Construit sur le tracé approximatif d'un canal gallo-romain, le canal d'Arles à Bouc est certainement un des plus célèbres au monde, grâce à Van Gogh.

Le canal à son arrivée en Arles

Bassin versant
Rhône

Type de voie d'eau
Canal de dérivation

Relie
Arles à la Mer Méditerranée (Port-de-Bouc) .

Origine physique et administrative
Arles (Bouches-du-Rhône) à la cote 2,60 m.

Extrémité physique et administrative
Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) à la cote 0 m

Sens conventionnel de descente
D'Arles à Bouc

longueur
A l'origine : 47,4 km

Le canal est aujourd'hui coupé en deux par les installations de Fos et comprend une partie amont d'environ 30 km, nommée "canal d'Arles à Fos", quasiment rectiligne et peu fréquentée, sauf ses deux premiers kilomètres qui desservent le port d'Arles, et une partie aval qui joint l'étang de Fos à Port-de-Bouc, fréquentée par de gros chalands. Un nouveau canal, nommé canal du Rhône à Fos, relie cette seconde partie au grand Rhône à Barcarin.

Nombre d'écluses
A l'origine, 4 écluses

Actuellement, une grande écluse à Arles, deux petites sur le canal, dont une neutralisée (Montcalde) et une grande à Barcarin sur le canal du Rhône à Fos.

Gabarits
Initialement : 33 m par 7,80 m
Ecluse d'Arles : 100 m par 12 m, mouillage 1,80 m, hauteur libre : 3,70 m
Ecluse de Barcarin : 180 m x 12 m

Temps de trajet minimum
1 jour

Structure administrative de rattachement
Service de navigation de la Saône et du Rhône, subdivision d'Avignon-Arles, Service maritime de Marseille

Statut actuel
Déclassé en partie , géré par l'Etat (VNF)

Raisons de sa construction
Eviter aux bateaux le Grand Rhône souvent ensablé et peu fiable

Compagnie concessionnaire à l'origine de son achèvement
Jonas Hagerman (1822)

Personnalités importantes ayant contribué à sa construction

Préfiguration
Le général Marius, qui, vers 102 av. JC, fit creuser un canal de dérivation du Bas-Rhône, la "Fossa Mariana" dont la ville de Fos-sur-Mer perpétue le souvenir.

Vauban (fin XVIIe), Belle-Isle, Millet de Mureau et Demonville (1749-50)

Conception

Commencé en
1804

Mis en service en
1834

Racheté par l'Etat en
?

Radié
le 01.09.1971

Ouvrages remarquables
Ecluse d'Arles
Pont-levis dit "de Van Gogh" sur l'ancienne écluse de Montcalde.

Système alimentaire
Le Rhône

Voies d'eau adjacentes :
Canal de Marseille au Rhône

Embranchements
Il existait un embranchement aux Arcades, non loin de Fos, qui permettait de rejoindre l'étang d'Engrenier. Il n'est pas interdit de penser que des petits canaux adjacents comme ceux de Meyranne et de Galégeon aient pu connaitre une petite navigation.

Principales villes traversées :
Arles, Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc

Départements concernés
Bouches-du-Rhône

Origine des noms d'Arles et Bouc
Arles est nommée Arelate en celto-romain. Cela signifierait "près de (are) les marais (late)", mais on peut aussi y voir la racine hydronymique celte Ar, late restant "marais". Arelate serait ainsi "les marais de la rivière", ou "la rivière des marais".
Pour Bouc, c'est beaucoup plus simple, et sans aucun rapport avec Monsieur Chêvre : il s'agit tout simplement de Bocca, la bouche, au sens d'embouchure : le Rhône se jette en Méditerranée ici, ce sont... les Bouches du Rhône.
Quant à Fos, celà vient tout simplement de "Fossa Marianna", nom latin du canal du Général Marius en 102 avant notre ère.

