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giro (italien) - Le mot du jour - Forum Babel
giro (italien)
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11164
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Wednesday 10 Apr 13, 10:01 Répondre en citant ce message   

Le moment est venu de faire des hypothèses.

I. L’hypothèse indoeuropéenne

La notion de courbe en indoeuropéen est représentée par deux grandes familles :

1. La grande famille COL
Patriarche indoeuropéen : *kʷel-, « tourner, cercle »
C’est de cette famille que relève κυκλος [kuklos], « cercle ».

La sous-famille VOLTE (non traitée), peut-être issue de la précédente après amuïssement du k initial (NB : nombre de formes germaniques en w- sont issues de formes en *kʷ-.)
Patriarche indoeuropéen : *wel-, « rouler, tourner, enrouler, courber »
C’est de cette famille que relèvent ελυειν [heluein], « rouler, s’envelopper dans », et ελιξ [helix], « spirale »

2. La grande famille COURBE
Patriarche indoeuropéen : *(s)ker-, « cercle, courbe, anneau »
C’est de cette famille que relèvent κορωνη [korônê], « tout objet recourbé », et κρικος [krikos] ou κιρκος [kirkos], « anneau »

Une première remarque : l et r partageant six traits phonétiques sur huit, il est probable que ces familles relèvent en fait de la même matrice. Je rappelle la définition qu’en donne Georges Bohas : « une combinaison de points d’articulation liée à une charge sémantique ».

Une deuxième remarque : en phonologie, k et g partageant six traits phonétiques sur sept, il est permis de se demander si des mots grecs en gul- ou gur-, dans lesquels le sème de la courbe est fondamental, ne relèveraient pas eux aussi de cette même matrice.
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11164
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Wednesday 10 Apr 13, 11:26 Répondre en citant ce message   

II. L’hypothèse sémitique

Il existe en arabe plusieurs racines qui présentent de nombreux points communs aussi bien entre elles qu’avec les mots grecs dont nous avons parlé jusqu’ici. Je ne reviendrai pas sur les traits phonétiques communs, ce sont les mêmes que pour le grec.

1. ǧwl, “tourner, voltiger en cercle, faire le tour de, tourner autour de”
d’où le verbe
جال [ǧāla], “évoluer, tournoyer, faire le tour de”
et les noms
جولان [ǧawalān], “course dans le cirque, sur la périphérie du cercle”
مجال [maǧāl], “cercle, tour, circonférence”

2. ǧwr, “s’écarter de la ligne droite, être voisin de qqn”
d’où le verbe
جار [ǧāra], “quitter le droit chemin, être injuste, un tyran”
et le nom
جوار [ǧawār], “voisinage, entourage”
(NB : l’idée de proximité s’exprime par une autre racine, la racine qrb)

3. krw et kry, “donner à qqch la forme sphérique, en faire une boule”,
d’où le nom
كرة [kura], “balle, balon, boule, globe”

4. kll, “couronner qqn”,
d’où le nom
إكليل [iklīl], “couronne, diadème”.

Première remarque : les mots arabes ci-dessus présentent entre eux de fortes caractéristiques communes, sur les deux plans formel et sémantique.

Deuxième remarque : les mots arabes ci-dessus présentent de fortes caractéristiques communes, sur les deux plans formel et sémantique, avec les mots grecs rencontrés précédemment.

Ma conclusion : je suis dans l’impossibilité de trancher, de préférer, pour notre mot du jour, une hypothèse à une autre. Je ne suis sûr que d’une seule chose, c’est qu’il n’est pas isolé, bien au contraire, il a l’embarras du choix !

Autre chose aussi : loin dans notre préhistoire, le premier homme qui a tenté de dresser un cheval sauvage en le faisant tourner autour de lui au bout d’une longe, sous les regards de sa tribu, cet homme-là a inventé le cirque et le théâtre.
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Horatius
Animateur


Inscrit le: 11 Apr 2008
Messages: 695

Messageécrit le Thursday 11 Apr 13, 19:03 Répondre en citant ce message   

Je n'avais pas vu ta réponse, Papou :

Citation:
Ce que veulent dire Ernout et Meillet, si je les interprète bien, c'est que les dresseurs de cheveux italiens ont emprunté un terme technique de dresseurs de chevaux grecs.

"Gyrus : terme technique emprunté au grec γῦρος par les dresseurs de chevaux" : cela ne prouve absolument pas que que selon E-M, le terme avait un emploi technique chez les Grecs...

Citation:
Ce n'est pas parce qu'il n'y a qu'une seule occurrence de ce mot chez Homère que le terme n'a pas existé en grec dans le domaine bien précis du dressage des chevaux, avant, pendant, et après Homère.

