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Aak : bateau de transport des petits canaux de Hollande. Il peut être gréé, comme le tjalk dont il est assez proche par la forme. Ce type de bateau est assez courant en France, transformé en bateau de plaisance.

Abattre : changer de direction en allant dans le sens vers lequel le vent pousse le bateau.

About : jointure entre deux planches du fond ou de la bordaille assemblées à franc-bord. L'étanchéité se fait avec de l'étoupe et du goudron de houille.

Acatus : bateau gallo-romain des rivières du sud-ouest.

Accéléré : sur les rivières et les canaux existaient des bateaux dits "accélérés", c'est à dire que moyennant une taxe, ils avaient priorité de passage aux écluses, de jour comme de nuit. Ils étaient reconnaissables à un drapeau rouge sur l'étrave.
Sur la Loire existait depuis fort longtemps un service semblable, dont les bateaux se distinguaient par leurs formes plus maritimes et une voilure plus importante, généralement constituée de deux voiles carrées l'une au-dessus de l'autre.

Accolin : sur la Loire, bande de terrain entre les chemins parallèles à la rivière, et les grèves. C'est aussi le nom d'un affluent rive gauche de la Loire, un peu en aval de Decize.

Accorer : synonyme d'"équoirrer", mais moins usité

Accoster, accostage : manoeuvre d'approche d'un bateau vers une berge, un quai ou même un autre bateau en vue de son immobilisation par amarrage.

Accompagnement : technique d'exploitation de la voie d'eau qui consiste, en raison de la faiblesse supposée ou réelle du trafic, et pour faire des économies de personnel (Trois millions de chomeurs, ce n'est pas assez...), à confier la manoeuvre de plusieurs écluses à un seul éclusier qui se déplace de l'une à l'autre en précédant le ou les bateaux; Selon les secteurs, l'éclusier est à bicyclette, vélomoteur, scooter ou voiture. Ce mode de gestion, qui montre vite ses limites, s'oppose au mode de gestion dit "en poste", où l'éclusier ne gère qu'un seul ouvrage.

Accompagnement dynamique : version technocratique de la technique précédente, c'est à dire basée sur des chiffres et uniquement sur des chiffres, sans tenir aucun compte du facteur humain qui est le plus imprévisible par nature, surtout concernant les touristes. Le mode d'accompagnement dynamique utilise une belle formule mathématique qui fleure bon la technocratie dans toute sa splendeur, formule qui détermine, en fonction de la distance qui les sépare, le nombre d'écluses et celui de bateaux qu'un agent peut passer en une journée au maximum. Bien sûr, les chiffres de base supposent que les bateaux arrivent régulièrement espacés, bien sagement, ce qui bien sûr n'est quasiment jamais le cas. On peut passer 20 bateaux sur 2 écluses espacées de 2 km en une journée sans que cela pose de problème, et le lendemain n'en passer que 10 dans un capharnaüm épouvantable. L'accompagnement dynamique nécessite des moyens de communication performants comme le téléphone cellulaire entre les éclusiers souvent situés dans des zones mal couvertes par le réseau. Il nécessite aussi des moyens de transport pour les agents, et on finit par se demander si tout cela ne revient pas aussi cher qu'un éclusier sur chaque ouvrage qui occupe le temps libre entre les bateaux à entretenir les abords de son ouvrage, au lieu d'offrir aux navigateurs le spectacle pitoyable d'écluses en friches, avec des maisons aux volets clos... L'accompagnement dynamique nécessite aussi de l'éclusier de connaitre les projets des navigateurs (en vacances, le plus souvent, rappelons-le) pour pouvoir planifier son travail (l'ordre de passage des bateaux). Bref, ce système représente une source de stress pour l'agent et le navigateur. Rassurons-nous : pas pour le technocrate satisfait de lui-même qui voit tout cela de loin depuis son bureau.

Acon : petit bateau rudimentaire utilisé comme annexe tractée par les conchyliculteurs dans la baie de l'Aiguillon et des espaces estuariens entre Loire et Gironde (Sèvre, Seudre, Charente). L'acon peut être gréé. Voir "Pousse-pied".

ACP : Attestation de Capacité Professionnelle. Le permis de conduire des artisans bateliers.

Actuaire : bateau long et facile à manoeuvrer (origine et localisation inconnues. Il semblerait que ce bateau appartenne à l'Antiquité).

