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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Sunday 06 Mar 11, 13:20 |
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Une méthode est une manière de conduire et d'exprimer sa pensée conformément aux principes du savoir. (TLF)
du grec, via le latin methodus (terme de médecine), μέθοδος de μετά (après) et ὁδός
ὁδός (hodos) : chemin, voie, route et voyage, marche, et au sens figuré : voie, moyen, manière (de faire quelque chose), méthode
Il correspond au latin via (d'où la voie). Ce terme latin a la même origine que l'anglais way.
L'anglais way désigne aussi le chemin, la route mais aussi la manière.
Voir la chanson My Way : I did it my way : je l'ai fait à ma manière, à ma façon.
De même : the American way of life : le mode de vie américain.
Le grec ὁδός désigne la route, mais aussi la direction qui mène au but.
On passe du chemin suivi au chemin à suivre.
Pour la méthode, le sens a pris celui de poursuite, puis celui de recherche, investigation, d'où méthode de recherche.
En français, le mot est apparu dans le domaine médical, comme le latin :
"manière particulière d'appliquer une médication" en citant Galien (Γαληνός médecin grec du IIe siècle)
Et Descartes :
Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences
Littré définit la méthode :
Méthode analytique ou de décomposition, celle qui décompose en effet un sujet pour en connaître successivement toutes les parties ; la méthode analytique part donc des faits actuels, et cherche à en dégager tous les éléments ; on l'appelle aussi méthode de découverte, parce que c'est la seule qui puisse nous faire découvrir la vérité.
Méthode synthétique, celle qui, après avoir reconnu un grand nombre de vérités, les réunit toutes sous un principe général, et en forme ainsi une synthèse ; la méthode synthétique est aussi appelée méthode de doctrine, parce que, quand on enseigne une science, on part ordinairement des principes généraux pour en déduire toutes les conséquences. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 06 Mar 11, 21:39 |
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Voir diode, cathode et épisode. Et odomètre.
Dernière édition par Papou JC le Saturday 12 Mar 11, 23:21; édité 1 fois |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 08 Mar 11, 23:15 |
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Une première remarque:
Les méthodes dites analytiques et synthétiques supposent implicitement une décomposition du tout en parties , sans autre acteur du phénomène. Or, même un tas de sable n'est pas une somme de grains de sable: je m'explique. Les "hommes en bleu" connaissent ces remarquables ondes de sable du désert qui ne peuvent être "expliquées" en décomposant le sable et le vent (ou l'air) en leurs molécules. On ne peut passer sous silence les interactions (ou plutôt la structure de relations, appelée reliance) entre les parties, avec tous leurs attributs: amplitude, fréquence, etc -toutes caractéristiques d'une "onde"-
Une deuxième sur la définition de Littré: Citation: | méthode analytique: ...on l'appelle aussi méthode de découverte, parce que c'est la seule qui puisse nous faire découvrir la vérité. | Il est clair que ni Newton, ni Einstein ne l'ont appliqué! Newton n'a décomposé ni la terre, ni la pomme! Ils ont cherché à "expliquer", à trouver les relations entre les choses, c'est à dire la reliance - sans qu'ils utilisent ce nom- (les parties étant visibles et non les "ondes") ce qui ne peut être fait qu'en portant un regard différent, autrement dit, en changeant le référent ordinaire. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 11 Mar 11, 17:48 |
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Il faut dire aussi que Descartes a eu son temps. On n'est plus à l'époque du phosgène et de la pierre philosophale et des tentatives du grand mathématicien pour mettre de l'"ordre" dans la maison...
Depuis, il y a eu de vrais philosophes: Jean François Revel, auteur de: Descartes, inutile et incertain et plus fondamentalement Charles Sanders Peirce, sémioticien (sémiotique triadique) et philosophe: Textes anticartésiens. Présentation et traduction, Paris, Aubier 1984. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Sunday 13 Mar 11, 12:31 |
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En généalogie, comme dit Xavier: Citation: | On passe du chemin suivi au chemin à suivre. | Toutefois, en cas de panne (perte des archives), on peut être contraint de descendre au lieu de monter, en espérant la rencontre!
