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  Canal de Briare  

 

Le canal de Briare est aussi appelé "canal de Loire en Seine" dans les textes anciens (littéralement "de Loyre en Seyne"). Il est le prototype de tous les canaux modernes.

Le port de plaisance de Briare vu depuis le bras du Martinet. Pastel de Jacques Ousson (coll. pers. de l'auteur)

 

Sur ce lien : la carte du canal avec les sites intéressants

Sur celui-ci, la carte du canal par Lattré (XVIIIe siècle)

 

Bassins versants
Loire, Seine

Sous-bassin
Loing

Type de voie d'eau
Canal de jonction à bief de partage

Relie
La Loire et son canal Latéral au canal d'Orléans et au canal du Loing

Origine physique et administrative
Briare (Loiret)
à la cote approximative 125 m

Extrémité physique et administrative
Buges (Loiret) au pied de l'écluse 36 de Buges, à la cote 81,30 m

Extrémité physique et administrative d'origine
Montargis (Loiret) à la cote 85,80 m

Altitude du bief de partage
165,49 m

Sens conventionnel de descente
De Briare à Buges

longueur
57 km

Nombre d'écluses
38 (14 versant Loire et 24 versant Seine) (voir remarques)

Avant la mise au gabarit Freycinet vers 1890, le nombre d'écluses côté Loing était de 18. Mais plusieurs d'entre elles (Rogny, Moulin-Brûlé, Briquemault, Lépinoy, Le Chesnoy, la Marolle) étaient à sas multiples, ce qui porte le nombre de sas à 32.

En 1720, le canal est prolongé par le "canal Neuf" : 5 km, 2 écluses (L'Anglée et Buges).

Vers 1880, le bief de partage qui, à l'origine s'étendait de l'écluse de la Gazonne à celle du Rondeau, soit environ 2 km, est prolongé d'autant jusqu'à la nouvelle écluse de la Javacière ("la Java" pour les intimes), tandis que l'ancien tracé de l'écluse du Rondeau à l'écluse septuple de Rogny est abandonné. L'ancien bief de partage possédait une surprofondeur, ce qui permettait de l'étendre jusqu'à l'écluse septuple de Rogny, en neutralisant celle du Rondeau, en cas de pénurie d'eau.

Plus long bief :
Montambert, n°27 (8,500 km)

Plus court bief :
Les Fées, n°9 (315 m)

Plus haute écluse :
Montbouy, n°26 (5,10 m)

Moins haute écluse :
Briare (dite aussi "Henri IV" ou "Rochereau"), n°2 (1,44 m)

 

 

Structure administrative de rattachement
Service navigation de la Nièvre (58), subdivisions de Briare et Montargis

Statut actuel
En service, géré par l'Etat (VNF)
Le canal est fortement menacé de passer au réseau dit "régional".

Raisons de sa construction
Relier les deux principales rivières du royaume, dans l'intérêt du commerce et de la prospérité du pays, par la volonté de Sully et Henri IV

Compagnie concessionnaire ayant permis son achèvement
Compagnie des Seigneurs du Canal de Loyre en Seyne (fondateurs J.Guyon et les frères J.et G.Boutheroue, 1635). La compagnie est érigée en fief à l'origine. Ce privilège disparaît sous la Révolution, mais la Compagnie reste concessionnaire.

Personnalités importantes ayant contribué à sa construction

Reprise des travaux
Marquis Ruzé D'Effiat (1629)

Conception
Hugues Cosnier

Modernisation Becquey
Ingénieur Debourges (1830-1837)

Modernisation Freycinet
Ingénieurs en chef Doussot et Lavollée, ingénieur Huet

Commencé en
1605

Mis en service en
1642

Racheté par l'Etat en
1860

 

Briare carte

 

 

Briare Martinet

L'écluse du Martinet, à Briare
(Reconstitution graphique de Charles BERG 1990)

Une autre écluse de descente en Loire, à Briare : l'écluse de Baraban, au début du XXe siècle. Cette écluse, après avoir été fermée pendant de longues années, a été réhabilitée en 2011. L'endroit n'a pratiquement pas changé.