Affameur : dans le système de navigation dit "par éclusées", ce mot désigne la fin du flot, qui peut laisser des bateaux ou des trains de bois échoués.

Affluent : cours d'eau qui se jette dans un autre en principe plus important. Exemple : l'Arroux est un affluent de la Loire. Dans la terminologie, on peut préciser "un affluent rive droite" ou "un affluent rive gauche", selon le côté où se trouve l'affluent par rapport au cours d'eau principal : "L'Arroux est un affluent rive droite de la Loire". La rive gauche et la rive droite sont déterminées par rapport au sens de la descente du cours d'eau. Cette notion d'affluent est parfois très subjective, ou ne tenir qu'à un cheveu, comme dans le cas de l'Allier et de la Loire. Elle peut être franchement contestable (et contestée), comme dans celui de la Seine et de l'Yonne à Montereau, ou encore comme dans le cas de la Guisane, de la Clarée et de la Durance à Briançon. En principe, au niveau du confluent, l'affluent a un débit moyen et un bassin versant inférieurs à ceux du cours principal. C'est le cas de la Seine à Monterau, et même à Marcilly/Seine ! Bref, la Seine est un affluent de l'Aube qui elle-même se jette dans l'Yonne.

confluent Monterau

Un confluent à polémique : celui de la Seine et de l'Yonne à Montereau. En bas, venant du sud, l'Yonne. A droite, venant de l'est, la Seine. Et ce qui s'en va à l'ouest, à gauche, vers Paris, qu'est-ce donc ? De la Seine ou de l'Yonne, lequel est l'affluent de l'autre ? Les géographes et hydrologues sont formels : au vu des mesures des débits et de la taille des bassins versants respectifs, c'est la Seine qui est l'affluent de l'Yonne. (Origine du document : Géoportail)



Afflot : sur la Loire, crue légère suffisamment importante pour permettre le départ de bateaux chargés à la descente. On parle alors d'"eaux marchandes".

Affourcher : mouiller deux ancres de façon à ce que leurs chaînes fassent entre elles un angle de 60 à 120 degrés, afin de diminuer le champ d'évitage sur babord ou tribord.

Affrêtement, affrêter : attribution d'un transport rémunéré à un bateau. L'intermédiaire entre le commanditaire et l'artisan batelier est l'affrêteur.

Agrèner : vider, écoper l'eau d'une chaloupe.

Agotiau : synonyme d'écope, sur le Rhône.

Agrès : ensemble des équipements mobiles nécessaires à la bonne exploitation du bateau.

: dans le langage des bateliers : contre-courant qui se forme à l'intérieur des virages en rivière. Souvent traître, et parfois utile. Prononcer "ahi". Autre orthographe possible : haïe. Rien à voir avec le sympathique petit mammifère nommé aussi "paresseux" !

Aiguille : madrier vertical, de section carrée de 8 cm x 8, et long de 2,50 m à 3,50 m, juxtaposé avec plusieurs autres, et appuyé contre une volée dans le cas d'un pertuis, ou une structure métallique constituée de fermettes reliées par des barres métalliques dans le cas d'un barrage mobile, de manière à former un rideau étanche. C'est un système utilisé dans les pertuis depuis très longtemps, et étendu aux barrages mobiles par l'ingénieur Charles Poirée dès 1834. On trouve aussi les termes "asperges" et "pointeau".

pertuis à aiguilles

Maquette de pertuis à aiguilles.

Lien : sur le site des Amis du Cher canalisé, le principe et des photos de barrage à aiguilles

Autre sens : ce peut être aussi, sur les bateaux de Loire, les pièces de bois en forme de quilles (ce mot se dit aussi) qui permettent de tendre les haubans du mât, et aussi de les détacher très rapidement.

aiguille de bateau de Loire
Aiguille de bateau de Loire.

Pour en savoir plus sur les pertuis et portes marinières, voir l'ouvrage "Du pertuis à l'écluse". (cliquer sur le titre)

Aiguillot : partie mâle d'un gond, qui forme avec sa partie femelle, le fémelot, la ferrure du qui permet d'articuler le safran sur la poupe ou le tableau arrière.

Aile : pièce de bois bloquant les planches du fond sur les deux côtés du bateau. On appelle cela aussi semelles ou sambords pour les deux extrémités arrondies. Les "parfaits" couvraient ausii le joint entre le tillac et l'hélice.

