Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 31 Oct 15, 21:02 |
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momier est un terme peu usité pour désigner un protestant issu du Réveil : mouvement évangélique qui apparaît au début du XIXe siècle, un peu en réaction contre le protestantisme libéral, mouvement influencé par les Lumières, l'Aufklärung de Kant (libre esprit, ou esprit critique, vis à vis de la Bible)
Ce terme apparait en Suisse et semble se limiter aux partisans du Réveil issu de Suisse.
Un exemple de momier, mon ancêtre Ami Bost, pasteur de l'Église de Genève (dont la famille est originaire de la région de Valence), influencé par le mouvement des Frères moraves
Il est cité dans ce livre :
Histoire véritable des momiers de Genève par le curé Jean-François Vuarin (1824)
Selon le Trésor de la langue française, momier provient de momerie :
momier :
1) qui fait des momeries, bigot
2) En Suisse, début XIXe : "(personne) qui appartenait à une secte protestante dissidente caractérisée par un extrême puritanisme"
Le Littré :
"Nom de certains sectaires fanatiques nombreux en Suisse. On appelle aussi mômiers, par dénigrement, en Suisse, les méthodistes."
Honoré Balzac, in Scènes de la vie privée et publique des animaux
"Ce ministre un peu mômier (on nomme ainsi dans la république de Genève, les protestants exagérés) n'aimait pas l'invasion du panthéisme dans la science"
François Copée, in La bonne souffrance (1898)
"Dans ce sombre quartier se trouve aussi la rue des Granges, le faubourg Saint-Germain genevois, où, dans de vieux hôtels, habitent des momiers très riches et très dévots, qui, tout le long de l'année, font des prières et des économies."
D'où vient momerie ?
Selon le TLF, ce terme désigne :
- Mascarade, danse bouffonne
- Affectation outrée et hypocrite de sentiments que l'on n'éprouve pas
- Pratique religieuse ridicule ou feinte; bigoterie qui s'attache à des pratiques outrées, superstitieuses.
Toujours selon le TLF, l'origine serait : "probablement mot d'origine expressive imitant les sons sourds et déformés que faisaient entendre les personnages masqués"
Ou bien : "mahumerie, mahom(m)erie : pratique religieuse des musulmans ; par extension : pratique superstitieuse, idolâtrie"
Cette seconde hypothèse, qu'on trouve aussi chez Littré, a pu peut-être influencer la première...
L'accent circonflexe peut s'expliquer par l'influence du mot môme.
Le terme étant péjoratif, je ne pense pas que les personnes concernées l'utilisaient.
Aujourd'hui, on les appelle les évangéliques (en France, le terme en Allemagne a le sens de "protestant"). |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Monday 02 Nov 15, 10:51 |
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J'ai présenté cette origine (mahomerie) car elle figure dans le TLF mais je suis assez sceptique. Je ne vois pas de trace de l'emploi de ce terme pour désigner un musulman.
Le môme doit avoir une origine similaire.
Selon le TLF, probablement issu d'un radical mom-, exprimant les sons primitifs que fait entendre l'enfant"
Chez Godefroy, on trouve :
1. Mome : médisant, calomniateur ; populaire : gamin, petit enfant ; à Genève : personne stupide, idiote
2. Mome, momme (une) : mascarade
Dans le dictionnaire Oxford :
mummery : de l'ancien français mommerie :
1 "performance of mummers"
2 "Ridiculous ceremonial or ‘play-acting’; an instance of this. Often applied to religious ritual regarded as silly or hypocritical."
mummer : de l'ancien français momeur
Le sens ancien était : "One who mutters or murmurs."
Dans le Promptorium Parvulorum , le premier dictionnaire latin-anglais (1440) : Mummar, mussator.
en latin musso signifie : murmurer
Au XIXe siècle, "play-actor" (slang) |
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