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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 28 Jan 19, 20:10 |
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hirpex, hirpicis « herse (instrument aratoire) »
C’est une sorte de gros râteau autrefois tiré par un cheval ou une paire de boeufs, maintenant par un tracteur. (Pour ceux qui n’en ont jamais vu, tapez « herse » dans Google puis « images ».)
Les attestations ci-après sont tirées du TLF, article herse. S’y reporter pour les sources.
Ca 1170 herce « instrument d'agriculture »
Peut-être ensuite, par similitude de forme (râteau renversé) des supports de cierges, chandelles et bougies dans les églises et théâtres :
a) 1319 erche « chandelier d'église »
b) 1765 théâtre « tablette sur laquelle on met des lampions pour éclairer la scène »
À cause des parties verticales et pointues des grilles :
1358-59 herce « grille mobile défendant l'accès d'une place forte »
1752 « dispositif muni de pointes dirigées vers le haut, servant à barrer une route »
On voit que la métaphore a essentiellement joué sur les pointes de la herse, et sur leur fonction : entrer dans un trou, faire un trou, ou menacer d’en faire un.
Godefroy (Complément) donne d’autres attestations et variantes : hyerche, hierche, herche, ierce, yerche, erce et harce.
NB : La référence nº 5 : 1643 mar. herse « corde qui sert à attacher les poulies » (G. Fournier, Hydrographie, p. 758), également donnée par le TLF, est un intrus qui n’a à l’évidence rien à faire ici. D’ailleurs le TLF renvoie à erse subst. fém., dont il dit ceci :
MAR. Anneau de cordage. [...]
La plupart des dict. gén. attestent le dimin. masc. erseau. Petite erse. [...]
Homon. herse.
Étymol. et Hist. 1702 mar. (Aubin). Var. orth. de herse, attesté dep. 1643 [...] au sens de « estrope de poulie ». [...] (Voir images d’estropes dans Google).
C’est un peu court comme notice étymologique, surtout lorsqu’on reconnaît qu’il s’agit d’un homonyme ! Il aurait mieux valu dire : « Étymologie inconnue », car on a rarement vu deux homonymes remonter au même étymon. J’y reviendrai.
(À suivre)
Dernière édition par Papou JC le Tuesday 29 Jan 19, 10:35; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 28 Jan 19, 23:59 |
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Passons au dénominal herser « passer la herse (sur un sol) »
Le TLF ne donne que le latin médiéval herciare et les deux attestations suivantes :
1. 1174-87 agric. [...] li hercheor herchoient
2. 1690 héraldique hersé (Fur.).
Godefroy (Complément) est plus généreux : iercier, hercier, erchier, hiercher.
Dans Godefroy (Dictionnaire), sous hercier, on trouve encore d’autres variantes : herchier, herser et heirchier. Les sens donnés, essentiellement « traîner » et « percer », sont attendus : ce sont bien les fonctions de la herse, qu’elle soit agricole ou défensive.
NB : ni herse ni herser (dans les sens vus ci-dessus) ne semblent avoir été affectés d’un suffixe diminutif. Probablement à cause de l’existence de râteau / ratisser. Tout ce qu’on trouve, c’est dans le TLF sous harceler :
Var. de herceler (1530, Palsgr., s.v. I harry, p. 579 « traîner »), herseler, dér. à l'aide du suff. dimin. -eler* de herser*, en a. fr. au sens fig. de « malmener » (fin xiie-xves. ds T.-L. et Gdf.).
Si je comprends bien, c’est l’auteur de la notice, à moins que ce ne soit Palsgrave, qui, de sa propre initiative, a rattaché herseler à herser et donné pour ce dernier le sens de « malmener ». Car oui, il existe bien des formes herceler, herseler et d’autres que nous allons voir plus loin, mais elles ne sont pas attestées avec les sens agricole ou défensif que nous avons vus plus haut. Si la grammaire de Palsgrave est la seule référence, c’est peu. Nous ne savons même pas si le herser dont parle Palsgrave est bien celui qui a le sens de "passer la herse". Car de la même manière qu'il y a eu deux noms herse homonymes, il a pu y avoir deux verbes herser homonymes. Ou une autre origine possible pour herseler.
Notons que Palsgrave mentionne herceler sous harry. J’y reviendrai.
