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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Tuesday 30 Aug 05, 17:01 |
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Rapporté de Monthermé, ce vocable signalé par un "ancien", signifiant "marauder, après la récolte". Sans doute à rapprocher de l'allemand "rauben", qui ne serait pas sans rapport avec la "robe" (d'où le verbe "dérober").
Dernière édition par Marden le Thursday 01 Sep 05, 16:36; édité 1 fois |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Tuesday 29 Apr 14, 19:43 |
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J'ai trouvé en vieux français le verbe rober (XIIe - XVIe s.) pour voler
cf. rauben et anglais to rob.
"C'est roberie" (ou robement), disait-on autrefois. Le mot est resté en anglais robbery !
La "robe" = le vol.
Rabelais : Beuvez un grand ou deux petits coups en robe ! (à la dérobée)
L'origine de Robin des bois (Robin Hood) a donc un rapport avec le vol !
Au XVIe s. un robin était le diminutif de Robert et désignait "un personnage sans considération", souvent un "paysan sot et fat".
cf. Dictionnaire d'ancien français (Paris, 1947). |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 896 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Tuesday 29 Apr 14, 21:54 |
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Un robin peut aussi désigner moqueusement un avocat ou un magistrat (qui officie en robe ou en toge).
Au Québec, un robineux est un ivrogne, qui aime la robine (alcool sans qualité, cf. rubbing alcohol « alcool à frictions »). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 29 Apr 14, 22:10 |
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1. On trouvera robinet et un autre sens de robin dans le mot du jour aixeta (catalan).
Au Caire, j'ai mis un certain temps à comprendre un de ces cris de rue qu'on n'entend plus guère en Europe : روبابيكيا rūbabīkiyā ! rūbabīkiyā ! Mais que diable voulait donc dire ce marchand ambulant ? Jusqu'au jour où un meilleur connaisseur que moi de l'italien m'a décrypté que ce cri cachait roba vecchia, “vieux vêtements, fripes”.
Effectivement, robe vient du germanique occidental *rauba, “butin”, d’où “vêtement dont on a dépouillé quelqu’un”, IE *reup-, “saisir, arracher”. D'où dérober, qui n'est pas le contraire d'enrober.
2. Le prénom Robert et son diminutif Robin sont sans rapport avec cette racine / famille. Ils se rattachent à une racine germanique exprimant la célébrité et qu'on retrouve dans d'autres prénoms : Rodrigue, Roger, Roland, Rodolphe. Cette famille est placée par Pokorny et Calvert Watkins sous la racine IE *kar-, "chanter les louanges de qqn", dont nous avons récemment vu un descendant avec le mot kérygme.
Cela dit, le choix du prénom Robin pour un personnage de voleur n'est probablement pas fortuit. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 10:28 |
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Papou JC a écrit: | Au Caire, j'ai mis un certain temps à comprendre un de ces cris de rue qu'on n'entend plus guère en Europe : روبابيكيا rūbabīkiyā ! rūbabīkiyā ! Mais que diable voulait donc dire ce marchand ambulant ? Jusqu'au jour où un meilleur connaisseur que moi de l'italien m'a décrypté que ce cri cachait roba vecchia, “vieux vêtements, fripes”. |
Tu es le mieux placé pour savoir ce que vendait ou récupérait ce marchand ambulant mais pour moi roba vecchia ce sont plutôt des articles de rebut, des vieilleries en général.
En fait, roba a plusieurs sens :
- bien (au sens de : propriété)
- affaires (effets personnels)
- chose / objet
- vêtement
- marchandise
roba vecchia : vieillerie (Zanichelli)
Voir l'article roba de Treccani. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 10:42 |
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Oui, bien sûr, tu as raison. Des robes, des vieux vêtements et tissus d'abord mais aussi tout le reste : bouquins, bibelots, chandeliers, petite ferraille, chaises cassées, etc. etc. Je voulais simplement afficher clairement le lien avec le mot du jour. |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 11:57 |
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Robin, l'avocat ! Justement dit ! C'est la raison pour laquelle j'ai voulu "réveiller" le sujet. J'ai dû acheter une nouvelle robe de magistrat pour les audiences à la Cour du travail où j'ai été récemment nommé et la dame avec qui je devisais au magasin me disait que la "robe" (du magistrat ou de l'avocat) venait de "robin" et désignait autrefois l'avocat. Ça m'a titillé évidemment et j'ai voulu en savoir davantage.
