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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 23 May 13, 17:04 |
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Scindé du MDJ sénieur.
Papou JC a écrit: |
No longer mourn for me, when I am dead,
Than you shall hear the surly, sullen bell.
(Shakespeare, Sonnets)
Que ton deuil, à ma mort, n'aille au-delà
De la durée du morne et triste glas.
(Traduction : Papou JC) |
Ces 2 vers sont ardus à traduire, je trouve.
Je serais curieux de voir quelles traductions rendraient des étudiants en fac anglais.
A lire, concernant la traduction des sonnets de Shakespeare :
- Bonnefoy traducteur : à quoi bon encore des sonnets ?
- Les sonnets de Shakespeare revus et corrigés par le XIXe siècle français
Le 2nd lien liste un certain nombre de traductions du Sonnet 71 cité par Papou JC :
Citation: | No longer mourn for me, when I am dead,
Than you shall hear the surly, sullen bell.
(Shakespeare, Sonnets) |
Oh ! ne gémis plus sur moi, quand je ne serai plus,
dès que le son lugubre de l’airain aura cessé de se faire entendre ...
Moi mort, ne me pleurez que tant qu’au sein des airs
La cloche, à la voix sombre, ...
Ne pleurez pas long-temps pour moi, quand je serai
mort : vous entendrez la triste cloche ...
Pleure-moi si je meurs ; mais cesse de pleurer
Sitôt qu’aura cessé la cloche funéraire ...
Quand je serai mort, cessez de me pleure aussitôt que
le glas sinistre ...
Quand je serai mort, ne pleurez pas plus longtemps que
vous n’entendrez retentir le sombre glas funèbre ...
Lorsque je serai mort ne pleurez pas plus longtemps
sur moi que vous n’entendrez le sombre glas funèbre ...
Lorsque je serai mort, cessez de me pleurer
Dès que le glas sinistre ...
Quand je mourrai, ne sois par le deuil accablé
Que tant que tintera le morne glas qui pleure, ... |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Thursday 23 May 13, 22:18 |
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La traduction par William Cliff (écrivain belge) :
[…]
Give warning to the world that I am fled
From this vile world with vilest worms to dwell:
Quand je serai mort, ne pleure pas plus
que tu n'entendras le glas qui annonce
au monde qu'à présent je ne suis plus
et que mon corps est rongé par la ronce.
Les éditions du Hazard, coll. « Le Miroir », Bruxelles, 2010.
En guise de préface, le traducteur détaille les contraintes qu'il s'était posées en termes de respect de la forme… |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 31 May 13, 12:05 |
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Sujet scindé du MDJ sénieur. |
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Volubilis
Inscrit le: 28 Jun 2014 Messages: 6 Lieu: Jargeau, Loiret
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écrit le Sunday 29 Jun 14, 12:51 |
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Citation: | La traduction par William Cliff (écrivain belge) :
[…]
Give warning to the world that I am fled
From this vile world with vilest worms to dwell:
Quand je serai mort, ne pleure pas plus
que tu n'entendras le glas qui annonce
au monde qu'à présent je ne suis plus
et que mon corps est rongé par la ronce. |
Quelle audace de passer des vers ("worms") à la ronce ! La rime en valait-elle la chandelle ?...
Pour ma part, j'aime assez cette traduction par Henri Thomas (édition Le Temps qu'il fait) :
Citation: | Lorsque je serai mort, cesse de pleurer
Quand tu n'entendras plus la morne et triste cloche
Par qui le monde connaîtra que j'aurai fui
Ce monde vil pour le plus vil séjour des vers. |
Henri Thomas a souvent d'élégantes trouvailles, toute en simplicité, comme pour ce vers du sonnet 43 où il parvient à garder le rythme monosyllabique d'origine :
Citation: | All days are nights to see till I see thee,
And nights bright days when dreams do show thee me.
Tous mes jours sont des nuits jusqu'au jour de te voir |
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Neuman
Inscrit le: 21 Jan 2015 Messages: 5 Lieu: Aveyron
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écrit le Wednesday 21 Jan 15, 3:11 |
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Ma proposition de traduction du Sonnet 71, en reproduisant le nombre de pieds, l'emplacement de la césure des vers pour reproduire le rythme, et l'ordre des rimes :
NB : La prononciation du « e » dans la diction poétique, alors qu’il est élidé dans la langue « naturelle », est une spécificité française. Ni l’anglais ni l’allemand n’ont de procédé équivalent : ce sont des langues accentuées et rythmées, contrairement au français, et leur poésie ne recourt donc pas à une diction artificielle pour produire une musique conventionnelle signalant que « ceci est de la poésie ».
Je me suis donc imposé comme règle pour cette traduction que le « e » doive toujours être prononcé naturellement, c'est-à-dire élidé lorsqu’il l’est dans le français que nous parlons.
No longer mourn / for me when I am dead
Than you shall hear / the surly sullen bell
Give warning to / the world that I am fled
From this vile world / with vilest worms to dwell:
Nay, if you read this line, / remember not
The hand that writ it, / for I love you so,
That I in your sweet thoughts / would be forgot,
If thinking on me then / should make you woe.