(À suivre)
Dernière édition par Papou JC le Tuesday 29 Jan 19, 10:37; édité 2 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 7:02 |
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Laissons provisoirement la herse sous son hangar. Occupons-nous maintenant d’un mot ancien bas francique reconstitué, *hard.
C’est l’étymon donné par le TLF pour le vieux mot français hart « 1. lien généralement d'osier ou de bois flexible ; 2. corde employée pour la pendaison des condamnés à mort ».
Le supplice de la hart, c'était le supplice de la pendaison.
On a deux attestations, une pour chaque sens :
1. 1160-74 « corde avec laquelle on étranglait les criminels » [...]
2. ca 1200 hard « lien de bois flexible » [...]
Pour ce qui est de l’origine du mot, le TLF hésite forcément entre deux mots *hard (et n’envisage donc pas qu’il puisse s’agir d’un seul et même mot ayant deux sens différents) :
1. l’un signifiant « filasse », étymon du moyen néerlandais hede « fibre de lin » ;
2. l’autre signifiant « branche », que l'on peut restituer d'après l'ancien haut allemand hard « forêt », le moyen néerlandais hart « id. » et l’allemand Hardt « massif boisé de France et d'Allemagne, au nord des Vosges ».
La réponse à cette question – deux mots ou deux sens ? – c’est dans la notice ardillon du TLF que nous allons la trouver. Je la résume :
Attestations :
1231 hardillon « petite corde »
av. 1265 hardilon « pointe servant à arrêter une boucle »
1444 ardillon (le sens n’est pas donné)
1795 région. ardillon « corde pour attacher les bêtes à l'écurie »
Je recopie la partie étymologique intégralement :
Dér. de l'a.b.frq. *hard « fils tordus » (FEW t. 16, pp. 153-154); cf. hart « lien »; suff. dimin. -illon (-ille*; -on*) ; l'emploi de petites branches flexibles, pour attacher ou lier pourrait expliquer l'évolution qui a conduit au sens 2 du dérivé, ou bien hardillon a pu d'abord désigner une cordelette ou une languette de cuir (cf. supra lingula) qui sert à attacher les deux extrémités d'une ceinture et, la boucle remplissant un office semblable, sa pointe a pu prendre ce nom.
Il apparaît clairement ici qu’il n’y a eu qu’un mot *hard qui a dû avoir le sens de « branche fine de bois flexible – comme l’osier – qui, tressée avec d’autres branches du même type, servait à fabriquer de petites cordes ». Il ne faudra donc pas s’étonner de retrouver les deux sens dans ses descendants, à commencer par hart.
(À suivre) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 8:41 |
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La descendance française de *hard
Pour compléter le TLF, voyons ce que Godefroy nous dit de hart (C’est dans le Dictionnaire) :
hart « branche ; osier ; sorte de mesure, une corde de bois ; cri pour exciter les chiens »
Loc. ne part ne hart « rien du tout »
Bessin hart « branche, lien formé de branches tordues »
Oublions le cri, homonyme d’origine onomatopéique (cf. haro et d'autres cris en har- en ancien français).
La locution donne une idée de la taille de la branche et de la mesure de longueur, probablement celle d’une cordelette plutôt que d’une corde.
L’acception bessinoise confirme qu’il n’y a bien qu’un seul étymon *hard dont le sens de "corde" est dérivé de celui d’"osier".
À ces informations données par le Dictionnaire s’ajoutent celles du Complément :
hart « lien d’osier, de bois pliant ; corde servant à étrangler un condamné »
Cette définition ne nous apprend rien de nouveau mais confirme au moins ce que nous savons déjà.
Plus intéressantes pour notre sujet sont les variantes graphiques qui apparaissent dans les exemples : har, harse, hare.
La variante harse nous renvoie évidemment au mot herse, erse que nous avons vu plus haut avec le sens de « corde », et à son diminutif erseau. Elle nous incite également à aller voir du côté d’éventuelles graphies en harce-. Et voici ce qui apparaît :
harcel ou harsel subst masc. « porte faite de branches entrelacées les unes dans les autres en forme de claie »
harcele subst fém., ou harcelle, harcielle et variantes en hars-, harch-, herch- « lien d’osier ».
