Librairie, conférences et animations pédagogiques

Recherche par mot-clé :
Accès direct à la carte de France des voies navigables

Page d'accueil
patrimoine fluvial

Lexique
fluvial et batelier

Dictionnaire
des bateaux

Les rivières et les canaux M'écrire
Pensez à visiter le (modeste) rayon librairie, conférences et animations.... ...et les niouzes !

 

Rivière, dis-moi ton nom...

(Article proposé au magazine "Fluvial", et accepté par celui-ci, mais...resté à dormir au fin fond d'un disque dur de la rédaction ! Il y restera donc;le magazine ayant disparu corps et biens).

 

Sans doute, au cours de vos croisières ou promenades, avez-vous navigué sans le savoir sur une "rivière noire", une " source sacrée" ou une " eau... liquide". Ainsi nos ancêtres, observateurs, mystiques ou lyriques, nommaient-ils leurs rivières, il y a des millénaires de cela.

Ariege-Garonne

Une "eau" se dévesant dans une "eau sur des cailloux", autrement dit l'Ariège confluant dans la Garonne, par Alexandre Laporte. Fontaine monumentale à Toulouse (1896)

Le temps est passé sur ces noms, y déposant ses strates, mais ne les effaçant jamais. Le nom d'une ville peut changer : Avaricum et Ariolica sont devenues respectivement Bourges et La Pacaudière (1), Saint-Etienne et Pontivy furent (brièvement) Armeville et Napoléonville... Au contraire, le nom d'une rivière ne change qu'extrêmement rarement, il évolue mais garde ses racines profondes auxquelles la linguistique nous permet de remonter dans nombre de cas.

Aisne_Voncq

L'Aisne en crue à Voncq

Devinette

Commençons par une devinette : de ces trois assertions, une seule est fausse. Laquelle ?

  1. La Somme se jette dans la Loire

  2. La Loire se jette dans l'Aisne

  3. L'Aisne se jette dans la Somme

Et on peut ajouter :

     4. La Gironde se jette dans l'Aube

La solution se trouve en fin d'article.

Ceci met en relief le fait que plusieurs rivières peuvent porter le même nom ou des noms très proches. À ceci rien de bien étonnant : peu soucieux de faire dans l'originalité, nos anciens nommaient leur rivière par une caractéristique de celle-ci, couleur, animal, arbre, etc., ou simplement en la nommant "l'eau", "la source" ou "la rivière", au moyen de phonèmes nombreux qui devinrent autant de racines hydronymiques, et souvent en associant les deux.

Les racines hydronymiques

D'une manière générale, elles expriment l'eau, la source, le cours d'eau, la rivière, parfois même en redondance quand on en accole deux l'une à l'autre, ce qui revient plus ou moins à dire "eau liquide" ou "la rivière d'eau". Elles sont sinon innombrables, du moins très nombreuses, descendant plus ou moins directement de l'indo-européen et déformées par les dialectes locaux au cours des âges. Néanmoins elles se regroupent en grandes familles aisément identifiables. Ainsi par exemple le celte Awa et le latin Aqua présentent-ils une parenté indéniable, de même que la pré-latine Is et la pré-celtique Ica. Et, comme dans toutes les familles, on observe des mariages, autant par l'accolement d'une racine hydronymique et d'une racine descriptive, que par celui de deux racines hydronymiques, voire trois.


Essonne

L'Essonne à Robinson, près de Corbeil. Le C2 de slalom passe dans une ancienne écluse du canal avorté de l'Essonne

La famille Onna-Ona

Au premier rang des racines hydronymiques, on trouve le pré-latin Onna ou Ona, qui donnera le français onde via le latin Unda. Onna est utilisée presque toujours en suffixe, accolée à une autre racine généralement descriptive, comme nous en verrons dans la seconde partie de cette étude. Elle apparaît de façon évidente dans les Cendronne, dont une conflue dans la Lisonne (affluent de la Dordogne) qui reçoit aussi la Lizonne, la Garonne, la Maronne affluent de la Corrèze, la Gironde, la Chironde périgourdine, la Credogne auvergnate et la Céronne de Tulle; la Charentonne normande (que nous retrouverons toutes les six dans les "rivières à cailloux"),  la Teyssonne (affluent de la Loire), la Saône (Sauc-Onna, soit "la source sacrée". C'est la même origine pour le village du Berry, Sagonne), l'Essonne et l'Aisne (Ax-Onna toutes deux, soit deux racines hydronymiques accolées), la Vertonne (vers les Sables d'Olonne), l'Yonne (Ica-Onna, soit là aussi deux racines hydronymiques accolées), la Dronne (affluent de la Gironde, encore deux racines hydronymiques), les nombreuses Bibéronne et Beuvronne (Biber-Onna que nous retrouverons plus loin), les six Rouanne et Roanne (Rod-Onna), la Béronne (Deux-Sèvres), la Calonne (affluent de la Saône), la Sarsonne (sous-affluent de la Dordogne qui arrose Ussel), l'Ouanne (Od-Onna, affluent du Loing (2)Onna apparait aussi, de façon moins évidente, dans la Grosne (Grav-Onna, affluent de la Saône) et sa voisine la Crosne, la Caline, nom sympa pour ce sous-affluent de l'Ain, mais simple altération de Calona,, la Seine (Is-Ica-Onna, transcrit par César en Sequana (3), la stéphanoise Ondaine (rare cas où Onna est en préfixe) ou encore la Marne (Matra-Onna, "eau-mère" latinisée par César en Matrona). Nous retrouverons une bonne partie de ces rivières avec les racines descriptives, illustrant alors les "mariages" sémantiques.

