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La page des niouzes



 

Septembre 2007 : Orléans-sur-Loire
 


Réunion de travail improvisée sur un bateau par quelques membres de l’Entente des Canaux du Centre

 


Depuis quatre ans, Orléans donne un rendez-vous biennal à tous les passionnés du « Grand Fleuve » pour cinq jours de fête. La troisième édition, en septembre dernier, a confirmé l’importance croissante de cette manifestation.

 

Bernard et Alain, deux copains de Decize, à bord de leur "Nivernaise"

 


« L’Armada de Rouen, version marine de Loire », voilà qui peut résumer, en quelques mots, le désormais bien établi « Festival Loire » d’Orléans. Deux chiffres juste pour donner un aperçu : 200 bateaux, plus de 500000 visiteurs en cinq jours. Ajoutons à cela des expos, des colloques, des conférences, et bien sûr les très nombreux artistes sans lesquels la fête ne serait pas tout à fait la fête.

 

L’arrière de la « Fillonerie ». Remarquer la piautre, soutenue par ses ménicles, et le puissant guinda

L’Inexplosible, pimpant neuf

 


Des bateaux…

C’était eux, bien sûr, les vedettes du festival. Venus de tout le bassin de la Loire, fûtreaux, toues et chalands rivalisaient d’élégance en gonflant fièrement leurs voiles pour un public admiratif devant ces grandes toiles blanches aux rondeurs sympathiques. Venus de Decize, de Châteauneuf ou de Savonnières, ils faisaient renaître, pour cinq jours, cette batellerie qui fit la prospérité de ce pays avant d’être supplantée par le rail puis la route. Et puis, autre vedette, le tout nouvel « Inexplosible » lancé par la ville d’Orléans trônait au bout de son ponton, tel un symbole du lien retrouvé entre la ville et sa rivière. Un beau bestiau cet « Inexplosible », véritable réplique grandeur nature de ces vapeurs qui sillonnaient la Loire entre 1830 et 1850, de Nantes à Nevers, et même Moulins ou Decize.

 

La « Nivernaise » de Decize sous voile. Remarquer la piautre à l’arrière.

Le coureau de Dordogne Henri Gonthier, nommé ainsi en l’honneur d’un des derniers gabariers de la rivière

Dame Jeanne », belle gabare charentaise dite « de port d’Envaux », une des plus grandes reconstitutions de bateau fluvial ancien en France. Elle vient de Cognac.

 


Encore des bateaux…

Mais la Loire est généreuse et sait se partager : aux côtés des bateaux ligériens d’inspiration plus ou moins traditionnelle, évoluaient de petits vapeurs, des yoles, de petits voiliers, des périssoires, des canoës en acajou, des courpets et coureaux de Dordogne, de grandes gabares de Charente et même un drakkar… Et puis, Liger avait invité son fougueux cousin d’Europe Centrale, sa majesté Danube, et ses bateaux : « boites d’Ulm » et « zille ». Ce dernier, la zille, longue barque effilée, partage avec le fûtreau ligérien et le weidling du Rhin une lointaine parenté celte commune, du temps des civilisations d’Hallstatt et de la Tène, soit le premier millénaire avant notre ère. Quant à la « boite d’Ulm », c’est un coche utilisé aussi pour le transport de marchandises. Les rayures noires verticales qui donnent à ces bateaux une allure de zèbres aquatiques ne sont pas simplement décoratives : elles servent à mieux les repérer dans la brume.

 

Deux « boites d’Ulm » venues tout exprès du haut Danube...