À Lille, « baguette d’osier dont se servent les jardiniers pour lier les plantes et attacher les vignes aux murailles »
En Lorraine, hercelle « paille découpée par petits bouts »
Bref, il semble difficile de ne pas considérer toutes ces variantes en -el(le) avec alternance har- / her- comme des diminutifs de hart.
Il semble également difficile de ne pas considérer comme un doublet de hart le mot herse « corde qui sert à attacher les poulies », indûment placé par le TLF dans la notice consacrée à son homonyme.
Je rappelle que nous n'avons en revanche trouvé de diminutif ni à herse (instrument agricole) ni à herser (passer la herse).
(À suivre) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 10:28 |
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Il semble assez naturel, au vu de ce qui précède, de passer formellement de harcel à harceler.
Du point de vue sémantique, un des exemples donnés par Godefroy sous harcele prouve – si tant est qu’une telle preuve fût nécessaire – que les baguettes d’osier en question pouvaient aussi être utilisées pour donner des coups : Laquelle femme s’aproucha pres et frapa le suppliant par le visaige d’un waulette ou herchelle.
On ne doit pas non plus être surpris de trouver en ancien français les variantes herceler et herseler.
N’insistons pas : Littré et d’autres ont, depuis longtemps, logiquement relié harceler à harcel, l’affaire semble entendue. Ce qui est moins logique et ressemble même à une assez grave faute, c’est l’absence dans le TLF d’un article herse.2 « corde » aux côtés de l’actuel article herse intégralement consacré à l’instrument agricole ou défensif, mais où s’est glissée une attestation de l’homonyme dont l’existence est reconnue dans l’article erse du même TLF.
À partir de là on peut comprendre que des gens confiants et de bonne foi fassent remonter l’origine de harceler à la herse agricole, en arguant du fait que la herse est aussi, en quelque sorte, un instrument de torture puisqu’elle déchire le sol qui est la peau de la terre.
Soit. Sauf que, généralement, un mot n’a un sens figuré que s’il a d’abord un sens propre. Hors, nous l’avons vu, le verbe herser (= passer la herse), n’a pas de diminutif. Le verbe herseler « malmener » ne peut donc pas être le diminutif de ce verbe herser comme l’ont cru ou laissé entendre Palsgrave et d’autres après lui ; il ne peut guère être issu que du nom hersel « baguette d’osier ; corde courte, bout de corde ».
(À finir) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 11:36 |
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Il me reste à dire quelques mots de harrow, l’équivalent anglais de notre herse agricole. C’est son équivalent sémantique mais disons-le d’emblée : ils n’ont pas du tout la même origine.
Si j’en parle ici, c’est que le cas de harrow est un peu similaire à celui de herse. En effet il se trouve qu’il existe deux verbes to harrow homonymes d’origines évidemment différentes, dont ETYMONLINE dit ceci :
harrow (v.1) (= herser, passer la herse)
"to drag a harrow over, break or tear with a harrow," c. 1300, from harrow (n.). In the figurative sense of "wound the feelings, distress greatly" it is first attested c. 1600 in Shakespeare.
harrow (v.2) (= ravager, piller)
"to ravage, despoil," especially in harrowing of Hell in Christian theology, early 14c., from Old English hergian "to ravage, plunder; seize, capture" (see harry (v.)).
Ce qui pose problème ici, c’est, encore une fois, le sens figuré "wound the feelings, distress greatly" (= blesser les sentiments, tourmenter). En effet, qu’est-ce qui prouve que ce sens figuré se rattache à harrow.1 plutôt qu’à harrow.2 ? C’est un pur choix de lexicographe. Sauf qu’à mon avis, le choix fait ici n’est pas le bon. Je n’ai pas les mêmes arguments que pour le français harceler mais je note que harrow.2 est apparenté à harry vers lequel nous sommes renvoyés. Allons donc voir harry. Le voici, abrégé :
Old English hergian "make war, lay waste, ravage, plunder," the word used in the Anglo-Saxon Chronicle for what the Vikings did to England [...] from Proto-Germanic *harjan "an armed force" (source also of Old English here, Old Norse herr "crowd, great number; army, troop," Old Saxon and Old Frisian heri, Dutch heir, Old High German har, German Heer, Gothic harjis "a host, army").
The Germanic words come from PIE root *korio- "war" also "war-band, host, army" [...] Weakened sense of "worry, goad, harass" (= harceler) is from c. 1400.