Briare Baraban

La même écluse de Baraban
(Reconstitution graphique de Charles BERG 1990)

L'écluse de Racault, alors toute neuve, au début du XXe siècle

L'écluse septuple de Rogny actuellement

Les sept écluses vues au loin depuis l'écluse de Sainte-Barbe, au début du XXe siècle. Un bateau berrichon monte, se dirigeant vers la Loire.

Presque la même vue en 2001. Au premier plan, l'écluse Sainte-Barbe. Depuis, les sapins ont été abattus.


La vue opposée, c'est à dire en faisant volte-face. On voit à droite le Loing arriver dans le canal et en ressortir par le déversoir à gauche. L'écluse vient d'être libérée par un berrichon descendant sur Montargis (au fond), et un autre, montant vers Briare, se prépare à prendre sa place.

 

Gabarits

A l'origine, un gabarit proche de l'actuel gabarit des canaux bretons, soit environ 27 m sur 4,40 m, mouillage 1 m, hauteur libre ne dépassant sans doute guère 2,60 m.

Puis, dans les années 1830 : gabarit "Becquey" un peu gonflé, soit 32,40 m sur 5,20 m, mouillage 1,60 m, hauteur libre 3,40 m.

Enfin, depuis 1890 environ : gabarit "Freycinet", soit 39 m sur 5,20 m, mouillage 2,20 m, hauteur libre 3,50 m sauf la descente par trois écluses au port de plaisance par le tracé d'origine, dit "Canal Henri IV", restée au gabarit Becquey.

Temps de parcours minimum
2 à 3 jours

Ouvrages remarquables
Gares d'eau de Briare (les Près-Gris)
Ecluse septuple
de Rogny-les-Sept-Ecluses (Yonne) (Chute de 24 m)
Ecluse quadruple et pont-oscillant
de Moulin-Brûlé (Dammarie-sur-Loing) (Chute de 10 m)
de Moulin-Brûlé
Usine élévatoire de Briare

Plusieurs ponts-levis sur écluses
Sites du Petit Chaloy et de la Gazonne
Pont-canal ->voir remarques
Etang-réservoir du Bourdon

 

Système alimentaire
Le système alimentaire du canal de Briare représente la quintessence de ce qui peut se faire en la matière. Il est d'une rare complexité.
18 étangs-réservoirs de différentes tailles qui captent les eaux du Bourdon, du Loing, de la Trézée (entre autres) reliés entre eux par des dizaines de kilomètres de rigoles sur le plateau de Puisaye. L'étang du Bourdon a été considérablement agrandi en 1905. Jusqu'alors il se résumait aux deux cornes de Charmoy, au sud-est du bassin actuel, et au nord du parc de Boutissaint. La digue d'origine est conservée dans sa plus grande partie.
Détail amusant : l'étang du Bourdon est sur la commune de Saint-Fargeau. Or comment se dit Saint-Fargeau en occitan ? Saint-Ferréol ! Tiens donc, comme le réservoir principal du canal du Midi !
Et la Loire par l'usine élévatoire de Briare depuis 1895.
Le canal profite aussi
de l'apport de petits affluents de la Trézée qui confluent en lui (Rus de Pontchevron et de la Maladrerie par exemple)

En cliquant sur ce lien, vous verrez un diagramme en coupe de l'alimentation du canal de Briare (c'est pas triste !!).
Sur celui-ci, l'alimentation du canal est détaillée avec de nombreuses photos. Un travail très complet de l'ami Bruno Chanal. Il ne manque que les cotes d'altitudes.