...et la Zille "Emhain" de Peter Wainig. Un air de famille avec le fûtreau ligérien, non ? (Photo Peter Wainig)

Le petit coureau de Dordogne « Adèle-Clarisse » en navigation. Un bien joli bateau

 


Un signal fort
Et puis, pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, Orléans revoyait des bateaux de canal. Oh certes pas les flûtes berrichonnes et bourguignonnes qui arrivaient autrefois par le canal, mais des transportables de plaisance. Ceux-ci eurent la primeur de voir s’ouvrir devant leur étrave les hautes portes de l’écluse du canal, toute refaite à neuf après un sommeil de trente ans sous une dalle de béton. Les 800 m de canal débouchés qui s’offraient à eux peuvent paraître un peu courts, barrés qu’ils étaient par un bâtardeau de terre, mais il faut savoir que derrière celui-ci se tapissait un fléau qu’il convenait de contenir : la jussie (voir ci-après). Néanmoins, la réouverture de l’écluse est un signe fort, témoin de la volonté de l’agglomération et du département de rouvrir totalement le canal, tellement attendu par tous les plaisanciers pour lesquels, venant de Lyon, de Strasbourg, de Lille ou de Paris, Orléans constituera un but de croisière de qualité.

 

Une vision dont on rêvait depuis des décennies !

Vivez la sortie de l'écluse, en film ! (lien)


Un Attila végétal
La jussie, cette mignonne petite fleur aquatique jaune venue d’Amérique Latine au XIXe siècle est en fait une calamité : d’une vigueur étonnante, cet Attila végétal colonise en un temps record toute surface d’eau calme, tuant toute vie sous elle. Et bien sûr, elle ne connaît pas de prédateur et en attendant de lui en trouver un, la seule lutte contre elle est l’arrachage manuel, avec tout ce qu’il comporte de fastidieux. Elle est très présente dans le Marais Poitevin et tout le long de la Loire depuis Roanne. Comment est-elle montée dans le canal d’Orléans ?

 

Les méfaits de la jussie dans le canal…

 


Deux signatures…
Un temps fort de ce festival fut, pour les amateurs de plaisance fluviale, la visite de François Bordry, président de Voies Navigables de France, venu en toute simplicité montrer son attachement au côté patrimonial de la voie d’eau, invité par son ami Jacques Cotteray, conseiller général du Loiret et par ailleurs président de l’Entente des Canaux du Centre. Cette Entente regroupe sept associations réparties sur les canaux du centre de la France : Briare, Orléans, Berry, Latéral à la Loire, Nivernais, Bourgogne et Centre. Elle a élaboré une charte appelée à régir les relations entre tous les usagers de la voie d’eau (voir ci-dessous). Ce document devait être signé conjointement par François Bordry et Jacques Cotteray, dans une ambiance bon enfant, et cette signature devait être suivie par un repas pris en commun autour d’une table qui n’a dû jamais recevoir autant de présidents d’un coup, avec en plus un tout nouveau chevalier de l’Ordre du Mérite, l’éclusier en retraite Philippe Bénard (voir notre niouze à ce sujet), lui-même président des Amis du Canal du Nivernais.

 

Jacques Cotteray, à gauche, et François Bordry, à droite, signent la Charte. La bonne humeur est de mise.

 


La Charte des Usagers
Elaborée par le bureau de l’Entente en collaboration avec des associations de pêcheurs, de randonneurs, de cyclistes, de plaisanciers, de canoëistes et des services navigation, celle-ci est basée sur la notion d’ « espace partagé ». Elle établit des règles de bon usage du canal et de ses dépendances dans un esprit de convivialité et de respect mutuel. C’est le principe bien connu « ma liberté s’arrête où commence celle de mon voisin, et réciproquement ». Un volet important de la Charte est un schéma général d’aménagement et de développement qui prend en considération les besoins spécifiques, et pas forcément antagonistes des différents usagers sus-dits, de façon à prévoir, à l’avenir, les futurs aménagements de haltes, de ports, etc… en fonction de ces besoins. La préoccupation environnementale tient une grande place dans ce volet de la Charte : la qualité de l’eau, l’étude de moyens efficaces et sans danger pour les bateaux de remontée à terre des animaux tombés à l’eau en sont des exemples.

 

Remise de l’écluse d’or à Charles-Eric Lemaignen (en costume clair) par l’artiste Roger Sage qui explique son œuvre. À côté, de profil : Serge Grouard, maire d’Orléans et Claude Lefol, président de l’ANCO.