On a bien vu cette dernière date ? On a bien lu cette dernière phrase ? Mettons-la en regard de celle-ci, extraite de harrow.1 :
In the figurative sense of "wound the feelings, distress greatly" it is first attested c. 1600 in Shakespeare.
Conclusion : ETYMONLINE n’a pas placé cette phrase sous le bon harrow. Et la pauvre herse qu’on accuse de tous les crimes, qu’elle soit française ou anglaise, n’est vraiment pour rien dans le harcèlement.
J’espère que la démonstration est convaincante.
Laissons le mot de la fin au poète.
Dans sa liste des cognats de harry, ETYMONLINE aurait pu placer l’ancien français harier « tourmenter » que l’on trouve notamment dans La Ballade des pendus, le plus célèbre poème de François Villon (merci à Glossophile) :
Nous sommes mors, ame ne nous harie ;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
FIN |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 17:23 |
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Papou JC a écrit: | Passons au dénominal herser « passer la herse (sur un sol) »
Le TLF ne donne que le latin médiéval herciare
[…]
Godefroy (Complément) est plus généreux : iercier, hercier, erchier, hiercher.
Dans Godefroy (Dictionnaire), sous hercier, on trouve encore d’autres variantes : herchier, herser et heirchier. Les sens donnés, essentiellement « traîner » et « percer », sont attendus : ce sont bien les fonctions de la herse, qu’elle soit agricole ou défensive.
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Le wallon liégeois a donné au vocabulaire de la mine les mots hercher et h(i)ercheur -euse, les ouvriers qui tiraient les berlaines (wagonnets), et plus anciennement de simples bacs.
Georges Petit, Hiercheur au bac, Liège (MVW).
Ces noms sont dérivés du verbe h(i)èrtchî, traîner, qui selon Haust (DL) serait un « croisement du latin herpicare (herser) et du germanique harke, herke (râteau) ».
Quant au TLF, s.vº hercher, herscher, il complète ceci par des exemples plus méridionaux :
Mot wallon, dér. d'un b. lat. *hirpicare « herser » (confirmé par les formes ital. du type erpicare et par les formes dial. occitanes et fr.-prov. citées par FEW t. 4, pp. 432-434), dér. du lat. hirpex, hirpicis (herse*). Cf. wallon de Liège hièrtchî, hèrtchî ds Haust.
R/ Si on prend les choses dans l'autre sens (Haust, Dict. français-liégeois) :
herse (instrument aratoire) se dit en liégeois îpe (du latin (h)irpicem), et herser : (r)ahèner (fr. ahaner, faire un effort pénible) ou encore rabate (rabattre), brihî (briser).
En agriculture, le verbe hèrtchî ne s'emploie que pour : épandre du fumier avec une sorte de herse primitive, sans pointes. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 17:53 |
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AdM a écrit: | Le wallon liégeois a donné au vocabulaire de la mine les mots hercher |
Mot que tu avais déjà illustré (différemment) dans un MDJ hercher. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 18:36 |
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Juste pour donner des exemples de sens reliés à herse dans le FEW :
et à hard :
Que chacun y retrouve ses petits et FEW n'est pas infaillible (il range erseau et herse dans le sens d'étrope avec la herse !)
Ne pas oublier dans la lignée anglaise le verbe to rehearse, répéter.
https://www.etymonline.com/word/rehearse |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 19:33 |
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Je pense qu'il n'y a aucun inconvénient à imaginer la création d'un verbe herser.2 "frapper" à partir de herse.2 "corde ou branches d'osier", de la même façon qu'existe un herser.1 créé à partir de herse.1. Ça s'appelle un dénominal.
Encore faudrait-il que ce fût dit et affirmé clairement dans les dictionnaires pour qu'il n'y ait pas de confusion possible. Quand on sait ce que sont ces objets, à quoi ils servent et peuvent servir, leurs fonctions me semblent difficilement interchangeables : on ne donne pas des coups avec une herse et on ne ratisse pas un champ avec des baguettes d'osier. On a le sentiment que les lexicographes auraient parfois avantage à se promener dans la campagne.
Évidemment, il y a une zone frontière qui ne facilite pas la distinction : c'est là où herser.1 est pris au sens soit de "percer", soit de "déchirer" (le corps ou l'âme). Dans ce cas-là, on n'est pas loin des coups assénés (sur le corps ou sur l'âme). Mais encore une fois, malgré ce risque d'ambigüité, le partage des rôles est clair, au moins pour moi.
