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  Canal du Centre
et rigole de Torcy (ou canal du Creusot)
 

 

Le canal du Centre s'est d'abord appelé "canal du Charolais". Nous traitons également ici de la Rigole de Torcy.

Paray

L'aube sur le canal à Paray-le-Monial

 

 

Bassins versants
Loire, Rhône

Sous-bassin
Saône

Type de voie d'eau
Canal de jonction à bief de partage

Relie
La Saône à la Loire
à l'origine, au canal Latéral à la Loire à présent

Origine physique et administrative
Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)
à la cote 175 m

Extrémité physique et administrative
Digoin(Saône-et-Loire) à la cote 226,50 m

Altitude du bief de partage : 301,10 m

Sens conventionnel de descente
De la Sâone à la Loire

longueur
116 km dans son plus grand développement. 112 km actuellement

Nombre d'écluses
67 dans son plus grand développement, c'est à dire avant les bouzillages des années 1950-60 : 37 versant Saône, 29 versant Loire (dont une double), et une au-dessus du bief de partage.
Actuellement, 61 : 35 versant Saône et 26 versant Loire.

Elles étaient au nombre de 82 à l'origine : 30 versant Loire, 51 versant Saône, plus celle de Bois-bretoux.

Plus long bief :
Chagny, n°24M (11,200 km)

Plus courts biefs :
Charmois, n°2M, Fourneaux, n°3M et Voisins, n°4M (400 m chacun)

Plus haute écluse :
Crissey, n°34bisM (10,76 m). Crissey était la seconde plus haute écluse Freycinet française, après Réchicourt sur Marne-Rhin , jusqu'à la mise en service, en 2011, des deux groupes de deux écluses de Chautagne et Belley, sur le haut Rhône, qui dépassent toutes les quatre 16 mètres de chute.

Moins haute écluse :
Montet, n°170 (2,00 m)

 

Structure administrative de rattachement
Service navigation DDE de Saône-et-Loire, subdivision de Montceau-les-Mines

Statut actuel
En service, géré par la Région Bourgogne et VNF

Raisons de sa construction
Relier la Saône à la Loire, et par-delà, la Méditerranée à l'Atlantique et à la Seine (par le canal de Briare déjà construit). Le canal du Centre est un "canal des deux mers" au même titre que celui du Midi.

Institution à l'origine de sa création
Volonté des Etats de Bourgogne

Personnalités importantes ayant contribué à sa construction

Préfiguration
De Vinci, Adam de Craponne, Thomassin, Vauban

Conception
Emiland-Marie Gauthey

Modernisation Freycinet
?

Commencé en
1784 (pose de la première pierre par le Prince de Condé le 23 juillet)

Mis en service en
1793

Racheté par l'Etat en
Propriété de l'Etat dès sa mise en service

Radié
du Paradis au Pont Vert, vers 1870 (aliéné)
du port Campionnet à la Loire le 27.07.1957 (aliéné, déclassé du DPFet transféré aux Routes Nationales)

Confié en gestion à titre expérimental à la Région Bourgogne depuis le 1er janvier 2010. Au vu de la faiblesse de moyens mis à sa disposition par l'Etat à la région Bourgogne cette gestion a pris fin le 31 décembre 2012.

 

centre carte

 

 

Deux vues du port de Chalon, disparu aujourd'hui sous l'avenue Nicéphore Niepce (ou comment rendre hommage à un enfant du pays en massacrant l'oeuvre d'un autre enfant du pays !). Cette écluse était celle qui permettait de descendre rejoindre la Saône.

Trois autres vues anciennes du même endroit. Paysage d'eau et de vie disparu à jamais, sacrifié au bitume et à la bagnole... Merci les technocrates...

Le gâchis à Chalon : aujourd'hui, au lieu du ruban d'eau qui pourrait être un beau port de plaisance : bitume, camions, bagnoles, vitesse, pollution et bruit. (Vue aérienne de Chalon peu avant la déviation du canal par le nord de la ville)

Vu de la Saône, l'ancien débouché du canal. Le nouveau, à Crissey, est nettement moins attractif.