 


Une récompense chargée de symboles
Le lendemain vendredi avait lieu la remise, par l’Association pour la Navigation sur le Canal d’Orléans (ANCO), de « l’écluse d’or » à Charles-Eric Lemaignen, président de la Communauté d’Agglomération d’Orléans, pour la réouverture de l’écluse et des 800 mètres de canal bouchés depuis quarante ans (voir niouze). Cette récompense, œuvre du sculpteur Robert Sage, se présente sous la forme d’un bas-relief à motifs symboliques sculpté dans une loupe d’orme, choix lui aussi hautement symbolique si l’on se souvient que l’orme, victime de la graphiose, avait pratiquement disparu de France dans les années 1980, et qu’il renaît actuellement… comme le canal !

 

Le feu d’artifice du samedi soir : grandiose !

 


Des animations de partout !
Pendant tout le festival, des artistes de rue, jongleurs, acrobates, comédiens, musiciens, etc. ont déployé leurs talents devant une foule conquise, tandis que ceux qui désiraient en apprendre plus sur la Loire et sa navigation, les crues, le canal d’Orléans, les Inexplosibles ou le commerce du sucre pouvaient se retrouver dans des salles de conférence ou d’expositions. Des artisans, artistes, éditeurs étaient présents dans des stands sur la place de la Loire, au cœur de la fête. Samedi soir, le ciel d’Orléans devait s’embraser des mille explosions d’un feu d’artifice d’anthologie, plus réussi que celui de 2005 car mieux structuré, articulé sur des thèmes musicaux choisis chez de grands auteurs classiques. Difficile souvent de faire un choix entre une animation de rue et une conférence, une balade en bateau et un concert…

 

Musique à bord...

 


Baptême d’un bateau
Le festival fut l’occasion du baptême d’un beau chaland de 15 m, la Fillonerie, œuvre des « Charpentiers d’ieau ». Un baptême en musique, un excellent mélange de jazz manouche et de jazz tub-jug, pour un bateau d’une belle allure, dont la silhouette n’est pas sans rappeler la déjà vénérable Montjeannaise lancée en 1988 par François Beaudouin et Philippe Boursier. La Fillonerie, construite avec un sérieux évident, est un bon exemple de bateau de taille moyenne, demi-chaland ou « mahon », qui fréquentait la Loire au XIXe siècle. Nous lui souhaitons un très bon vent de mar.

 

La « Fillonerie », vraiment un beau bateau

Le baptême de la « Fillonerie » ne peut se passer sans musique !

 


Rendez-vous en 2009
Forte de ce succès, il est certain que la ville d’Orléans présentera encore de nombreuses éditions du Festival Loire. Nous espérons même, dans un avenir pas trop lointain, pouvoir nous y rendre en bateau depuis Montargis par le canal. Orléans sera alors de nouveau intégrée au réseau fluvial français et européen grâce à un canal qui sera un des plus beaux de France, avec un caractère historique et patrimonial rivalisant avec celui du Midi. Peut-être serait-il intéressant d’étendre la fête en direction du pont de Vierzon, sur les berges de ce même canal : les participants, en aval du pont Georges V, ont, semble-t-il, souffert d’un relatif isolement dû au fait que la batellerie ne pouvait pas venir évoluer jusque vers eux, le radier du pont présentant un rapide assez coriace que peu de bateaux se sont hasardés à franchir : l’auteur de ces lignes l’a fait avec son canoë, en serrant les fesses à cause de l’appareil photo numérique qui ne sait pas nager ! Quoi qu’il en soit, rendez-vous est pris pour septembre 2009.
Sur ce lien, et sur celui-ci, vous verrez des diaporamas réalisés à cette occasion par un navigateur viennois invité, Peter Wainig.

 

Votre serviteur, avec ses outils de travail : le canoë et l’appareil photo (photo Jean-Jacques Bénard)

 

Dernière mise à jour : fin janvier2008


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Retrouvez les bateaux fluviaux de France dans le CDrom "Bateaux des Rivières et Canaux de France", version très enrichie (plus de textes, plus d'illustrations, et même quelques bateaux supplémentaires) du département "Bateaux" du présent site, édité par l'association HiPaRiCa. Voir la présentation et la commande ici et ici.