Vertonne

La Vertonne, vers les Sables d'Olonne

Dordogne

La Dordogne à Grand Salvette, juste en aval de Bergerac

La famille Dor-Dour

Pratiquement aussi importante que la famille Onna, voici la racine pré-celtique Dor-Dour, hydronyme désignant une source ou un cours d'eau (4), restée dans le breton Dour. À l'inverse de Onna, Dor-Dour est en général en préfixe, ce qui permet la redondance Dronne (Dor-Onna). Du fait de ses deux consonnes fortes D et R, la racine se reconnaît très facilement dans la Doire (Doria) du Cantal, le Dor petit affluent du Lot, la Dordogne (Dor-Donia), les Dranse, Doria, et Doron (5) savoyards, les bretons Douron et Dourduff, le Dorlay et la Durèze stéphanois, la Durolle de Thiers affluent, tout comme la Dorette et le Dorson, de la Dore (qui arrose Dorat), et pas bien loin, le Drugent forézien, la Durance (Dor-Antia), la Dourbie (affluent du Tarn), le Dorlon lorrain, le Dropt occitan qui reçoit la Dourdèze (près de Duras) et la Dourdenne, les Dourdon (en Lozère et Aveyron), le Dourdou affluent du Lot, la Drée affluent de l'Arroux, la Droye de Haute-Marne, le Mardoret du Beaujolais (rare cas de placement de dor en suffixe, et qui arrose Mardore) et sa voisine la Drioule, la Drenne bourguignonne (Dor-Enna, vraisemblablement altération de Dor-Onna), la Drouette qui servit de canal à Vauban pour le chantier du canal de l'Eure, la Drouvenne affluent de l'Ain, la Drôme dauphinoise, la Dromme, la Dourdent et la Drouance normandes, le Durgeon du Doubs,... et le Douro portugais ainsi que plusieurs Dora quelque chose dans les Alpes italiennes comme la Dora Baltea dans le Val d'Aoste et la Dora Riparia dans le Val de Suza.

Mais attention, l'Adour n'appartient pas à cette famille. Ce faux-frère est un ancien Atur pré-celtique, que l'on retrouve aussi chez l'Arroux.

La racine Dubro, que l'on trouve dans l'Argentdouble et le Verdouble, se rattache à cette famille.

Lawe

La Lawe, ancienne Awe, à la Gorgue, dans le Nord

La famille Ab-Av-Awa-Aqua-Ax

Encore une grande famille que celle-ci, toute formée à partir de l'hydronyme indo-iranien ancien Ap (6). On y trouve sans surprise le latin Aqua qui engendra nos "aqueux", "aquatique", "aquarium", et autre "aquarelle", entre autres. Appartiennent à cette famille l'Aa, l'Agau du Gard, les nombreuses Aigues, Aygues et Eygues, l'Allier (El-Av-Er qui deviendra El-Aris), l'Aygalande affluent du Vidourle, les Aveyron du Loiret et du Rouergue (Av-Ario), la Lawe (autrefois l'Awe. Il y a eu accolement de l'article) du Nord, l'Yèvre berrichonne (Av-Ara) qui a donné à Bourges son nom latin Avaricum, la corse Aquella, l'Aisne et l'Essonne (Ax-Onna), l'Aix forézien, l'Avon de Fontainebleau et les Avon britanniques, les Avèze (sans gentiane !) du Gard et de l'Hérault, et peut-être bien l'Abron et l'Acolin bourbonnais. Là encore attention, c'est l'Agout qui fait figure de faux-frère, descendant du latin Ad-Guttum qui a donné le français... égout, merci pour lui.