Voies d'eau adjacentes :
Canal Latéral à la Loire, Canal d'Orléans

Principales villes traversées :
Briare, Ouzouer-sur-Trézée, Rogny-les-Sept-Ecluses, Châtillon-Coligny, Montbouy, Montcresson, Montargis

Départements concernés
Loiret, Yonne

Origine du nom de Briare
"le passage fortifié sur l'eau"
Le nom latin, hérité du celte, de Briare est Brivodurum, qui se décompose en Bri-Ivo-Dur(um), soit "le passage (bri) sur l'eau (ivo) fortifié (dur-um)". On peut en déduire qu'à cet endroit se trouvait un pont fortifié, certainement sur la Trézée, sur la grande route de Bretagne à Lyon.

 

Aqueduc trézée

Un peu à l'amont de l'écluse de Courenvaux, l’aqueduc de la Trézée permet à la rigole des pompes, qui amène l'eau de la Loire au bief de partage, de traverser la vallée de la Trézée et le canal de Briare.

Le même aqueduc, tout neuf, au début du XXe siècle.

Courenvaux

L'écluse n°6 de Courenvaux, juste après l'aqueduc. Le bateau est un automoteur berrichon.

La même écluse vue d'aval.

 

Quelques remarques et une idée reçue...

Le prototype de tous les canaux modernes

Le canal de Briare est réputé comme étant le prototype de tous les canaux modernes. En effet, la plupart des principes de base qui allaient être utilisés dans les canaux ultérieurs y sont déjà présents dès les premières années de sa construction. Hugues Cosnier, malgré ses tâtonnements, se montre déjà très compétent en matière hydraulique, et résout l'un après l'autre tous les problèmes qui se présentent à lui. Il apporte une nette amélioration au principe du bief de partage connu déjà sous une forme embryonnaire en Allemagne depuis plus de deux siècles (canal de Stecknitz, 1398), invente les écluses multiples, délaisse le cours des rivières côté Loing, après en avoir vu les inconvénients avec les crues de la Trézée côté Loire, pour établir son canal en site propre, inventant ainsi le canal latéral. Il adapte aux écluses, qu'il conçoit en maçonnerie durable, le principe du tunnel de fuite qu'il a vu en Belgique. Il ne fait pas dans le bricolage à la petite semaine, mais dans l'oeuvre durable. Tous ses successeurs, à commencer par Pierre-Paul Riquet lui-même, viendront prendre modèle sur son ouvrage qui reste une référence. A peu de choses près, on peut dire que tous les canaux de jonction à bief de partage qui seront construits par la suite, du canal du Midi à celui de Panama, le seront sur les mêmes principes. (retour au texte)

 

En quatre vues, nous assistons à la transformation du canal au cours du temps. Les quatre images suivantes représentent toutes le même endroit, l'écluse de la Marolle à Montargis, à différentes époques du XIXe siècle.

Cette lithographie du début du XIXe siècle nous montre l'écluse, alors double, à peu près dans son état d'origine, telle que l'a conçue Hugues Cosnier (même s'il est mort avant de la voir achevée). Au loin, c'est le pont Saint-Roch.

Cette photo nous montre la même écluse en 1887. Elle est toujours double, mais entre-temps a été élargie et allongée pour être aux normes Becquey.

Nous sommes en 1888. L'écluse est en chantier pour être portée au gabarit Freycinet.

L'écluse de la Marolle toute neuve après sa mise au gabarit Freycinet. Elle n'a plus qu'un seul sas, d'une profondeur équivalente aux deux précédents, soit près de 5 m. Elle n'a pas changé depuis.

Le même site aujourd'hui

L'écluse de la Marolle est ici occupée par une toue du canal du Centre, montante. À l'arrière-plan, on devine la passerelle d'où a été prise la photo précédente.

À Montargis, le canal s'est coulé dans les anciennes douves de la ville, et en a gardé le tracé.