Autre sens : pale d'hélice

Aiwé : sur la Sambre, nom local pour "pertuis"

Ajas ou à-jas : ancre munie d'un jas (pièce horizontale en haut du fût)

Albrans : sur le lac Léman, brises thermiques nocturnes qui souflent de terre entre Evian et le Bouvret.

Alette : terme spécifique à la batellerie occitane (sapine, coutrillon, barque de patron...) et désignant une nervure de raidissement du safran.

Alette d'un coutrillon

Aliénation : décision administrative qui consiste, pour l'Etat, à se débarrasser d'une voie d'eau qu'il a auparavant déclassée. L'emprise de la voie est alors vendue, par tronçons, aux collectivités riveraines qui en font ce qu'elles veulent, le plus souvent sans aucun égard pour l'intérêt patrimonial et historique que présente l'ouvrage en question ainsi condamné. Exemple : le canal de Berry.


canal aliéné
Un canal aliéné : le canal de haute Seine en amont de Troyes.

Lien : Fluvia Lex, site sur le droit fluvial


Allège : dans l'ancien système de navigation sur la Loire, par trains de chalands à la remonte, quelques bateaux vides fermaient le convoi, les "allèges. Quand un passage délicat, du genre haut-fond, exigeait que l'on allège d'une partie de leur cargaison les chalands, cette cargaison était répartie dans les allèges, puis reprenait sa place à bord des chalands une fois l'obstacle passé.

Aller à l'étalage : se préparer à étaler, c'est à dire à freiner en laissant coulisser l'amarre sur un bollard avec quelques tours morts.

Aller à sec : échouer le bateau soit par mauvaise manoeuvre, soit volontairement.

Allonge : une courbe en bois -dans le sens de la pièce de charpente du bateau- est composée de deux parties pas forcément d'égale importance : l'allonge de sole qui est horizontale et se fixe, comme son nom l'indique, sur la face supérieure de la sole du bateau, et l'allonge de flanc qui est oblique ou verticale, fixée sur la face interne du flanc du bateau.
Autre sens : sur les anciens bateaux en bois, et notamment les péniches, pièce de bois téléscopique qui permet d'allonger la portée de l'amintot, et par là de réduire l'effort à fournir pour tourner le gouvernail. La même chose se trouvait aussi sur les vantaux d'écluses à balanciers, avec la même utilité.

Allonge d'amintot rabattue sur celui-ci pour le passage d'une écluse


Allonger : sur la Loire, amarrer par l'avant et l'arrière le long d'un quai ou d'une île.

Aluette ou bigaille : jeu de cartes d'origine espagnole, introduit sur la basse Loire par les mariniers.

Alternat : sens unique alterné selon des plages horaires définies par l'administration, ou géré au coup par coup, selon le trafic, par les employés du service. Un alternat est nécessaire à chaque étroit dès qu'il atteint une certaine longueur (dans un bief de partage comprenant voûtes et tranchées par exemple), aux grands ponts-canaux, aux écluses multiples... À Paris, le grand bras, entre les îles et la rive droite, est réglementé par un alternat signalé par des feux. Le petit bras de la Monnaie, lui, est à sens unique montant.

Alveus : pirogue monoxyle gauloise. Même étymologie que le français auge.

Amarre : corde munie d'une large boucle à chaque extrémité, utilisée pour sécuriser le bateau dans les écluses, et l'attacher à la terre ferme lors d'une escale. "Bout" est maritime et donc impropre.

Amarrer : solidariser son bateau avec la terre ferme au moyen d'amarres. Contraire : démarrer, tout simplement ! ... et non pas "désamarrer" qui est un très laid barbarisme à proscrire.

Amintot : long timon de la barre franche de la péniche tractionnée. Il est téléscopique en deux parties, pour pouvoir rabattre le gouvernail à angle droit sur l'arrière du bateau, de façon à tenir le moins de place possible dans les écluses. Ce terme vient de la batellerie du Nord.

amintot
Amintot.


Amintot replié avec son allonge


Amont : par rapport à l'observateur, partie de la rivière ou du canal comprise entre lui et la source ou le point le plus haut du canal . Si l'on regarde une rivière qui coule de gauche à droite, l'amont est à gauche. Moyen mnémotechnique : amont renvoie à montagne, donc est en haut.