Yevre

Les marais de Bourges, alimentés par Av-Ara, l'Yèvre


Yonne

Ica-Onna, l'Yonne, à Brèves, en amont de Clamecy

La famille Is-Ys-Ic


Linguistiquement parlant, cette famille est proche de la précédente et au cours des âges, des racines celtes et pré-latines Ava et Awa ont pu muter bizarrement en pré-celtique Ica, comme dans le toponyme brionnais Iguerande (Awa-Randa, soit la frontière sur l'eau). Elle est représentée par l'Isère et l'Oise (Is-Ara), l'Yser belge, l'Isable et l'Isérable foréziennes, l'Yseron lyonnais, l'Isac et l'Ic bretons, la Voirèze du Velay et la Voroise de l'Isère (Var-Isia), l'Igon de Bresse, l'Yonne (Ica-Onna), la Seine (Is-Ica-Onna comme nous l'avons vu) et peut-être le Lison franc-comtois, le Liseron berrichon et la Loisance normande (avec accolement de l'article pour ces dernières). On est tenté d'incorporer la Lys dans cette famille, mais celle-ci semble plutôt une ancienne Legia, soit une rivière à limon, comme la Loire.

Isère

Isa-Ara, l'Isère, au temps où elle était naviguée

Chalaronne

L'embouchure de la Chalaronne dans la Saône, à Thoissey

La famille Ar

Plus discrète que Onna ou Dour, la très ancienne racine indo-européenne Ar est néanmoins bien présente dans nombre de rivières. Ainsi l'Aar suisse, l'Ar lorrain, le nivernais Aron, la normande Avre, la berrichonne Yèvre (Av-Ara toutes deux) et, avec une métathèse (7), l'Arve savoyarde (Av-Ara là encore), l'Orvanne gâtinaise (Arvanna), l'Arize qui se jette dans l'Ariège, l'Aronde picarde (Ar-Onna), les champenois Ardusson (Arduceo), Ardre et Arce (Artia), l'Ardanavia basque, l'Ardières lyonnaise, le picard Ardon, l'Ardour sous-affluent de la Creuse, et peut-être la bretonne Erdre, ainsi que l'Arre du Gard et l'espagnol Rio Ara.

On trouve encore dans cette famille Ar les Aveyron (Av-Ario), la Chalaronne bressanne (Cal-Ar-Onna), l'Hérault (Arauris), et l'Isère (Is-Ara). Enfin n'oublions pas Arar, l'ancien nom de la Saône, rarissime cas d'une rivière ayant radicalement changé de nom. Sauc-Onna, qui a donné son nom actuel à la rivière, était, à l'époque gallo-romaine, une source sacrée à Chalon.

L'Arroux, en revanche, est un ancien Atur-Avus, avec la racine Atur que l'on retrouve dans l'Adour et l'Yerres (Atura devenue Edera puis Erre) chère à Gustave Caillebotte.

Enfin il n'est pas impossible que cette racine soit à l'origine du nom latin du héron, ardea.

Sauconna

Une "eau sacrée" : la statue de Sauconna, ancienne Arar, devant le Musée Denon, à Chalon-sur-Saône. Elle est due au sculpteur Jean-Victor Badin (1872-1949)


Lot

Le Lot à Cahors, sous le célèbre pont Valentré

La famille Al-El-Il-Ol

Soit les principales voyelles enrichies d'un L. Ses membres sont parfois plus ou moins cachés, mais en grattant un peu on en retrouve bien les traces. Elle apparait clairement dans l'Allier (El-Aver ou El-Ar-Is), les Alagnon auvergnats (Ellenio), l'Alzou du Midi (Al-Sonum), les bretons Ellé, Elorn, Ildut et Ille, l'alsacienne Ill, la périgourdine Isle (8), et le vosgien Illon. La racine est plus dissimulée dans les nombreux Auzon, Auxon et Auxance (Al-Sona), dans l'Aubois berrichon, l'Aubetin briard et l'Aubance angevine aux célèbres vins moelleux, ainsi que dans le Lot, nommé Olt dans son cours supérieur (cf Saint-Geniez-d'Olt), frère gascon du breton Oust (ancien Ult) et du roumain Olt qui lui-même reçoit une Lotriara, un Lotru et un Oltet. Descendant d'une Olina latine, l'Orne rejoint cette famille, ainsi que l'Oudan roannais, l'Oudon angevin, l'Odon et l'Olonne normands. De la même origine Alba-Albis que l'Aube qui a subi l'attraction du latin alba-blanc, nous avons l'Elbe en Allemagne.

Olt

Le frère roumain du Lot : l'Olt

La famille Riu-Rieu-Rib-Rio-Riv

Cette famille-ci, nombreuse elle aussi, est clairement d'origine latine (Rivus : ruisseau), et, de façon tout aussi compréhensible, peuple surtout le sud de notre pays, ainsi que nombre de pays de culture latine et ce jusqu'en Amériques du Sud et Centrale. Ainsi trouvera-t-on, majoritairement au sud de la Loire, les Riberette et Ribeyrotte, le stéphanois Riodelay, les Rieumajou et Rioumaou (grande rivière), Rieupeyroux (rivière de pierres), Grandrieu, Rieux, Ribon, Rioutord et Rieux Tort (rivières à méandres), Rioulong, Rioubès, Rioufagès (rivière à hêtres), Rivelle, Rivalet, Rivan. Le Réveillon est un affluent du Dropt, mais partage ce nom avec des "nordistes" en Vexin, en Touraine et en banlieue parisienne tandis que l'on trouve des Révillon (9) en Bourgogne, Vosges et Franche-Comté..


