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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 9:48 |
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Il y a au moins quatre hypothèses pour l’origine de boy, mot que le français a emprunté à l’anglais :
1. Le syntagme grec boeiai dorai, « courroies de bœuf », abrégé en boia en latin, aurait donné un verbe latin populaire *imboiare, “entraver” aboutissant à l’ancien français embuie, “entravé”, lequel serait à la source d’une forme abrégée boie, « valet, esclave, garçon ». Auquel cas, dans cow-boy, il y aurait à la fois le bœuf et la vache. C’est l’hypothèse proposée aussi bien par Etymonline que par Jacqueline Picoche (D. étym. du français), mais Calvert Watkins (American Heritage) n’inclut pas boy dans les dérivés de la racine PIE *GwOU-.
2. Etymonline, dans une deuxième hypothèse, fait un rapprochement avec le hollandais boef, "valet," lui-même du moyen hollandais boeve. On ne dit pas d’où vient ce mot, et c’est dommage, mais on relève qu’il est fréquent que soient associées les notions de "garçon" et de "serviteur".
3. Dans le MDJ garçon, un Babélien originaire de l’Inde (New Delhi) déclare, je le cite : « Tout le monde connaît le mot boy dans le sens de domestique dans un contexte colonial. Ce que l'on sait moins (ou même pas du tout), c'est que dans cette acception, le mot vient (aussi) d'un nom de caste de porteurs de palanquins utilisé dans les langues dravidiennes (= du sud de l'Inde : télougou et malayalam bōyi, tamoul bōvi) ainsi qu'en hindi (bhoī).
Très bien. Mais le mot boy est attesté en anglais bien avant la colonisation de l’Inde. En disant « le mot vient (aussi) », notre ami montre qu’il en est bien conscient.
4. L’hypothèse qui a ma préférence (Note : j'ai pu constater sur Internet que je n'en ai pas l'exclusivité) : en cherchant boia dans le Gaffiot, je suis évidemment tombé sur le mot qui le suit, à savoir Boii. Et je suis allé voir ce que disait Wikipedia des Boïens :
« Peuple d’Europe centrale qualifié de celtique que l'on retrouve établis en plusieurs régions d'Europe continentale. Leur nom semble signifier « Les terribles ». Le mot allemand qui désigne les Boïens est Boier et en néerlandais boer (allemand bauer et danois bonde) signifie « paysan » ou « fermier ».
Ce peuple d'origine cimmérienne (kimrique) semble avoir donné son nom à l'actuelle Bohême. Il a largement essaimé, et on le retrouve en Gaule dans la région de Sancerre et dans tout le bas-Allier, ainsi qu'aux alentours d'Arcachon. La langue des Boïens n'est pas connue.
En Gaule
Il semble qu'on puisse distinguer au moins deux groupes ;
1. Les Boii entre l’Elaver (Allier) et la Liger (Loire), dont le territoire répond à une partie du Bourbonnais. Tiennent leur origine du fait que la tribu des Boïens, ayant quitté l'actuelle Slovaquie, accompagna la migration des Helvètes. Au nombre de 32 000 guerriers, ils furent battus par César en -58, et confiés aux Eduens (Bourgogne) qui les installent dans cette région. Il ne reste que les vieillards, quelques femmes et enfants, les autres serviront d'esclaves à Rome. (c'est moi qui souligne).
2. Les Boïates de l'Aquitaine, dont le territoire est le ci-devant pays de Buch en Gascogne, doivent être une autre branche (arrivée avec la migration teutone de -110 ?).
En Italie
Au début du IVe siècle av. J.-C., une partie du peuple boïen émigre en Italie où il s'installe dans la région de Bologne en Émilie-Romagne. Ces Boïens y construisirent un ensemble de cités dont la capitale était Felsina. Ils furent soumis par les Romains en -193. Plusieurs nécropoles ont été fouillées au Monte Bibele, à Monterenzio Vecchio et à Casalecchio di Reno.