Attention : il n'y a qu'une seule occurence de l'adjectif γυρός ; quant au nom γῦρος et ses dérivés, ils sont très bien représentés.
Il me paraît aussi fort probable que les Grecs devaient utiliser le mot dans ce domaine technique ; mais c'est tout de même "bizarre, ou tout du moins remarquable que le mot ait été emprunté par les poètes latins spécifiquement dans le domaine hippique, et ce, sans que l'on n'ait trace, en grec," de cet emploi technique.
En tout cas, moi, je le remarque !...
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11164
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Thursday 11 Apr 13, 22:41 Répondre en citant ce message   

C'est qu'on a conservé les poèmes de l'époque, seule littérature ayant quelque prestige à l'époque, et que tous les autres écrits, s'il y en avait, ont été jugés sans valeur et détruits ou perdus. Bien sûr, les attestations écrites ont leur indéniable utilité, mais l'histoire des mots ne peut pas reposer uniquement sur elles. Tout comme l'histoire tout court d'ailleurs, dont une grande partie ne peut être qu'imaginée, reconstituée, avec une part d'erreur égale à la part de vérité.

En matière d'emprunts techniques, on sait quand même comment ça se passe, en général. Il suffit d'observer comment, à notre époque, les mots anglais du commerce sont introduits en français sans le moindre état d'âme de la part des hommes d'affaires francophones, pour imaginer que lorsque des dresseurs de chevaux italiens parlaient de leur travail, ils utilisaient les termes techniques en cours chez le prestigieux voisin à la prestigieuse langue. Ils n'ont pas donné une acception technique à un mot qui ne l'aurait pas déjà eue, pas plus que business et management, pour ne prendre que ces deux exemples, n'ont en français du commerce un sens qu'ils n'auraient pas en anglais du commerce.

Tu sais bien que le grec jouait à l'époque en Méditerranée le même rôle que joue l'anglais dans le monde à notre époque. Pour faire bien, les nobles Romains parlaient grec entre eux, pas latin, on oublie trop souvent ça. Il paraît même que le fameux alea jacta est a été dit par César en grec, pas en latin. Même si l'histoire est fausse, elle est plausible.
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Gilles Colin



Inscrit le: 05 Oct 2013
Messages: 25
Lieu: Reims

Messageécrit le Sunday 06 Oct 13, 11:13 Répondre en citant ce message   

En français, les formes "girer" et "gyrer" sont utilisées mais la seconde semble prépondérante :
_ contregyrer
_ une dégyration (= l'action de réduire ou d'annuler la vitesse de rotation d'un corps), dégyrer
_ il est dextrogyre (= tourne de la gauche vers la droite ; dévie vers la droite le plan de polarisation de la lumière)
_ un gyravion ou giravion (= un appareil sur lequel la sustentation aérodynamique est produite au moyen de pales relativement longues tournant autour d'un axe sensiblement vertical)
une gyraviation ou giraviation (= la branche de l'aéronautique consacrée aux giravions)
gyrer ou girer (= tourner sur soi-même ou autour d'un axe)
un animal gyrencéphale (= qui a un cerveau à circonvolutions peu complexes)
une gyrencéphalie (= une disposition des lobes, des circonvolutions, des scissures et des sillons des hémisphères cérébraux)
un gyrin (= un insecte)
un gyrobus (= un autobus ou autorail qui utilise en cours de route l'énergie cinétique de rotation d'un disque très lourd, lancé à grande vitesse pendant les arrêts)
une gyrocaméra (= une caméra aéroportée, stabilisée par un gyroscope)
une plante gyrocarpe (= une plante dicotylédone dialypétale périgyne à fruit drupacé, muni de deux ailes à son sommet, qui le fait tomber en tournoyant), les gyrocarpées
un gyrocompas ou compas gyroscopique (= un dispositif gyroscopique employé comme instrument de navigation parce qu'il possède la propriété d'indiquer le nord) voir : compas
un gyrodyne ou girodyne (= un giravion dans lequel le rotor, entraîné par un moteur, assure seulement la sustentation et les mouvements verticaux de l'appareil, la translation étant obtenue par un autre moteur)
une gyrofréquence (= une fréquence de giration d'une particule chargée)
un gyrohorizon (= un horizon artificiel)
un gyrolaser (= un gyromètre statique utilisant un laser)
un rapport gyromagnétique (= du moment magnétique d'une particule à son moment cinétique)
un gyromètre (= un appareil servant à indiquer les changements de direction d'un avion)
un gyromitre (= un champignon)
un gyrophare ou girophare (= un dispositif lumineux clignotant et tournant)
un gyropilote (= un pilote automatique à dispositif gyroscopique)
un gyroplane (= un appareil ) dans lequel des hélices inclinées jouent le double rôle de sustentateurs et de propulseurs)
un gyropode (= un véhicule électrique monoplace, constitué d’une plateforme munie de deux roues sur laquelle l'utilisateur se tient debout, d’un système de stabilisation gyroscopique et d’un manche de maintien et de conduite)
un gyroptère (= un hélicoptère à grandes ailes tournantes, à vol vertical)
un gyroscope (= un appareil mis au point par Foucault en 1852 pour démontrer la rotation de la terre et les lois du mouvement pendulaire ; un dispositif dont l'axe de rotation garde toujours la même direction malgré les changements de direction du véhicule porteur), il est gyroscopique
un gyrostat (= un solide animé d'un rapide mouvement de rotation autour de son axe), il est gyrostatique
un gyrotrain (= un train monorail, où la stabilité des véhicules est assurée par un gyrostat)
_ il est lévogyre ou senestrogyre (= fait tourner à gauche ; dévie le plan de polarisation vers la gauche)
_ il est oculogyre (= commande l'ensemble des muscles de l'appareil moteur du globe oculaire et plus spécialement sa rotation)
_ une surgyration, surgyrer
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José
Animateur