Sèvre Niortaise

La Sèvre Niortaise à Magné

La famille Sab-Sav-Sam-Sum

Relativement discrète, cette famille n'en compte pas moins parmi ses membres les deux Sèvre (Sav-ara) Niortaise et Nantaise, et bien sûr les Sevreau et Sevron, la Sambre  (Sam-ara), la Save garonnaise et la Sève normande, la Savières affluent de l'Ourcq, et le canal homonyme émissaire du lac du Bourget, le Savre autunois, les Somme picarde et bourbonnaise (Sam-Ara également), la Semagne vendéenne, les Sumène et Semène des Cévennes et du Cantal, la Semence charolaise... entre autres. Et sous réserves le Surmelin de la Marne et la Savoureuse de Belfort.

Sevre nant

La Sèvre Nantaise à Vertou
Seille

La Seille à la Truchère

La famille Sala-Sela-Sara-Sera

La proximité de son et d'écriture ne doit pas faire illusion : Sala et Sela n'ont rien à voir avec le sel même si on remarque dans cette famille une Salaizon qui se jette dans l'étang de Mauguio. Ce sont des racines hydronymiques pré-indo-européennes sauf Sara-Sera qui est pré-latine, signifiant eau, voire marécage. Très proche de la précédente au point qu'il est parfois difficile de ranger une rivière dans l'une ou l'autre de ces deux familles, on trouve dans celle-ci la Salambre affluent de l'Isle, la Seudre charentaise et la Sauldre berrichonne, le Saudron haut-marnais et la Saudronne du Tarn, le Saleron affluent de l'Anglin, la Sallanche savoyarde qui a donné son nom au village qu'elle arrose, le Salat (10) affluent de la Garonne, le Salès qui rejoint le Gave d'Oloron, le Salagou de l'Hérault, les Seille bressanne, picarde et provençale, la Saulx de Vitry-le-François, la normande Sélune, la Séoune affluent de la Garonne. La forme Sara-Sera apparait nettement dans la Sarre, la Sère occitane, le Seran affluent de l'Ain, les Serre et Sereine de l'Ain et les Serein breton et bourguignon.

Sauldre

La Sauldre à Blancafort

La famille Mosa

Cette racine pré-latine est bien représentée en Lorraine avec bien sûr la Meuse, la Moselle, la Moselotte et le Mouzon. On rencontre néanmoins une Mozelle qui se jette dans la Sèvre Nantaise, une Meuzelle bourbonnaise, une Mozanne en Beauce, une Mozenne qui rejoint la Dronne, et un Meuzin bourguignon.

Meuse

La Meuse à Fumay

Renaison

Le Renaison  à Saint-Léger-sur-Roanne. Le pont est un aqueduc.

La famille Rin

Nous pourrions faire l'impasse sur cette petite famille si elle n'était représentée par un des plus grands fleuves européens, le Rhin qui a un homonyme en Normandie. En outre, elle présente aussi le Renaison et le Rhins (ou Reins dans son cours supérieur) tous deux roannais (11). Avec réserves : la Renne berrichonne et la Reigne de Haute-Saône.

Rhins

Le Rhins en amont du Coteau

La famille Cosa

C'est une racine pré-latine répandue dans le centre et l'est de la France, mais présente ailleurs également, notamment en Auvergne et autour. Ses membres sont souvent aisément reconnaissables : le Cousin et la Cozanne bourguignons, les Couze auvergnates, la Coise forézienne qui reçoit un Couzon, un autre Couzon étant en Auvergne, les Couzance de l'Ain et de la Meuse, la Cuisance et le Couzancin franc-comtois, la Cuze gasconne et la Cuisse dauphinoise. Peut-être aussi le Couesnon qui, dans sa folie, a mis le Mont (Saint-Michel) en Normandie...

Coise

La Coise à Saint-Galmier

La famille Ves-Vis

Cette racine importante, mais d'origine assez obscure, est présente dans la Vèze franc-comtoise, le bourbonnais Vézan, l'angevine Vézanne, les Vézeronce de l'Ain et de l'Isère, la Vézelle limousine, le maconnais Vézon, l'auvergnat Vézou, la Vézone de Périgueux, la Vézonne dauphinoise, la lorraine Vézouze, la Vésubie provençale, la Vézère et certainement le Visézy forézien. À l'étranger, on trouve la Weser allemande et la Vistule polonaise. La Voise normande, la Viosne de Pontoise, la Vesle rémoise et la Voulzie briarde sont plus sujettes à caution.

