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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Thursday 20 Jul 06, 11:39 |
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Rhapsodie du grec ραψωδία (rapsôdia) l’art du rhapsode qui signifie littéralement couseur de chant, d’où poème épique toujours chanté. L’Odyssée d’Homère est un bon exemple puisque les chapitres sont divisés en chants, en grec on utilise plutôt le terme rhapsodie puisque l’œuvre était chantée au départ.
Citation: | RHAPSODIE, subst. fém.
I. A. ANTIQ. GR. Suite de poèmes épiques chantés par les rhapsodes. Il y a eu la narration épique primitive, la rhapsodie homérique, ce qu'au moyen âge on appelait la chanson de geste, une branche de récit qui se racontait en public, souvent avec accompagnement de musique (SAINTE-BEUVE, Virgile, 1857, p. 83).
B. Péj., vieilli. Ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux. Prenant alors un ouvrage qui traitait de nos dernières campagnes, il l'a parcouru quelque temps, puis l'a jeté, disant: « C'est une véritable rapsodie, un tissu de contresens et d'absurdités » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 9). |
Dernière édition par Helene le Thursday 20 Jul 06, 13:34; édité 1 fois |
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joachim
Inscrit le: 13 Jun 2006 Messages: 220 Lieu: Nord (avesnois)
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écrit le Thursday 20 Jul 06, 16:21 |
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Les deux orthographes - rhapsodie et rapsodie - sont admises. En tout cas dans la musique. On écrit de préférence rhapsodies hongroises de Liszt ou rhapsodies roumaines d'Enesco, mais j'ai souvent vu écrire aussi rapsodie. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 20 Oct 16, 15:19 |
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Helene a écrit: | Rhapsodie du grec ραψωδία (rapsôdia) l’art du rhapsode qui signifie littéralement couseur de chant |
De ῥάπτω ráptô "coudre". Dérivés : ῥαφή raphê "couture", ῥαφίς raphís "aiguille".
Je découvre cette étymologie, doublement intéressante car
1. elle n'est pas sans rappeler l'évolution sémantique du verbe arabe bien connu كتب kataba "écrire", dont le sens premier est "coudre, lier". Voir le fil Étymologie de "katība".
L'homme a cousu pendant des millions d'année avant d'écrire. Quand il s'est mis à écrire, il semble qu'il ait tout naturellement et métaphoriquement utilisé pour l'écriture le vocabulaire d'une activité qui lui a semblé comparable, la couture.
Rappelons qu'en français on parle de la trame d'une histoire et que texte est de la même famille que textile. On file une métaphore.
Les verbes latins lego, -ere "rassembler ; lire" et ligo, -are "lier" ont un probable ancêtre commun.
L'anglais dit to spin a yarn "raconter une histoire" (péjoratif) ; littéralement "filer un fil".
En arabe classique, le parallélisme sémantique coudre // raconter une histoire > mentir est présent dans plusieurs racines :
بشك bašaka coudre // mentir
خبن ḫabana raccourcir une robe en faisant un pli // خابن ḫābin menteur
خصف ḫaṣafa coudre une semelle - خصّاف ḫaṣṣāf savetier // menteur
سرّاج sarrāǧ sellier // menteur
طفن ṭafana lier, serrer et retenir // طفانين ṭafānīn mensonge
غبن ġabana faire un pli et le coudre // tromper, circonvenir
قتر qatara attacher, boutonner // V. chercher à tromper qqn
لفق lafaqa – II. coudre deux pièces ensemble // II. faire un tissu de calomnies, de mensonges
نسج nasaǧa tisser une étoffe // mentir
etc.
2. on ne peut rapprocher le verbe ῥάπτω ráptô que du mycénien rapte, dit Chantraine. Michel Masson propose une origine sémitique (Du sémitique en grec, p. 229). Dans sa liste de verbes sémitiques (issus des racines RP', RPY) qu'il rapproche du grec, dont l'arabe رفا rafā "raccommoder", il oublie رفّ raffa "coudre une pièce d'étoffe au bas de la robe pour l'allonger", et un autre que j'ajouterais d'autant plus volontiers qu'il nous est bien connu par un de ses dérivés dont nous avons parlé ailleurs, marabout, c'est le verbe arabe ربط rabaṭa "lier, serrer, attacher". |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 26 Sep 19, 15:38 |
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Citation: | on ne peut rapprocher le verbe ῥάπτω ráptô que du mycénien rapte, dit Chantraine |
C'est un peu succinct. En fait, on a en mycénien toute une famille de mots liés au métier de la couture :
Outre le nom d'agent ra-pte (PY An 172, etc.) ῥαπτῆρ « couturier »
et son pluriel ra-pte-re (KN Fh 1056, PY, An 207, etc.) ῥαπτῆρες « couturiers »
et son féminin ra-pi-ti-ra₂ (PY, Ab 555), ῥάπτριαι « couturières »
un adjectif ra-pte-ri-ja (PY, Sb 1315) ῥαπτήριαι « cousues »
(Chantraine cite, bien sûr, tous ces mots)
Ajouterai-je qu'existe une racine eurindienne *rebʰ- que Pokorny rend par « sich bewegen, umher eilen » [bouger, errer] et qui est attestée par des termes de jeux iraniens et par :
germ. *reb- « in heftiger Bewegung sein » [bouger vivement], mhd. reben « träumen, verwirrt sein » [rêver, être confus]
norv. dial. rava « hin und her taumeln » [tituber çà et là]
Le tout, mouvement de pièces sur un damier ou déplacement hésitant, pouvant évoquer le même type de va et vient en zig-zag que l'aiguille enfilée effectuant une couture. Pour ma faible imagination, il est plus simple d'évoquer un vieil héritage technique que des esclaves égyptiens, hébreux ou phéniciens tirant l'aiguille dans les caves de Pylos ou de Knossos … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 26 Sep 19, 16:03 |
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Papou JC a écrit: | on ne peut rapprocher le verbe ῥάπτω ráptô que du mycénien rapte, dit Chantraine. |
C'est vrai, j'aurais dû ajouter "... et de ses quatre dérivés". Mille excuses. |
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