Amour Baiser Caresse : petit nom gentil pour les moteurs à régime semi-lent de l'Anglo Belgian Corporation (ABC) qui équipent beaucoup de bateaux.

Amphidrome : adjectif qui qualifie un véhicule qui n'a ni avant ni arrière définis, et peut se mouvoir indifféremment dans les deux sens. Certains bateaux le sont.

Ancierre : cable de halage. Synonymes : fintrelle, verdon, maillette, grelin (dans le Cotentin).

Ancre : organe mobile destiné à freiner le bateau, jusqu'à son arrêt total. L'ancre se jette par dessus bord ou se descend au moyen d'un treuil, et elle est reliée au bateau par une chaîne. Sa présence est obligatoire à bord, mais son usage n'est autorisé qu'en rivière : en canal, l'ancre dégraderait la couche d'argile ou de béton qui tapisse le fond de la cuvette.

ancre
ancres d'un automoteur de canal

Ancriau ou ancriot : petite ancre à main, dont une des pointes est remplacée par une poignée.

Anguillet : sur les bateaux en bois ou en métal, découpe ménagée dans les rables et les allonges de sole des courbes pour permettre à l'eau de s'écouler jusqu'au sentineau où elle est recueillie et écopée ou pompée.

anguillet

Anguillets dans un bateau de Loire

Anodonte : mollusque bivalve très courant dans les rivières et canaux, et couramment appelé "moule d'eau douce". L'anodonte, dont la coquille peut dépasser 10 cm de long, n'a certainement aucune valeur gastronomique (excepté pour le ragondin et le héron cendré) car ça se saurait. Et c'est bien dommage.

Anodonte

Anodonte

Apéro : mot qui revient très fréquemment dans le langage du plaisancier. Il semble être à la fois un signe de reconnaissance et un sésame qui ouvre bien des portes, ce qu'exprime l'aphorisme suivant : à bâbord, c'est la gauche, à tribord, c'est la droite, et à ras-bord, c'est l'apéro. Voir à ce sujet le site Aquanomade et notamment le forum. Ne pas confondre avec "apparaux" qui suit, phonétiquement proche, mais d'un tout autre usage.

Apparaux : ensemble du petit matériel dont la présence est réglementairement obligatoire à bord d'un bateau. Cela va de l'extincteur au guide fluvial, en passant par les amarres, l'ancre, les bouées, des avirons, des gaffes, une corne de brume. On parle aussi de "matériel d'armement".

Apparêt ou appareil : planchette en bois d'environ 40 cm sur 30, munie d'un long manche, et faisant partie du système d'obturation de certains types de pertuis, comme sur le Loir, où les apparêts se placent entre des aiguilles qui comportent des feuillures ad-hoc. Un tel pertuis peut avoir ainsi plus de cinquante apparêts. Voir site. Synonyme : bouchure.

Apparêts et pointeaux
Apparêts de pertuis (maquette).

Pour en savoir plus sur les pertuis et portes marinières, voir l'ouvrage "Du pertuis à l'écluse". (cliquer sur le titre)


Appe : petit crampon métallique qui maintient en place la baguette de protection du calfatage des bordés d'un bateau.

Appel : manoeuvre directionnelle couramment employée en kayak et canoë. Le pagayeur plante la pagaie dans l'eau, latéralement à lui, à la perpendiculaire de l'axe du bateau et le plus loin possible, de façon à ce que la face active de la pale le regarde. Puis il ramène la pagaie vers lui, ce qui a pour effet de rapprocher le bateau de la pagaie (qui est considérée comme un point fixe), et de le faire pivoter comme l'aiguille d'une boussole.
Une forme particulière d'appel, qui permet des manoeuvres très fines, est l'appel navette qui utilise l'incidence de la pale selon une technique très semblable à l'aviron en godille sur une barque.
La manoeuvre exactement inverse de l'appel est l'écart.

Animations : l'appel classique, l'appel débordé, l'appel "navette"

Appui : tenue spécifique de la pagaie, en kayak et canoë, dans un but de stabilisation. Le pagayeur prend appui sur l'eau au moyen de la pale de la pagaie, latéralement à lui. On distingue principalement l'appui en pousée, dans lequel la pagaie est tenue basse, presque parallèle à la surface de l'eau, et l'appui en suspension, dans lequel le pagayeur tient sa pagaie oblique, les bras levés au-dessus de sa tête. Cette dernière méthode peut voir son efficacité multipliée en imprimant à la pagaie des mouvements d'aller-retour d'avant en arrière avec changement d'incidence à chaque changement de sens, comme dans l'appel navette. L'appui est alors en dynamique.