Vizezy

Le Vizézy à Montbrison. Au-dessus de lui passent le canal du Forez et la voie ferrée de Thiers à Saint-Etienne.

Même s'il y en a d'autres plus discrètes, terminons les racines hydronomiques avec

La famille Or

L'Orb bitérois et l'Orbe suisse, l'Urbise ou Orbise bourbonnaise, l'Orge parisienne, et l'Oreuse bourguignonne ne cachent guère leur appartenance à cette famille. Plus sournois sont le Furan stéphanois, le Fusain gâtinais (ancien Furain), le Fouzon berrichon, la champenoise Foreuse. Fausse soeur : l'Orvanne que nous avons rencontrée dans la famille Ar (Arvanna). Enfin on ne peut s'empêcher de faire un rapprochement avec le basque Ur, Ura, qui signifie eau, tout simplement.

Urbise

L'Urbise vue depuis le canal de Roanne à Digoin

Les racines descriptives

Celles-ci peuvent enrichir une racine hydronymique (Dour, Onna, etc.), ou être employées seules. Elles nous renseignent sur les couleurs ou l'aspect de la rivière, les animaux qui la fréquentent comme le castor, les arbres qui la bordent, la vitesse du courant ou la pente du cours d'eau, ainsi que d'autres caractéristiques. Commençons par la couleur de l'eau.

La famille Vindo

Vindo est une racine gauloise qui signifie "blanc, clair", à rapprocher du breton gwen. Elle se trouve dans la Vendée et ses voisins le Vent et la Vende, la normande Vande, l'angevine Vandeinme, les bourguignonnes Vandène, Vandelette et Vendaine, les auvergnates Vendage et Vendèze, la pyrénéenne Vendinelle et la Vendeline de Belfort. On lui doit certainement aussi les villages Vendenesse-sur-Ouche et -sur-Arroux, ainsi que la ville suisse de Windisch (Vindonissa).

Vendee

La Vendée à l'écluse du Gouffre, non loin de Marans

La famille Alba

C'est la version latine de la précédente, alba signifiant blanc (cf. albumine, albâtre...). Cette racine latine a attiré vers elle des hydronymes de la famille Al-El comme dans les Aube de Magny, de Meulan et de Rouen, ainsi que l'affluent de la Seine (12) et son affluent l'Aubette, l'Aubetin briard, l'Aubance angevine, l'Aubépin du Velay, le normand Aubusson, l'Alabarine de l'Ain, l'Albe qui arrose Sarralbe...

Aube

L'Aube à Brienne-la-Vieille

La famille Clara

Tout aussi latine que la précédente, sa signification est tout aussi... claire. On y trouve la Clarée de Briançon (13), la Claire normande et des Claires dauphinoises, la Clairette beauceronne (mais pas celle de Die !), les Claret alpins, le Claron du Gard, la Clarence du Pas-de-Calais, la Cléry du Gâtinais, la Clarianette catalane, la Clarigouette de Haute-Saône, et les nombreuses Clairefontaine du nord du pays.

La famille Du

Cette racine celte, toujours vivace dans le breton (Cf le drapeau breton, le "gwen a du", blanc et noir), signifie noir, sombre. Voici quelques "rivières noires" : le Doubs (Dubis), la Douce, les bretons Dourdu et Dourduff et le Dourdou du Rouergue, ces trois derniers basés clairement également sur la racine hydronymique Dour.

 Doubs Ranchot

Le Doubs à Ranchot


Garonne

La Garonne à Toulouse

La famille Cal-Car

Nous sommes en présence de rivières à lit caillouteux. La racine cal se retrouve d'ailleurs dans caillou, calcaire et calcul, et, altérée en car, dans carrière. Elle a donné le gaulois grava qui à son tour donnera les français jard et gravier. On la retrouve encore dans les chirats du Pilat. À la toute première place de celles-ci nous trouvons la Garonne (Car-Onna) que Nougaro chante littéralement dans "Toulouse" : "un torrent de cailloux roule dans ton accent", la Gironde certainement, ainsi que la Chironde périgourdine, mais aussi les Céronne de Tulle et Credogne auvergnate. Nous trouvons aussi la Cère qui descend du Cantal et arrose Aurillac, le Cérou qui arrose Cordes avant de rejoindre l'Aveyron, et non loin la Cayre qui rejoint la Maronne, le Cher, la Chère bretonne et la Chiers des Ardennes (Car-Is), le Garon givordin, la Charente et la Charentonne normande (toutes deux Carent-Onna), la beaujolaise Grosne et sa voisine bourguignonne Crosne (Gravonna), les Grave de l'Adour, du Var et de l'Aude, l'auboise Gravelle et son affluent le Gravelin, le bourguignon Gravereau... Plus cachés sont la charentaise Gère, le Gier (qui arrose le Jarez ou Jarrest), les bretons Chéran et Chère, la champenoise Chéronne, le limousin Cheyroux (14), le savoyard Chiriac. Citons encore les Chalan et Chaleyre auvergnats, le Châlon bourbonnais le Chaloray de la Drôme, la francilienne Chalouette et le morvandiau Chalaux, rivière chère aux kayakistes. La bressanne Chalaronne est une fausse soeur, coulant dans une région d'étangs dénuée de cailloux (15).

