Par "dichotomie", on entend deux mondes
différents qui s'opposent et qui donnent au pays une tête à deux visages : le
monde roman et le monde germanique.
Au Moyen Age, on avait coutume de les appeler la Romania
et la Germania ; nous verrons plus loin que l'on peut nommer cette dichotomie
romano-germanique de plusieurs manières différentes suivant les endroits où
l'on se trouve.
Il n'est pas nécessaire de connaître absolument la
spécificité de la partie romane lors de l'épreuve orale de LCR, mais on
apprécie souvent que les élèves montrent qu'ils connaissent au moins l'identité
des Mosellans qui sont au sud de la frontière linguistique ; le pays messin
constitue une partie non négligeable de ce territoire romanophone.
En connaissant l'autre, on apprend également à mieux de
connaître!
Le Petit Robert atteste le premier mot, mais pas le
second. L'orthographe allemande "Welsch" existe aussi sous la forme
"velche". Le dictionnaire
explique que ce mot signifie "étranger" pour les Allemands, surtout
les Français et les Italiens.
Il s'agit là d'une grosse simplification qui ne vous
aidera pas particulièrement dans le cadre de notre sujet linguistique en
Moselle.
En réalité, nous allons simplifier aussi, mais en partant
du point de vue germanique car finalement ce sont eux qui ont choisi cette
dénomination : sont welches, tous ceux qui, aux oreilles de tous les
germanophones , ne parlent pas
"deutsch" ou en d'autres termes une langue germanique occidentale.
Cela dépasse donc le cadre de la Moselle et concerne toutes les zones de
rencontre entre les deux cultures romane d'une part, germanique d'autre part.
De plus, en allemand, le mot ne signifie pas "étranger", mais
"de langue et culture gallo-romaines" et donc par déduction
"étranger".
Le mot "thiois" est la prononciation welche
lorraine d'un mot qu'on retrouve sous plusieurs formes : tudesque ou
theodiscus voire tiche. Tous ces termes sont une prononciation romane du
mot "deutsch" qui, au haut Moyen Age, se disait "diutisk"
transcrit par les érudits en latin par "théodiscus" . A l'image du
terme "welche", il signifie tout ce qui appartient au peuple de
langue germanique, ou a contrario tout ce qui n'est pas welche !
Une langue européenne moderne a conservé cette définition
: l'italien ! "allemand" se dit "tedesco".
Vous l'aurez compris, c'est comme un chasser-croiser d'un
côté et de l'autre de la frontière linguistique qui passe entre autres en
Moselle.
Le mot "welche" n'était pas employé par les
romans, il a une connotation péjorative puisque les "tudesques"
l'utilisaient avec l'impression d'être meilleurs qu'eux. En revanche, dans de
nombreux documents d'archive de la Lorraine romane, on lit souvent le terme
"Allemaigne" et "Allemants" ou "Ollemants" pour désigner tout ce qui est germanique
: donc l'Allemaigne commence aux crêtes des Vosges et à la limite linguistique
de Moselle.
On avait coutume de décomposer la Lorraine en bailliages,
aujourd'hui on dirait des gros départements. La zone mosellane de langue
germanique s'appelait le bailliage d'Allemagne. Contrairement à
aujourd'hui, personne n'était surpris
d'appartenir à l'Allemagne parce que dans un pays bilingue comme la Lorraine, les gens avaient conscience d'être
"allemant" ou "welche".
N'oublions pas que les ducs de Lorraine étaient
majoritairement romanophones. Ce sont les événements politiques des 19ème
et 20ème siècles qui ont changé le sens du mot
"Allemaigne" ; Longtemps, les peuples sur la frontière linguistique ont
eu une définition linguistique du mot "allemand" de la même manière que les Allemands
mettaient tous les romans, Welches, dans le même sac.
Oui, mais il vous appartient de préciser quel peuple
gallo-romain représente les welches et quel peuple germanique représente les
tudesques.
Il y autant de diversité dans les welches que dans les
tudesques, gaulois ou romains,
germaniques du nord ou de l'ouest, peuples mixtes germaniques ou peuples
mixtes romans.
Pour vous en convaincre, il suffit de rechercher des noms
de pays ou de peuples qui commencent par wel- , wal- ou gal
et qui seraient proches d'une nation germanique.
En suivant la limite linguistique, on obtient le tableau
suivant :
Elément roman |
Elément germanique |
Pays actuel |
Galles,gallois, Wales, welsh |
Angles, Saxons, Vikings |
Grande-Bretagne |
Wallonie, wallon |
Flamands |
Belgique |
Gaulois, welsch, walsch |
Francs, Alamans |
Moselle - Alsace |
Welschschweiz |
Alamans |
Suisse |
Quand on veut connaître les différents dialectes roman
d'un secteur, on consulte l'Atlas Linguistique de la Lorraine Romane (ALLR)
dirigé par Jean Lanher et Alain Litaize.
Pour simplifier, on distingue 3 zones :
Il s'agit de dialectes issus de la branche romane du
Nord, dite langues d'oïl. Ils ont maintenu des sons d'origine franque dans un squelette globalement
roman. Plus on est proche de la
frontière linguistique, plus on trouve des mots d'emprunt aux langues
allemandes.
Le Lorrain prononce le H contrairement à la majorité des
romans.
Un Mosellan ne parle pas forcément mosellan de
même qu'un Alsacien ne parle pas forcément alsacien.