O! if, I say, / you look upon this verse,
When I perhaps / compounded am with clay,
Do not so much / as my poor name rehearse;
But let your love / ev'n with my life decay;
Lest the wise world / should look into your moan,
And mock you with / me after I am gone.
Finis ton deuil, / quand j'aurai disparu,
Au son du glas / taciturne et amer
Disant au monde / que ma demeure n'est plus
Dans ce vil monde, / mais auprès des vils vers.
Oui, si tu lis ces lignes, / oublie la main
Qui les a écrites, / car je t'aime tellement
Que je préférerais / n'être plus rien
Pour toi si ma mémoire / t'était tourment.
Oh! s'il t'arrive / mes poèmes de relire,
Moi peut-être / mélangé à la terre,
Mon pauvre nom / évite même de redire;
Que ton amour, / tel ma vie soit poussière;
Ne laisse te voir / gémir le monde retords:
A te moquer / lui servirait ma mort.
Dernière édition par Neuman le Wednesday 21 Jan 15, 6:13; édité 2 fois |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 21 Jan 15, 16:12 |
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Bien vu ! Es-tu traducteur ? |
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Neuman
Inscrit le: 21 Jan 2015 Messages: 5 Lieu: Aveyron
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écrit le Wednesday 21 Jan 15, 16:44 |
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José a écrit: | Bien vu ! Es-tu traducteur ? |
Merci. Amateur à ce stade.
Ceci dit, étant récemment retraité, je m’y mets plus sérieusement, et cherche un éditeur pour ma traduction (selon les mêmes principes de reproduction du rythme et de la structure musicale) des « Späte Gedichte » d’Hölderlin, et d’un choix de sonnets de Shakespeare consacrés au Temps. |
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Neuman
Inscrit le: 21 Jan 2015 Messages: 5 Lieu: Aveyron
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écrit le Saturday 17 Dec 16, 15:02 |
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Ma traduction des 154 Sonnets vient d'être publiée par l'éditeur Ressouvenances |
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Mechthild
Inscrit le: 01 Sep 2011 Messages: 119 Lieu: Wien/Vienne, Autriche
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écrit le Sunday 18 Dec 16, 17:36 |
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Merci pour la belle traduction, Neuman!
Une question que je me pose toujours en lisant des vers français: L'accentuation naturelle n'importe donc pas en poésie?
Par exemple, vous écrivez:
Neuman a écrit: | Au son du glas / taciturne et amer |
ce qui, normalement, on accentuerait: au són du glás / tacitúrne et amér
alors que, pour respecter le pentamètre, il faut dire: au són du glás / tacíturne ét amér. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11191 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 08 Feb 17, 14:48 |
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Je suis curieux de connaître la traduction de ce passage par Neuman. |
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Neuman
Inscrit le: 21 Jan 2015 Messages: 5 Lieu: Aveyron
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écrit le Monday 26 Aug 19, 10:26 |
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Bonjour Mechthild,
En cherchant autre chose par Google, je viens de tomber par pur hasard sur votre réponse du 18 déc. 2016 que je n’avais pas vue à l’époque.
Vous avez parfaitement raison, et j’ai corrigé en ce sens mes traductions des Sonnets pour leur publication. Le problème vient du fait que la tradition poétique française se préoccupe dans sa prosodie de la longueur du vers en nombre de syllabe, mais pas du nombre d’accents toniques, contrairement aux traditions poétiques anglaise, allemande, russe…
Ceci n’est pas dû à la « nature de la langue » mais à un choix historique, fait au 17ème siècle. Il est parfaitement possible d’établir un rythme accentuel naturel en français, même si les poètes français ne s’y sont pas attachés, et c’est ce que j’ai essayé de faire depuis dans mes traductions d’anglais et d’allemand en français (ainsi que d’allemand en anglais, ce qui est bien plus facile du point de vue accentuel) :
voir : Ressouvenances |
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Neuman
Inscrit le: 21 Jan 2015 Messages: 5 Lieu: Aveyron
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écrit le Monday 23 Sep 19, 18:10 |
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« Je suis curieux de connaître la traduction de ce passage par Neuman. » :
For where is she so fair whose uneared womb
Disdains the tillage of thy husbandry?
Or who is he so fond will be the tomb
Of his self-love, to stop posterity?
Car où est-elle, si belle, à matrice inviolée,
Qui pourrait les soins de ton labour dédaigner?
Ou qui est-il, si fou que sera entombée
Par son amour de soi-mêm' sa postérité ? |
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AdM Animateur
Inscrit le: 13 Dec 2006 Messages: 898 Lieu: L-l-N (Belgique)
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écrit le Monday 23 Sep 19, 18:24 |
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Neuman a écrit: | […]
Or who is he so fond will be the tomb
Of his self-love, to stop posterity?
[…]
Ou qui est-il, si fou que sera entombée
Par son amour de soi-mêm' sa postérité ? | Je dirais plutôt « amour de lui-même » ? |
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