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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 19 Mar 13, 19:03 |
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L'ancien bas francique skina a donné deux mots en wallon :
A ; hiner, fendre, éclater (du bois), d’où le mot
hène 1. morceau de bois fendu, d’où aussi le sens de bûche
2. attelle, éclisse (à la patte d’une poule par exemple), syn. hinon
3. en particulier, hène di gorê, attelle de collier de cheval.
B. scrêne, échine, plus précisémént, scrêne dès rins, épine dorsale
Au sujet tchivâ / cabale, Gilou a suggéré des emprunts (germaniques ou gaulois) de dates différentes, ce qui serait très vraisemblable ici aussi.
Ce double sens pourrait sans doute aider à dater la mutation wallonne et lorraine sk > h qu’on retrouve ici dans hène.
skina dans le sens de tibia :
vieux saxon scina, tibia, dans le même sens :anc ht all scina, NL scheen [ské:n’] angl shin vieil angl scinu (et /ou scia) d’un pgm*skian d’une racine pie skeh-i, fendre (Philippa), si bien que le tibia et le péroné seraient comparables à un bois fendu.
De la même racine :
NL scheuren, déchirer, fendre
A noter :
w. skèye, sikèye, sorte de faux de moissonneur, serait un faux frère (frq *skerian) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 19 Mar 13, 19:05 |
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Voir la grande famille SÉCATEUR. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Tuesday 19 Mar 13, 19:45 |
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Il est excitant, fascinant, découvrir que (esp.) esquina, coin, angle, est apparenté au (cat.) esquena et (it.) schiena, dos. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 19 Mar 13, 20:41 |
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Je viens d'ajouter schiena dans la petite liste italienne qui était un peu maigrichonne, merci Ramón ! |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Tuesday 19 Mar 13, 22:07 |
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en vosgien, selon les dialectes, hhinotte / hhinatte signifie petite éclisse, éclat de bois ou bûche. Pour éclisse, on a également hhinon.
en Lorraine (plaine et montagne), l'échine se dit lè hhinâye ou hhinâye do dôs. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 20 Mar 13, 12:29 |
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Voilà qui est intéressant.
La mutation sk > hh a donc fonctionné aussi, mais pour les deux sens éclisse et échine.
Le plus difficile, c'est de savoir pourquoi et quand.
Dans « Les emprunts gallo-romans au germanique », au chapitre palatalisation de k appuyé devant e, i et intervocalique (palatalisation qu’il date de la première moitié du 3e siècle), Guinet compte deux emprunts successifs :
Citation: | skina, objet long et mince, est attesté avec vocalisme bref par l’anglo-saxon scinu, tibia (d’où levhtall skina, etc) …et avec vocalisme long, sans élargissement final –na (d’où l’angl-s. scīa, tibia, le’ mhtall schīe.
-Latinisé en *escina > escēna ) > >*esciena vfr escine, os de la jambe, échine.
-Témoignage d’un emprunt plus récent : vx fr. eschine, os de la jambe, colonne vertébrale, eschinée, dos, reins, eschinel, même sens , …, le vx prov esquina, esquena, squina, dos ; en outre l'it. schiena, sarde iskina, le cat esquena, l’esp esquina, esquena. |
(Suivent des hypothèses d’une origine franque –Gamillscheg)
Citation: | Wartburg fait remarquer que le sens de morceau de bois long et mince n’est vivant qu’en Wallonie, en Lorraine, en Picardie, en Franche-Comté et en Suisse, ce qui laisse supposer un emprunt plus tardif. | Il ne date malheureusement pas.
Petit hors-sujet: peut-on vraiment passer phonétiquement du grec skizhein au latin sĕcāre. Je n'avais pas cité la famille du mot savant sécateur (chef de famille?) pour cette raison.
En effet, je crois qu'il faut distinguer fendre (du bois) et le couper. Ce sont deux outils et deux buts différents (et généralement deux vocables). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 20 Mar 13, 13:22 |
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Tu as raison et tu n'es pas hors-sujet. Ce rapprochement n'est fait que par Calvert Watkins qui considère la racine *skei- comme une extension de *sek-. On peut d'ailleurs, sur ces deux bases, consonantique et sémantique, faire d'autres rapprochements (*sked-, *(s)kel-, *(s)kep-, *(s)ker-, etc.).
Quant à la différence entre fendre et couper, bien sûr, elle est réelle, mais à un niveau plus haut d'abstraction, il s'agit quand même bien de la même opération, à savoir "transformer un X en deux Y plus petits et de tailles variables en utilisant un instrument coupant." |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 20 Mar 13, 17:00 |
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Il existe en effet d'autres mots de la racine grecque par ex. schizophrène.
Mais d'où viennent w. sikî, couper (des céréales au moyen de la skèye), le NL sikkel, faucille, traduit abusivement en Hesbaye par scier, w. hiyî, déchirer, fissurer, s'ébouler, a.fr eschirer, frq skerran? (Haust), etc...Le TLF donne bien au mot scier, l'a.fr seier, couper à la faucille. Je suis sceptique devant tant de pères présumés.
Maintenant, depuis toujours, si on fend le bois (au merlin par ex.), c'est pour le sécher, qu'il soit apte à être brûlé (deux ans pour le hêtre, trois pour le chêne). L'écorce ne permet pas l’évaporation. Un pis-aller est de le saigner d'un coup de tronçonneuse.
Les tonneliers et autres artisans doivent aussi fendre le bois, pour d'autres raisons.
Couper signifie dans un sens perpendiculaire aux fibres, techniquement parlant, à la hache, à la cognée ou...
En la matière, l'abstraction est faite pour les gens de la ville. Ce sont les artisans qui font le langage.
Je voudrais revenir à mon sujet: dater la mutation lorraine-wallonne sk > hh. (le modèle skina peut-il nouis aider?)
Y a-t-il un phonéticien disponible? |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 23 Mar 13, 11:12 |
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Guinet: Citation: | En nous fondant sur des arguments phonétiques, nous pouvons dire que *skina fut introduit deux fois par les Germains: la première, avant le milieu du IIIe s., vraisemblablement par les Germains rhénans, d"où le vieux fr. escine. La seconde, avant le milieu du Ve s. (date de la palatalisation de k germ. devant e, i), mais postérieurement au milieu du IIIe s. par les colons et les lètes, d'où le vfr. eschine, le normano-picard esquine | La question est de savoir où et comment se situent les deux emprunts successifs lorrains et wallons: vosg. hhinotte, w. hène, éclisse et lorr. hhinâye (do dos), w. scrène, échine.
Si Outis pouvait revenir!
Corrigé faute d'orthographe.
Dernière édition par dawance le Tuesday 09 Jun 15, 17:29; édité 1 fois |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 06 Dec 13, 13:18 |
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PatoisantLorrain a écrit: | en vosgien, selon les dialectes, hhinotte / hhinatte signifie petite éclisse, éclat de bois ou bûche. Pour éclisse, on a également hhinon.
En Lorraine (plaine et montagne), l'échine se dit lè hhinâye ou hhinâye do dôs. | J'ajoute que le wallon liégeois connaît également hinon, attelle, et l'ancien wallon xhine, tous deux de la même racine que hiner précité.
A noter l'homonyme w. hiner, jeter (des pierres, par ex.)
Si quelqu'un pouvait résoudre cette énigme: le lorrain fait dans la mutation sk > hh dans les deux acceptions tandis que le wallon liégeois non (skina², w. scrène, échine). |
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