Charente

La Charente au Martrou

La famille Gour-Garg-Gor-Gorg

Cette famille est clairement d'origine onomatopéique. Sa racine est celle que l'on retrouve dans les français gouffre, gorge, gargouille et gargouillis. Elle présente la Gourgue landaise, le Gourgas de l'Hérault, la Gourgeonne de Haute-Saône, les Gourgoire et Gourgoux auvergnats, le Gourgouillon ou Gourguillon de l'Ain.

La famille Borb-Borv

Assez proche phonétiquement de la précédente, la famille Borb-Borv est comme elle onomatopéique, et a donné Borvo, le dieu celte des sources jaillissantes. Cette racine se retrouve facilement dans la Bourbonne et la Bourbince bourguignonnes, la Bourbre qui conflue dans le Rhône, le Bourbon gascon, le Bourbouillon du Jura. Peut-être une variante Barb a-t-elle donné la Barbanne gasconne, la franc-comtoise Barbèche, le bourbonnais Barbenan, l'auboise Barbuise.

En tout état de cause, cette racine est très présente dans les villes Bourbon (Lancy, l'Archambault, etc.), la Bourboule, Bourbonne-les-Bains, etc. toutes étant des stations thermales.

Bourbince

La Bourbince sous le pont-canal de Neuzy


Loire

La Loire par Charles-Louis Picaud, 1908

La famille Lig-Legia

La racine pré-celtique Lig exprime la boue, la vase, et a donné les français lie et limon et la plaine de la Limagne. Elle semble avoir donné aussi son nom au plus long fleuve de France, la Loire (Liger), de même que le Loir et les Leyre landaises, et la petite Liger normande vers le Tréport. Peut-être le Lay vendéen et le Layon angevin. Pour enfoncer le clou, signalons aussi une Lémance affluent du Lot, un Limonard en Charente-Maritime, une Limone affluent de la Drôme et le Limetin qui rejoint la Bezonde vers Montargis. Et peut-être aussi le... lac Léman ?

Loire

La Loire à Roanne


Rhone

Rhodanus, le Rhône à Vienne

La famille Rod

Sans pouvoir vraiment trancher, on peut voir dans cette racine soit encore un hydronyme pré-latin à rapprocher de Rin, soit la notion indo-européenne de rouler, couler rapidement. S'y rattachent le Roudon bourbonnais, le Rhodon roannais, les Rognon champenois, le Rhône (Rhodanus) et son homonyme beauceron, la Rhonne angevine, la Rhonelle du Nord, les trois Roanne du Cantal, de la Drôme et de la Corrèze, et les trois Rouanne (Rod-Onna) des Hautes-Alpes, de Meurthe-et-Moselle et de l'Oise qui possède par ailleurs un Rhonel, le Rounel de l'Ardèche. Et peut-être la Rhue, affluent de la Dordogne.

Roudon

Le Roudon à Diou, vu depuis le canal Latéral à la Loire

La famille Tauro

Cet oronyme pré-latin qui exprime une hauteur (c'est la définition-même d'"oronyme") se retrouve dans plusieurs rivières qui descendent effectivement de hauteurs, et peut être rapproché du dieu gaulois Taranis. Il est présent dans le Tarn (16), la Thérouanne briarde, le Taurion limousin, le Taurioux du Cantal, le Toras de la Drôme, les Taurou ou Tauron du Tarn et de l'Hérault, le Thérain du Beauvaisis, le Tarnon de Lozère, le Ternin morvandiau, le Taravo corse, entre autres. Peut-être aussi dans la Turdine de Tarare, le Thoré du Tarn, la Tarentaine sous-affluent de la Dordogne et la Torrègne franc-comtoise.

Tarn

Le Tarn à Rabastens

La famille Cur-Cor

Il s'agit d'une racine hydronymique pré-latine sur laquelle est venue opportunément se greffer le latin currere, courir. On trouve donc dans cette famille des rivières rapides : la Cure morvandelle, fétiche des kayakistes parisiens, la Corrèze, la Curaize forézienne, le Curat du nord de la Loire, la Courance du Marais poitevin, les Courants des Landes (Huchet, Mimizan, etc.)...