Génelard

La tranchée de Génelard...

La même au début du XXe siècle.

Chagny

...et celle de Chagny, par laquelle le canal quitte la vallée de la Dheune pour celle de la Thalie

 

Gabarits

A l'origine, un gabarit proche de l'actuel gabarit des canaux bretons, soit 27 à 28 m sur 4,75 m, mouillage 1 m, hauteur libre ne dépassant sans doute guère 2,60 m.

Puis, très rapidement dans les années 1820 : passage progressif au gabarit "Becquey" par élargissement dans un premier temps à 5,20 m, puis allongement dans un second temps à 32,48 m, mouillage 1,60 m, hauteur libre 3 m. (Dès 1822, Huerne de Pommeuse annonce un gabarit de 32,48 m sur 5,20 m.)


Enfin, depuis 1890 environ : gabarit "Freycinet", soit 39 m sur 5,20 m, mouillage 2,20 m, hauteur libre 3,50 m sauf la descente sur 2 km et par trois écluses, dont une double, du port Campionnet à la Loire à Digoin, restée au gabarit Becquey jusqu'à sa destruction puis aliénation en voie routière urbaine (Avenue des Platanes) en 1955.
Au-dessus du bief de partage, au Bois-Bretoux (Montchanin), une 67ème écluse (82ème à l'origine) faisait communiquer le canal avec le port privé Schneider.

L'évolution (pas vraiment heureuse) des sites fluviaux de Digoin, Montchanin et Chalon, est développée dans les remarques.

Ouvrages remarquables
Tranchées de Génelard, Longpendu et Chagny
Pont de halage
de Parizenot (fin XVIIIe)
Voûte de la Montagne sur la Rigole de Torcy
Echelle d'écluses
et Musée d'Ecuisses
Ecluse de haute chute (10,50 m) de Crissey. C'est la seconde de France en hauteur, de gabarit Freycinet, derrière celle de Réchicourt (Canal de la Marne au Rhin).

Système alimentaire
Plusieurs étangs-réservoirs (Torcy, Berthaud, Longpendu, etc.) au niveau du bief de partage et plus bas (Montaubry).
La rigole de Torcy,
qui apporte l'eau du réservoir éponyme, est présentée dans les remarques.
Prises d'eau sur la Bourbince, la Dheune et la Thalie.
Pompage
dans la Saône pour le bief de Crissey ???

Voies d'eau adjacentes :
Rigole d'Arroux

Principales villes traversées :
Chalon-sur-Saône, Chagny, Saint-Léger-sur-Dheune, Montchanin, Blanzy, Montceau-les-Mines, Paray-le-Monial, Digoin

Départements concernés
Saône-et-Loire

Remarques

Deux canaux concurrents

Longtemps les deux projets de "canal du Charolais" et de "canal de Bourgogne" furent concurrents. Et, chose étonnante, ils furent tous deux réalisés. On obtiendra plus de renseignements sur cette "concurrence" en suivant ce lien (Cliquer ici).

Un canal maltraité à ses extrémités et en son centre.

Digoin : un réseau amputé
A Digoin, l'évolution (ou la dégradation, comme on veut) du réseau fluvial est traité en animation powerpoint ici (cliquez). La création, en 1838, du canal Latéral à la Loire, puis celle de la rigole d'Arroux à partir de 1869 (mise en service en 1876), faisant suite au rachat du canal Latéral par l'Etat en 1853, ne rendent pas aisée la compréhension de ces transformations. Si Digoin avait conservé son réseau, celui-ci serait assez comparable à celui de Briare, une référence en la matière.

