Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
|
|
|
|
|
Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
|
écrit le Thursday 02 Jun 11, 21:03 |
|
|
flo a écrit: | Renard - initialement le Renart du roman éponyme - a remplacé le goupil ancien me semble-t-il. |
Ce n'est pas le roman qui est éponyme de Renart, c'est Renart qui est éponyme du roman !
Éponyme : qui donne son nom, comme à Athènes l'archonte éponyme donnait son nom à l'année où il avait exercé sa magistrature. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Friday 03 Jun 11, 1:07 |
|
|
Je crois que c'est encore un peu plus tordu.
Au départ, il y a le nom germanique Reginhard (ou quelque chose comme ça) qui donne en français Renart et en allemand Reinhart.
Comme un roman a pour héros un certain Renart, Glossophile a raison, celui-ci est éponyme du roman en question.
Mais ce Renart est un goupil et le roman a un tel succès que le goupil va prendre le nom du roman et s'appeler désormais un renard. Aussi, Flo n'a pas tout-à-fait tort, le roman est éponyme de l'animal … |
|
|
|
|
Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
|
écrit le Friday 03 Jun 11, 4:05 |
|
|
A tous les coups, c'est Renard l'éponyme : éponyme du roman, éponyme du goupil. |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 8:17 |
|
|
Vous me direz si je me trompe :
1. Le "roman" en question s'appelant "Le roman de Renard" il ne peut être éponyme que de quelque chose qui s'appellerait aussi "le-roman-de-renard", ce qui n'est pas le cas.
2. Renard n'est pas éponyme du roman, puisque le roman ne s'appelle pas "Renard" mais "Le roman de Renard". Il est bien en revanche éponyme du goupil, tout comme Frigidaire est éponyme du réfrigérateur. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 10:36 |
|
|
Papou JC a écrit: | … Le "roman" en question s'appelant "Le roman de Renard" il ne peut être éponyme que de quelque chose qui s'appellerait aussi "le-roman-de-renard", ce qui n'est pas le cas … |
Au sens strict, tu as bien sûr raison et Glossophile aussi mais je trouvais un peu cavalier de renvoyer Flo à ses études à coup de gras et de points d'exclamation.
Et la notion d'éponymie pourrait aussi être un peu plus laxiste, se contentant d'une référence, l'explicite ne nécessitant pas nécessairement l'exact. N'oublions pas que, en grec, ἐπώνυμος (lire épônumos) signifie simplement que « sur-nom ».
Le roman a été nommé Roman de Renart en référence à son héros Renart et, plus tard, le goupil a été surnommé, puis nommé, « renard » en référence au roman. Dans une telle situation, utiliser ou non le mot « éponymie » me semble surtout être affaire de goût personnel … |
|
|
|
|
Mik
Inscrit le: 21 May 2006 Messages: 276 Lieu: Drôme, France
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 11:39 |
|
|
Y a-t-il une explication au changement de lettre finale ? |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 15:44 |
|
|
Le vieux germanique était *hardu-, "dur, hardi". Avec l'évolution, la dentale sonore a été conservée en anglais (cf. hard, "dur"), elle s'est amuïe en finale en français (mais évidemment conservée dans hardi), assourdie et écrite "t" en allemand. Ma description n'est ni chronologique ni historique. Je laisse le soin aux spécialistes d'ancien et moyen français de répondre sur l'évolution de l'orthographe Renart > Renard.
C'est le même élément qu'on retrouve dans tous les prénoms anglais ou français en -ard et allemands en -hart : Léonard, Bernard, Richard, etc.
Lire aussi le MDJ renard et goupil (4 pages !) |
|
|
|
|
Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 16:23 |
|
|
Citation: | . N'oublions pas que, en grec, ἐπώνυμος (lire épônumos) signifie simplement que « sur-nom ». |
Ce n'est pas exactement ce que dit ce bon Anatole.
Il donne en effet deux sens à cet adjectif qualificatif :
un sens passif, qui a reçu comme nom ;
un sens actif , qui donne son nom.
Alors, oui, si on veut en français parl<er> grec et latin, on peut dire que le roman Madame Bovary est éponyme de son héroïne (sens passif) tout autant que Madame Bovary est l'héroïne éponyme du roman (sens actif).
Cependant, comme le dit si bien Papou, Citation: | Le "roman" en question s'appelant "Le roman de Renard" il ne peut être éponyme que de quelque chose qui s'appellerait aussi "le-roman-de-renard", ce qui n'est pas le cas … |
Notons cependant que, pour le terme français, Robert le petit ne connait que le sens actif.
Notons encore qu'en contexte, quand apparait le mot éponyme il fonctionne comme équivalent d'homonyme.
Ce qui fait que la langue a deux mots pour exprimer la même notion (cela porte un beau nom, femme Narsès, cela s'appelle la synonymie), mais qu'elle perd une nuance de sens.
Elle s'en remettra... |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 16:36 |
|
|
Pour information, éponyme a fait l'objet d'un MDJ... où je propose que ce qui est ici hors-sujet soit désormais traité, s'il y a lieu de poursuivre.
Idem pour Renard.
Pour revenir au sujet, les références littéraires, il est assez curieux de remarquer qu'en même temps que nous avons parlé de gavroche nous avons parlé d'éponyme, lequel est un paronyme du nom de la soeur de Gavroche, Eponine, dans Les Misérables !