Quoi qu'il en soit, j'espère avoir au moins démontré que le verbe harceler n'a rien à voir avec la herse agricole. Je suis déjà conforté par la fin de la citation d'embaterienne : "frapper d'une hart". Merci, je me sens déjà mieux ! |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 21:02 |
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Je soumets aussi ceci, vu dans le Dict. étymologique de Ménage :
< clic pour voir dans le contexte.
En résumé :
Herse (instrument aratoire) < lat. hirpex, hirpicus < gr. ἅρπαξ harpax (comme le rapace, celui qui attire à lui ses proies…)
Herse (arch. civ. et mil.) < peut-être du lat. ericius (hérisson)
Deux idées nouvelles — dont je ne sais que penser…
++++++++
embatérienne a écrit: | Mot que tu avais déjà illustré (différemment) dans un MDJ Hercher. | Ah oui, merci du rappel — qui est surtout l'occasion de faire le lien avec un sujet lié.
On a donc un hiercheur qui tire et une hiercheuse qui pousse (sens plus récent, lié à l'évolution technologique : les berlaines montées sur roues). |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Tuesday 29 Jan 19, 23:59 |
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Dans Germinal, Zola écrit berlines... |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 30 Jan 19, 8:19 |
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AdM citant Ménage a écrit: | Herse (instrument aratoire) < lat. hirpex, hirpicus < gr. ἅρπαξ harpax (comme le rapace, celui qui attire à lui ses proies…)
Herse (arch. civ. et mil.) < peut-être du lat. ericius (hérisson). |
Je n'ai effectivement rien dit de l'amont de nos deux étymons vedettes. Je répare cet oubli.
- Le lat. hirpex est le seul dérivé connu de hirpus ou irpus "loup" en samnite. Sans doute à cause des dents. Le DELL ne remonte pas plus haut.
Apparemment donc, aucun rapport ni avec lat. ericius (voir le mot du jour hérisson), ni avec gr. ἅρπαξ harpax. On verra si un helléniste confirme ou infirme.
- Pour ce qui est de l'origine de ancien bas francique *hard, je n'en sais pas plus que le TLF. Je suppose que si ce mot venait, comme l'anglais hard "dur", du thème *kortu-, forme suffixée de la racine IE *kar- "dur", le TLF l'aurait dit. Mais l'exemple de la racine IE *deru- d'où vient aussi bien le français dur que l'anglais tree est un indice assez fort que oui, tout en amont de notre hart, il y a peut-être une racine exprimant la dureté, ce qui est un peu contradictoire avec la notion de flexibilité, mais on a vu qu'avant de désigner l'osier, des ancêtres de hart ont désigné des branches plus dures et même des forêts ! Alors ...
Par ailleurs, plus que la dureté, il semble bien que ces racines expriment d'abord la solidité, et là, les réticences tombent : solidité et flexibilité sont parfaitement compatibles, cf. la fable du chêne et du roseau.
De fil en aiguille - c'est le cas de le dire ! - j'en viens à m'interroger sur le latin cordus qui, pour le DELL, est sans étymologie. C'est bizarre qu'il ne soit pas rapproché de hart et du thème *kortu-, non ? Même pas par Pokorny ! (Je viens de vérifier). Ne se serait-on pas trop focalisé sur la dureté aux dépens de la solidité ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 30 Jan 19, 9:59 |
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Hélas, le français corde est issu du latin chorda, lui-même emprunté au grec χορδή [kʰordē] « boyau ». Quant à cordus il ne signifie que « né ou récolté à l'arrière-saison » : aucun rapport avec la dureté.
Enfin, la dureté du thème *kar-3 de Pokorny est une vraie dureté, celle des pierres ou des noix, aucune flexibilité là-dedans, tant pis pour La Fontaine … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11199 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 30 Jan 19, 10:15 |
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J'ai parlé de solidité compatible avec la flexibilité... La lecture rapide est bien utile à ceux qui la pratiquent, mais elle joue des tours.
À part ça, OK pour corde. Il faut quand même reconnaître qu'il y a des coïncidences troublantes.
Dernière édition par Papou JC le Wednesday 30 Jan 19, 10:35; édité 1 fois |
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