Chalon : pas sympa pour l'enfant du pays
A Chalon, au début des années 1960, il fut décidé de rejeter le canal hors de la ville qui avait vu naître son concepteur, lequel en avait détourné le tracé initialement prévu (latéral à la Dheune jusqu'à la Saône) pour justement l'offrir à sa ville natale. Le canal dans Chalon fut alors comblé pour créer le boulevard Nicéphore Niepce (autre enfant du pays), et un nouveau bief fut creusé au nord de la ville, traversant une zone industrielle des moins accueillantes visuellement et olfactivement (et nous ne nous attarderons pas sur la qualité de l'eau, merci Kodak !). Cette ingratitude par rapport à l'enfant du pays concepteur de son canal, la ville de Chalon la regrette amèrement aujourd'hui, car elle a ainsi détruit une belle occasion de créer un vaste port de plaisance presque au centre-ville, à l'abri des crues de la Saône, alors que le port actuel, établi sur le bras de l'île Saint-Laurent, connait cet inconvénient chaque hiver...
La grande écluse de Crissey a beau être une des plus spectaculaires de France, elle n'en est pas moins dans un environnement parfaitement repoussant, et elle compense difficilement la perte de la paisible traversée de Chalon par quatre écluses et un vaste plan d'eau, remplacée par un boulevard au trafic routier infernal.

Ports et haltes du canal
Sur tout son linéaire, le canal du Centre offre des ports et haltes avec des niveaux d'équipements différents, mais toujours accueillants et sympas : Digoin, Paray-le-Monial, Génelard, Montceau-les-Mines, Blanzy, St-Julien-sur-Dheune, St-Léger-sur-Dheune, Santenay, Fragnes. Cependant, dans cette belle liste non exhaustive, il y a un (gros) point noir : Chagny. Le "port" de cette petite cité bourguignonne qui mérite la visite n'a rien, justement, pour y retenir le navigateur. Le cadre est lugubre, le niveau d'équipement est au ras des paquerettes (une borne déglinguée avec trois robinets). Pour couronner le tout, un horreur pompeusement nommée "capitainerie" vient se placer en surplomb à quelques décimètres au-dessus de l'eau, au beau milieu d'un long quai droit, en interdisant l'amarrage à tout bateau un peu grand (luxmotor, freycinet...) et présentant un réel danger pour des navigateurs néophytes, et même les autres.
Cette position n'a strictement AUCUN avantage, et ne comporte que des inconvénients. Une telle stupidité est à hurler. Il ne s'agit que d'un délire d'architecte qui n'a jamais vu un bateau et, sous prétexte qu'il a fait l'école d'archi (donc a la science infuse), n'a surtout pas daigné demander leur avis aux premiers concernés : les navigateurs. Et comme si ça ne suffisait pas, une sculpture "conceptuelle" qui a dû coûter une fortune se dresse à l'entrée ouest du bassin. L'argent dépensé pour cette "oeuvre" aurait été mieux investi dans des équipements bien conçus et un aménagement sympa, incitant le navigateur à s'attarder un peu. Au lieu de cela, ce dernier n'a qu'une envie : fuir ce lieu inhospitalier.
D'ailleurs, c'est ce que font beaucoup d'entre eux en allant s'amarrer un peu plus loin, vers la base de location "l'Escarg'Eau"

L'Eurovéloroute des Fleuves
Le halage du canal du Centre porte sur une grande partie de son cours l'Eurovéloroute n°6 (Nantes-Budapest), dite "Eurovéloroute des Fleuves", en prolongement du canal latéral à la Loire. Enterrée sous ce même halage se trouve la liaison de Paris à Lyon en fibre optique.

 

Une préfiguration audacieuse : le "canal de Lyon" ou "canal du Beaujolais"