Cure

La Cure à Arcy-sur-Cure

Les rivières "animalières"

Des animaux ont pu donner leur nom à des rivières. Au premier rang de ceux-ci, le castor, emblématique et fréquent au point qu'il était autorisé d'en manger le vendredi car, vivant dans l'eau, il était assimilé au poisson (en fait, seule la queue, couverte d'écailles, était autorisée le vendredi !). Jusqu'au XVIIe siècle, le castor fut appelé bièvre, du celte Biber (17). L'anglais et l'allemand ont d'ailleurs conservé respectivement beaver et Biber (18). Cette racine celte Biber est à l'origine des nombreuses Bièvre de l'Aisne, des Ardennes, de l'Isère, du Loir-et-Cher, de la Marne et de Paris. De même les Biberonne et Beuvronne briardes, la Boivre poitevine, la Besbre bourbonnaise, la Beurotte (19) de Saône-et-Loire, la Brévenne beaujolaise, le Brévon de l'Ain, la Brévonne auboise, les Beuvron solognot, morvandiau, normand et breton, et peut-être bien les Biesmes champenoise et belge. Des villes ou villages tirent aussi leur nom du bièvre : Lamotte-Beuvron, Bièvres ou encore la ville gauloise de Bibracte établie sur le mont Beuvray, non loin d'Autun.

Beuvron

Le Beuvron à Clamecy

Plus discret que le castor, voici le blaireau dont le nom celte Taxo a donné, outre le nom suisse de l'animal tasson, la Tache roannaise, ainsi que les Tesche et Teyssonne (ou Teissonne) brionnaises, berrichonne et gasconne. Le Tesch pyrénéen, le Teissoux auvergnat et la Tèche bourbonnaise (affluent de la Besbre) ont la même origine, de même que le village Tessiaux, qui avait un embranchement du canal de Berry. Le Touch toulousain est plus sujet à caution.

Teyssonne

La Teyssonne sous le pont-canal de Briennon

Les rivières "à ours"

L'ours (du celte Ars, qui a donné le prénom Arthur et des toponymes comme Arthun en Forez, Arcis/Aube (qui vit naître Danton) et les divers Arcy) se retrouve dans l'Artières auvergnate, et peut-être l'Arçon  du sud de la Bourgogne, qui arrose Artaix et passe non loin d'un château d'Arcy, et l'Arcueil auvergnat. Méfiance cependant avec les Ource (qui arrose Essoyes, village de Renoir) et sa voisine l'Arce.
 

Les rivières "à arbres"

Au premier rang des arbres qui ont donné leur nom à des rivières, on trouve sans surprise le verne (ou vergne, et en breton gwern) et son équivalent latin l'aulne. Ainsi trouve-t-on le verne à l'origine de quantité de Verne, tout simplement, d'un Vergne du Nord, des occitans Vernazobre et Verdouble ainsi que d'un Vernobre breton (Vernodubro), de la dauphinoise Vernaison, du Vernazon ardéchois, du Vernisson du Gâtinais, de la Verneigette du Limousin, de la Vergne de Wiers du Nord.

L'aulne, quant à lui, a donné, parfois avec la greffe de la racine Onna, les nombreuses Aulne et Aune, l'Auneau beauceron. Bien sûr on le trouve aussi dans de nombreux noms de villes et de lieux-dits : Aulnay, Launay, etc.

Launay

Le site de Launay, sur le canal de la Sauldre

Le hêtre a glissé son nom latin Fagus dans les Fay, Faye et Fayolle, ainsi que dans l'occitan Rioufagès.

Le coudrier est présent dans la Coudre normande et la Coudrelle charentaise.

Curieusement, ni le chêne, sous ses formes cassanus ou robur, ni surtout le saule et le peuplier, n'ont donné beaucoup d'hydronymes, sauf une Chassaigne bourbonnaise et une Rouvre normande.

Masculin-féminin ?

Certaines rivières ont un nom féminin, d'autres un nom masculin, sans que leur taille ne semble y avoir une quelconque importance ou influence. La seule règle que nous avons pu détacher est que les noms formés sur la racine onna, qui est très majoritairement en suffixe (Garonne, Teyssonne, Vertonne, Yonne, etc.), sont féminins.

La ville d'eau

Les hydronymes ne concernent pas que les noms de rivières. De nombreuses villes et villages, sans parler des lieux-dits, portent un nom partiellement ou totalement hydronymiques. Ainsi entre autres Arcueil, Arbonne, Argenton, Arques, Aubusson, les Bar (-le-Duc, -sur-Aube et -sur-Seine), Basse-Indre, les Baume-, la Bourboule, les Bourbon (-Lancy, -l'Archambault), Brévannes, Cologne, Doué-la-Fontaine, Entraygues, Etang-sur-Arroux, Fontainebleau, Iguerande, Ingrandes, Hauterive (Magneux), Mardore, Yxeure, Lay, Ondes, Roanne, Sarralbe, Varenne, Vienne... Dans celles-ci, nombreuses sont celles qui tirent leur nom de la rivière qui les traverse, ou l'inverse : Avon, Bièvres, Caudebec, Suippe, Yerres...

