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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Saturday 09 Nov 13, 19:06 |
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J'ai remarqué qu'en comparaison avec les autres langues turques (ouzbek, kazakh, tatar...), le turc de Turquie semble avoir simplifié sa prononciation, la rendant plus accessible aux occidentaux. Même l'azéri, qui est très proche (l'intercompréhension semble encore possible), garde des traits anciens en distinguant certains phonèmes.
Je connais mal l'histoire du turc, mais j'ai l'impression que les changements suivants sont intervenus :
- distinction entre q et k > seulement k
- distinction entre x /χ/ et h > seulement h (mais prononciation /χ/ possible)
- prononciation gutturale du ğ /ɣ/ > ğ (non prononcé ou allonge la voyelle qui précède)
- distinction entre ng /ŋ/ et n > seulement n
- prononciation bilabiale du f /ɸ/ (certaines langues le font encore) > f prononcé labiodental /f/
- distinction entre ä /æ/ et e /e/ > seulement e
- distinction entre w et v (comme en tatar ou en kazakh) > seulement v
Est-ce que cette simplification apparente de la langue turque est due à l'effort d'occidentalisation qu'on a vu dans la langue (incorporation de mots français, etc.), au côté cosmopolite de sa population ou à un autre facteur qui particularise le turc de Turquie ? |
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Lezarvert
Inscrit le: 08 Nov 2006 Messages: 148 Lieu: Allemagne
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écrit le Saturday 09 Nov 13, 23:20 |
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J'ai cru comprendre que dans l'est de l'Anatolie le ğ peut toujours se dire /ɣ/ quand il précède une voyelle sombre (a, ı, o, u). Et certaines mouillures subsistent dans des mots issus du persan comme rüzgâr qui se dit [ɾyzgjɑɾ] (avec une mouillure du g, je ne sais pas si je l'ai bien écrit).
Je ne suis pas spécialiste mais j'ai tendance à penser que l'instauration de l'alphabet latin (qui, sans doute, ne permettait pas de restituer l'ensemble des phonèmes du turc tel qu'il était dans l'Empire ottoman) associée à la scolarisation obligatoire et à un effet de standardisation de la langue (comme pour le français en France au début du XXème siècle) sont les causes de la disparition de certains phonèmes. Cette domination de cette prononciation du turc "officiel" allant de pair avec la stigmatisation de l'usage d'autre phonèmes qui sont clairement köylü.
De la même manière, en France, la disparition du R roulé ou de la différence entre "brin" et "brun", entre "patte" et "pâte".
Quant à la présence de populations allophones et bilingues en Turquie, j'aurais tendance à dire que c'est justement sa diminution qui a conduit à la disparition de ces phonèmes. |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Sunday 10 Nov 13, 12:59 |
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Lezarvert a écrit: | Et certaines mouillures subsistent dans des mots issus du persan comme rüzgâr qui se dit [ɾyzgjɑɾ] (avec une mouillure du g, je ne sais pas si je l'ai bien écrit). |
Je crois que cette mouillure est due à l'accent sur le â. On en parlait ici.
D'ailleurs...
guillaume a écrit: | Comme il est rare, l'Office de la langue (le TDK) voulait l'abandonner, mais je crois bien qu'ils ont changé d'idée. En tout cas il est toujours d'usage. |
Citation: | l'instauration de l'alphabet latin (qui, sans doute, ne permettait pas de restituer l'ensemble des phonèmes du turc tel qu'il était dans l'Empire ottoman) associée à la scolarisation obligatoire et à un effet de standardisation de la langue (...) sont les causes de la disparition de certains phonèmes. |
Pourtant d'autres langues turques qui peuvent s'écrire en alphabet latin ont gardé leurs phonèmes, elles utilisent juste des lettres supplémentaires (x, q, ä, etc.).
Mais pour ce cas-là, je ne peux m'empêcher de penser au maltais, langue sémitique inondée de mots italiens/siciliens/français/anglais, écrite en alphabet standardisé latin et qui a perdu à l'oral pas mal d'anciens phonèmes (par exemple, le 3ayn arabe n'est plus prononcé). Je ne pense pas que ce soit à cause de l'alphabet, mais plutôt des populations diverses qui ont parlé la langue, la changeant un peu.
Citation: | Quant à la présence de populations allophones et bilingues en Turquie, j'aurais tendance à dire que c'est justement sa diminution qui a conduit à la disparition de ces phonèmes. |
J'ai plusieurs amis qui sont des turcs d'origine par exemple (ex-)yougoslave. La langue d'origine de leur famille ne possédait pas tous les phonèmes du turc, encore moins ancien.
Citation: | De la même manière, en France, (...) la différence entre "brin" et "brun", entre "patte" et "pâte". |
La distinction existe toujours dans le français standard de l'Académie. Moi, je distingue très bien "brin" et "brun", comme dans plusieurs endroits en France, Suisse, Canada... Et pour distinguer "pâte" de "patte", je traine un peu sur le "â" comme beaucoup de belges. |
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