Avant le canal de Gauthey, il y eut d'autres projets de liaisons de la Saône à la Loire. L'un d'entre eux était particulièrement audacieux, qui consistait à relier le Rhins, qui se jette dans la Loire à Roanne, à l'Azergues, qui rejoint la Saône à Anse, au sud de Villefranche-sur-Saône. Son bief de partage se situait dans les environs de Gondras (ou Gondran), près de Grandris, en plein Beaujolais. Le point de partage était vraisemblablement le col de la Cambuze, à 708 m d'altitude, ce qui en faisait, et de loin, le plus haut canal de France. Ce projet est attribué couramment à Léonard de Vinci lors de son voyage en France vers 1517, sans que l'on en ait d'attestation. En revanche, ce même projet est attesté par Jérôme Joseph Lefrançais de Lalande qui l'attribue, dans son célèbre ouvrage "Des Canaux de Navigation" (1778), au chevalier Regnault, Ingénieur Général de la Marine, en 1688, qui, reprenant la proposition de 1687 d'un marchand lyonnais, Saulier, l'estimait possible bien que présentant de grandes difficultés d'exécution : "Pour cette jonction, il faudrait trancher une montagne par une excavation de huit cent trente toises de longueur (environ 1,618 km), et de cinquante huit toises de profondeur (environ 113 m) au milieu du sommet de ladite montagne, dont le seul déblai, selon le calcul même du projet, monterait à cent vingt sept mille deux cent cinq toises cube et cinq neuvièmes (...). D'ailleurs il ne parait pas, par le calcul qu'on a fait des eaux, qu'il pût y en avoir assez pour le point de partage d'une telle navigation." (1) . D'après Lalande, le projet est repris en 1737 par le chevalier Louis Pierre Daudet, Ingénieur Géographe du Roy, sans plus de succès. Lalande estime, avec un bel optimisme, que par ce canal un bateau ne mettrait que trois jours au maximum pour aller de Lyon à Roanne. Nous nous permettons d'en douter vu le nombre d'écluses nécessaires pour monter au bief de partage (2), même si celui-ci est abaissé au moyen d'un tunnel et d'une profonde tranchée.
À son tour, dans son ouvrage posthume "Essai sur le système général de navigation" (1829), Barnabé Brisson (1777-1828) propose un autre tracé, de 4 km plus au sud : "On peut établir une communication de Lyon à Roanne, en remontant la Saône jusqu'au-dessus de Neuville ; ouvrant ensuite un canal qui passerait au sud de Quincieux (nota : donc entre Quincieux et Saint-Germain au Mont d'Or, soit 10 km en aval du projet de Regnault, et à 1,5 km en aval de l'ancienne écluse de Bernalin) et près des Chères ou Echelles, se rapprocherait de l'Azergue, vers Chazay, remonterait la vallée de cette petite rivière, puis le vallon du ruisseau de Saint-Just (nota : le ruisseau d'Avray, qui passe au nord et en contrebas de Saint-Just-d'Avray), d'où il passerait, par un souterrain de 4800 mètres, au vallon du ruisseau d'Orval (nota : Orval est un hameau au sud-est de Cublize. Le ruisseau d'Orval, ou Mélard, rejoint le Reins (ou Rhins) dans le lac des Sapins); de là, il descendrait à la vallée du Rahins, qui se jette dans la Loire, près de Roanne. Le point de partage serait alimenté par des dérivations de l'Azergue, prise à la Mure, et du Rahins, pris à une demi-lieue sous Saint-Vincent. Les rigoles auraient 40 kilomètres de longueur, et recueilleraient les eaux de dix lieues superficielles de pays. La longueur du canal, depuis la Saône jusqu'au point de partage, serait de 42 kilomètres, avec une pente évaluée à 170 mètres, et depuis le point de partage jusqu'à la Loire, de 35 kilomètres, avec une pente présumée de 75 mètres."; Ce tracé passerait sous le col de la Croix des Fourches, situé à 776 m d'altitude. Là encore, il semble que les mesures d'altitude prises par Brisson soient erronées : suivant ses indications, le bief de partage de 4,8 km se situerait autour de 460 m d'altitude, entre le Chavet côté Azergues et Chez Multon côté Rhins. Cela donne une chute de près de 200 m côté Loire et 300 m côté Saône. Ça fait un sacré paquet d'écluses, celles-ci mesurant 16,50 m sur 2,60, ce canal étant classé en seconde catégorie par Brisson. Le mouillage du canal serait de 1,60 m... Quant aux prises d'eau, celle sur l'Azergues devrait être non pas à Lamure, mais bien en amont, du côté du Prunier. En revanche, celle sur le Reins, à une demi-lieue sous Saint-Vincent (soit vers le château de Magny), un peu en amont de Cublize (le lac des Sapins est déjà à 440 m) pourrait être placée un peu plus bas, soit aux Cloches, non loin de Tournemidi.
Remarquons tout de même que ce projet s'est sans cesse heurté à un projet concurrent : le canal du Rhône à la Loire par Givors, Saint-Etienne et Roanne, qui a connu, lui, un début de réalisation : le canal de Givors.
Finalement, c'est le chemin de fer qui établira cette relation entre Lyon et Roanne. Ouverte en 1856, cette ligne, la portion la plus difficile de la liaison de Nantes à Lyon, franchit la ligne de partage des eaux par le tunnel des Sauvages (2,97 km, 550 m d'altitude), pas loin du col du Pin Bouchain  (759 m). Elle quitte la vallée du Rhins à Amplepuis pour monter par celle du Rançonnet. De l'autre côté du tunnel des Sauvages, elle rejoint la vallée de la Turdine à Tarare, puis celle de la Brévenne à l'Arbresle, et enfin à Lozanne celle de... l'Azergues.
 