En Germanie
Les Boii donnèrent leur nom à la Bohême (Boiohemum), d'où ils furent chassés par les Marcomans ; puis ils vinrent occuper la Bavière et/ou la Pannonie, ou ils s'assimilèrent à des occupants germains pour former un nouveau peuple : les Bavarii ou Boioaria.
Boiorix (roi des Boïens) un des chefs cimbres est un nom dérivé de Boïen ainsi que Boiodorum (fort des Boïens, auj. Passau) en Allemagne. » FIN DE CITATION.
Pour faire court, une conclusion en forme de question : si les Slaves nous ont donné esclave, pourquoi les Boïens ne nous auraient-ils pas donné boy ?
Dernière édition par Papou JC le Sunday 15 Jan 12, 9:15; édité 2 fois |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 12:03 |
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En ce qui concerne les Boïens, l'étymologie qui fait remonter leur nom à "frappeur -> guerrier" est certes de Pokorny, mais elle est plus que ténue. Je préfère celle faisant remonter leur nom à "possesseurs de vaches" i.e. "les éleveurs", étymologie un petit peu plus corroborée que celle de Pokorny, et qui serait plus en accord avec ce que dit Polybe à leur sujet. Cela permettrait de comprendre le glissement de sens d'éleveur à paysan (bauer).
On suppose ce peuple de culture celtique, mais on n'a pas assez d'attestation de leur langue pour savoir si ils parlaient une langue celtique.
Le terme cimmérien/kimrique de la page Wikipedia français rapportée ici est plaisant, mais je pense que depuis l'ouvrage d'Amédée Thierry d'où il est tiré, notre connaissance de l'histoire de l'antiquité européenne à considérablement évolué.
Si les Boïens sont les éleveurs, peut être que le terme boy est lié dès l'origine à celui de cowboy et que l'on glisse du sens de garçon-vacher/valet de ferme à celui de garçon/valet. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 13:31 |
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Et donc, finalement, les quatre hypothèses ... n'en font qu'une ! Merci Gilou ! Dommage que Calvert Watkins ait été, pour une fois, aussi timide. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 15:37 |
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Lire également le Mot du Jour :
- valèt (wallon) |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 18:02 |
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Papou JC a écrit: | Et donc, finalement, les quatre hypothèses ... n'en font qu'une ! Merci Gilou ! Dommage que Calvert Watkins ait été, pour une fois, aussi timide. | Noter que ma phrase est une construction en "si... alors..." et qu'elle suppose la véracité de l'hypothèse initiale (ce dont je doute. Par contre, il est possible que boïens et boy soient tous deux reliés au même étymon que bœuf). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 18:50 |
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C'est bien ainsi que je l'entendais.
Je verse un autre élément au dossier : en castillan, bouvier se dit boyero. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Saturday 18 Sep 10, 23:43 |
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En piémontais: boé (pr. boué)
Italien: bovaro (pr. bovàro) |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Sunday 19 Sep 10, 23:08 |
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Une étude très intéressante sur l'étymologie de boy
(An analytic dictionary of English etymology, Anatoly Liberman) |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Sunday 19 Sep 10, 23:26 |
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En lisant Lieberman je me suis aperçu que le piémontais aurait un mot qui pourrait être de la méme famille: bociòt (boutchott) = enfant...diminutif d'un inexistent bòcc (pr. botch)...mais en vénitien il y a bòcia (botcha)= garçon, servant.
Apres nous avons aussi pàgg=page. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 20 Sep 10, 3:53 |
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@ Xavier : article fouillé et touffus, où il est tout de même étonnant de ne trouver aucune hypothèse de rattachement ni au boeuf ni aux Boiens ... Quant aux hypothèses proposées, aucune ne me semble très convaincante.
@ Giorss :
- Il me semble qu'il doit y avoir un lien - donc plus qu'une coïncidence - entre le piémontais bociòt et le français bout de chou, mais qui a emrunté à qui ?
- Que page soit un doublet de boy est effectivement une idée à creuser ...
