Citation: | Old English spitu, from P.Gmc. *spituz (cf. Middle Dutch spit, Swedish spett, Old High German spiz, German Spieß "spit," German spitz "pointed"), from PIE *spei- "sharp point"...Old French espois, Spanish espeto "spit" are Germanic loan-words. | (online etymology dictionary)
rètchî, cracher, d'une onomatopée rak (Haust) |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Tuesday 08 Jan 13, 22:33 |
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W. liégeois, hagnî : mordre. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 09 Jan 13, 16:55 |
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Dj'a tûzé on moumint èsse to seû...
Je pense aussi que hagnî est onomatopéique, mais peut-être y a-t-il interférence avec haine:
Godefroy donne hagner = haigner = hangner, murmurer témoigner du mécontentement (par ex sur le clergé).
Citation: | haigneur, voir haineur, ennemi.
En Picardie, haingner se dit pour mordre. | Mais je sens intimement que c'est d'abord une onomatopée.
Un autre donné par Haust:
hawer, aboyer, et le sens figuré, crier contre quelqu'un.
Peut-être des antécédents proto-germaniques?
vx ht all. wahta < pgm. *wahtō- (d'où NL wacht, la garde) qui montent la garde avec des chiens qui font wah! wah! (en français ouah! ouah!). |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 11 Jan 13, 15:11 |
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Peut-être un lien avec: Citation: | Déverbal de l'anc. verbe hergner « se plaindre, se lamenter » (1426 doc. ds DU CANGE, s.v. harnasche), lequel est issu de l'a.b.frq. *harmjan « insulter » (FEW t. 16, p. 172a; cf. a.h. all. harmjan « insulter, tourmenter »), par la transformation du groupe -rmj- en -rnj- qui semble phonétique sans qu'on soit obligé d'avoir recours à l'infl. de hergne (v. hernie). | Et peut-être aussi? Citation: | Dér. en -o* de hare, « cri par lequel les sergents marquent le moment où la foire se termine, ou la mise en vente de telle ou telle denrée » (1204, Cart. de Pontigny ds GDF.); « cri pour exciter les chiens » (1377, GACE DE LA BUIGNE, Roman des Deduis, éd. A. Blomqvist, 8583), lequel est issu de l'a. b. frq. *hara « ici, de ce côté » (cf. a. h. all. hera « id. », m. néerl. hare « id. », all. her « id. »). |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 13 Jan 13, 19:21 |
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claper
1- faire entendre, un bruit sec,claquer
2- fermer bruyamment (une porte)
3- forme passive (èsse clapé): trouver porte close, être renvoyé, arriver trop tard pour rentrer...
a. fr. claper, faire entendre un bruit sec, dérivé clapet: crécelle
Le plus simple serait de le dériver du NL klappen (voir aussi kleppen, kloppen, frapper à la porte),
1- claquer (des dents), battre (des mains)
2- babiller
Toutefois, ce même NL a des ancêtres qui ne sont pas étrangers au wallon:
vx sax klapen, claquer continuellement, bas all. klappen, anglo-sax claeppan, moy angl. clappen, angl. clap, av.1200 claquer des dents, act. applaudir.
D'unn pgm *klappōn, à côté de *klapjan, donner un bruit sec. (Philippa et Etymonline)
D'une onomatopée klap.
w. toquer
1- frapper à la porte
2- être toqué: être entiché de
fr. toquer:TLF
A2-. Au fig., fam. [Chez G. Sand] Frapper, déranger (l'esprit)
B1- Heurter, frapper légèrement.
2- Sonner, tinter (en parlant d'une cloche)
Citation: | Dér. du rad. onomat. tok (fr. toc*); dés. -er. Cf. toucher* issu d'un lat. pop. *toccare « heurter, frapper » |
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