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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 21 May 11, 18:20 |
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La manticore nous est d'abord connue par Ctésias (géographe ionien du Ve siècle avant notre ère) dont l'œuvre est perdue mais dont quelques extraits nous ont été conservés par l'érudit byzantin Photios :
Ctésias, selon le résumé de Photios (Bibliothèque, 72.7), a écrit: | La martichore est un animal de l'Inde, qui a la face de l'homme, la grandeur du lion et la peau rouge comme le cinabre. Elle a trois rangées de demis, les oreilles semblables à celles de l'homme, et les yeux d'un bleu tirant sur le vert comme l'homme; sa queue ressemble à celle du scorpion de terre. Cette queue renferme un aiguillon qui a plus d'une coudée de longueur ; il est à l'extrémité de la queue, tel que celui du scorpion. Mais indépendamment de celle aiguillon, il en a encore d'autres de chaque côté de sa queue. Si on s'approche de la martichore, elle frappe de son aiguillon. Celui qui en est percé meurt sans pouvoir l'éviter. Si on l'attaque de loin, elle dresse en devant sa queue et lance son aiguillon, tel qu'une flèche qu'un arc fait partir. Si on l'attaque par derrière, elle lance son aiguillon en ligne directe environ à la distance d'un plèthre. Tout animal qu'elle frappe meurt, excepté l'éléphant. La longueur de ce trait est d'environ un pied ; sa grosseur celle du plus petit jonc. Le nom de martichore signifie en grec anthropophage (μαρτιχόρα δὲ ἑλληνιστὶ ἀνθρωποφάγον). En effet, si elle dévore des animaux, elle dévore un plus grand nombre d'hommes. Elle combat avec ses ongles et avec ses aiguillons : ceux-ci renaissent, ajoute Ctésias, après avoir été lancés. Ces animaux sont en grand nombre dans l'Inde. On les chasse monté sur des éléphants, et du haut de ces éléphants on leur lance des dards, ou on leur tire des flèches. |
Mais la source principale par laquelle l'animal nous est connu (via Pline et les auteurs médiévaux) reste Aristote :
Aristote (Histoire des animaux, II, 1) a écrit: | Aucune de ces deux espèces n'a une double rangée de dents. Cependant, à en croire Ctésias, il y en aurait une; car il prétend que, dans les Indes, il y a un animal sauvage, nommé Marti-chore (μαρτιχόραν), pourvu de trois rangées de dents aux deux mâchoires. Il est à peu près de la grosseur du lion ; il est aussi velu, et ses pieds sont semblables. Il a un visage et des oreilles dans le genre de l'homme; ses yeux sont bleus, et sa couleur est d'un rouge de cinabre ; sa queue est comme celle du scorpion de terre; elle a un aiguillon, et il lance, assure-t-on, des pointes comme des flèches. Il a une sorte de voix qui tient de la flûte et de la trompette. Sa course est rapide au moins autant que celle des cerfs ; il est féroce, et il dévore les hommes. |
Et c'est ainsi que les bestiaires médiévaux se sont régalés de cet animal fantastique ! Plutôt sous la forme « manticore » par suite d'une dissimilation rt-r > nt-r.
Et pourtant, au deuxième siècle de notre ère, Pausanias avait déjà des idées claires et raisonnables sur les dires de Ctésias :
Pausanias (IX.21.4) a écrit: | L'animal sauvage décrit par Ctésias dans ses Récits Indiens et qu'il dit être nommé « martichoras » (μαρτιχόρα) par les Indiens et « mangeur d'homme » (ἀνδροφάγον) par les Grecs, j'ai tendance à penser qu'il est le tigre. Et qu'il ait trois rangées de dents sur chaque mâchoire et des piquants au bout de la queue avec lesquels il se défend au corps à corps tandis qu'il les lance comme des flèches d'archer sur des ennemis plus éloignés, tout ceci, je crois n'est que fables que les Indiens colportent en raison de leur grand peur de la bête. |
Il est donc fort peu probable, n'en déplaise à Wikipédia, que cet animal qui est très probablement un brave et simple tigre, soit issu de la « mythologie perse » sur laquelle on ne sait d'ailleurs pas grand chose. Les auteurs grecs sont clairs, μαρτιχόρας se traduit en grec ἀνδροφάγος. Quant à la langue d'origine, il est bon de rappeler que pour les anciens l'Inde connue ne dépassait guère le cours de l'Indus et que c'est ce fleuve qui faisait plus ou moins la limite entre les branches iranienne (à l'ouest) et indienne (à l'est) de l'indo-iranien.