canal Rhins Azergues
Le canal du Rhins à l'Azergues tel qu'il apparaît dans le mémoire du Chevalier Daudet (1736). ECBD est le tracé du canal, C et B étant des réservoirs collectant les eaux apportées respectivement du Rhins et de l'Azergues par les rigoles  G et F.
   
B.Brisson
Tentative de visualisation du bief de partage du canal de la Saône à la Loire étudié et proposé par Barnabé Brisson

Melard
Le Mélard, ou ruisseau d'Orval, actuellement, vers son débouché dans le lac des Sapins, où devait passer ce canal utopique.
   

1. "Nouvelle description de la France etc." par Jean Aymar Piganiol de la Force, 1754
2. L'alitude de la Saône à Lyon est de 160 m, celle de l'Azergues à son confluent en Saône à Anse de 169 m, et celle de la Loire au confluent du Rhins à Roanne de 265 m. Avec un bief de partage ramené dans le meilleur des cas, au moyen d'une tranchée et d'un tunnel, à 600 m, il reste un bon dénivelé à franchir de part et d'autre. On comprend les réticences de Regnault.

Cette histoire, on pourrait dire "aventure", est développée ici et ici.

 

La "capitainerie" du "port" de Chagny : une belle aberration

En entrant à Chagny, le canal passe au-dessus de la voie ferrée par un pont-canal

Le port de Chagny, quasiment désert. Il faudrait peut-être se poser des questions...

Ecuisses

Vue du canal depuis le haut d'Ecuisses

 

Les deux premières écluses de l'escalier d'Ecuisses, au début du XXe siècle. Ces écluses sont alors toutes neuves.

Le canal à Perreuil, entre Saint-Julien-sur-Dheune et Saint-Bérain. Le paisible chemin de halage est devenu une départementale.

 


Montchanin : passé à côté d'une belle possibilité
Au Bois-Bretoux, à Montchanin, c'est encore la bagnole qui a causé la dégradation du site fluvial. Cette animation Powerpoint (cliquer) explicite l'évolution du site au cours des deux siècles d'existence du canal. À cet endroit, la rigole alimentaire de Torcy, sortant de la voûte de la Montagne, s'élargissait en un vaste port appartenant aux établissements Schneider, et communiquait avec le bief de partage du canal en descendant une écluse. Le canal décrivait un coude où était établi le port public de Bois-Bretoux. Dans les funestes années 1960, la construction de la voie rapide de Paray-le-Monial à Chalon, parallèle sur une partie au canal, entraîna le rescindement du coude du port public, et l'isolement du port Schneider. Là encore, une belle occasion a été détruite de créer un magnifique port de tourisme dans cet ancien port industriel. (Retour au texte)