 

 

Les débouchés en Loire

Le canal de Briare a eu trois communications avec la Loire, mises en services successivement et fonctionnant plus ou moins simultanément.
La première reconnue officiellement est celle du Martinet, en 1642 (et même en service certainement dès les années 1610).
La deuxième, plus au nord, est celle de Rivotte ou "Maison Blanche", mentionnée en 1696.
La troisième est la plus près de la ville, au Baraban. Elle fut ouverte en urgence en 1794 à cause de la disette qui règne alors à Paris (les écluses du Martinet et de Rivotte n'arrivent pas à absorber le flux de bateaux descendant sur Paris). Mais il est possible qu'ait existé à cet endroit un débouché primitif (un pertuis ?) en même temps que l'écluse du Martinet. 1794 pourrait n'être qu'une année de reconstruction de l'écluse du Baraban qui conserve de cette construction hâtive une forme irrégulière qui fait son originalité et ne l'a jamais empêchée de fonctionner parfaitement jusqu'à son déclassement dans les années 1950, avant sa réouverture en 2011.

Les nombres d'écluses annoncés ici comprennent ces deux écluses, Rivotte et Martinet, hors service.

C'est juste à l'amont de cette écluse du Baraban que le canal de Briare reçoit en 1838 l'arrivée du canal Latéral à la Loire dans sa première version. L'écluse des Combles, à 5 km en amont, appartient à ce canal Latéral et non au canal de Briare.

Le nouveau bief du canal Latéral ouvert en 1896, et franchissant la Loire par le pont-canal, se raccorde au canal de Briare juste à l'amont de son écluse n°4 "la Cognardière" ("La Cogne" pour les intimes")

Courteline se marre...
2011 a vu la restauration de l'écluse du Baraban, mais elle n'est "pas encore inaugurée officiellement", a-t-on répliqué aux navigateurs qui auraient pu l'emprunter pour rejoindre Orléans et son Festival de Loire en septembre 2011. Et au fait, le pont-canal de Briare, quand donc a-t-il été inauguré officiellement ? Attendez un peu que je réfléchisse... Ah oui, en juillet 1996, cent ans après le passage de son premier bateau. Eh oui. Alors l'argument de l'inauguration, hein, on nous le sert où on veut, mais pas à Briare, OK ? (retour au texte)

 

 

L'écluse d'Ouzouer-sur-Trézée, alors juste déplacée et refaite au gabarit Freycinet, à la fin du XIXe siècle.

À l'amont d'Ouzouer, l'avant-dernière écluse avant le bief de partage, au Petit Chaloy. Le pont métallique porte la ligne ferroviaire d'Auxerre à Gien. Il a été déposé en janvier 1995.

Contemporain de la mise au gabarit Freycinet, dont il est une conséquence, le réservoir du Bourdon a été paysagé avec soin. Ci-dessus la sortie du ru du Bourdon qui, va rejoindre le Loing à quelques kilomètres en aval, et suralimenter celui-ci pour alimenter la rigole de Saint-Pryvé.

 

En suivant ce lien, vous verrez une animation expliquant l'évolution du site de Briare et Châtillon-sur-Loire au cours du temps.

 

Viaduc Briare

Belle photographie de la fin 1860 ou du début 1861 montrant la construction du viaduc ferroviaire de Briare au-dessus du canal, pour la ligne du Bourbonnais, inaugurée en septembre 1861. Ce document remarquable montre un grand bateau marnois, déjà rare à l'époque. (Coll.personnelle Claude Rollet)

Le canal un peu en amont du viaduc ferroviaire de Briare. L'écluse au loin est celle de La Place.

 

 

Le "canal Neuf"

En 1720, le canal de Briare, qui jusqu'alors s'épanche dans les douves de Montargis aménagées pour la navigation, et tombe dans le Loing un peu plus loin au moyen d'un pertuis, est prolongé jusqu'à Buges pour aller se raccorder aux canaux d'Orléans (ouvert en 1693) et du Loing, alors en cours de construction. Cette portion de Montargis à Buges est nommée le "canal Neuf". En suivant ce lien, vous verrez une animation PP qui explicite graphiquement cette évolution. (Retour au texte)

Le canal de Briquemault

À l'aval de l'écluse de Briquemault, et en contrebas du bief de Gazon, le canal est longé par son ancien tracé, connu localement sous le nom de "canal de Briquemault".