Nous n'avons pas encore évoqué un éventuel rapport avec le slave boyar, boyard ... |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Monday 20 Sep 10, 10:22 |
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Bociòt est un diminutif, comme tous les nom en -òt qui existent en piémontais. Ce n'est pas un nom composé. Pourrait être le rèsultat d'un emprunt au vènitien bòcia, en y applicant la forme diminutive.
Bout de chou à l'origine était comme l'italien testa di cavolo (personne qui ne veut pas comprendre). En piémontais, "testa d'arciciòch" = bout d'artichot.
...mais c'est vrai que nous disons "bocc ëd salada" (boutch 'd salàda) et que bocc = testa. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 20 Sep 10, 10:56 |
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giòrss a écrit: | Bout de chou à l'origine était comme l'italien testa di cavolo (personne qui ne veut pas comprendre). En piémontais, "testa d'arciciòch" = bout d'artichot. |
Es-tu sûr de cette origine ? Pour tous les Français, un bout de chou est maintenant un petit enfant, lequel est supposé être né dans un chou... Et on le traite ainsi pour lui faire plaisir non pour l'insulter ... |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Monday 20 Sep 10, 11:16 |
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Je ne suis pas sûr, mais la tienne me semble une explication douce et moderne...les anciens n'étaient pas si douces avec les enfants (qui n'étaient pas comme ceux qui nous connaissons: play station dans la main etc etc.).
Par contre je ne pense pas que le sens originaire de bout de chou était méchant, mais simplement ironique. Apres on a pû passer de l'ironie au miel.
De toute façon le bout c'est la tête, l'extremité, du chou et non ce qui est né au dessous d'un chou ou dans un chou.
Le bout est aussi à l'origine quelque chose qui grandit (bouter= pousser...en piémontais aussi, buté/possé sont la même chose, referée aux arbres et à la vègetation).
J'ai controlé sur le TLFI et j'ai trouvé, à propos de "bosse" (qui appartient à la même famille):
Citation: | Issu d'un type *bottia d'orig. obsc. (FEW t. 1, p. 467a), qui est postulé par l'ital. boccia « bouton de fleur » (DEI, s.v. boccia 3) et l'a. prov. bossa « bosse, tumeur » (Rayn.); l'hyp. d'un étymon frq. *bottja « pousse » (EWFS2. Gam. Rom.2 t. 1, p. 335) dér. du frq. *bōtan « frapper, battre » (v. bouter) semble à écarter étant donné l'existence du roumain bot « boule » (v. aussi Cioranescu, Diccionario etimologico rumano, Madrid, 1966); l'hyp. d'une forme *buttia (D. S. Blondheim dans Romania, t. 39, p. 147) en rapport avec le b. lat. buttis « sorte de récipient » n'est à retenir que pour le franco-prov. bosse « sorte de fût » (cf. Pat. Suisse rom., s.v. bŏsa) et le terme d'artill. désignant une grenade incendiaire constituée d'une boule de verre emplie de poudre (1694, Corneille). |
L'italien boccia = BOUTON n'existe pas, maintenant, mais il existe le masculin boccio, normalement utilisé au diminitif bocciolo = bouton de fleur. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 20 Sep 10, 12:49 |
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Je crois que nous nous éloignons de boy ...
Dernière édition par Papou JC le Monday 20 Sep 10, 18:25; édité 1 fois |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Monday 20 Sep 10, 18:17 |
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pas beaucoup si pensons que nous sommes arrivè à "bòcia" = garçon en vènitien, qui est sans doute quelque chose qui peut avoir une origine germanique (l'hyp. d'un étymon frq. *bottja « pousse » ne serait pas improbable).
Peut être que la racine de boy soit la mème...
ou que bòcia (bòtcha) signifie bòcia dans le sens de boule, donc tête rasée. Comme il y a
enfant (tête rasé) en milanais (tos<tonsus) en venitien (toso<tonsus), en sicilien (carusu<carosius), en emilien (regaz de regar = raser) .
En lat., la bauca était un pot.
bauca>bòca>bocia
On pourrait imaginer aussi un bauca/bauga>boga>boya>boy....mais je le sais que les dictionnaires offrent des solutions differentes.
En vieux français, il y avait bouge3/boye = objet bombé. |
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