Dans l'apprentissage de la lecture, il existe deux grandes méthodes: la méthode syllabique et la méthode globale. Sujet houleux! Wikipedia est pour une fois tendancieux. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 14 Mar 11, 18:59 |
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Une question me brûle les doigts. Au risque d'une brûlure au deuxième degré, je me jette à l'eau: je voudrais demander à Outis s'il pourrait nous exposer sa méthode. Ce pourrait être très intéressant pour les jeunes Babéliens qui se lanceraient dans cette prodigieuse aventure de la connaissance qu'il pratique. Il avait jadis soulevé un coin du voile, en me laissant sur ma faim...(mon point de vue est plutôt épistémologique). |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 15 Mar 11, 10:20 |
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dawance a écrit: | … demander à Outis s'il pourrait nous exposer sa méthode. |
Diable. Voilà une question suffisamment originale pour que je ne puisse l'esquiver.
Tout d'abord, je ne suis pas philosophe et encore moins épistémologue, on devra donc pardonner l'aspect un peu fruste de mon vocabulaire sur de tels sujets car, de mon point de vue, la seule manière d'aborder un domaine est de connaître ses mots.
Avant la méthode, il y a le désir. Sans désir, le plaisir n'est qu'une sale manie. Chez moi, c'est d'abord la curiosité : je veux savoir, tout si possible. Je sais bien que ce n'est pas possible, mais j'aime bien faire comme si. Ça, c'est la base de la méthode, le fond de sauce pourrait-on dire. Je n'aime pas séparer mes réflexions de mes humeurs.
La méthode. D'abord, je n'en ai jamais choisi consciemment une et je ne comprends toujours pas très bien la différence entre analytique et synthétique. Du moins, cette différence ne me semble pas pertinente car je crois les deux orientations indissociables ; se séparer d'une quelconque, c'est pour moi, marcher à cloche-pied. Surtout, ma formation à la méthodologie s'est faite sur le tas quand, vers la fin de mes études, j'ai commencé la recherche en Mathématiques, que j'ai observé mes maîtres et mes collègues et que j'ai été surpris par une démarche qui, par rapport à l'enseignement que j'avais reçu, défiait la logique.
L'illogique, c'était que logique et raisonnement ne jouaient qu'un rôle mineur dans la recherche en Maths. L'essentiel était de d'abord sentir ce qui devait être vrai ou avait de bonnes chances de l'être, d'avoir l'intuition que tel ou tel théorème devait pouvoir être démontré. Et, quand on réussissait à avoir un juste sentiment de la façon dont les choses s'articulaient, la fin du travail, c'est-à-dire la démonstration, n'était plus qu'une affaire de routine. Quand on s'était posé les bonnes questions — et le critère de « bon » était très intuitif — les réponses coulaient de source, ce n'était plus que du métier.
J'ai abandonné depuis très longtemps la recherche en Maths mais j'ai toujours gardé cette méthode : l'intuition d'abord, la technique ensuite. Et peu importe qu'il s'agisse d'un théorème, d'une mise en scène de théâtre ou d'une étymologie à éclaircir.
Mais, s'il faut parler de linguistique et, plus précisément d'Histoire des mots et des idées qui vont avec, un autre maître a joué pour moi un rôle méthodologique essentiel, Georges Dumézil, et sous deux aspects :
— pas de jeux d'Écoles consistant à privilégier une approche théorique comme la seule efficiente. Je ne me soucie nullement d'être qualifié de fonctionnaliste ou de structuraliste, une notion (= un mot, une construction grammaticale, une divinité, un rituel, etc.) ne se comprend que par le rôle qu'elle joue ET par les relations qu'elle entretient avec les autres. Tout doit être pris en compte, aussi bien pour guider l'enquête que pour asseoir des preuves.
— le recours systématique aux textes originaux. Je reste persuadé que dictionnaires et traductions sont des outils dangereux et qu'il faut s'en méfier sans cesse. Les lexicographes ni les traducteurs n'ont les même objectifs que les historiens. Les premiers cherchent à concilier concision et exhaustivité, faisant des listes de sens, les seconds cherchent le style, à faire du beau en transposant une culture dans une autre, les derniers cherchent à comprendre.
Je ne lis avec fluence aucune des langues anciennes que j'étudie et j'utilise donc abondamment dicos et tradals pour accélérer ma recherche des lieux où il se passe quelque chose. Mais, quand j'ai débusqué mon gibier, j'en reviens toujours au texte de base et je le fatigue jusqu'à ce qu'il s'éclaire, au besoin en m'aidant d'autres passages ou d'autres textes.
Enfin, dernier point, autre leçon de Dumézil, j'essaye de cultiver le doute et l'humilité, de ne pas me prendre trop au sérieux. C'est finalement le plus difficile … |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 16 Mar 11, 16:59 |
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Très émouvant.
Je vais encore relire qq fois, pour bien apprécier les nuances. |
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