Animation : les appuis en canoë.

Aquamoteur : moulin-bateau d'une type spécial affecté autrefois à un usage bien particulier : le treuillage de bateaux à la remonte, là où le courant trop fort nécessitait un sérieux renfort. Il y en avait un, au XVIIIe siècle, sous le Pont Neuf à Paris. Il est présenté dans la grande Encyclopédie de Diderot et D'Alembert (chapitre "l'Art de Charpenterie").

Aquavipathie (et aquavipathe, aquaviphilie, aquaviphile) : étymologiquement, "maladie de la voie d'eau". Affection - bénigne ou maligne, seule la science, plus ou moins infuse, pourra le déterminer - qui touche des individus ordinaires, femmes et hommes, et se caractérise par une attirance affective maladive vers la voie d'eau. L'aquavipathe souffre mais ne le sait pas. Au contraire même, il éprouve un certain bonheur dans son état. En revanche, c'est son entourage qui trinque : les lieux de vacances par exemple sont choisis en fonction de la proximité ou non de sites fluviaux intéressants pour satisfaire sa monomanie, les trajets eux-mêmes sont déterminés par cette même préoccupation, pour ne donner que quelques exemples simples. On peut distinguer l'aquavipathe monomaniaque qui éprouve un attachement excessif pour la voie d'eau qui passe devant chez lui, et ne connait guère les autres, et l'aquavipathe total qui est attiré, où qu'il soit, par tout ce qui porte bateaux en eau douce, quelle que soit la région ou le pays. Mais la frontière entre ces deux degrés d'affection est très floue, et il est courant qu'un aquavipathe monomaniaque voit son état empirer et glisser vers l'aquavipathie totale.
L'aquavipathe (et sa forme légère l'"aquaviphile") se repère facilement à son habitude de venir trainer aux abords des ouvrages de navigation : écluses, ponts-canaux, réservoirs, etc., souvent équipé d'un appareil photo, d'un calepin pour prendre des notes et même un mêtre pliant et un décamètre. Quand il est plus sérieusement atteint, on le trouve aussi aux archives municipales et départementales, ou dans celles des services de la navigation (quand ceux-ci n'en ont pas fait des feux de joie). On le trouve aussi bien sûr dans les musées consacrés à la voie d'eau, et assez rapidement en train de farfouiller dans les réserves ou la documentation. On peut le retrouver à travailler au sein des services navigation, mais il s'expose alors aux pires ennuis du fait de l'incompréhension dont il sera l'objet de la part de sa hiérarchie. Sauf si bien sûr, parmi cette même hiérarchie se trouve un autre aquavipathe, ce qui, il faut bien le reconnaitre (et certains diront : le déplorer), est extrêmement rare.
L'aquavipathe peut éprouver une jouissance quasi-orgasmique sur le plan intellectuel à la découverte d'un ouvrage rare et ignoré de tous, genre paléo-écluse, ou ancien tracé d'un canal disparu sur une carte ancienne. Dans ce que tout un chacun ne verra qu'un vieux tas de pierres taillées, l'aquavipathe voit un ouvrage d'un extrême intérêt qu'il faut sans délai classer aux Monuments Historiques.
L'aquavipathie s'accompagne généralement d'une tendance au prosélytisme. Aussi ne sera-t-on pas étonné de voir l'aquavipathe rédiger des articles pour des magazines, écrire des bouquins, présenter des conférences, ou créer un site internet, consacrés au sujet. Il peut être modéliste aussi, bien sûr. Assez souvent aussi, son rêve sera de posséder son propre bateau, comme l'aquaviphile. On en connait même qui ont fait le pas et se sont retrouvés mariniers, alors que rien dans la famille ne semblait les prédisposer à cela. Aussi méfions-nous : l'aquavipathie n'est pas forcément héréditaire, elle est plutôt contagieuse. D'ailleurs les aquaviphiles les plus atteints, et bien sûr les aquavipathes, ont tendance à se regrouper en associations un peu comme les Alcooliques Anonymes. Mais à la différence de ces derniers, leur but n'est absolument pas (nous dirions même : surtout pas) la guérison, mais au contraire l'entretien mutuel de leur pathologie, voire son développement. L'aquavipathe verrait d'un bon oeil sa progéniture tomber dans le même vice que lui, mais celle-ci, rien que pour l'embêter, deviendra ingénieur en aéronautique, na. Ca ne fait rien, comme il y a "nautique" dedans, l'aquavipathe est content quand même.
Est-ce grave, Docteur ? Bof...