Enfin il y a tous les Condé, Conflans, Confolens, Coufouleux et autres Cosne et Candes qui sont situés sur des confluents. Dans le nord, le flamand Mund (embouchure) se francise en mont et se trouve dans Deûlémont où la Deûle rejoint la Lys.

Les rives, berges, voire vallées, racine celtique Nant, ont vu naître les Nantua, Nanteuil, Nantay, Nanteau, Dinant, etc.

Et puis aussi, il y a les ponts et gués. Sur la racine Brivo (Bri = passage, Ivo = eau), nous avons Brive et Brives-Charensac, Brioude, ou encore Briare (Bri-Ivo-Durum, soit le pont fortifié sur l'eau, en l'occurrence non pas la Loire mais la Trézée).

En guise de conclusion

Rendus au terme de cette modeste étude qui ne se prétend en aucun cas exhaustive, il est bon de rappeler qu'en linguistique, nous avançons en terrain extrêmement mouvant, et que si, pour certaines étymologies, nous sommes dans un taux de certitude proche de 100%, nous en sommes très loin pour bon nombre d'autres. Cela rend modeste et nous donne encore beaucoup de matière à recherche, et c'est tant mieux.


Et en guise de bibliographie :

Cet article est basé à 90% sur l'ouvrage "Dictionnaire étymologie des noms de rivières et de montagnes en France" par Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, éditions Klincksieck, 1980.

La réponse à notre devinette du début : la phrase fausse est la troisième. 

En effet, une Somme se jette dans la Loire non loin de Bourbon-Lancy (71), et une toute petite Loire conflue dans l'Aisne à Voncq, non loin de Vouziers (08). Et une petite Gironde conflue dans l'Aube à Arcis-sur-Aube (10), ville natale de Georges Danton. Et on pourrait trouver nombre d'exemples similaires.

1. La découverte d'Ariolica, qui figure sur la table de Peutinger, a eu lieu au cours des années 2000, lors des travaux de la déviation de la RN7 à La Pacaudière (42)

2.  Il est possible qu'hydrologiquement ce soit l'inverse...

3. On peut interpréter Is-Ica-Onna par "la rivière de Ica-Onna ( l'Yonne)", autrement dit "l'affluent de l'Yonne".

4. Dour désigne toujours une rivière en breton.

5. Le Doron a donné son nom à un modèle de kayak de rivière.

6. On retrouve cette racine telle quelle dans le roumain apa, eau.

7 La métathèse est une altération linguistique qui consiste à intervertir deux consonnes. Par exemple, la "forme" qui a donné le fromage, ou la grenouille qui devient "gueurnouille" dans certaines régions. Dans le domaine nautique, "karabos" (coquille en grec) a donné la gabare.

8 Remarquons que, curieusement, le S se prononce.

9 À Roanne aussi. Mais ce sont des chocolats !

10 Le T final se prononce.

11 Le S est muet

12 Hydrologiquement et chiffres en main, c'est l'inverse. Ceci fait de la Seine une double usurpatrice : une première fois avec l'Aube et la seconde avec l'Yonne. Voir ici.

13 Comme pour la Seine et l'Yonne, elle pourrait bien être le cours principal, et non la Durance dont elle est officiellement un affluent. C'est plus qu'évident à leur confluent au pied du Mont Chenaillet.

14 Dans le Pilat, une coulée de cailloux s'appelle un chirat. Et en Auvergne, une cheyre désigne une longue coulée de lave refroidie, une sorte de rivière de cailloux (cf. la Cheyre d'Aydat).

15 La racine pourrait être le celte
cala qui désigne une maison. Cf chalet.

16 À noter que lorsqu'il s'agit de la rivière, on ne prononce pas le N, tandis que pour le département, si.

17 En fait, il se nommait castor dès l'Antiquité, venant du grec Kastor. Mais, allez savoir pourquoi, le celte Biber est venu ensuite le concurrencer jusqu'à le supplanter jusqu'au XVIIe siècle, où le castor a pris sa revanche... Mystères de la linguistique...

18 Rien à voir avec Justin...

19 La beurotte est aussi un poisson


Source Seine

Is-Ica-Onna, devenue Sequana, puis la Seine, personnifiée à sa source par le sculpteur François Jouffroy, à Saint-Germain-Source-Seine. Une belle usurpatrice qui ne manque pas de charme...

 
Rendons à César ce qui est à Jules ! Comme dit un peu plus haut, la plus grande partie de cet article a été inspirée par cet ouvrage de Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing.
 

Dauzat
 
Accès direct à la carte de France des voies navigables

Page d'accueil
patrimoine fluvial

Lexique
fluvial et batelier

Dictionnaire
des bateaux

Les rivières et les canaux M'écrire
Pensez à visiter le (modeste) rayon librairie, conférences et animations.... ...et les niouzes !