On ne doit donc guère s'attendre à trouver des termes ressemblant aux « mangeurs d'hommes » du sanskrit, ni l'ordinaire mānuṣāda, ni janāśana qui est plutôt le loup, ni narāśa ou puruṣāśin qui sont des rakṣasas (démons). Pour vérifier ce disaient les Grecs, il vaut mieux se tourner vers les langues iraniennes et, de fait, assez de correspondances ont été trouvées :
— vieux-perse martiya- « homme » ;
— avestique xᵛar- « dévorer » ;
— persan mardom-xār « qui mange les hommes ». |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1896 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Saturday 21 May 11, 19:13 |
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En Wallonie existent quelques personnages imaginaires, dont les nutons , nains très sympas, qui boulottent pour vous la nuit et les macrales, sorcières qui cachent vos objets en votre absence (y a ine macrale!), à tel point que vous êtes obligés de prier St Antoine. Souvent ça marche. (Elles sont responsables de bien d'autres maux, tels que la venue de l'hiver).
Citation: | Kimander ås nûtons, ås macrales et ås loumrotes et n' nén saveur kimander s' cour, fåt ddja assoti. (Anatole Marchal) | Commander aux nutons et aux macrales et ne pouvoir commander à son coeur, il faut "vraiment être endiablé".
Tiré de la toile (et plus dramatique sur ces désignées "sorcières", responsables de tous nos maux: Citation: | Le village de Haccourt est reconnu comme "payis des macrales". Au XVIe siècle, des sorcières de la région furent condamnées et brûlées vives sur les Hautes terres de Froidmont entre Haccourt et Houtain.
Pendant des siècles, l’instinct de conservation fut inhibé par la terreur ou canalisé par les croyances qui ne seront que tardivement désavouées et, pour apaiser la colère du peuple, il fallait trouver des responsables, des coupables, afin d’orienter la colère divine sur des individus marginaux, rejetés par les autres à cause de leur différence. Ce fut la porte ouverte à toutes les injustices, vengeances et cruautés possibles.
La répression des MACRALES débuta en fait avec la chasse aux hérétiques au XIIIe siècle et un amalgame se fit entre hérésie et sorcellerie. Le dernier procès de sorcellerie à Haccourt eut lieu en 1731. Basé sur des faits réels, des traditions séculaires, et des croyances surnaturelles, "LES MACRALES DI HACOU" groupe folklorique, fut créé en 1972. La tradition étant toujours bien vivante en Basse-Meuse Liégeoise, le surnaturel et le pouvoir maléfique restent présents dans ce lieu de légendes. | On ne peut s'empêcher de penser aux "animaux malades de la peste" et, personnellement, au lieu-dit "el gote, Mayon", à deux cents mètres de ma maison natale, où la sorcière Mayon fut jadis pendue et "versait" goutte à goutte...De la réalité à la fiction...
Dernière édition par dawance le Saturday 21 May 11, 20:35; édité 1 fois |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Saturday 21 May 11, 20:24 |
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En Lorraine, on appelle ces lutins les sotrés. Ils font le ménage la nuit, s'occupent des chevaux mais gare si on les surprend, ils peuvent mettre alors mettre toute la pièce en désordre. Ils peuvent aussi dormir sur les personnes (pour ma part, c'est plutôt mon chat qui fait ça !) et pour éviter cela, on doit se mettre les bras en croix au moment de s'endormir. Il peut prendre également la forme d'un tourbillon de vent dispersant et entraînant feuilles, brindilles, paille, foin. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 21 May 11, 20:38 |
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Dans une grande partie du sud de la France, on faisait peur aux enfants, en évoquant une créature maléfique qui viendrait les emporter. C'était le babaou , variante méridionale du croquemitaine.
En Gascogne et dans tout le Sud-Ouest, c'était la came-cruse ( avec diverses variantes dialectales: came-crude, camo- cruso,camba- crusa, cambo-cruso à Toulouse)
Et dans les contrées septentrionales de notre pays, l'être imaginaire dangereux était la vouivre ( dragon ou serpent, selon les régions.) Marcel Aymé en a fait le titre d'un de ses récits et le parler franc-comtois l'utilise pour serpent , comme l'ancien- français parlait de guivre.
Dernière édition par rejsl le Wednesday 30 May 12, 17:51; édité 1 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 30 Jan 12, 20:00 |
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En ancien français :
- biclarel (orig. conject.) : loup-garou
(Grand Dictionnaire Larousse d'ancien français) |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Monday 30 Jan 12, 21:13 |
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Biclarel semble être une variante de Bisclavret, héros loup-garou d'un lai de Marie de France. L'auteur y affirme que le nom est breton et donc beaucoup recherchent l'origine dans cette langue. Par exemple, Gaston Paris a proposé bleiz lavaret, loup parlant. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 31 Jan 12, 10:22 |
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En ancien français :
luiton / nuiton
- lutin, esprit malin qui hantait les hommes pendant la nuit
= probablement : altération de netun, de Neptunus, dieu de la Mer
Dictionnaire Larousse d'ancien français
Lire le Fil Références d'origine antique / mythologique . |
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rorozuna
Inscrit le: 14 Mar 2007 Messages: 105 Lieu: ROUEN
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écrit le Tuesday 31 Jan 12, 16:44 |
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La cocatrix, coquatrix, caucatrix ou cocatrice est un animal fabuleux et imaginaire, qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq (source wikipedia). Le mot est devenu sous les formes cocatrix ou coquatrix un nom de famille répandu en Seine-Maritime et dans le Pas-de-Calais. Personnellement, j'ai des ancêtres qui portent ce nom. |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Thursday 02 Feb 12, 23:09 |
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dawance a écrit: | En Wallonie existent quelques personnages imaginaires, dont les nutons , nains très sympas, qui boulottent pour vous la nuit […] |
PatoisantLorrain a écrit: | En Lorraine, on appelle ces lutins les sotrés. […] |
Le mot sotê existe aussi en wallon (de Liège et d'Ardenne), avec une orthographe fluctuante.