Le canal du Centre, un canal en manque d'eau ???
Le 12 septembre 2011, le canal fermait pour ne rouvrir que le 30 mars 2012, perdant au passage le marché important de PSA Peugeot qui y faisait transiter avec succès, depuis un an, des produits de ses usines de Dompierre/Besbre et de Mulhouse. Raison invoquée : la faiblesse des réserves en eau au niveau du bief de partage, par suite de la faible pluviométrie de l'année écoulée.
Hum... Nous nous permettons un certain scepticisme quant à cette raison officielle. Du temps de la splendeur du canal, il passait 40 à 50 bateaux par jour, et des sécheresses, il y en avait autant que de nos jours. MAIS... chaque écluse était tenue par un éclusier qui gérait intelligemment son ouvrage, ne faisant des fausses bassinées que lorsque c'était nécessaire, ce qui ne devait pas se passer très souvent vu l'importance du trafic dans les deux sens.
De nos jours, TOUTES les écluses du canal sont automatisées, et aucun éclusier ne vient plus gérer les ouvrages livrés à la gestion anarchique et individualiste des plaisanciers dont bien peu supportent de sasser en même temps que d'autres bateaux, alors que le regroupement devrait être la règle sur un canal à bief de partage. Le regroupement est aussi facteur de convivialité et même, paradoxalement pour certains à l'esprit trop étriqué, de sécurité.
Et puis comment fonctionne l'automatisme des écluses du canal du Centre ? C'est le même système que sur le canal de Briare entre Rogny-les-Sept-Ecluses et Briare. Son principe est le suivant : lorsqu'un navigateur actionne dans le sas la tirette de commande de sassée, cela, en plus de commencer cette sassée, envoie à l'écluse suivante l'ordre de se préparer. Si ce n'était que certains navigateurs, par crainte ou par individualisme forcené, répugnent de façon consternante à sasser avec d'autres bateaux comme nous l'avons souligné plus haut, ce système fonctionne plutôt bien. Sauf que... lorsque deux écluses sont séparées par un long bief au cours duquel le navigateur peut être tenté de s'arrêter à maintes reprises pour un temps plus ou moins long, l'administration du canal n'a pas jugé bon qu'elles s'envoient les annonces de préparation, ce qui se comprend très bien : cela serait facteur de préparations à tort, donc de fausses bassinées dispendieuses d'eau. Seulement il n'y a aucun autre moyen, pour un bateau, de trouver prête l'écluse qui clot le grand bief qu'il vient de parcourir, tandis qu'elle reçoit normalement les ordres de préparation de l'autre côté, multipliant ainsi les fausses bassinées.
C'est ainsi que sortant de la tranchée de Chagny, le navigateur qui arrive avalant à l'écluse 24 n'a aucun moyen de prévenir celle-ci de son arrivée. Il peut voir une bassinée montante libérer un ou deux bateaux, et, au moment où il s'apprête à entrer à son tour dans le sas pour prendre la bassinée inverse, il voit la porte amont se fermer devant lui et l'écluse se vider pour se préparer à accueillir un autre groupe de bateaux montants. En effet, celui-ci, en actionnant la tirette de commande de l'écluse suivante (la 25), lui aura envoyé l'ordre de se préparer. Le navigateur avalant n'a d'autre choix que de descendre à terre et aller, par l'interphone posé sur la guérite, bien sûr déserte, de l'écluse, prévenir le poste central de Montceau-les-Mines de son intention de descendre l'écluse 24... qui, entretemps, aura laissé une ou deux autres bassinées partir dans la nature, en pure perte, soit près de 1200 mètres-cube à chaque fois car, c'est vraiment pas de bol, cette écluse mesure 5,80 m de haut et est la plus haute du canal après celle de Crissey.
Que cette opération se répète dix fois par jour, chiffre qui, en saison touristique, est plutôt un minimum, et l'on calcule aisément combien de mètres-cube partent ainsi dans la nature en un mois, en pure perte...
Il serait bon que l'administration du canal, plutôt que de prendre les gens pour des imbéciles, se pose enfin les bonnes questions au lieu de pondre des arrêts de navigation dont la durée frise le scandaleux... en plus de jeter gravement le discrédit sur le transport fluvial au moment-même où celui-ci, dans le contexte de crise écologico-énergétique que nous connaissons, a une carte importante à jouer. On ne peut pas à la fois claironner qu'il faut réduire la part du transport routier et provoquer l'échec d'une tentative de reconquête d'un fret fluvial sous un prétexte clairement fallacieux.
Des solutions ? Une tirette de commande de préparation à l'amont de l'écluse 24 ou, encore mieux, un agent à poste dans la guérite de cette écluse qui occupe une position "stratégique" au bout d'un long bief. On n'a encore rien trouvé de mieux que l'humain pour gérer intelligemment certaines situations... comme celle-ci.

