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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Wednesday 08 Apr 15, 19:37 |
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Papou JC a écrit: | En passant : le rapport grand > maître se retrouve en latin : magis > magister. C'est ce que Michel Masson appelle un "parallélisme sémantique". |
En berbère également : imγar > être grand ; amγar > chef |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 08 Apr 15, 21:34 |
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Petite précision, ce qu'on appelle le judaïsme rabbinique, c'est le judaïsme de l'époque du Talmud, ce qui correspond à l'époque du christianisme des Pères de l'Église : Ier-VIe siècles
Après, ce sont d'autres pages du judaïsme... |
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Shaoul
Inscrit le: 10 Apr 2015 Messages: 17 Lieu: Rhône-Alpes
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écrit le Monday 13 Apr 15, 18:13 |
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Pour ce qui est du judaïsme et de ses transformations, les personnes intéressées se reporteront au livre de Guy G. Stroumsa, La fin du sacrifice, qui décrit les mutations des pratiques religieuses de l'empire romain du I°s au IV°. La destruction du Temple en 70 fait disparaître les groupes qui y étaient attachés, comme les Sadducéens, et désormais la Tora tient lieu de temple au peuple : ainsi la lecture du chapitre sur l'encens est-elle considérée comme équivalant à l'offrande matérielle de l'encens sur l'autel.
Stroumsa signale que parallèlement, le christianisme et même le paganisme évoluent vers une suppression progressive du sacrifice matériel et sanglant, par une interprétation "spirituelle" de l'acte concret : pain et vin chez les chrétiens, méditation chez les païens, etc ... La pratique s'est maintenue dans les religions polythéistes jusqu'à ce jour, et je me garderais d'y voir un progrès, une stagnation ou autre chose.
Rabbin dérive, on l'a dit, d'une ancienne racine sémitique commune qui désigne le grand nombre : peru u-revu, croissez et multipliez, est-il dit dans la Genèse. Rav est traduit par maître, au sens du maître d'un serviteur ou du maître enseignant dans une école, dans le dictionnaire de Jastrow (Dictionary of the Targumim, Talmud Bavli, Yerushalmi ans Midrashic Literature). Comme on l'a dit, ce mot est devenu le titre des maîtres (Amoraïm) de Babylonie, et le pluriel possessif rabbotenu renvoie à la communauté des maîtres, et par extension, aux docteurs du Talmud. On trouve aussi le titre Rabban, qui peut vouloir dire en araméen "notre maître". Associé aux mots dérivant de av, le père, on trouve des noms de maître comme Rabin, Ravin et Ravina. Peut-être ces formes sont-elles passées en grec et en latin pour donner notre "rabbin".
C'est du sémitique "commun", car on trouve la forme rabûm (grand, gros) en akkadien : tseh'er rabi, petits et grands ; rabâ'um, être grand, grandir (adi rabiâku, jusqu'à ce que j'aie l'âge requis) ; rubûm / rubâtum, prince, princesse. (Jeremy Black, A concise dictionary of Akkadian).
Je suis surpris que l'on associe marabout à la racine rabb, car je le croyais issu d'une racine arabe rbt (avec un T pointé) désignant une forteresse. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 13 Apr 15, 18:34 |
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Pour faire court, car j'ai déjà dit beaucoup dans mes posts précédents :
1. le sème commun à rabb et marbûT, c'est la notion de serrer, lier, réunir.
2. le sème grand nombre est un hyposème du précédent : le grand nombre est obtenu par la réunion d'éléments dispersés.
NB : C'est le même geste agricole de base que vous avez dans le latin lego, "lier > lire" et dans le grec λέγω [légô] "rassembler > dire".
On peut démontrer les glissements de sens en latin et en grec, et aussi en arabe, mais il faudrait un livre...
3. c'est par ses deux premières consonnes que le trilitère marbûT s'apparente formellement au bilitère rabb .
4. pour en savoir plus sur la tacine rbT, le marabout et la forteresse, voir ICI. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 30 Oct 16, 7:22 |
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Au sujet de la couture et du lien, voir aussi le mot du jour rhapsodie. |
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klodwain
Inscrit le: 30 Apr 2016 Messages: 23 Lieu: saint mandé 94160
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écrit le Monday 03 Feb 20, 15:26 |
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peut-être peut-on ajouter, à propos de la relation entre "serrer" et "fort, important" :
شَديدٌ chadîd intense, extrême,
et le verbe شَدَّ يَشُدُّ chadda, serrer, tirer. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 03 Feb 20, 15:42 |
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Oui, bien sûr. Voir Masson, Michel, Étude d’un parallélisme sémantique : « tresser » / « être fort », in Semitica XL, p. 89-105, Paris, Maisonneuve, 1991.
Tresser est l'un des termes centraux de ce parallélisme mais il y en d'autres comme nouer, serrer, lier, corde, etc.
Si le rabbin est un maître, c'est par sa science et surtout sa grande sagesse. Masson aligne une douzaine de racines arabes ou hébraïques dans lesquelles on constate le parallélisme sémantique lier, nouer // sagesse, intelligence. On y trouve entre autres
- arabe ribāṭ "esprit" (lieu de la vie spirituelle) // arabe rabaṭa lier, attacher (voir plus haut)
- hébreu šekel "intelligence // arabe šakala lier, nouer
- hébreu zimma "astuce, finesse" // arabe zamma lier, serrer, brider
- arabe ḥukm sagesse //arabe ḥakama museler (un cheval). Voir le fil ḥokmah.
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