Un pont canal ? Quel pont-canal ?

L'on s'étonnera peut-être de ne pas trouver dans la liste des ouvrages remarquables le célèbre pont-canal de Briare. C'est normal : le canal de Briare ne comporte aucun pont-canal. L'ouvrage sus-nommé appartient en effet au canal Latéral à la Loire, et n'en est même pas le dernier sur son linéaire (c'est celui de la Cognardière, sur la Trézée) ! Sur le canal de Briare, toutes les traversées de rivières se font de niveau. (retour au texte)

 

 

Sur cette photo du site de Rogny dans les années 1950 par les éditions La Pie, on voit comment Cosnier a résolu le problème de la traversée du Loing, qui arrive par la gauche et repart par la droite de l'image : un déversoir latéral soutient un bassin où la rivière et le canal se croisent. Un pont-canal à cet endroit n'aurait pas été inconcevable, mais il serait revenu beaucoup plus cher. L'écluse aurait alors été située après, c'est à dire dans le bas de l'image.

Rogny

L'écluse septuple de Rogny, peu avant son abandon. 24 mètres de chute et non 34, voire 38 comme on lit parfois.

rogny_dessin

L'écluse septuple de Rogny (reconstitution graphique de Charles Berg 1994)   

 

Une légende tenace...

...donne, pour la chute totale des sept écluses de Rogny, des chiffres allant de 30 à 38 mètres. Ces chiffres ne relèvent que du fantasme et ne sont fondés sur rien. En fait, il se pourrait bien qu'une coquille soit apparue un jour sur un document du genre brochure touristique, et qu'elle ait été reproduite par la suite par des auteurs peu soucieux de vérifier le bien-fondé de ce chiffre pourtant assez fantaisiste d'apparence.
Tous les documents sérieux (ceux des services navigation, entre autres), ainsi que les relevés de nivellement (I.G.N.) donnent un dénivelé d'environ 24 mètres. À titre de démonstration, la différence des cotes entre le bief de partage (165,49 m) et le bief de Dammarie, c'est à dire le pied de l'écluse de Sainte-Barbe qui correspond à l'ancien pied des sept écluses (140,84 m), est de 24,65 m, ce qui correspond d'ailleurs (bien évidemment !) à l'addition des chutes des 6 écluses actuelles qui vont de 4 m à 4,15 m. Et il faut rappeler que les sept écluses sont séparées du bief de partage par une autre écluse en amont, au Rondeau, dont la chute allait de zéro à quelques décimètres en fonction de la cote du-dit bief de partage qui pouvait alors comprendre aussi le bief de la Montagne.


De son côté, l'académicien De Lalande, qui, dans "Des Canaux de navigation..." en 1778 (§ 438), détaille la chute de chaque sas (sauf celle du Rondeau, justement), donne un chiffre total de 71 pieds et 7 pouces, soit 23,94 m. L'ingénieur A. Debauve, quant à lui, avance en 1878 les chiffres de 2,27 m de chute pour le premier sas, et 3,68 m pour les six suivants, ce qui donne une chute totale de 24,35 m, et il faut rappeler qu'entre temps, le canal a été porté au gabarit Becquey, donc approfondi. Les données de Lalande et celles de Debauve ne diffèrent que de 2 %, ce pourcentage s'expliquant par le changement de gabarit vers 1830.


Signalons aussi le projet d'écluse unique à haute chute, de 1894, présenté par les ingénieurs Fontaine, Gaillot et Moraillon, en remplacement de l'ouvrage, et qui présente une hauteur de 20,40m, alors que le nouveau tracé est en service depuis 1882. L'écluse de Sainte-Barbe, alors déjà construite, rattrape les quelques 4 m manquants.


