PEDÈRVET
KENTÉL
[pədeʁvə
tʃɛnˈtel]
LEÇON
4
En
hanùeu-goañn [ən
ɑ̃nəɥ gwɑ̃ːn]
Les
adjectifs (qualificatifs)
En
breton, les adjectifs ne s'accordent pas en genre et en nombre comme en
français. Cependant, certains adjectifs voient leur consonne initiale muter
(mutation adoucissante) après les noms féminins et certains noms masculins
pluriel de personnes.
Ex:
ur vam vat [yʁ vam vɑːt], une
bonne mère (ur + mam + mat)
tud vat [tyd ˈvɑːt], de bonnes
gens (tud + mat)
mais
le plus souvent, on n'observe aucun changement:
ur hi mat [yʁ hi ˈmɑːt], un
bon chien (ur + ki + mat)
Presque tous les adjectifs épithètes se placent après le nom qu'ils
qualifient.
Comparatif
de supériorité ("je suis plus grand que lui")
On
ajoute à l'adjectif le suffixe -oh [ɔχ], qui durcit la consonne finale de
l'adjectif.
Grand
= bras [bʁɑːs]> plus grand = brasoh.[bʁɑsɔχ]
Petit
= bihan [biɑ̃n]> plus petit =
bihanoh.[biɑ̃nɔχ]
Il
existe quelques adjectifs dont le comparatif est irrégulier:
bon,
bien = mat [mɑːt]> meilleur, mieux = guèl.[dʒɥɛl]
mauvais
= fal [fal] > plus mauvais, pire = goah
[gwaχ](mais on peut aussi dire falloh [falɔχ], la forme régulière)
Le
complément du comparatif est introduit par aveit [avɛjt] ou sa forme brève eit [ɛjt]
Ex:
Je suis plus grand que mon père, me zou brasoh (av)eit ma zad. [mə zu bʁɑsɔh ɛj mə
zɑːt]
Naturellement,
comme (av)eit est une préposition, quand le complément du comparatif
est un pronom personnel, on utilise la forme "conjuguée" de (av)eit:
aveidonn, aveidous, aveitou, aveiti, aveidomb, aveidoh, aveitè [avɛjdɔn, avɛjdus, avɛjtu,
avɛjti, avɛjdɔm, avɛjdɔχ, avɛjtɛ]
/
eidonn, eidous, eitou, etc (il suffit d'ôter le av- des formes de aveit).
Ex:
Je suis plus grand que lui, me zou brasoh (av)eitou. [mə zu bʁɑsɔh ɛjtu]
Sa
soeur est plus belle qu'elle, hé hoér zou braùoh (av)eiti. [i hweːʁ zu bʁɑɥɔh
ɛjti]
Comparatif d'égalité ("je suis aussi grand que lui")
On utilise une structure très différente, avec ken/ker [kən][kəʁ] + adjectif + èl
[ɛl]+ complément. On utilise ken
quand l'adjectif commence par d, n, t, une voyelle ou un h
muet; ker dans tous les autres cas. Dans certaines régions du
Morbihan, on utilise ken dans tous les cas, et jamais ker.
Ex:
Je suis aussi grand que mon père, me zou ker bras èl me zad. [mə zu kəʁ bʁɑːz ɛl
mə zɑːt]
La
maison est aussi haute que l'arbre, en ti zou ken ihuél èl er huéen.
[ən ti zu kən iɥeːl ɛl
əʁ ɥeɛn]
On
"conjugue" encore èl quand le complément est un pronom
personnel.
Ex:
Je suis aussi grand que lui, me zou ker bras èltou. [mə zu kəʁ bʁɑːz
ɛltu]
Sa
soeur est aussi belle qu'elle, hé hoér zou ker braù èlti. [i hweːʁ zu kəʁ
bʁɑːɥ ɛlti]
Comparatif d'infériorité ("je suis moins grand que lui")
Il n'existe pas de forme spécifique en breton pour exprimer cela. On est
donc obligé d'utiliser l'adjectif de sens opposé (moins grand = plus petit),
ou le comparatif de supériorité dans une forme négative ("pas
plus grand que") ou le comparatif d'égalité dans sa forme
négative également ("pas aussi grand que").
Ex:
" Je suis moins grand que mon père" se dira en breton:
me
zou bihanoh eit me zad [mə zu biɑ̃nɔh ɛj mə
zɑːt] (=je suis plus petit que mon père)
nen
don ket brasoh eit me zad [nən dɔ̃ tʃə
bʁɑsɔh ɛj mə zɑːt] (=je ne suis
pas plus grand que mon père)
nen
don ket ker bras èl me zad [nən dɔ̃ tʃə kəʁ
bʁɑːz ɛl mə zɑːt] (=je ne suis
pas aussi grand que mon père)
Superlatif
("le plus grand")
On le forme en ajoutant le suffixe -an [ɑ̃] à l'adjectif. Il durcit la
consonne finale des adjectifs.
Ex:
grand = bras > (le) plus grand = (er) brasan.[bʁɑsɑ̃]
L'homme
le plus vieux = en dén kohan [kuhɑ̃] (<koh [kuχ]).
Il existe là encore quelques adjectifs irréguliers, les mêmes que ceux
qui sont irréguliers au comparatif:
Bon,
bien = mat > le meilleur, le mieux = er guellan [əʁ dʒɥɛlɑ̃]
Mauvais = fal > le pire, le plus mauvais =
er goahan. [əʁ gwahɑ̃](on peut dire
aussi fallan [falɑ̃])
Le complément du superlatif est introduit par la préposition a [a] (ag devant voyelle, généralement).
Ex:
Le plus vieil homme du monde, en dén kohan ag er bed. [ən deːn kuhɑ̃ ag əʁ
bət]
Le
plus jeune des enfants, er iouankan ag er vugalé. [əʁ jyɑ̃ŋkɑ̃ ag
əʁ vygale]
A(g)
se "conjugue" quand le complément est un pronom personnel: ahanonn,
ahanous, anehou, anehi, ahanomb, ahanoh, anehè. [ahanɔn, ahanus, anəu, anəi,
ahanɔm, ahanɔχ, anəɛ]
Le
plus jeune d'entre eux, er iouankan anehè. [əʁ yuɑ̃ŋkɑ̃
anəɛ]
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