Dans le milieu judiciaire, on ne parle que de robe comme le spécifie la Loi dans le Code judiciaire à propos du costume requis des magistrats et des avocats en audience lequel se compose de la robe noire (avec soie noire pour les magistrats et simple pour les avocats) et de l'épitoge (double, sur le dos et la poitrine).
La toque et les gants blancs ne se portent plus guère que pendant les grandes cérémonies.
Le mot toge n'est jamais utilisé en milieu judiciaire et il me semble que cela désigne plutôt le vêtement des professeurs d'université (à vérifier), des orateurs politiques (Rome antique et autre) et certainement aussi le vêtement des pasteurs réformés. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 12:30 |
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Patrick a écrit: | Le mot toge n'est jamais utilisé en milieu judiciaire |
En italien, si !
- Berlusconi non resiste e attacca le toghe.
= Berlusconi ne peut résister à la tentation et attaque les magistrats.
[ La Stampa - 20.04.2014 ]
toga (pluriel : le toghe)
- toge / robe
- magistrat / avocat
lo sciopero delle toghe : la grève des magistrats / avocats (langage journalistique) |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3862 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 30 Apr 14, 16:59 |
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Patrick a écrit: | La toque et les gants blancs ne se portent plus guère que pendant les grandes cérémonies. |
Mais si la toque ne se porte plus, le nom est resté pour désigner les casiers dans lesquels les intervenants du monde judiciaire reçoivent les courriers des avocats, des huissiers, des avoués ou du tribunal. Ces casiers sont appelés ainsi car initialement, c’était les cartons à chapeau des toques qui servaient de boîte aux lettres. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 01 May 14, 5:27 |
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Petite dérive vers des hors-sujet : il serait peut-être temps de créer un sujet propre, toque ou toge ou les deux...ou costumes judiciaires. |
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Amri
Inscrit le: 24 Jul 2021 Messages: 20 Lieu: Gabès
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écrit le Saturday 24 Jul 21, 13:48 |
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Attesté pour la première fois en 1155 au sens de « butin, dépouille de guerre » (Wace, Roman de Brut, 1047), le mot robe est attribué à l'étymon "rauba" (butin), supposé venir des langues germaniques occidentales. D'après mes recherches, ce "rauba" dérive en fait de l'arabe "رَبَعَ" "rabaâ" qui signifie prendre en butin le quart de quelque chose. Les dérivés du mot arabe et le sens qu'en donnent les traductions occidentales historiques ne laissent subsister aucun doute, à mon avis, sur la pertinence de l'origine arabe de robe. (Les détails sur ce lien). |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 24 Jul 21, 15:53 |
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Les deux sens de robe (pillage et "robe") sont quasiment contemporains : aux alentours de 1150 (attention, vous avez fait une erreur de siècle !). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 24 Jul 21, 19:14 |
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Amri a écrit: | Attesté pour la première fois en 1155 au sens de « butin, dépouille de guerre » (Wace, Roman de Brut, 1047), le mot robe est attribué à l'étymon "rauba" (butin), supposé venir des langues germaniques occidentales. D'après mes recherches, ce "rauba" dérive en fait de l'arabe "رَبَعَ" "rabaâ" qui signifie prendre en butin le quart de quelque chose. Les dérivés du mot arabe et le sens qu'en donnent les traductions occidentales historiques ne laissent subsister aucun doute, à mon avis, sur la pertinence de l'origine arabe de robe. (Les détails sur ce lien). |
Votre hypothèse est intéressante. Elle rappelle celle d'Américo Castro a propos de l'espagnol hidalgo. Elle se heurte néanmoins au problème qu'à dater de l'Islam, le cinquième a remplacé le quart. Comment tout ce vocabulaire basé sur le quart aurait-il été admis dans les siècles des conquêtes et croisades sans faire un injure aux préceptes de Mohammed ? |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 24 Jul 21, 20:38 |
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Il ne reste plus qu'à m'expliquer l'évolution phonétique qui amène au ǫ de rober, qu'on trouve aussi sous la forme reuber (mais le phénomène de fermeture tardive du ǫ dans certains dialectes ne prouve rien pour ce qui nous occupe, je le signale juste en passant).
Ne serait-ce pas l'arabe qui aurait fait l'emprunt ? |
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