Remarques

A propos du pont-levis dit "de Van Gogh"

En réalité, le pont-levis peint par Van Gogh sous le titre "le Pont de Langlois" n'est pas celui qui est présenté aujourd'hui sous l'appellation "Pont Van Gogh". Le canal comptait, pour le passage des voies routières, neuf ponts-levis en bois et cinq ponts fixes. Le pont de Langlois en faisait partie et était situé à proximité de l'actuel pont Réginel. Il fut remplacé en 1930 par un pont en arc en béton armé de 45 mètres, pour permettre le passage des convois lourds. En 1944 tous les ponts du canal furent détruits, à l'exception de l'un d'entre eux, à Fos. À la reconstruction, tous les ouvrages furent remplacés par des ouvrages provisoires ou définitifs, adaptés aux normes modernes. En 1959, le pont-levis en bois de Fos, gênant une opération de voirie, fut démonté. Le syndicat d'initiative d'Arles s'en porta acquéreur, en vue de son remontage à l'identique de celui peint par Van Gogh. Cependant, les contraintes techniques et paysagères ne permettant pas de le replacer sur le site initial, il fut remonté sur le même canal, mais quelques kilomètres en aval, sur l'écluse de Montcalde. Par ailleurs, le pont, en mauvais état devait être restauré. Cette opération fut menée à bien en 1997, mais l'ouvrage mériterait bien que celle-ci soit reconduite à nouveau. (Merci à Louis Barnes pour les précisions)

La parole à Vincent

Donnons la parole à l'artiste lui-même. Voici ce qu'il écrit à son frère Théo, en mars 1888 :

"...Pour ce qui est du travail, j'ai rapporté une toile de 15 aujourd'hui, c'est un pont-levis sur lequel passe une petite voiture, qui se profile sur un ciel bleu - la rivière bleue également, des berges orangées avec verdure, un groupe de laveuses aux caracos et bonnets bariolés.
Puis autre paysage avec un petit pont rustique et laveuses également." (469 F)

Quelques jours après, il évoque de nouveau ce sujet :

"...Eh bien, il (le marchand d'art Testeeg qui demande à Théo de lui adresser des toiles d'impressionnistes) aura un tableau de moi dans sa propre collection. J'y ai réfléchi ces jours-ci et j'ai trouvé une chose drôle comme je n'en ferai pas tous les jours.
C'est le petit pont-levis avec petite voiture jaune et groupe de laveuses, une étude où les terrains sont orangé vif, l'herbe très verte, le ciel et l'eau bleu.
Il lui faut seulement un cadre calculé exprès en bleu de roi et or, de ce modèle le plat bleu, la baguette extérieure or, au besoin ce cadre pourrait être en peluche bleu, mais mieux vaut le peindre." (473 F)

Entretemps, il évoque ainsi son sujet avec son ami peintre Emile Bernard :

"...En tête de cette lettre, je t'envoie un petit croquis d'une étude qui me préoccupe pour en faire quelque chose : des matelots qui remontent avec leurs amoureuses vers la ville qui profile l'étrange silhouette de son pont-levis sur un énorme soleil jaune. J'ai une autre étude du même pont-levis avec un groupe de laveuses." (B2 F)

Le croquis (JH 1370) que Vincent évoque dans cette lettre est suffisamment précis pour y reconnaitre un lieu caractéristique du canal avec bien sûr le pont-levis, mais aussi la maison du pontier à moitié cachée par le portique du pont. À l'arrière-plan se devinent une autre maison, quelques arbres et un horizon assez indéfini qui semble être la ville d'Arles, avec notamment ce qui semble être une construction haute et étroite comme une tour, et des cheminées d'usine en fumée. Vincent note avec précision les couleurs qu'il donnera au tableau : le ciel sera jaune, les culées du pont lilas, le chemin de halage rose, le canal émeraude et l'herbe du premier plan et de la rive opposée verte.
En avril suivant, la toile part à Paris chez le marchand Tersveeg, et Vincent décide d'en faire une autre version destinée à son frère Théo. Il tirera finalement de ce sujet quatre huiles (F 397 JH 1368, F 400, F 570 et F 571), une aquarelle (F 1480) et quatre dessins ou esquisses préparatoires (JH 1370, F 1416v, F 1470 et F 1471). Il réalisera une cinquième huile, "Couple marchant", à partir d'un détail de l'esquisse JH 1370. L'ensemble sera exécuté de mars à mai 1888.

Voir, à ce sujet, Wikipédia