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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Monday 31 Dec 07, 14:12 |
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C'est un de mes mots préférés dans la langue grecque :
άτομο = personne (au sens de "une personne")
Ca se prononce atomo.
Le ά est privatif, et τομο vient du verbe qui signifie couper. Un άτομο, c'est donc ce qu'on ne peut pas couper. D'ailleurs, chez nous, on parle aussi d'individu. Or, ce terme vient du latin individuum qui signifie qui ne peut être divisé. La boucle est bouclée, dans quelque pays que ce soit il est politiquement incorrect de découper les gens en morceaux.
En Grèce, on demande donc une chambre pour un atomo ou plusieurs atoma, et ce même si certains occupants sont des électrons libres.
Car ce terme désigne aussi l'atome. Ce terme français vient directement de son cousin grec. Un atome, c'est la plus petite particule constitutive de la matière, une unité insécable, qu'on ne peut couper, donc a-tomo. Aujourd'hui, on sait que l'atome peut être scindé, découpé en particules plus petites. Mais le nom lui est resté.
En Grèce, l'énergie des gens est donc une énergie atomique, pas étonnant qu'ils aient accomplis de grandes choses. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 03 Sep 11, 21:13 |
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D'un point de vue étymologique, l'atome ne pouvait pas faire l'objet d'une dichotomie.
Voir aussi épitomé. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 02 Oct 19, 15:13 |
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Maisse Arsouye a écrit: | τομο vient du verbe qui signifie couper |
Oui à notre Maisse qui nous a hélas quitté. Ce verbe, c'est τέμνω [témnō] et il signifie bien « couper, fendre, trancher », d'une racine eurindienne *tem- qui a tellement de dérivés que je me limiterai aux plus curieux, outre l'atome, personne insécable, déjà cité par le Maisse.
• À chaque fois qu'un chirurgien vous coupe quelque chose, son intervention se finit en -tomie (-ectomie quand on retire le morceau), ça va des banales amygdalectomie et appendicectomie jusqu'aux endartériectomies que j'ai eu l'avantage de subir plusieurs fois.
• Les sanctuaires de la Grèce antique étaient entourés d'un petit muret appelé péribole qui délimitait précisément l'espace sacré ; celui-ci s'appelait le τέμενος [témenos] (*tem-h₁-no-) et était encombré de temples, trésors, statues, murs de décrets, etc. Coupé du monde profane, il était plus que mal vu d'y faire des galipettes …
À Rome le templum (*tem-lo-) était initialement la portion du ciel découpée symboliquement par l'augure pour y observer les oiseaux ; plus tard, on l'a fait en dur mais on a gardé le mot, temple.
• Les bestioles dont le corps était visiblement coupé en trois (tête, thorax, abdomen) ont été appelées des ἔντομα ζῷα « bestioles découpées » (Aristote, Histoire des animaux), c'est aujourd'hui l'entomologie qui les étudie.
• Sur le degré zéro de la racine les Grecs avaient fait τμῆσις [tmêsis] « action de couper » dont nous avons fait cette tmèse qui nous permet de couper les composants de lorsque en disant lors même que.
Mais ils avaient aussi fait πρό-τμησις « coupe devant » pour désigner une cicatrice à nous tous commune : le nombril ! |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 02 Oct 19, 15:46 |
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Citation: | d'une racine eurindienne *tem- |
Racine ajoutée dans l'index. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 02 Oct 19, 16:33 |
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Au templum latin, on peut ajouter contemplare : regarder attentivement, contempler, formé avec le préfixe cum-
aussi : contemplation, contemplatif, contemplateur
On peut comparer ce terme à considerare (examiner attentivement, considérer par la pensée) qui a donné en français considérer.
Terme issu aussi de la langue augurale, de sidus (sideris) : étoile, ou plutôt constellation d'étoiles à l'origine, par opposition à stella qui a donné étoile (isolée)
d'où en français : sidéral.
Du grec τόμος (tomos) : morceau, partie coupée, portion que l'on retrouve dans le suffixe -tomie,
le latin tomus : morceau, pièce (en particulier de papyrus, parchemin) d'où : volume, fascicule (de feuillets) par opposition au volumen : chose enroulée, rouleau d'un manuscrit (qui a donné le volume)
d'où le tome : division d'un ouvrage |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 02 Oct 19, 22:38 |
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Voir le MDJ désirer. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 19 Nov 19, 18:20 |
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Outis a écrit: | • Les bestioles dont le corps était visiblement coupé en trois (tête, thorax, abdomen) ont été appelées des ἔντομα ζῷα « bestioles découpées » (Aristote, Histoire des animaux), c'est aujourd'hui l'entomologie qui les étudie. |
Sur ce modèle de ἔντομα les Latins ont formé insecta, pluriel neutre du participe passé de insecare (secare « couper ».
Comme beaucoup de pluriels neutres le mot a été pris pour un singulier mais il est devenu masculin : un insecte, les entomologistes respectent les femmes … |
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