Histoire & Patrimoine
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Le quotidien d'un employé de la C.G.N.H.P.L.M. Le charretier Louis BoillaudEn 1922, la Compagnie Générale de Navigation du Havre à Paris, Lyon et Marseille (C.G.N.H.P.L.M.), exerçait ses activités sur une grande partie du réseau fluvial français. Elle y était représentée par de nombreux bureaux plus ou moins importants. Cette flûte de Bourgogne va entrer dans le port de Troyes. Son appartenance à la HPLM est bien repérable par le "logo" à l'avant du bateau : un losange blanc au coeur rouge. (Coll. D.Richard) À Migennes par exemple, à l’entrée nord du canal de Bourgogne, outre ses bureaux, elle possédait une « voilerie », nom donné au grand hangar (encore visible) où séchaient des bâches pendues au plafond à l’aide de grosses poulies en bois. En ce lieu se trouvaient aussi des apparaux de navigation, cordes, amarres, et verdons, pompes de cale, peinture, etc… et des écuries, le tout renforcé par la présence sur le port de la C.G.T.V.N. [1]. Dans d’autres lieux, ce n’était souvent qu’un seul agent, œil de la Compagnie, contrôlant et cherchant du fret. Deux flûtes de Bourgogne sont en attente dans le port de Troyes. Le bureau de la HPLM se trouve à droite, reconnaissable à son auvent en surplomb sur le bassin. La majeure partie de la flotte de canal de la HPLM, sur les canaux du centre de la France, consiste en flûtes bourguignonnes. (Coll. D.Richard) Suivons maintenant Louis Boillaud, charretier. Un trajet court, mais répétéAu printemps 1922, Louis part avec ses deux chevaux pour 53 jours, parcourant 757 kilomètres. Les limites extrêmes de son trajet sont Dijon et Besançon, soit seulement 108 km, mais il part de Saint-Jean-de-Losne, y repasse trois fois, et y termine son circuit le 7 juin. Sur ce trajet, il hale neuf bateaux différents. Deux feuilles parmi des sept comportant les avances et dépenses de Louis Boillaud sur son parcours des 757 km et 53 jours, soigneusement reportés à partir des justificatifs qu'il a produits. La feuille de paieElle est établie au départ, confiée à l’intéressé quel que soit son emploi : capitaine, pilote, second, mécanicien, haleur, ou charretier. Une flûte de Bourgogne franchit, chargée, le pont-canal de Briare pour descendre vers Paris. Sa feuille de paie définitive s’établit ainsi : Un convoi de bateau s'apprête à franchir la voûte de Pouilly-en-Auxois, tractée par le toueur électrique au premier plan. Le premier bateau du convoi, "Sapeur", une flûte bourguignonne, appartient à la HPLM. Au terme du voyage, le bureau de St-Jean-de-Losne lui verse 484,20 Francs, tenant compte de l’excédent acomptes - dépenses de 393,65 F. Sur ce document de "la Compagnie" sont portées les cotes d'eau (des biefs ?) transmises à la HPLM par les services de navigation de Dizy, sur la Marne. Les justificatifsPour ce voyage, Louis Boillaud présentera sept feuilles de justificatifs où tous les frais sont notés. Sont consignés d’abord les frais d’alimentation des animaux : bottes de foin, litres de son, litres d’avoines ; ensuite les dépenses utiles diverses : frais d’écurie, achat d’allumettes, de pétrole, perches, cordages, ferrage des chevaux, bottes de paille. Chaque commerçant remplit sa ligne et signe. De petits justificatifs sont joints. C’est souvent une petite feuille de papier, sans en-tête, écrite d’une main qu’on sent hésitante « 1 botte de paille 1,50 f ». Sur ce justificatif, le comptable de la HPLM a rayé les deux repas : pas question de faire bombance aux frais de "la Compagnie" !
Une flûte de Bourgogne entre à Troyes, dont on reconnait le cirque d'hiver (devenu depuis le théâtre de Champagne), observée par une foule de badauds. Sur son tableau arrière est portée la mention "Cie Générale de Navigation". (Coll. D.Richard) Les chiffres ne disent pas tout…Ne nous restent à présent que des questions : avec ses deux chevaux il a halé neuf bateaux. Où couchaient ses chevaux ? À la belle étoile ? Dans l’écurie des bateaux ? Dans les écuries de la Compagnie ? Et Boillaud lui-même, probablement à bord des bateaux. Probablement, mais pas
sûr… Georges Girolet Ce document montre bien l'importance de l'HPLM au début du XXe siècle : pas moins de cinq bateaux lui appartenant, essentiellement des flûtes de Bourgogne, sont visibles aux premier et second plans de cette vue du port de Roanne. [1] Compagnie Générale de Traction sur les Voies Navigables. Cette compagnie associée à l’H.P.L.M. proposait ses services de traction animale puis mécanique (tracteurs Latil sur pneus ou ferroviaires dans le nord-est dans les années d’après la seconde guerre mondiale) BibliographieHalage et traction. François Bérenwanger (Cahier du Musée de la Batellerie N°30, 1993). La Grande Batellerie. Bernard Le Sueur, Musée de la Batellerie 1995. Mariniers, tomes 1 et 2. Bernard Le Sueur, Chasse-Marée 2004-2005. Retour à C.G.N.H.P.L.M. (Cliquer) |
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