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Messageécrit le Wednesday 16 Oct 13, 13:54 Répondre en citant ce message   

- Bomer and Pettyfer both gyrated like pros in the stripper flick “Magic Mike.”
= Les acteurs Bomer et Pettyfer ont tous deux tournoyé (= nus) comme des pros devant la caméra dans le film "Magic Mike", qui se passe dans le monde du strip-tease.

[ The NY Post - 16.10.2013 ]


Royaume-Uni to gyrate
- (danse) tourner / tournoyer

etymonline a écrit:

gyration (n.)

1610s, noun of action from Late Latin gyratum, past participle of gyrare, from Latin gyrus "circle" (see gyre).


gyre (n.)
1560s, "a circular motion;" as a verb, "to turn round," early 15c.; from Latin gyrus "circle, circular course, round, ring," and its derived verb gyrare, from Greek gyros "circle, ring," related to gyrós "rounded," perhaps from PIE root *geu- "to bend, curve" (cf. Armenian kor "crooked," Lithuanian gurnas "hip, ankle, bone," Norwegian kaure "a curly lock of hair").
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José
Animateur


Inscrit le: 16 Oct 2006
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Messageécrit le Monday 02 Feb 15, 11:52 Répondre en citant ce message   

- Prima una girandola d’incontri (tra cui un faccia a faccia tra Renzi e Alfano), poi l’appello del premier alle altre forze politiche.
= Tout d'abord une série de rencontres (dont un tête-à-tête entre Renzi et Alfano), puis l'appel du Président du Conseil Matteo Renzi aux autres partis politiques.

[ La Stampa - 31.01.2015 ]

(= contexte : élection du nouveau Pdt de la République italien, Sergio Mattarella succède à Giorgio Napolitano)


Italien girandola
- (feu d'artifice) girandole - soleil
- (jeu en forme de rose/rosette, actionné par le vent) tourniquet - roue à vent
- girouette (y compris au sens figuré) (*)
- FIG suite - série

tutta una girandola di appuntamenti : toute une suite/série de rendez-vous

(*) Lire le Fil retourner sa veste ainsi que le Fil suite / série (de) (Dictionnaire Babel).


Français girandole
- faisceau de plusieurs jets d'eau
- PYROTECHNIE - gerbe de fusées partant d'une roue tournant autour d'un axe vertical et donnant lieu au bouquet
- DÉCORATION - chandelier à plusieurs branches disposées en forme de pyramide, souvent orné de pendeloques de cristal
- [P. réf. aux pendeloques de cristal qui décorent souvent les girandoles au sens B supra] ensemble de pierres précieuses, disposées en pendants d'oreille

mot emprunté à l'italien girandola
Lire l'article du TLFi.
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
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Messageécrit le Friday 10 Jul 20, 7:49 Répondre en citant ce message   

En complément à mon hypothèse sémitique (voir plus haut), on pourra lire le chapitre 4 de mon étude La gorge et le cou. Ce chapitre s'intitule La fonction giratoire du cou.
Les trois étymons énumérés dans mon post (ǧl, kr et kl) relèvent en effet de la même matrice phonétique que ǧr et ql, matrice que j'ai appelée "Matrice de la gorge et du cou".
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Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Friday 10 Jul 20, 10:40 Répondre en citant ce message   

Papou JC a écrit:
On rapproche des termes arméniens : kur-n « dos », avec un autre vocalisme kor « courbé ».»

(...)

3. À l’extérieur du grec, il évoque un possible rapprochement avec des mots arméniens en kur- ou kor-, mais qui ne sont pas eux-mêmes forcément d’origine indo-européenne, en dépit de la liste fourre-tout de Pokorny.

Le rapprochement entre le grec γῦρός et les mots arménien kuṙn "dos" (l'opposition entre <ṙ> /r/ et <r> /ɾ/ est distinctive) et kor "courbé" n'a de sens que parce qu'on connaît le changement régulier du PIE *g en proto-arménien *k, qui s'inscrit dans un remaniement complet du système des occlusives très comparable à celui du proto-germanique (e.g. pour les seules vélaires : *k > *kʰ, *g > *k, *gʰ > *g).

La liste de cognats des pokoriens de l'Université du Texas représente pour moi une erreur assez grave, puisqu'elle confond avec la racine IE qui nous occupe *guH-, une autre racine *kup- dont l'indo-européanité n'est pas assurée et qui donne le latin cupa. Le rapprochement est impossible à cause du c- initial de cupa.
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