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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Tuesday 02 Jul 19, 13:31 |
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Outis a écrit: | Toujours est-il que le léopard, féroce et inapprivoisable, soupçonné issu d'un accouplement contre nature, fut facilement considéré par l'Église comme représentant du Malin |
Une remarquable exception à cette tradition est le poème "la Panthère" du Livre d'Exeter, qui fait de cet animal le symbole du Christ : la panthère dort trois jours sous la terre, attire des multitudes d'homme par la bonne odeur de ses paroles et combat le dragon. On peut lire ici une traduction en anglais moderne et là satisfaire sa curiosité pour le texte original.
Je crois lire que le poème original utilise une adaptation du mot grec πάνθηρ [pánthêr] : Is þæt deor pandher/bi noman haten "That wild beast is called the Panther by name". Ceci serait donc un léger hors-sujet. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 02 Jul 19, 15:16 |
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Oui, je sais aussi le goût des Anglais pour le léopard qui figure dans leurs armoiries, sans que j'en sache l'origine. Je ne me suis appuyé que sur :
Louis Charbonneau-Lassay, Bestiaire du Christ, p. 291, a écrit: | … de tous temps, le symbolisme chrtien a fait une distinction entre le guépard ou léopard-chasseur, Felix pardus, et le léopard proprement dit, Felix leopardus, accordant au premier une considération sympathique qu'elle refuse au second, comme au tigre, dont il a l'allure rampante. |
Mais il est vrai que le même auteur reconnaît plus loin :
Citation: | Il est parfois impossible de distinguer sur les documents d'art, le guépard de la panthère, du léopard ou d'un autre félin ; d'où il convient ici de préciser que si le fauve n'est pas accompagné de son maître, ou si d'autres conditions ne viennent pas permettre une attribution au moins probable, la plus grande prudence d'interprétation s'impose. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 06 Jul 19, 8:57 |
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Outis a écrit: | grec πάνθηρ [pánthêr] « panthère [tout sauvage] » |
Cette étymologie transparente du mot πάνθηρ est classiquement rejetée au profit d'une mise en rapport avec le sanskrit puṇḍarīka « tigre ».
C'est un bon exemple de ce qu'on obtient en allant à la pêche dans les dictionnaires. Ce sens « tigre » de puṇḍarīka n'est attesté dans aucun texte littéraire, c'est un mot passe-partout dont le sens premier est bien difficile à établir, tant ses usages sont variés : Monier-Williams a écrit: | puṇḍarīka : a lotus-flower, especially a white lotus, (used at the end of an adj. comp. as expressive of beauty, see Gaṇa Vyāghrādi to Pāṇ. II. 1, 56); a white umbrella; a kind of drug; a mark on the forehead (in this sense perhaps also m.); N. of a sacred bathing-place; (as), m. a kind of sacrifice; a species of rice; a fragrant kind of mango; Artemisia Indica (= da-manaka); a variety of the sugar-cane; a silk-worm (?); a kind of leprosy; fever in an elephant; white (the colour); a tiger; a kind of serpent; N. of a Nāga; a pitcher, student's water-pot; N. of the elephant of the south-east quarter; N. of an ancient king; of a son of Nabha or Nabhas; (with Jainas) N. of a Gaṇa-dhara; N. of a hermit the son of Śveta-ketu and Lakṣmī; of a mountain; (ā),
f., N. of an Apsaras; of a daughter of Vasiṣṭha and wife of Prāṇa or Pāṇḍu. | À lire cette liste, on a le sentiment que le sémantisme du mot est surtout attiré par celui de pāṇḍu « blanc jaunâtre, pâle », même si les deux mots ne sauraient être phonétiquement en rapport si facile.
Ainsi que signalé par Chantraine (DELG), Mayrhofer (KEWA) voit dans πάνθηρ la déformation (dissimilation et lien avec πάν « complètement », voire la classique alternance r/n) d'un *πάρθηρ, s'appuyant sur un *parþ-. Il évoque les rapports possibles avec le sogdien pwr∂nk, l'afghan pṛāng « panthère » et, bien sûr, le grec πάρδος.
Finalement, je suis tenté de croire à la dominante jaune pâle de l'affaire et je me demande si Pāṇḍu, père des cinq héros du Mahābhārata, comme Pandion, roi mythique d'Athènes, n'étaient pas, comme tant d'autres rois guerriers, des tigres ou des panthères … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 06 Jul 19, 22:18 |
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Outis a écrit: | Finalement, je suis tenté de croire à la dominante jaune pâle de l'affaire |
Passons sur les sympathiques et imaginaires panthères roses, mais il existe bel et bien des panthères noires...
Outis a écrit: | grec πάνθηρ [pánthêr] « panthère [tout sauvage] »
Cette étymologie transparente du mot πάνθηρ est classiquement rejetée au profit d'une mise en rapport avec le sanskrit puṇḍarīka « tigre ». |
Pour l'élément -thêr "sauvage", voir féroce. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 2:20 |
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Oui, bien sûr, quelques panthères noires. Mais ce mélanisme occasionel du léopard est limité au sud-est asiatique (Java, etc.). Et, avec la disparition du mouvement des Black Panthers, Black Panther n'est plus qu'un super-héros de Marvel.
Il n'en reste pas moins qu'en grande majorité, tigres, léopards et guépards ont des robes à fond jaunâtre parsemées de taches sombres de formes variées … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 8:41 |
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C'est juste.
On peut savoir sur quels arguments repose le rejet de l'étymologie transparente du mot πάνθηρ ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 12:00 |
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Je n'en sais rien. Le α long de πάν est bref dans πάνθηρ mais on sait que le premier est en fait secondaire (allongement des monosyllabes). Il n'y aurait donc pas trop d'obstacle mais je reconnais que ça fait un peu bizarre d'accoler πάν à un substantif.
Peut-être que Ion, bien meilleur que moi en grammaire grecque, serait plus à même de répondre sur ce problème de composition nominale … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 12:23 |
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Peut-être faut-il comprendre πάν comme un adjectif signifiant "complet, parfait, achevé". Ces félins sont de beaux animaux... "Tiger, tiger, burning bright..." comme nous le rappelle Gilou dans le fil tigre. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 12:53 |
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Outis a écrit: | ça fait un peu bizarre d'accoler πάν à un substantif |
Les néologismes à base de racines grecques Pangée et Panthalassa sont donc aberrants au regard de la composition nominale en grec classique ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 18:13 |
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L'accentuation πάνθηρ sur le premier membre trahirait en principe un bahuvrīhi (composé possessif): « qui a une bête féroce entière » si ça veut dire quelque chose …
Quant à Pangée (qui n'est pas un mot du grec ancien), les Grecs d'aujourd'hui l'appellent Παγγαία avec une accentuation normale de tatpuruṣa : dont la terre est entière.
Mais l'accentuation grecque est pour moi une chose difficile. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 07 Jul 19, 19:09 |
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Je lis chez Chantraine : "Finalement pan- fonctionne comme un préfixe superlatif". Alors, une "très féroce" panthère ? "La plus féroce des bêtes sauvages" ?
La frontière entre le nom et l'adjectif est ténue. Peut-être l'élément -thêr est-il dans ce mot plus proche de l'adjectif que du nom...
Curieusement, le latin ferus n'avait pas de comparatif ni de superlatif propres. Ce trou lexical était compensé par ceux de ferox.
Et s'il y avait tout bonnement le dieu Pan dans pánthêr ? Celui qui effrayait au point d'inspirer une peur panique ? |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 28 Jul 19, 12:00 |
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Peu vraisemblable. |
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