Aqueduc : canalet en tunnel ou à ciel ouvert qui emmène l'eau d'un point à un autre (parfois fort éloignés) par gravitation, éventuellement aidé par des pompes. Un aqueduc peut passer sur un pont, comme le pont du Gard ou l'aqueduc de Montreuillon (Nièvre). Quand un aqueduc est utilisé pour l'alimentation d'un canal, on emploie le terme de "rigole".

Les péripéties et aléas de la construction d'un aqueduc célèbre : Maintenon. (Cliquer ici)

Aqueduc-siphon : ouvrage d'art qui permet à un cours d'eau de faible importance de passer sous un canal, par le principe du siphon : sous le canal, l'eau descend d'abord puis "remonte" à la sortie de l'ouvrage. Quand le cours d'eau est plus important, il est préférable d'employer un pont-canal quand la configuration des lieux l'autorise.

buse en siphon
Aqueduc-siphon sur le canal de Roanne à Digoin.


Araignée : voir "croix de Lorraine".

Arbouvier : sur le Rhône, synonyme de "mâtereau" ou mât de halage. On dit aussi "aubourier".

Arche marinière ou arche batelière : dans un pont à plusieurs arches, celle prévue pour le passage des bateaux. Elle est généralement plus large et haute que les autres, et la profondeur du chenal y est garantie. Il peut y en avoir plusieurs, auquel cas on s'arrange pour leur attribuer un sens unique : une arche pour les avalants , balisée deux carrés jaunes à l'amont, un carré rouge barré transversalement de blanc à l'aval, une autre pour les montants balisée de la même façon mais dans l'autre sens, et éventuellement une troisième à double-sens, balisée un carré jaune de chaque côté. Dans les râcles, elle n'est pas balisée : on est censé savoir que le chenal se trouve le long du chemin de halage.

Archéo-écluse : néologisme pour "bassin à portes marinières". Mais peut-être faut-il lui préférer celui de "paléo-écluse"... La découverte de ce genre d'ouvrage envoie l'aquavipathe directement au nirvana.

archéo-écluse

Archéo-écluse de La Salle, sur le Thouet (photo J.Sigot)
Cliquer ici pour voir l'image agrandie)

Pour en savoir plus sur les archéo-écluses, voir l'ouvrage "Du pertuis à l'écluse". (cliquer sur le titre).
On peut consulter aussi le Site de la Fédération Française des Associations de Sauvegarde des Moulins.


Ardennais : synonyme de "mignole".

Argentat : ancien bateau de charge de la Dordogne à usage unique comme les sapines de la Loire. Synonyme "courpet". Etymologie : d'Argentat, la ville où ces bateaux étaient construits.

Arpie : sur le Rhône, longue perche pour propulser une barque. C'est un bâton de marine ou une gaffe armé en son extrémité d'un embout métallique comprenant une pointe et un crochet. On écrit aussi "harpie".

Arrière-bec : forme de la face aval d'une pile de pont, de plan pointu, rond ou ogival par nécessité hydrodynamique, et destinée à éviter ou limiter les contre-courants qui se forment en arrière de la pile. (Voir "avant-bec").

Arrivotes : renforts de bois placés de part et d'autre de l'étrave du bateau de commerce, moins importants que les "moustaches". De nos jours, sur les bateaux métalliques, moustaches et arrivotes se confondent. La même chose existe à l'arrière et s'appelle "dérivotes".

Arronçoir : sur les anciens bateaux de la Loire (toues, chalands) et de la Seine (marnois principalement, mais aussi parfois foncets et besognes), planche de bois dur, dont le bord inférieur est taillé en forme de crémaillère, et placée sur les côtés du bateau à l'avant et à l'arrière, souvent en plusieurs exemplaires en autant de niveaux. Lorsque le marinier, placé à l'avant du bateau, voit celui-ci se diriger vers un haut-fond ou un rocher dangereux, il pointe son bâton de marine vers cet obstacle, et cale l'autre extrémité, celle par laquelle il tient le bâton, dans les dents de l'arronçoir. Ceci a pour effet de déporter violemment le bateau sur le côté, évitant ainsi l'obstacle. Plus d'un marinier a laissé un ou plusieurs doigts dans les arronçoirs en pratiquant cette technique nommée "bournayage". On voit parfois aussi le terme "rançoir".


arronçoirs
Arronçoirs sur un bateau de Loire.

