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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 13:18 |
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Mais il faut noter malgré tout que le nom gibier semble plus affecté à la chasse au vol qu'à la chasse à courre. Dans un passage du Menagier (XIIIème), il est question de l'aloe de gibier, par exemple, c'est à dire de l'alouette en une saison où elle est bonne à chasser (pas à courre, ce me semble !).
Cet extrait du Quadrilogue invectif, d'Alain Chartier (Droz/Champion), bien que tardif (1422) distingue encore bien les deux chasses, et affecte clairement le gibier à la chasse au vol :
Et telz y a qui jour et nuit sont par les bois et par les champs a chacier les bestes et au gibier des oiseaulx. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 13:26 |
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Peut-être ne faudrait-il pas négliger une tout autre hypothèse, à laquelle personne ne semble avoir pensé, sauf Mistral qui fait dériver les diverses formes provençales désignant le gibier de cibarium, dérivé de cibus "nourriture". Qu'en pensez-vous ?
La chasse au vol ? J'ai lu quelque part que les chasseurs attendent généralement qu'un oiseau soit posé et immobile avant de lui décocher une flèche ou une balle. C'est quand même moins difficile. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 13:54 |
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C'est au contraire beaucoup plus facile avec un oiseau de proie bien dressé. C'est une chasse que l'on confiait d'ailleurs volontiers aux dames, qui ne maniaient pas les armes.
Et pour tirer une flèche sur une alouette, même posée, il faut plutôt être bon !!!
Maintenant, je ne suis pas spécialiste de vénerie, et je fréquente principalement les textes littéraires, qui ne sont pas toujours la meilleure source pour les disciplines techniques, et dont le but premier n'est jamais de reproduire la réalité, comme vous le savez sûrement.
D'après Fouché, le suffixe -ier se serait substitué à une finale -iez (gibiez < *gibiets < *gabaiti). Je ne trouve aucune occurrence de ce mot.
Si on fait dériver le mot de cibarium, il faut expliquer le g- initial (cf. ciborium > civoire (mod. ciboire)). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 14:08 |
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- Le c et le g alternent souvent dès le latin, a fortiori dans les emprunts : calb- = galb-, camba = gamba, cattus = gattus, etc.
- ciboire vient du grec, aucun rapport.
Pour la chasse au faucon, et pour l'hypothèse de Fouché, voyez ce que je dis sous giblets. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 15:20 |
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Même s'il dérive du grec, ciborium est bien un mot latin ; presque aucun mot "français" ancien ne dérive directement du grec par dérivation populaire.
Mais entre chasse, jambe et nourriture, on ne peut guère être sûr. Pourquoi refusez-vous l'étymologie germanique ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 16:12 |
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Je ne conteste pas une origine germanique, puisque j'ai, par précaution, utilisé le mot "nordique". Ce que je conteste c'est le choix de Fouché. Cette histoire de morsure ne tient pas. Il vaut mieux tenir le plus grand compte de regiber.
Mais je reconnais que l'hypothèse de Mistral est troublante. Il est curieux que le latinophile Guiraud ne s'y soit pas intéressé.
Il pourrait en effet y avoir des mots français en gib- "d'origine germanique" (Etymonline) comme regiber, et d'autres d'origine latine comme gibier. Ce ne serait pas une grande première.
Le gib- germanique serait l'étymon des mots anglais gib et jib, d'origine inconnue, et du français gibet, mots qui désignent des pièces fourchues ou articulées comme le sont les jambes.
Cf. TLF (origine de gibet ) : Prob. dimin. de l'a. b. frq. *gibb « bâton fourchu »; cf. l'angl. gib « bâton recourbé » et le bavarois gippel « branche fourchue ». J'ajouterais volontiers notre familier guibole.
Les premiers gibets, c'était des "fourches patibulaires". En espagnol, "pendre (qqn)" se dit encore ahorcar, de horca "fourche". Le système a changé mais le mot est resté.
À noter aussi les deux homonymes gibelet du moyen français, l'un désignant un plat de cuisine (cf. gibelotte) et l'autre la cheville.
Il faudra que qqn parle un jour de la progéniture espagnole du latin cibus. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 18:46 |
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L'ide de morsure est accessoire.
En fait, je ne sais plus trop ce qu'on cherche ici. Pouvez-vous "recadrer" ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 18:55 |
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C'est très facile, voyez le sujet : on cherche l'origine du mot gibier.
Il y a au moins trois hypothèses en présence :
1. Celle qui fait remonter le mot à l'a. b. frq. *gabaiti « chasse au faucon ». C'est la doxa.
2. Celle qui le rapproche d'autres mots en gib- où il est question de jambes, de cuisses, de fourches et de courses.
3. Celle qui en fait un dérivé du latin cibus "nourriture". (Mistral). |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Sunday 14 Mar 21, 19:29 |
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Ah ! d'accord ; vous savez, je prends le train en marche.
Pour cĭbus, c'est difficile phonétiquement ; d'une part le ĭ prend le timbre ẹ, d'autre part, en français comme en espagnol, le k- initial devant -i- ou -e- subit une assibilation qui le conduit à [s] en français et à [θ] en espagnol (cibum > cebo).
Pour gamba, c'est un peu hasardeux également ; passons sur le a > i initial, mais comment expliquer la dénasalisation ?
Il doit y avoir toute une série de racines homonymique entre lesquels il est difficile de trancher.
Je m'en tiens à la "doxa" avec un *gabaiti évidemment taillé sur mesure, mais qui ne tombe tout de même pas des nues.
Et c'est drôle, on évoquait la morsure, et vous sembliez douter qu'on fît mordre les chevaux ; pourtant :
Esfreé an sont li cheval
qui s'an vont a mont et a val ;
li uns regibe, l'autres mort.
Charrete, 7039-41, Champion.
(Ce n'est pas un argument, c'est juste par gab) ! |
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