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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11178 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 14 Aug 20, 9:49 |
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NB : À partir d’ici, rien n’est sûr. On ne peut faire que des hypothèses. Je ne m’en priverai pas.
3. Que faire des formes en gor- ou gour-
– provençale gouro (gueule) v. goulo (Félibrige). Voilà qui est on ne peut plus clair !
– française goret
« Malgré le hiatus chronologique, diminutif de l'ancien français gore « truie » [...] lui-même formé sur la racine gorr- d'origine onomatopéique, imitant le grognement du porc. » (TLF).
Oui, pourquoi pas... Alors le groin aussi. Mais si nous avons inclus plus haut ces crieurs que sont la grue et le crow anglais, pourquoi pas la gore et son goret, grogneurs certes, mais aussi gros mangeurs ?
Que dit Pierre Guiraud de goret ? « D'après le normand gourer "se gorger de nourriture" qui représente le latin vorare "dévorer". Voir, de même, gode "truie", godot "petit cochon", d'après goder "se gorger de nourriture". » Guiraud s'appuie donc
- sur l'existence des variantes gor- / gour-, etc.
- sur un parallélisme sémantique cochon // dévorer repérable ailleurs.
Nous avons cherché un doublet *voret alors que nous disposions de verrat. Problème : verrat n’est supposé être ni issu de *gʷerə-, ni d’origine onomatopéique. Dommage mais curieux, tout de même...
– fr. argotique gourer (tromper)
Ancien français gorrer.
TLF : “Probable dérivé du radical gorr-, v. aussi goret, le verbe signifiant probablement à l'origine « agir comme un porc − c'est-à-dire d'une manière sale et méprisable − ».
Pierre Guiraud : le normand gourer signifie "se gorger de nourriture".
Godefroy : en moyen français, goure "femme de mauvaise vie".
Tout semble confirmer une filiation gorr- > goret > gourer.
Il reste à rattacher le radical gorr- à la racine *gʷerə-, mais par quel étymon latin ?
Le DELL reconnaît l’existence de mots à gr- initial désignant des bruits ou des animaux désignés par leurs cris. Nous avons vu grūs (grue). Il y en a d’autres.
- espagnoles gorra, gorrón (Voir le fil gorra).
4. Que faire des formes françaises en gourm- : gourmer, gourmade, gourmet, gourmand, gourmander, gourmette ?
Voir le fil gourmet, gourmand. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 891 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 15 Aug 20, 9:12 |
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A tout hasard, je signale le proto-slave *gъrdlo (r. mod. горло, "gorge"), que Derksen fait remonter à *gʷerH3-tlom. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11178 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 15 Aug 20, 10:50 |
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Il n'a pas été oublié : il est en 2.4. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 15 Aug 20, 11:50 |
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J'avais commencé à supprimer les trois derniers messages, comme demandé par Cligès, mais à la réflexion son message apporte une information supplémentaire : la reconstitution avec les laryngales. |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Saturday 15 Aug 20, 13:43 |
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Papou JC a écrit: |
2.1. Branche latine
– issu de *gʷerə- : vorare, vorax > fr. dévorer, vorace, -vore
– issu de *ger- : gurges > fr. gorge, ingurgiter ; formations populaires à géminées expressives : gurgulō, grugulō, gurguriō (crier, glousser), gurguliō (gosier, œsophage), gurgustium (mauvaise auberge, gargote), *gargala (trachée artère)
– issu de *gr- : grāmen (nourriture des herbivores), grūmus (gosier), grūs (grue)
NB : il convient de prendre en compte les deux fonctions de la gorge ou de la gueule, leur fonction ingestive et leur fonction vocale (cf. fr. gueuler et dégeuler) |
Ça y est, la théorie du gargarisme a atteint le stade final que j'avais prédit il y a deux ans : tu prends juste des mots qui commencent par gr- dans les dictionnaires latins sans plus de recul critique. La seule branche latine regroupe quatre racines différentes :
- *gʷorh₃-o > uorō, *gʷr[h₃]-gʷ[rh₃]-et- > gurges. Ce dernier ne peut s'analyser comme provenant d'un racine *gr, le trait bilabial est toujours présent sous la forme du -u-.
- *ǵʰrh₁-(s-)mn > grāmen, cognat probable de l'anglais grass "herbe", lui-même refait sur le verbe to grow "croître" < *ǵʰroh₁-ie/o-.
- *h₂ǵr-ōm-o- > grūmus. N'oublions pas que comme le signale le DELL, le seul grūmus correctement attesté en latin a le sens de "tertre". Le sens de "gosier" (< "pomme d'Adam" ?) est déduit du roman.
- *gérh₂-ōu-s > grūs |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11178 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 15 Aug 20, 15:30 |
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Jeannotin a écrit: | ... tu prends juste des mots qui commencent par gr- dans les dictionnaires latins sans plus de recul critique. |
Non, pour ce travail, le DELL et rien d'autre.
Jeannotin a écrit: | La seule branche latine regroupe quatre racines différentes :
- *gʷorh₃-o > uorō, *gʷr[h₃]-gʷ[rh₃]-et- > gurges. Ce dernier ne peut s'analyser comme provenant d'un racine *gr, le trait bilabial est toujours présent sous la forme du -u-. |
Il est dans la bonne ligne mais le titre est mauvais. Je vais remplacer – issu de *ger- par - formations populaires à géminées expressives, et mettre ensuite gurges, gurgulō, etc.
Tu es d'accord ?
Jeannotin a écrit: | - *ǵʰrh₁-(s-)mn > grāmen, cognat probable de l'anglais grass "herbe", lui-même refait sur le verbe to grow "croître" < *ǵʰroh₁-ie/o-. |
Voir le DELL, grāmen. Tu y liras que les auteurs ne sont pas de ton avis.
Je comptais parler de grass, grow et groom dans un autre fil.
Jeannotin a écrit: | - *h₂ǵr-ōm-o- > grūmus. N'oublions pas que comme le signale le DELL, le seul grūmus correctement attesté en latin a le sens de "tertre". Le sens de "gosier" (< "pomme d'Adam" ?) est déduit du roman. |
Bon, OK, j'enlève grūmus. Mais alors, ces formes romanes, elles sont tombées du ciel ?
Jeannotin a écrit: | - *gérh₂-ōu-s > grūs |
Le DELL dit partout : un des mots en gr- indiquant des bruits. J'aurais pu en mettre d'autres. Je me suis contenté de la grue comme exemple. Il n'est plus question ici de racine aussi formelle avec tout le tralala des laryngales numérotées. Les mots désignant ces bruits et ces animaux crieurs sont de source onomatopéique, au même titre que ce gargarisme qui t'irrite tant la gorge, et basta. Si tu n'entends pas cette évidence, laissons tomber. Tu me rappelles Martinet construisant son usine à gaz pour lingua - *dngʰweh₂ ! - alors qu'il avait la bouche pleine de LG et de GL... |
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