Et dire qu'on remet ça en 2019, à partir du mois... d'août !!

 

L'écluse de communication et le port Schneider, ci-dessus au début du XXe siècle,
et ci-dessous reconstitution graphique de Charles BERG, (1994)

Torcy Bois-Bretoux

L'ancien port public de Bois-Bretoux, au début du XXe siècle. Aujourd'hui, de ce site, seule la maison éclusière , dont seul le toit dépasse au centre de l'image, est encore identifiable. Tout le reste a disparu.

 

 

Sur le tracé d'origine du canal, rue François Ducarrouge, on voit encore la maison de la première écluse n°28...

...dont l'actuel propriétaire a eu l'excellente idée de ne pas recouvrir de crépis le linteau sculpté, portant le numéro de l'écluse. Au contraire, il le repeint soigneusement. Bravo !

Digoin

À Digoin, l'écluse double n°27-28 de jonction avec l'ancien tracé débouchant en Loire. Elle a remplacé en 1853 les deux écluse 27 "Paradis" et 28 "Briérette" qui étaient sur l'ancien tracé alors abandonné. Un siècle plus tard, ce bel ouvrage disparaissait à son tour, déjà victime de la tyrannie de l'automobile et du camion.

L'écluse 29, qui la suivait, a disparu elle aussi. À la place du canal se trouve aujourd'hui l'avenue des Platanes...

...Et juste après ce bassin, par l'ultime écluse n°30, le canal rejoignait la Loire. De nos jours, ce sont le stade nautique et le camping à cet endroit.

L'écluse de Paray-le-Monial, au début du XXe siècle

Le port Campionnet à Digoin (et non "Championnet" comme indiqué sur cette carte postale ancienne), actuel port de plaisance, et jonction du canal du Centre avec le canal Latéral à la Loire. Campionnet était un industriel local, par ailleurs maire de Gueugnon. C'est à son initiative que la rigole d'Arroux fut conçue navigable.

 

 

Cinq canaux en un seul

Le canal du Centre est certes principalement un canal de jonction à bief de partage, mais on peut le subdiviser en cinq parties distinctes de la Loire à la Saône :

  1. un canal latéral à la Bourbince de Digoin à Montceau-les-Mines
  2. un canal à bief de partage proprement dit de Montceau à Saint-Julien-sur-Dheune
  3. un canal latéral à la Dheune de Saint-Julien à Chagny
  4. un canal de jonction par dérivation de la Dheune vers la Thalie (par la tranchée de Chagny) de Chagny à Rully
  5. un canal latéral à la Thalie de Rully à la Saône.

En cliquant sur ce lien, vous verrez un diagramme explicitant celà.

 

 

 

Chez-le-Roi

L'écluse de Chez-le-Roi, dans la vallée de la Dheune
(Dessin de Charles BERG 1991)

Le pont-levis de Montceau-les-Mines. Peu de choses ont changé depuis cette photo des années 1950, si ce n'est que les bateaux de plaisance ont remplacé les anciens bateaux en bois.Ici, une péniche vide descend vers la gare de chargement des houillères.

 

La rigole de Torcy, ou "canal du Creusot"