Cf. la bande dessinée de Mittéï, d'après le conte en wallon de Jean Bosly : Zanzan Sabots-d' Ôr å Payis dès Sotês (Zanzan Sabots-d'or au pays des sotês), ou les lieux-dits : la Roche des massotês (les mauvais nutons) ou divers Trou de(s) sotai(s) (grottes, chantoirs ou abris sous roche).
• Li Trô d'Sotai de Juslenville
• Celui de Solwaster
• Pour quelques références bibliographiques…
L'odeur puante de leurs forges sulfureuses a aussi donné leur nom à un fromage wallon.
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 19 Mar 12, 12:10 |
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pygmée [ TLFi ]
− ANTIQ. Individu appartenant à une population légendaire de très petite taille localisée aux sources du Nil ou en Éthiopie
− ETHNOL. Individu appartenant à certaines populations naines d'Afrique centrale et méridionale ou d'Insulinde
− P. ext. Individu de très petite taille
− P. anal. Individu insignifiant, sans talent ou sans crédit
Lire le Fil Ethnonymes détournés du sens premier. |
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Tjeri
Inscrit le: 13 Sep 2006 Messages: 996
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écrit le Thursday 22 Mar 12, 18:03 |
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Les "kappa" 河童 ( かっぱ ) sont des sortes de tortues anthropomorphes, de la taille d'un enfant, qui vivent dans les rivières du Japon. Ils ont la fâcheuse manie de jouer des tours aux humains, de l'innocent pet lâché à leur passage au scélérat viol de jeunes filles.
Ils ont au sommet de la tête une sorte de dépression, qui doit absolument rester pleine d'eau quand ils sortent de leur rivière, sinon ils sont immobilisés et sans défense.
Leur légende trouverait son origine dans la salamandre géante japonaise Andrias japonicus |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 28 Mar 12, 9:33 |
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panique
- du grec πανικός (panikos) de Pan, Dieu des troupeaux
Il poursuivait amoureusement les bergers et bergères mais lorsqu’il surgit dans sa terrible laideur tous fuient en proie à une terrible frayeur, une panique.
Lire le MDJ panique. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 10 Apr 12, 11:09 |
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Rejsl a écrit: | C'était le babaou , variante méridionale du croquemitaine. |
- croque-mitaine [ TLFi ]
Composé de la forme verbale croque (croquer) et d'un 2e terme d'orig. incertaine.
Il pourrait s'agir d'une composition comparable à grippeminaud, où mitaine désignerait alors le chat, compagnon du diable à qui l'on enjoindrait de manger les enfants (Guir. Étymol., pp. 30-31);
Ph. A. Becker rapproche le second terme de mitaine au sens de « gifle, injure », attesté en m. fr. : (Happe ces mittaines « reçois cette gifle », croque, croque, mon amy ceste mitaine « reçois cette injure »; Sotties des sots triumphans, III, 145 et Farce du pouvre Jouhan, VII, 369, éd. E. Droz, Le recueil Trepperel, 1935), [cf. FEW t. 6, 2, p. 177 b], le syntagme ayant été ensuite lexicalisé et utilisé en raison de son expressivité. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 10 Apr 12, 11:56 |
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Le babaou, on en a parlé ICI. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 07 Sep 12, 10:58 |
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djinn
- [dans le Coran et les légendes musulmanes]
être intelligent, généralement malfaisant, créé de feu, entre l'homme et l'ange, qui peut apparaître sous différentes formes
Lire le MDJ djinn.
Citation d'U Pistùn dans le Fil "La fée Carabosse" :
U Pistùn a écrit: | Cavra bèsüla, caura bèsüla, caurabésül, cavra bèzol est le nom avec le quel est appellée en Valtellina (Lombardie) une bȇte fabouleuse, une chèvre (caura/cavra) nocturne qui émet un cri terrible, le besül, ou une sorcière en guise de huppe). Je me demande si le cara aussi de carabosse peut-il signifier chèvre. La chèvre, ou le bouc, sont souvent associés au diable et aux sorcières. |
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