Ascenseur à bateaux : ouvrage permettant aux bateaux de franchir rapidement un fort dénivelé, sur le principe de l'ascenseur. Il en existe plusieurs exemplaires de par le monde, notamment en Allemagne, Belgique et Canada, et de plusieurs systèmes : à pistons, à flotteurs, funiculaire… Le dernier en date, construit en 2000 à Falkirk en Ecosse, fonctionne comme une roue de fête foraine. Un autre, funiculaire, contemporain et construit en Belgique, à Strépy-Thieu, est le plus haut du monde avec un dénivelé de 74 mètres (et dire qu'on parle de plat pays !). En France, celui des Fontinettes, à Arques, est hors service depuis 1968, et celui de Saint-Louis-Arzviller, dans les Vosges, en service depuis la même date (mais c'est plutôt un plan incliné, voir ce mot). Le système des ascenseurs à bateaux remonte à la fin du XVIIIe siècle, avec des ouvrages rudimentaires, mais préfigurant déjà ce qui se fera par la suite, établis dans les Monts Argentifères de Saxe, ou sur le Dropt en France. Un ingénieur allemand, Eckhard Schinkel a consacré tout un livre à ces ouvrages : "Schiffslift" (éditions Klartext).

ascenseur à bateaux

Ascenseur à bateaux de Houdeng, sur le canal du Centre belge.

Falkirk

L'ascenseur de Falkirk, en Ecosse, que vous pouvez voir fonctionner en cliquant ICI.


Asperge : dans le jargon des barragistes, synonyme d'"aiguille".

Assemillage : sur le bateau, appareillage, équipement en organes fixes et mobiles (treuils, bollards, chaumards...). Equivalent fluvial de l'accastillage marin.

Associations : avec le regain d'intérêt manifesté par le grand public envers la voie d'eau depuis les années 1970, sont nées des associations de sauvegarde et de valorisation de ce patrimoine. Certaines se fixent pour but l'étude et la promotion des canaux de leur région, comme "Autour du Canal de Bourgogne", le "Fluvial-Club de Briare", les "Amis du Canal Latéral à la Loire", les "Amis du Canal du Nivernais", le "Comité de Développement du Canal du Centre". D'autres se sont assignée la tâche plus lourde de parvenir à la remise en état de navigabilité de leur voie d'eau, comme l'Association pour la Réouverture du Canal de Berry ou l'Association pour la Navigation du Canal d'Orléans". Ces associations sont des interlocuteurs et des partenaires des organismes officiels de l'Etat comme V.N.F. ou les instances départementales et régionales. Elles font aussi connaître leur action à travers des manifestations festives régulières. Ne se contentant d'être en lien et en synergie les unes avec les autres (à travers, notamment, l' "Entente des Canaux du Centre"), certaines sont jumelées avec d'autres associations étrangères du même genre, et organisent des voyages d'échanges culturels. D'autres associations étendent leur action sur l'ensemble du territoire français, dans un but ouvertement culturel, comme l'Association des Amis du Musée de la Batellerie de Conflans-Sainte-Honorine, ou "Hommes et Cours d'Eau". D'autres enfin se consacrent à l'intérêt pratique des plaisanciers, comme l'A.N.P.E.I., "Association Nationale des Plaisanciers en Eaux Intérieures". Citons enfin Aquaforum et Aquanomade qui permettent un échange direct sur internet aux plaisanciers, voire entre plaisanciers et professionnels.

Atterrissement : dépôt d'alluvions sur un haut-fond, finissant par émerger hors de la surface de l'eau. Nuisible à la navigation, bien sûr.

Aubert (hausses) : système de bouchure de barrage mobile inventé par l'ingénieur Aubert à la fin du XIXe siècle. C'est une amélioration et une simplification des systèmes Chanoine et Pasqueau. Les hausses Aubert sont de grands panneaux rectangulaires d'environ 3 mètres de haut sur un peu plus d'un de large, qui pivotent sur leur base. La hausse est maintenue dressée grâce à une béquille articulée sur sa face postérieure (aval) qui s'appuie sur un sabot à échappement, fixé sur le radier, comportant trois ou quatre positions, selon le degré d'inclinaison qu'on veut donner à la hausse quand elle n'est pas totalement couchée pour une crue.