Cette rigole qui n'a plus aujourd'hui qu'un rôle alimentaire pour le canal, fut conçue à l'origine pour recevoir une petite navigation de bateaux de 6 m sur 2. Les ingénieurs Robert Fulton et Charles Forey ont même conçu, pour ratrapper le fort dénivelé entre le Bois-Bretoux et le Creusot, jusqu'où elle devait monter, des ascenseurs à bateaux à flotteurs, dont nous avons les plans ainsi que des plans inclinés. Il n'est pas sûr qu'ils aient été tous réalisés, et sur place, on n'en voit plus rien. Huerne de Pommeuse, en 1822, écrit avoir vu fonctionner en 1813 un plan incliné (qui consommait trop d'eau : la chute de celle-ci faisait mouvoir l'appareil) et un ascenseur -qu'il nomme "sas mobile"-. La rigole a fonctionné pour la navigation seulement entre Torcy et Bois-Bretoux de la fin du XVIIIe siècle jusqu'en 1838, date à laquelle une voie ferrée vint la remplacer dans ce rôle. Huerne de Pommeuse affirùme qu'en 1807, le projet total de rigole navigable du Creusot au Bois-Bretoux était abandonné. Dans la voûte longue de 1266 m, les mariniers se propulsaient, couchés en travers du bateau, en prenant appui sur les parois avec leurs pieds, méthode britannique. (retour en haut de page)

Du "canal du Charolais" au "canal du Centre"

Le "canal du Charolais" n'aura pas porté ce nom longtemps. En 1792, la Convention, soucieuse d'effacer tout ce qui de près ou de loin, pouvait évoquer l'Ancien Régime, fit remplacer le nom de la province du Charolais par un nom plus neutre, le "Centre". L'association "Eurocharolais" milite pour rendre au canal ce nom qui lui convient géographiquement mieux (Lien vers Eurocharolais). Après tout, "charolais" est déjà le nom d'une race bovine sans que la République n'ait rien trouvé à y redire !

 

Au début du XXe siècle, un bateau berrichon vide s'apprête à descendre l'écluse n° 9 de Montceau-les-Mines. À cet endroit se trouve aujourd'hui la subdivision navigation de la DDE71

Crissey

L'écluse de haute chute de Crissey, qui remplace l'ancien tracé par Chalon

 

Remerciements à Valérie Mauret-Cribellier, de la DRAC-Centre, ainsi qu'à Philippe Ménager, historien de Digoin, pour de nombreux compléments d'informations, et quelques corrections.

Liens :

Le Comité de promotion touristique du canal du Centre n'existe plus, mais une nouvelle association est en cours de création. Contacter Jean-Michel Chantreault à Génelard.

Le musée du canal (site de la 9ème écluse), à Ecuisses

Les dernières nouvelles du canal du Centre sur le site de l'Entente des Canaux du Centre

Plaisances : le canal du Centre

Le canal du Centre (et aussi un peu du canal Latéral à la Loire) en photos par Sally Andrew (lien mort)

Les plaques des écluses du canal du Centre

Voir aussi, sur l'ensemble des canaux du centre de la France, dont celui du Centre, l'ouvrage "Les Canaux du Centre de la France", par Jean Sénotier, et auquel l'auteur de ce site a contribué, en vente ici.

Copinage éhonté : On trouvera aussi une description et un historique très précis de ce canal dans cet excellent livre de mon ami historien Philippe Ménager, paru en 2009 :

Canaux Bourguignons Menager

Le hic, c'est que, preuve de sa qualité, cet ouvrage est aujourd'hui épuisé. Mais il n'est pas interdit d'aller farfouiller sur Amazon ou ailleurs pour le dénicher.

Autre lien : le canal du Centre est traité intégralement dans le guide fluvial n°2 et partiellement dans le n°3 des Editions du Breil

Egalement, conférence sur demande : les ponts-canaux de Digoin et Digoin, carrefour fluvial
Cette page est dédiée tout particulièrement à Paul Doreau, ardent défenseur et promoteur passionné du canal, à l'origine de la création du Comité de Promotion Touristique du Canal du Centre, et qui a franchi son ultime écluse en mars 2008. Bon voyage vers d'autres rives, Paul.
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Lexique
fluvial et batelier

Dictionnaire
des bateaux

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Cette page peut comporter des imprécisions, voire des erreurs. Merci à vous de me les signaler !
Retrouvez les bateaux fluviaux de Bourgogne, du Centre, du Berry, dans le CDrom "Bateaux des Rivières et Canaux de France", version très enrichie (plus de textes, plus d'illustrations, et même quelques bateaux supplémentaires) du département "Bateaux" du présent site, édité par l'association HiPaRiCa. Voir la présentation et la commande ici et ici.