En tout état de cause, et dans tous les cas, on est très loin des 30 à 38 mètres hautement (et comment !) fantaisistes, qui donneraient des sas d'environ 5 mètres de chute, ce qui est trop audacieux et risqué pour l'époque, et que l'on ne construira qu'à partir de la fin du XIXe siècle. Cette construction de hautes écluses sera permise par l'invention de la vanne cylindrique (sur laquelle les pressions s'annulent) par, justement, l'ingénieur Moraillon pré-cité. (retour au texte)

L'écluse baladeuse

Signalons cependant qu'à l'origine, l'écluse multiple de Rogny n'est pas septuple, mais seulement sextuple. En effet, la septième écluse est séparée des six autres, et se trouve alors à l'emplacement de l'écluse Sainte-Barbe (n°20) actuelle. On ignore les raisons qui ont poussé la Compagnie du Canal à déplacer cette écluse pour venir l'accoler à l'aval des six autres, ni la date exacte de ce déplacement. On ne peut que dire qu'il a eu lieu entre 1642 et 1778, date à laquelle l'académicien Lalande publie son ouvrage "Des Canaux de Navigation" dans lequel il détaille tout l'ouvrage, notamment les chutes de chacun de ses sept sas (voir ci-dessus).

Quand l'Histoire fait de l'humour noir...

En 1629, le Marquis maréchal Antoine Coiffier Ruzé d'Effiat, contacté par Hugues Cosnier, veut reprendre les travaux et achever le canal. On le comprend : cela mettrait ses terres d'Auvergne en relation directe avec la capitale. Le marquis est un ami personnel de Richelieu qui est aussi très intéressé par la réussite du projet, en même temps qu'il impulse celui du canal de Bourgogne.
Mais en 1632, Ruzé d'Effiat meurt sans avoir pu donner suite à son projet. La Compagnie des Seigneurs du Canal de Loyre en Seyne se crée en 1635, et mène alors les travaux à leur terme en septembre 1642.
Le cardinal-ministre est alors un des tout premiers passagers à emprunter le canal, en septembre. Il a embarqué à Roanne sur un coche pour rentrer à Paris, malade depuis le siège de Perpignan.
Mais avant d'embarquer à Roanne, qu'a-t-il fait ?
Il est passé par Lyon où, le 12 septembre, il a fait décapiter les jeunes conspirateurs Cinq-Mars et François De Thou (une vraie boucherie, parait-il : le bourreau, malade, fut remplacé au pied levé par un portefaix inexpérimenté que la foule fut à deux doigts de lyncher...) qui, manipulés par Gaston d'Orléans, frère du roi et la reine Anne d'Autriche elle-même, complotaient pour le renverser, voire l'assassiner.
Or qui est Cinq-Mars ?
Il n'est autre qu'Henri Coiffier Ruzé d'Effiat, le propre fils de son ami le marquis ! Ce marquis qui voulait finir le canal, et le voici aujourd'hui, lui, le cardinal, sur ce même canal qu'il inaugure d'une certaine façon, après avoir fait exécuter le fils de son ami !
Autre détail piquant : Thou est un village situé non loin de Briare.

Nous concluerons en disant que s'ils avaient patienté quelques semaines, à la rigueur quelques mois, Cinq-Mars et De Thou auraient gardé la tête sur leurs épaules, la maladie et la fatigue se chargeant pour eux de les débarrasser de l'encombrant cardinal-ministre. Mais c'est ça, l'impatience de la jeunesse !
(retour au texte)

Antoine Coiffier Ruzé d'Effiat


Ruzé d'Effiat, qui eut en 1629 la volonté de reprendre les travaux du canal de Briare interrompus en 1610 par l'assassinat d'henri IV par Ravaillac, mais ne put mener son projet à terme à cause de son propre décès en 1632, est un personnage méconnu mais dont l'importance dans l'histoire de France est capitale. Maréchal de France, il eut notamment un rôle de tout premier plan dans le siège de La Rochelle en 1627 et 1628. En 1629, il succède à Maximilien de Béthune, c'est à dire Sully, à la charge de Grand Maître de l'Artillerie de France. Sa mort prématurée à 51 ans l'empêche de mener son projet de reprise du canal de Briare à son terme. C'est la "Compagnie des Seigneurs du Canal de Loyre en Seyne" qui, reprenant le projet en 1635, le conduira à son terme en 1642.