Nota : cet ingénieur Aubert ne doit pas être confondu avec son homonyme qui a inventé la pente d'eau dans les années 1970. Ni avec l'ex-chanteur de Téléphone...

Hausses Abert SLdV

Hausses Aubert du barrage de Saint-Léger-des-Vignes
Les béquilles sont bien visibles, et les sabots se devinent dans l'eau.

Aubourier : synonyme de "arbouvier".

Aussière : autre nom d'une amarre. Plutôt maritime comme "bout".

Autieu ou otieu : voir "outiau"

Automoteur : bateau de commerce motorisé, par opposition au bateau tractionné, à la barge nue ou au convoi poussé. On distingue l'automoteur de canal, généralement de gabarit Freycinet, et l'automoteur de rivière, plus grand et aux lignes plus élancées. Ce dernier se décline lui-même en plusieurs types (canadien, campinois, rhénan, danubien, chaland de Seine...).

Auvergant ou auvergond, overgand : voir "overgand".

Auvergnate : sapine fabriquée sur le haut Allier, comparable à la ramberte sur la Loire.

Auverlope : voir "overlope".

Aval : par rapport à l'observateur, partie de la rivière ou du canal comprise entre lui et l'embouchure ou le point le plus bas du canal. Si l'on regarde une rivière qui coule de gauche à droite, l'aval est à droite. Moyen mnémotechnique : aval renvoie à vallée, donc est en bas.

Avalaison : navigation à la descente. Sur le Rhône, on parle de "descize".

Avalant : bateau qui descend le canal ou la rivière (il s'éloigne de la source ou du bief de partage). À taille égale, l'avalant est prioritaire. On dit aussi que le bateau "baisse". On parle aussi d'"écluse avalante". Il s'agit simplement d'une écluse ordinaire que l'on franchit dans le sens descendant.

Avances : Acompte versé au marinier avant de quitter son port de chargement, correspondant généralement à 50% du fret.

Avant-bec : forme de la face amont d'une pile de pont, de plan pointu, demi-rond ou ogival par nécessité hydrodynamique, et destinée à faciliter l'écoulement de l'eau de part et d'autre de la pile. (Voir "arrière-bec").

Avant-bec
Avant-bec d'une pile du pont de Roanne.

Avarie : dommage subi par le bateau et/ou sa cargaison..

Avaterre : côté d'une rive aménagée pour le halage des bateaux par les chevaux ou par un système de traction mécanique (diesel sur pneus ou électrique sur rails). Voir "bord d'hors".

Aveugler : sur un bateau, obturer une voie d'eau accidentelle par une réparation de fortune.

Aviron : rame fine et longue. Lorsqu'il est placé à l'arrière du bateau, c'est la "godille".
Autre sens dérivé : sur les anciennes péniches en bois, les mariniers nommaient "aviron" le safran du gouvernail.
À voir : un très beau site, et très complet, consacré à tout ce qui touche l'aviron de près ou de loin

Avis à la batellerie : Informations données par le service de navigation sur les conditions de navigation, dérogeant temporairement aux dispositions générales du Réglement Général de Police d ela Navigation Intérieure (R.G.P.N.I.)

Avitailleur : bateau de petite taille (30 m de long maximum), nerveux et manoeuvrant, spécialisé dans le ravitaillement des bateaux, en marche ou à quai, en carburant principalement, mais aussi en fuel domestique, huile de vidange et même eau potable et gaz, ainsi qu'en autres produits tels que peinture ou petit matériel. C'est en somme une station service navigante qui va au-devant du client, service qui devient malheureusement de plus en plus rare.
On peut faire un avitailleur à partir d'un ancien bateau de commerce de petite taille, du genre automoteur berrichon ou breton. Le "Cher", petit berrichon qui travaillait sur Paris, en est un bon exemple, comme le "Piranha" à Conflans-Sainte-Honorine.

Axiomètre : indicateur d'angle de gouvernail sous forme d'un cadran muni d'une aiguille ou flèche indiquant la position du safran. Il est placé devant le timonier et le macaron.

 

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