Comment fonctionne le cerveau, tout de même ... |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Sunday 05 Jun 11, 23:48 |
|
|
Contrairement à ce qu'on peut lire plus haut,
ce n'est pas Outis qui a écrit: | ἐπώνυμος (lire épônumos) |
Outis aurait écrit epṓnumos en plaçant correctement le macron de longue et l'accent tonique, ainsi : ṓ
Je sais, c'est un peu pénible et c'est pour ça que je ne le fais pas quand je considère que ce n'est pas d'un intérêt primordial …
Et j'en profite aussi pour rappeler que la prononciation du grec a beaucoup varié, et d'un dialecte à l'autre, et d'une période à l'autre au cours des presque trois millénaires d'existence du grec alphabétique. En demander une transcription API est donc simplement irréaliste et tout ce qu'on peut faire est la transcription mécanique et conventionnelle des caractères, un par un, dans le sens : alphabet grec érudit --> alphabet latin + diacritiques.
Note : j'apprécie beaucoup que, sans même me le demander ni me le signaler, on corrige mes fautes d'orthographe ; je trouve moins intéressant qu'on en introduise ! |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Monday 06 Jun 11, 10:52 |
|
|
Pour compléter la liste :
amphitryon : d’après le nom du héros de la comédie de Molière Amphitryon et, dans la même comédie, sosie : d’après le nom de l'esclave d’Amphitryon, dont le dieu Mercure avait pris la forme.
arlequin et pantalon : d’après les noms de ces deux personnages de la Commedia dell' Arte.
céladon : d’après le nom du héros masculin de l’Astrée, d’Honoré d’Urfé.
espiègle : altération de Ulespiegle, adaptation de Till Eulenspiegel, héros d’un roman allemand traduit en français en 1559.
giton : mot formé par Voltaire d’après Gito, nom d’un personnage du Satiricon.
gnaf : cordonnier, forme abrégée de Gnafron, nom d’un personnage du guignol lyonnais.
maritorne : 18e s. femme laide, vulgaire et peu soignée, désigne souvent un servante.
Dérivé de l'espagnol Maritornes, nom d'une servante d'auberge dans Don Quichotte de Cervantès.
odyssée : d’après l’Odyssée.
pamphlet : d’après Pamphilet, diminutif de Pamphile, titre d’une comédie en vers latins du XIIe s.
pandore : d’après le nom du gendarme dans une chanson de G. Nadaud.
pépin (familier pour parapluie) : d’après Pépin, nom du personnage d’un vaudeville de 1807 qui entrait en scène armé d’un grand parapluie.
riflard : d’après Riflard, nom du personnage d’une comédie de 1801, qui portait toujours un parapluie.
rocambolesque : de Rocambole, nom d’un personnage de Ponson du Terrail.
sacripant : de Sacripante, nom d’un personnage de l’Orlando innamorato de Boiardo.
séide : de Séide, nom d’un personnage du Mahomet de Voltaire.
stentor : du nom d’un guerrier de l’Iliade.
syphilis : d’après Sipylus, nom d’un personnage des Métamorphoses d’Ovide.
turlupiner : d’après Turlupin, choisi comme surnom par Legrand, auteur de farces au début du XVIIe s.
(Source : annexe III du Dictionnaire étymologique du français, Les usuels du Robert)
Dernière édition par Papou JC le Tuesday 07 Jun 11, 15:21; édité 4 fois |
|
|
|
|
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
|
écrit le Monday 06 Jun 11, 21:03 |
|
|
Escobarder, nous devons ce verbe à un fameux jésuite espagnol, écrivain et prédicateur, Antonio de Escobar y Mendoza ( 1589- 1669) Sa conception de la morale, inspirée du probabilisme ne fut pas du goût des penseurs français. De Pascal, Molière, Boileau à La Fontaine, ils ne se privèrent pas de ridiculiser ses théories. Si bien que le terme finit par désigner l'action d'un homme qui use de mots à double sens dans le dessin de tromper, dixit Littré. Bref, escobarder c'est seulement faire preuve d'humour.
Et un adroit mensonge n'est rien d'autre qu'une escobarderie. |
|
|
|
|
rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
|
écrit le Tuesday 07 Jun 11, 20:17 |
|
|
Si la maritorne, citée par Papou, désigne bien une femme sans grâce, laide et mal soignée, telle la Maritornes de Don Quichotte, n'oublions pas son pendant masculin, venu lui aussi de la même source, par des voies détournées, par altération : malitorne ( adjectif ou employé comme substantif). Une espèce de malitorne , c'est un homme grossier, aux manières de rustre. Espèce lentement en voie de disparition comme le mot d'ailleurs. |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11198 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Tuesday 07 Jun 11, 20:47 |
|
|
MADAME JOURDAIN. Il faut à votre fille un mari qui lui soit propre, et il vaut mieux pour elle un honnête homme riche et bien fait, qu'un gentilhomme gueux et mal bâti.
NICOLE. Cela est vrai. Nous avons le fils du gentilhomme de notre village, qui est le plus grand malitorne et le plus sot dadais que j'aie jamais vu.
(Le Bourgeois Gentilhomme, III, 12) |
|
|
|
|
|