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Picardicus
Inscrit le: 08 Oct 2010 Messages: 98
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écrit le Monday 28 Mar 16, 21:16 |
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Maisse Arsouye a écrit: | Les habitants décidèrent donc de ce cacher ( "s'mucher" en picard ) et ils creusèrent ces dédales souterrains. |
Dans la Somme on prononcerait plutôt s'mucheu, le son eu étant presque celui de je ou le. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 28 Mar 16, 21:33 |
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Maisse Arsouye a écrit: | Une muche, c'est une cachette. Par extension, ce terme désigne des villages souterrains creusés dans le sous-sol picard. Ces grottes artificielles peuvent atteindre des dimensions spectaculaires et ressembler à de véritables villages souterrains. La plupart du temps, elles sont creusées dans des roches tendres, essentiellement de la craie. Elles profitent souvent de la présence de couches plus dures pour en faire des plafonds ou des planchers naturels.
La fonction de ces muches était essentiellement défensive. La Picardie fut souvent traversées par des armées qui rançonnaient les populations locales. Les habitants décidèrent donc de ce cacher ( "s'mucher" en picard ) et ils creusèrent ces dédales souterrains.
Toute l'architecture intérieure et l'interface avec l'extérieure est concue pour la défense et/ou le camouflage. A Naours, que j'ai eu l'occasion de visiter, toutes les cheminées des muches convergent vers la maison du meunier, ce dernier étant plus ou moins protégé par sa profession. De cette façon, les fumées ne pouvaient trahir les habitants "muchés". De plus, les galeries forment forment un éventail depuis l'entrée. Elles sont en pentes descendante et vont en se rétrecissant. De cette manière, une troupe d'assaillant seraient emportées par son élan et dispersée avant de se retrouver coincée dans de petits couloirs étroits. |
Cette description est très exactement celle des villes souterraines qu'on peut visiter en Cappadoce. Très impressionnant, en effet. Il faut très vite que je me programme une excursion à Naours. |
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Picardicus
Inscrit le: 08 Oct 2010 Messages: 98
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écrit le Monday 28 Mar 16, 21:48 |
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Outis a écrit:
- À ces époques protohistoriques, les langues étaient depuis longtemps totalement développées et présentaient toute la richesse et la précision des langues actuelles …
J'ai même lu sur internet qu'elles étaient certainement beaucoup plus complexes que les langues actuelles, qui vont toujours en se simplifiant.
Comparons les langues dites mortes aux langues modernes qui en sont issues, par exemple l'italien ou le français au latin, le latin à l'indo-européen... Ou l'anglais au germanique. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 17 Jan 17, 17:28 |
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TLF cité par Outis a écrit: | D'un gaul. *mukyare «cacher», formé sur un rad. de base mûc- d'orig. celt. |
Pierre Gastal (Nos racines celtiques) nous donne le gaulois mussiar "cacher".
Variantes graphiques en ancien français : mucier / musser > muce / musse (cachette, lieu secret).
Je ne reprends pas tout ce qui a déjà été dit, mais je crois que personne n'a parlé du mouchard, personne qui espionne de façon dissimulée. (Même origine pour Pierre Guiraud. Cependant, pour le TLF, mouchard est dérivé de mouche.)
Le patronyme Musset du cher Alfred en serait issu. Surnom d'un homme qui agit en cachette.
Cognats : vieil irlandais muchaim (je cache), irlandais moderne much (cacher) ; occitan, auvergnat mussà (cacher).
Toponymes de Pégorier : muche cachette (Normandie, Picardie) ; musse trou, passage, cachette (Berry, Anjou, Limousin).
Nombreux dérivés en muc- (et nombreuses variantes) en ancien français (Voir Godefroy).
Dernière édition par Papou JC le Wednesday 18 Jan 17, 20:01; édité 5 fois |
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Buidheag
Inscrit le: 13 Jun 2016 Messages: 94 Lieu: Dùn Èideann
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écrit le Tuesday 17 Jan 17, 18:31 |
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Je suis d’Amiens et j’ai grandi à Villers-Bocage. C’est chez moi tout ça!
Pas le temps maintenant, mais il va falloir que je vous donne les multiples occurrences que René Debrie donne dans son Lexique picard des parlers ouest-amiénois (Université de Picardie, 1975). À moins que quelqu’un ne les ait sous la main?
Un avant-goût : muche (n.f.) cachette, expression « ale muche tin po », en cachette. cf. « kamucho ».
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 17 Jan 17, 19:04 |
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jacklouis a écrit: | Je croirais donc que ce mot "musse" serait venu du latin "mus, muris", rat, souris. |
Il n'y aurait rien de surprenant, en effet. J'ai d'ailleurs relu tout le fil à la recherche d'un obstacle à cette filiation et n'en ai pas vraiment trouvé.
Si le nom indo-européen de la souris a engendré celui du muscle, du musc et de la moule, je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas aussi et a fortiori engendré celui de la musse. Certes le petit animal est un rongeur et un prédateur mais ce qui saute d'abord aux yeux c'est sa capacité à se cacher n'importe où, à fuir et disparaître par n'importe quelle fente ou trou.
J'ai relevé en arabe les parallélismes sémantiques suivants :
فأر fa'r rat, souris // فأر fa'ara creuser la terre, enterrer, cacher qqch // فأرة fa'ra odeur forte de musc
ركن rakn rat, souris // ركن rakana se réfugier chez qqn
Voir aussi mygale et musaraigne.
Voir aussi muscle. |
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