Ruzé d'Effiat


Portrait d'Antoine Coiffier Ruzé d'Effiat, conservé au château d'Effiat (Puy-de-Dôme)

 
Château d'Effiat


Le château d'Effiat, non loin de Vichy, mais déjà dans le Puy-de-Dôme. Une visite de ce château donne beaucoup d'informations sur la vie de ce personnage méconnu.

 

 

Sur cette autre photo de Rogny dans les années 1950 par les mêmes éditions La Pie apparait l'ancienne écluse septuple, ainsi que le départ du contournement dont la première écluse, Rogny, est bien visible à droite de l'image.

Deux vues actuelles de l'écluse quadruple de Moulin-Brûlé, à Dammarie-sur-Loing, méconnue, mais très comparable à celle de Rogny.

Côte à côte, l'ancien et le nouveau canal, à Moulin-Brûlé

 

Liens :

De nombreux renseignements complémentaires sur ce site de la DRAC-Centre.

Les dernières nouvelles du canal de Briare sur le site de l'Entente des Canaux du Centre

Aqueduc.Infos (site suisse), on y parle de Montargis et du canal

L'usine élévatoire de Briare, par Bruno Vital

Plan linéaire du canal de Briare en 1899

Le blog du port de Briare

La ville de Briare

Plaisances : le canal de Briare

Les canaux du loing, de Briare et Latéral à la Loire en photos par Sally Andrew

Pour en savoir plus sur le canal de Briare, voir l'ouvrage "Les canaux du Loing, de Briare, d'Orléans ". (cliquer sur le titre)

Voir aussi, sur l'ensemble des canaux du centre de la France, dont celui de Briare, l'ouvrage "Les Canaux du Centre de la France", par Jean Sénotier, et auquel l'auteur de ce site a contribué, en vente ici.

Copinage éhonté : On trouvera aussi une description et un historique très précis de ce canal dans cet excellent livre de mon ami historien Philippe Ménager, paru en 2009 :

Canaux Bourguignons Menager

Le hic, c'est que, preuve de sa qualité, cet ouvrage est aujourd'hui épuisé. Mais il n'est pas interdit d'aller farfouiller sur le net pour le dénicher.

 

Cognardière

Le beau site de la Cognardière

Le même site de la Cognardière, jonction du canal Latéral à la Loire avec le canal de Briare, dans les années 1950. Les jeux de cache-cache de la Trézée et des deux canaux donnent à ce site une allure de jardin aquatique. Promener la souris sur l'image pour voir apparaitre les informations.

À Buges, la jonction des trois canaux au début du XXe siècle. À gauche, sous la passerelle arrive le canal d'Orléans. Par la droite, et passant l'écluse, c'est le canal de Briare. Juste à l'aval de l'écluse commence le canal du Loing. L'endroit n'a guère changé, hormis l'usine que l'on devine à gauche, qui est aujourd'hui en ruines.

 

Lien : le canal de Briare est traité dans le guide fluvial n°2 des Editions du Breil
Au cours du troisième trimestre de 2010, Jacques de La Garde, auteur, avec son épouse Anna, de plusieurs ouvrages sur les canaux, dont l'ouvrage "Les canaux du Loing, de Briare, d'Orléans " paru en 1993, s'en est allé vers d'autres rives, à l'âge de 88 ans. Cette page lui est affectueusement dédiée.
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Retrouvez les bateaux fluviaux de Bourgogne, du Centre, du Berry, dans le CDrom "Bateaux des Rivières et Canaux de France", version très enrichie (plus de textes, plus d'illustrations, et même quelques bateaux supplémentaires) du département "Bateaux" du présent site, édité par l'association HiPaRiCa. Voir la présentation et la commande ici et ici.