Traçage de la ligature S-long + s-court

[Jean-Charles]

La personne qui m'a expliqué la version en écriture latine de la ligature allemande s-z (pron: èss-tsètt), qui s'imprime ß, a insisté sur un détail de traçage de cette ligature:
Il s'agit d'écriture cursive. Je n'ai donc pas d'autre moyen que d'expliquer par des mots.

En cursive minuscule, on trace un f dont la boucle inférieur remonte à gauche du trait vertical descendant, puis un s.
Ça ressemble à un fs, mais avec un f tracé en 8.

La même ligature existait aussi en français: Sur d'anciennes gravures, on lit le mot "Suisse" écrit comme "Suifse", aussi avec la boucle inférieure retournée.


Plusieurs sujets connexes concernant l'écriture Sütterlin se trouvent dans le Forum allemand:
Graphie de l'allemand (Fraktur, Sütterlin)
L'orthographe allemande - la nouvelle réforme réformée
gothique, gotique
Index du forum allemand, par langues

[telephos]

La déclaration d'indépendance des États-Unis est un cas intéressant où le ſ et le s se suivent sans faire de ligature : Congreſs, unleſs, diſsolved. La répartition des ſ et des s semble chaotique quand le s est médian. On a toujours ſ en début de mot, toujours s en fin de mot, toujours ſs quand le s est doublé.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/Us_declaration_independence.jpg

[Charles]

Je m'évertue à le répéter, le ß allemand est une ligature du ſ (z) et du z (d'où le nom esszet) dans la graphie allemande (dite gothique par les étrangers).

ſz = ß

[telephos]

Le fait que le français utilisât aussi la ligature ß vient-il d'un emprunt à l'allemand ou s'agit-il d'un développement indépendant qui a abouti au même résultat graphique ?
Quand je dis « développement indépendant », je veux dire qu'en français ſ+s a abouti à ß, tandis qu'en allemand c'est ſ+z qui a abouti à ß. Les ligatures qui concernaient deux lettres différentes dans les deux pays ont donné le même résultat graphique sans aucune interférence, le hasard faisant vraiment bien les choses. (Mais j'ai du mal à croire au hasard.)

[dawance]

Le s inscrit dans la déclaration d'indépendance des EU (un mélange de f manuscrit et de 8 ) est bien connu des généalogistes. Il était utilisé en France et en Belgique au 16e et 17e siècle.
On peut voir cette graphie sur un site de paléographie, par ex: http://sira.u-bordeaux3.fr/moyen-age/cours_paleo , .au cours n°8, ligne 4, un s simple, son et un s double, nécessité. Toutefois, le deuxième s du s double, écrit sans discontinuer, est généralement beaucoup plus petit! (comme sur la déclaration d'indépendance)
En concurrence avec ce modèle existe une sorte de ρ, avec une jambe nettement plus longue et dont la boucle n'est généralement pas fermée: voir sur le même site, cours n°11, ligne 1, ministre, ligne 3, soixante, n°12, ligne 9, soit , ligne10 sensuyt et n°13, ligne 1 son conseil.
Le s final est très capricieux. Il ressemble souvent à un z et certains professeurs l'assimilent à lui: voir même site cours n°8, ligne 1 freres, ligne 9, soubs, cours n° 10 ligne 5 droits, cours n°12 ligne 4 ouvriers, ligne 5 lesquels.
Si bien qu'en combinant un s en ρ et un s final en z pour faire un double s, on obtiendrait ß, mais ce n'est qu'une supposition.